Sachs Jeffrey

Publié le par Roger Cousin

Sachs Jeffrey Jeffrey David Sachs (né le 5 novembre 1954 à Détroit dans le Michigan) est un économiste américain. Il dirige et enseigne à l'Institut de la Terre de l'Université Columbia (New York). Il est consultant spécial du secrétaire général des Nations unies Ban Ki-Moon. Il est connu pour ses travaux comme consultant économique auprès des gouvernements d'Amérique latine, d'Europe de l'Est, d'ex-Yougoslavie, d'ex-Union soviétique, d’Asie, et d’Afrique. Il a proposé une thérapie de choc (bien qu’il n'apprécie pas personnellement ce terme) comme solution aux crises économiques vécues en Bolivie, en Pologne et en Russie (politique qui aurait provoqué 3.2 millions de victimes en Russie, selon l'UNICEF et l'IRC). Il est aussi connu à travers sa coopération avec des agences internationales sur les thèmes de la réduction de la pauvreté, l’annulation de la dette, et le contrôle épidémiologique – notamment du HIV/SIDA, dans les pays en voie de développement.

Il est le seul universitaire à avoir figuré plusieurs fois au classement des personnalités les plus influentes du monde publié par le magazine américain Time Magazine. Il a été attitré conférencier de l’année 2007 aux Conférences Reith de la BBC. Sachs finit ses études secondaires en 1972 à la Oak Park High School dans le Michigan. Il décroche une licence, summa cum laude à l'Université Harvard en 1976 puis un master et un doctorat, respectivement en 1978 et 1980. En 1980, il devient assistant professeur à l'Université Harvard. En 1983, il devient professeur titulaire en 1983 et, finalement, professeur de commerce international Galen L. Stone. En 2002, il rejoint l'Université Columbia et enseigne à l'Institut de la Terre. Il dispense également des cours dans la filière de sciences économiques de Columbia, au sein de l’école des affaires internationales et publiques, ainsi que dans la filière politique de santé et gestion. La même année, il devient consultant spécial du secrétaire général des Nations unies Kofi Annan et directeur du Projet Millénaire.

Précédemment, Sachs avait servi comme conseiller auprès du Fonds monétaire international (FMI), à la Banque mondiale, à l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), à l'Organisation mondiale de la santé (OMS), et au Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). En 2003, il devient Professeur Quetelet en développement durable. Il est par ailleurs directeur du projet Millénaire des Nations unies, président et co-fondateur de la Promesse du Millénaire, et chercheur associé à l'Institut national de la recherche économique. Sachs est marié à Sonia Ehrlich, pédiatre de profession. Ils ont trois enfants : Lisa, Adam et Hannah.

Bien que Sachs fasse figure de héros pour certains, ses propositions, aux yeux de ses confrères, ne sont que le reflet de sa naïveté. Parmi les critiques les plus virulentes, celle de William Easterly, professeur d'économie à l'Université de New York (NYU), qui dans son compte-rendu pour le Washington Post condamne La Fin de la pauvreté. Le Fardeau de l’homme blanc, ouvrage d’Easterly publié en 2006 (traduction française 2009), est une contestation encore plus structurée de l’argumentaire de Sachs qui veut que les pays pauvres soient pris au « piège de la pauvreté » duquel ils ne sortiront pas, à moins d’une aide étrangère à grande échelle. Easterly avance des données statistiques qui, selon lui, démontrent qu’un grand nombre de pays nouvellement développés (dans les faits, la plupart d’entre eux) ont atteint leur plus haut degré de développement sans apports massifs d’aide étrangère comme proposé par Sachs.

Autre personne à réprouver les idées de Sachs, Amir Attaran, scientifique et avocat, actuellement à la Chaire de recherche du Canada en Droit, Santé de la Population et Développement Mondial à l'Université d'Ottawa. Sachs et Attaran avaient étroitement collaboré comme collègues, co-rédigeant notamment un fameux rapport pour The Lancet dans lequel est fait état des insuffisances de l’aide financière internationale allouée à la lutte contre le HIV/SIDA dans les années 1990; ce rapport engendra la création du Fond global de lutte contre le sida, la tuberculose, et la malaria. Pourtant, Sachs et Attaran divergeront d’opinion au sujet des Objectifs du Millénaire pour le Développement, et Attaran soutient, dans un article publié dans PloS Medicine et dans un éditorial du New York Times, que les Nations unies ont brouillé les pistes en fixant des objectifs, certes concrets, mais non mesurables pour les Objectifs du Millénaire pour le Développement (par exemple, la réduction de la mortalité infantile ou de la malaria). Sachs réfute cette approche dans une réponse adressée à PloS Medicine dans laquelle il affirme que seule une fraction des Objectifs du Millénaire pour le Développement sont effectivement non mesurables, ce à quoi Attaran réagit en citant les données analysées par les Nations Unies elles-mêmes (dont les Nations unies ont par la suite bloqué l'accès au public) qui montrent que les avancées réalisées dans la plupart des Objectifs du Millénaire pour le Développement ne sont pas mesurées.

En 2007, la journaliste canadienne Naomi Klein a sévèrement critiqué l'action de Jeffrey Sachs en tant que conseiller économique. D'après elle, la « thérapie de choc » qu'il a préconisée en Bolivie (1985), en Pologne (1989) et en Russie (1991) a eu des conséquences désastreuses. Si une petite partie de la population a pu chaque fois s'enrichir, le traitement de choc du « docteur Sachs » a entraîné un appauvrissement considérable des sociétés bolivienne, polonaise et russe. Ces mesures ont d'ailleurs été très mal accueillies par ces populations. En Pologne, sous la pression populaire, l'équipe dirigeante (issue de Solidarność) dut mettre fin à une vague de privatisations et à une politique contraires au programme du syndicat Solidarność. En Bolivie et en Russie, il fallut des manœuvres fort peu démocratiques (et même, dans le cas de la Russie, un coup d'État de la part de Boris Eltsine), pour contraindre les populations à accepter cette nouvelle politique économique. Jeffrey Sachs évite de parler de ces sujets gênants lorsqu'il retrace sa carrière de conseiller économique.

Il faut mentionner cependant que, en Pologne, pays ou ses stratégies ont été payantes à plus long terme, sa contribution majeure a été reconnue plus tard. En 1999 le gouvernement polonais lui a décerné l'Ordre Polonia Restituta (Ordre de la Renaissance de la Pologne), la seconde plus haute décoration civile polonaise. Depuis 2007 il est diplômé honoraire de L'Université d'économie de Cracovie, le plus grand établissement de ce type en Pologne.

Publié dans Scientifiques

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