Suarez Adolfo

Publié le par Roger Cousin

Suarez Adolfo Adolfo Suárez González, duc de Suárez, (né le 25 septembre 1932 à Cebreros, province d'Ávila mort le 23 mars 2014 à Madrid) est un homme politique espagnol, président du gouvernement de 1976 à 1981. C'est sous son gouvernement que fut menée la Transition démocratique et approuvée la Constitution espagnole de 1978.  Il obtient un doctorat de droit à l'université Complutense de Madrid. Membre du Mouvement national, il commence sa carrière politique dans l'administration, sous les ordres de Fernando Herrero Tejedor, un phalangiste travaillant a l'Opus Dei  puis dans le gouvernement du généralissime Francisco Franco. 1958 : il entre au secrétariat général du Mouvement national . 1961 : il est chef de cabinet du vice-secrétaire général. 1968 : il est gouverneur civil de Ségovie. 1969 : il est désigné directeur général de la radio-télévision espagnole . avril 1975 : il devient le vice-secrétaire du Mouvement national, parti unique depuis 18 ans. décembre 1975 : un mois après la mort de Franco, il devient le nouveau secrétaire général du Mouvement national, membre du gouvernement de Carlos Arias Navarro.

En juillet 1976, Suárez, âgé de 43 ans, est choisi par le roi Juan Carlos pour succéder à Carlos Arias Navarro. Parfait inconnu du grand public, Suárez est chargé de mener à bien la transition démocratique, de démanteler les structures franquistes et de préserver la monarchie. Il réunit autour de lui des personnalités converties au principe démocratique, issues principalement du franquisme et de la Phalange espagnole mais aussi des sociaux-démocrates, des libéraux et des chrétiens-démocrates.

Avec l'aide de Torcuato Fernández Miranda, il procède à l'autoliquidation des Cortes franquistes qui contiennent les ultras de l'ancien régime, les militaires et les vétérans de la guerre civile. Suárez impose des réformes politiques qui débouchent sur l'autorisation des partis politiques et annonce des élections démocratiques en vue de former une assemblée constituante pour l'année 1977. Ce faisant, il impose aux partis républicains, pour lever leur interdit, d'accepter la monarchie parlementaire et le drapeau espagnol rouge et or. Ce n'est pas sans difficulté en 1977 que Santiago Carrillo, chef du parti communiste espagnol, proclamera sa loyauté à Juan Carlos et au drapeau espagnol devant les caméras de télévision, lui permettant ainsi de participer aux élections.

Le 15 juin 1977, les élections sont remportées par la toute nouvelle Union du centre démocratique (UCD) d'Adolfo Suárez, formation de centre-droit composée de libéraux et d'anciens franquistes modérés alors que les plus conservateurs ont fondé l'Alliance populaire avec Manuel Fraga. L'assemblée constituante adopte une nouvelle Constitution laquelle est approuvée par référendum par le peuple espagnol le 6 décembre 1978. En 1979, l'UCD remporte de nouveau les élections. En février 1981, épuisé par la mise en place de toutes les réformes durant la Transition démocratique et par les difficultés économiques et sociales, il est remplacé à la tête du gouvernement par Leopoldo Calvo Sotelo. En 1982, Suárez fonde le Centre démocratique et social (CDS) sans grand succès politique alors que l'UCD disparait progressivement du paysage politique en laissant la place à l'Alliance populaire (futur Parti populaire).

En 1991, Adolfo Suárez se retire de la vie politique. En 1996, le roi lui confère la dignité de Grand d'Espagne et le titre de duc de Suárez. Le 31 mai 2005 son fils, Adolfo Suárez Illana, a indiqué au journal El Pais que son père affligé par la maladie d'Alzheimer, « ne se rappelle plus avoir été le président du gouvernement et il ne reconnaît plus personne ». C'est pendant le gouvernement d'Adolfo Suárez (1976-1981) qu'est adoptée la loi de réforme politique, qu'est proclamée l'amnistie générale et que sont légalisés les partis politiques. C'est son gouvernement d'Union du centre démocratique (UCD) qui abolit la censure, démantèle le ministère de l'Information et du Tourisme et décrète la mise en place d'un ministère de la Culture.

Il se montre inflexible face aux tentatives d'intimidation des membres de l'état-major lors de la légalisation de l'ensemble des partis interdits sur le sol espagnol depuis 39 années. Le 1er avril 1977, il fait publier un décret-loi qui fixe les nouvelles conditions de la liberté d'expression. L'article 1 reconnaît le principe de cette liberté ainsi que le droit à la diffusion de l'information sans autres limitations que celles que fixe le droit général. Il s'agit, exprimée en quelques lignes, d'une révolution dans les mentalités car ce décret abroge la plupart des dispositions de la loi Fraga. Désormais l'Administration ne peut décréter le séquestre administratif d'imprimés ou de reproductions graphiques et sonores que dans les cas d'atteinte à l'unité de l'Espagne, à l'institution monarchique, aux forces armées ou à la famille royale.

C'est au cours de cette période enthousiasmante mais également dramatique - menaces d'extrême-droite, attentats de l'ETA et du GRAPO, crise économique, toxicomanie galopante - que rentrent au pays quelques-unes des personnalités les plus prestigieuses de la création espagnole. Mettant un terme à quarante années d'exil, les survivants de la culture républicaine - les Alberti, Zambrano, Sanchez Albornoz, Guillén, etc. - retrouvent une terre dont ils avaient été chassés par la victoire franquiste. Il s'agit bien de rescapés: tant de leurs camarades sont morts loin de leur patrie, à l'image de Machado, Casals, de Picasso ou de Buñuel. Mais l'œuvre survit à son créateur. Ainsi, le 11 septembre 1981, le Guernica de Pablo Picasso arrive-t-il à l'aéroport de Madrid-Barajas, avec les honneurs rendus d'ordinaire à un chef d'État.

Enfin proclamée par la Constitution de 1978 et affermie par un changement déterminant dans la mentalité des responsables politiques, la liberté de penser et de créer ne cessera plus de s'épanouir dans la nouvelle Espagne. Conscients que sur ce point les avis divergent, les uns nomment Transition démocratique la période 1976-1982. Pour les autres, c'est avec l'accession au pouvoir du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) de Felipe González à l'automne 1982, que s'achève la phase transitoire proprement dite. Il est clair que la transition s'était ébauchée dès la fin des années soixante, par exemple lorsque, le 23 juillet 1969, conformément à la loi organique de l'État, Franco avait désigné le prince Juan Carlos comme son successeur.

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