Dienesch Madeleine Marie

Publié le par Rodney42

Marie-Madeleine Dienesch, fille d'Alfred Dienesch, conseiller juridique, accomplit ses études dans des établissements libres de Neuilly (Collège Sainte-Marie, Université libre de jeunes filles) et de Paris (Collège Sévigné). A la Sorbonne, elle obtient une licence ès lettres et un diplôme d'études supérieures de grec. Elle est ensuite reçue à l'agrégation de lettres classiques et enseigne au collège de Saint-Brieuc de 1939 à 1943 puis de nouveau en 1944-1945 après une année scolaire au collège de Lisieux. Parallèlement à sa carrière d'enseignante dans les Côtes-du-Nord, le jeune professeur de lettres participe à la Résistance au sein du mouvement Libération-Nord. Ses sympathies politiques vont à la démocratie chrétienne aussi adhère-t-elle à la Libération au MRP et fonde-t-elle le SGEN dans les Côtes-du-Nord. Elle devient également présidente de l'Union féminine civique et sociale du même département. Marie-Madeleine Dienesch est donc la candidate féminine toute désignée pour figurer sur la liste du MRP à la première Assemblée nationale Constituante. Placée en troisième place après Henri Bouret et Honoré Michaud, élus en fonction du quotient électoral, Marie-Madeleine Dienesch emporte un siège au titre de la plus forte moyenne. Le MRP a en effet nettement distancé ses concurrents avec plus de 88 000 voix, soit 16 000 de plus que la liste communiste arrivée en seconde position. La nouvelle élue choisit de siéger à la Commission de l'éducation nationale et est élue secrétaire de l'Assemblée nationale. Le seul texte qu'elle dépose pendant ce premier mandat est une proposition de résolution qui invite le gouvernement à favoriser l'emploi des veuves de guerre dans les administrations publiques.

Elle n'intervient également qu'une fois en séance pour dénoncer l'insuffisance des traitements des instituteurs et l'isolement dont souffrent les maîtres ruraux ce qui explique, selon elle, le manque de candidats aux concours. Lors des élections à la seconde Constituante, Marie-Madeleine Dienesch occupe cette fois la deuxième place derrière Henri Bouret et est donc élue au titre du quotient électoral. Le MRP a encore augmenté le nombre de ses partisans dans les Côtes-du-Nord avec 97 734 suffrages. Comme précédemment Marie-Madeleine Dienesch appartient à la Commission de l'éducation nationale et occupe en plus des fonctions à la Commission du règlement et des pétitions. Ses travaux écrits consistent en deux rapports sur des propositions : celle d'André Morice qui demande un réajustement de l'allocation versée aux titulaires de la médaille d'argent des instituteurs et des institutrices et celle de Raymond Cayol qui propose une indemnité de première mise d'équipement pour les instituteurs et les professeurs de l'enseignement public. En séance, Marie-Madeleine Dienesch participe brièvement à la discussion du budget de l'éducation nationale le 25 septembre 1946.

Pour les premières élections législatives de la IVème République, la réélection de Marie-Madeleine Dienesch est encore plus aisée que précédemment puisque son parti recueille 2 000 voix de plus que lors du scrutin antérieur avec 99 717 suffrages contre 86 717 au Parti communiste. Trois des sept sièges du département reviennent donc au MRP Pendant la première législature, Marie-Madeleine Dienesch retrouve ses fonctions à la Commission de l'éducation nationale dont elle est en outre secrétaire. L'expérience et l'assurance venant au fil des réélections, le jeune député des Côtes-du-Nord devient au cours de ce mandat l'une des spécialistes des questions d'enseignement auxquelles elle consacre tous ses travaux écrits comme ses interventions orales. Parmi les premiers, on peut citer quatre rapports, trois propositions de résolution et quatre avis. Il s'agit notamment des propositions concernant des mesures salariales pour le personnel enseignant, des avis à propos de l'extension aux étudiants de certaines dispositions du régime de sécurité sociale des infirmières et des assistantes sociales ou des demandes d'augmentation des subventions aux colonies de vacances. Oralement, Marie-Madeleine Dienesch profite essentiellement des débats budgétaires de l'éducation nationale pour faire avancer ses propositions en faveur de l'enseignement et des enseignants. Outre la défense de mesures ponctuelles ou techniques pour améliorer la situation morale ou financière de ses collègues, elle préconise un plan d'ensemble pour rattraper le retard pris depuis l'avant-guerre face à l'arrivée des nombreux enfants nés dans l'immédiate a-près-guerre. Elle soutient notamment l'adoption du cadre unique pour le statut des enseignants du second degré, réclame qu'on donne au SGEN la place qui lui revient dans les commissions ministérielles, demande qu'on assouplisse la discipline dans les Ecoles normales d'instituteurs et qu'on augmente sensiblement les crédits de la recherche scientifique. Enfin, à plusieurs reprises, elle souligne l'importance des problèmes posés par la montée de la scolarisation à tous les niveaux et s'inquiète de l'insuffisance des recrutements d'enseignants pour y faire face (séance du 21 juin 1950).

