Moniz Egas

Publié le par Roger Cousin

Moniz Egas António Caetano de Abreu Freire Egas Moniz (29 novembre 1874 à Estarreja, Portugal – 13 décembre 1955 à Lisbonne) est un neurologue, psychochirurgien, chercheur, professeur, écrivain et homme politique portugais. Il est connu notamment pour ses travaux sur l'angiographie cérébrale et aussi sur la leucotomie qui lui valut la moitié du prix Nobel de physiologie ou médecine de 1949. Il a abordé dans son ouvrage A vida sexual (1901) la question de l'homosexualité et, la considérant comme une maladie mentale et une perversion, « qui mérite d'être traitée comme n'importe quelle autre », il préconisa alors la lobotomie comme moyen de guérison. Cette opération fut progressivement abandonnée dans les années 1960 en raison des séquelles neurologiques et cognitives induites, et remplacée par des traitements médicamenteux.

Il a représenté le Portugal lors du Traité de Versailles en 1919. Une des idées principale de Moniz (la pratique de leucotomies frontales) semble trouver sa source dans des études précédemment menées sur les animaux dans le début des années 1930. En effet, lors du Congrès mondial de neurologie de 1935 à Londres, le scientifique C. F. Jacobsen présente les résultats d'études qu'il a mené en compagnie de J. F. Fulton sur des lésions de lobes frontaux chez le chimpanzé. Jacobsen décrit les transformations qui ont affecté les deux singes (Becky et Lucy), notamment une indifférence comportementale profonde là où dans une même situation les singes se seraient montrés aisément irrités. Suite à cette présentation Moniz se serait levé pour demander si de telles lésions pouvaient être appliquées sur l'homme dans le cadre de troubles psychotiques, dans le but de répondre à leurs problèmes. Fulton, inquiété par cette question, n'aurait pu y répondre.

En 1949, il est lauréat de la moitié du prix Nobel de physiologie ou médecine (l'autre moitié a été remise à Walter Rudolf Hess) « pour sa découverte de la valeur thérapeutique de la leucotomie pour certaines psychoses ». Les chirurgiens américains avaient observé que si l'on tailladait le lobe frontal du cerveau des chimpanzés, les primates ne sautaient plus dans leur cage5. Moniz - bien qu'il manquait complètement d'expertise chirurgicale - opéra des prisonniers de l'asile de Lisbonne (non-consentants, et principalement des femmes.) Comme pour les chimpanzés, les résultats furent dramatiques. On a demandé à la Fondation Nobel de révoquer le prix qui a été remis à Moniz pour avoir développé la lobotomie, car ses résultats ont été obtenus au mépris de l'éthique et des droits de l'homme, un manque d'éthique que la psychiatrie ne doit pas glorifier. Cependant, la Fondation a refusé d'agir et a continué de publier des articles pour défendre les résultats de la procédure.

Publié dans Scientifiques

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