Lors des élections du 17 juin 1951, Marie-Madeleine Dienesch se représente en deuxième place sur la liste du MRP apparentée aux listes SFIO et à la liste de concentration républicaine d'action économique et sociale. Avec ses colistiers, elle soutient un double programme. Celui de la défense de la République et du régime parlementaire contre l'opposition systématique du PCF et du RPF. En second lieu, le MRP des Côtes-du-Nord se présente comme le meilleur défenseur de l'enseignement libre, question sensible dans ce département breton et qui est de nouveau au centre des débats politiques depuis les projets Marie et Barangé. La tactique ainsi préconisée rencontre l'assentiment des électeurs puisque les listes apparentées ayant dépassé 50 % des suffrages, les candidats communistes sortants sont éliminés et l'élection de Louis Terre-noire chef de file du RPF et député sortant de l'Orne est empêchée. En revanche, pour le seul MRP le résultat du scrutin est relativement décevant puisqu'il perd plus de la moitié de ses électeurs de 1946 passés probablement au RPF. Seuls Henri Bouret et Marie-Madeleine Dienesch sont donc réélus au titre de la démocratie chrétienne.

Le rôle parlementaire de l'élue des Côtes-du-Nord est en parfaite continuité avec la législature précédente. Marie-Madeleine Dienesch est élue vice-présidente de la Commission de l'éducation nationale et appartient également à la Commission de la presse. Tous ses travaux écrits comme ses interventions orales sont consacrés également à ces questions. Elle rédige notamment des rapports, avis ou propositions au sujet de l'apprentissage, de la création du Bureau universitaire de statistiques et des mesures assurant la gratuité effective de l'enseignement supérieur. Les différentes discussions du budget de l'éducation nationale sont l'occasion pour elle de faire une analyse attentive et serrée de cette administration qui concerne une part croissante de la population française en ces années d'explosion scolaire. Ses prises de position les plus originales ont trait à la réforme et à la démocratisation de l'enseigne-ment jamais mises en œuvre malgré les projets lancés à la Libération. Elle s'oppose notamment aux députés qui comme Hippolyte Ducos, veulent maintenir des barrières étanches entre les divers types d'enseignement qui complètent l'enseignement primaire. Elle défend aussi à plusieurs reprises la proposition d'un véritable enseignement professionnel agricole et dénonce le manque de places disponibles dans les divers types de formation technique ou professionnelle.

Lors des élections anticipées du 2 janvier 1956, la conjoncture électorale est bien différente de celle des élections précédentes. Aucun apparentement n'a en effet été conclu dans les Côtes-du-Nord et huit listes sollicitent les suffrages des électeurs. Aux grands partis habituels se sont ajoutées des listes nouvelles ; une liste mendésiste distincte de la liste radicale, une liste poujadiste et une liste des républicains sociaux, héritiers de ce qui reste du RPF. En outre, les deux anciens colistiers du MRP se sont séparés. Marie-Madeleine Dienesch conduit la liste officielle du MRP tandis qu'Henri Bouret a pris la tête d'une liste d'action travailliste. Malgré cette dissidence, Marie-Madeleine Dienesch améliore le score de son parti avec 54 776 voix (18 % des suffrages contre 14,5 % précédemment) alors qu'Henri Bouret ne réunit sur son nom que 22 000 voix (5,8 %). Les sept sièges se répartissent donc de façon équivalente entre les principaux partis : le PCF avec 24,4 % des voix en gagne deux, la SFIO, les radicaux officiels et le mouvement Poujade chacun un, tandis que Marie-Madeleine Dienesch est réélue au titre du MRP.

Comme lors de la législature antérieure, le député des Côtes-du-Nord poursuit son action opiniâtre de défense de l'éducation nationale. Elle appartient concurremment à la Commission des pensions mais n'occupe plus la vice-présidence de la Commission de l'éducation nationale. Marie-Madeleine Dienesch reprend également un certain nombre de ses rapports non examinés lors de la législature précédente, dépose une proposition de loi tendant à abolir la peine de mort et des textes en faveur des pupilles de la nation, des orphelins de guerre, des militaires rappelés ou maintenus sous les drapeaux.

En séance, la discussion du budget de l'éducation nationale, de l'agriculture ou des anciens combattants lui donne l'occasion de reprendre ou de développer les thèmes de ses travaux écrits. Outre l'enseignement rural ou technique déjà abordés antérieurement, Marie-Madeleine Dienesch s'attache à faire des propositions permettant d'améliorer les conditions de travail des étudiants de plus en plus nombreux et dont la situation matérielle se dégrade du fait du retard des bourses en nombre et en valeur (séance du 27 novembre 1956). Sa plus longue intervention, à propos du projet de loi de réforme de l'enseignement public (réforme Billières), est une profession de foi en faveur d'une pédagogie libérale et rénovée. Elle préconise également une formation nouvelle des maintes et une amélioration des structures de concertation existant au ministère de l'éducation nationale pour que la réforme soit en prise sur la réalité. Lors de la crise finale de la IVe République, Marie-Madeleine Dienesch appuie de ses votes le retour du général de Gaulle au pouvoir sous le régime duquel elle poursuivra une longue carrière politique et accèdera à des responsabilités ministérielles.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article