Dixmier Joseph Marie
Fils de Jean-Baptiste Dixmier, agriculteur et de Marie Bargoin, Joseph Dixmier obtient le baccalauréat ès sciences à l'issue de ses études secondaires. Il n'a pas toutefois le temps d'aller au-delà puisqu'il est tout de suite mobilisé pendant la Grande guerre. Il participe notamment à la bataille de Verdun et sa conduite lui vaut la Croix de guerre et la Légion d'honneur. Gazé au cours des combats, il est l'un des fondateurs, après la guerre, de la Fédération des gazés et invalides de guerre dont il sera longtemps le président, puis le président honoraire. Dès son retour du front, Joseph Dixmier reprend la tête de l'exploitation familiale et accède au Conseil municipal de sa commune natale dont il sera maire-adjoint à partir de 1919.
A la Libération il est élu maire, fauteuil qu'il occupe jusqu'en 1971 sans interruption. Il représente aussi, à partir de cette date, et jusqu'en 1964, le canton d'Ennezat au Conseil général du
Puy-de-Dôme. Pendant l'entre-deux-guerres, il milite surtout dans les associations agricoles. Joseph Dixmier appartient notamment au conseil d'administration de la Fédération des syndicats
agricoles du Puy-de-Dôme (de 1920 à 1932), fonde les mutuelles agricoles accident et incendie de Varennes-sur-Morges et préside la coopérative de battage du même endroit (1928). De nouveau
mobilisé en tant qu'officier de réserve en 1939, le futur député du Puy-de-Dôme est promu officier de la Légion d'honneur. Son enracinement local lui vaut d'être placé en seconde position
derrière Jacques Bardoux sur une liste modérée intitulée « Rénovation républicaine », lors des premières élections qui suivent la Libération. Avec 42 226 suffrages, cette liste arrive en
quatrième place derrière la liste « d'Unité républicaine » , la liste socialiste et la liste radicale. Aussi seul l'ancien sénateur Bardoux va-t-il siéger à la première Constituante. Une liste
presque identique est reconstituée pour les élections à la seconde Constituante sous l'étiquette « liste républicaine et sociale de redressement constitutionnel, de rénovation économique et
d'action paysanne ». Elle arrive cette fois en tête avec 52 340 voix, ce qui permet à Joseph Dixmier d'aller siéger au Palais Bourbon au titre de la plus forte moyenne.
Pendant ce premier court mandat, le maire de Varennes-sur-Morges siège à la Commission de la famille, de la population et de la santé publique et prend deux fois la parole en séance publique. Une
première fois, le 8 août 1946, à propos de la sécurité sociale pour expliquer le vote de son groupe en faveur de la motion présentée par Edouard Herriot et André Morice, tout en déplorant
l'absence des agriculteurs et des artisans ruraux dans les dispositifs préparant l'aménagement de la retraite des vieux travailleurs. Une seconde fois, le 3 octobre suivant, à propos du
ravitaillement. II s'inquiète de savoir si les stocks qu'entend constituer le gouvernement pour assurer la « soudure » ne vont pas être partiellement exportés au lieu d'être employés à nourrir la
population française.
Lors du scrutin législatif de novembre 1946, la liste de Jacques Bardoux où Joseph Dixmier est reconduit en deuxième position réussit à être encore en tête avec 50 072 voix, ce qui permet aux
deux sortants de retrouver leur siège. Durant la législature, Joseph Dixmier occupe des fonctions plus nombreuses et variées que précédemment. Il est successivement ou concurremment membre de la
Commission de la famille (1946-1949), de celle du ravitaillement (à partir de janvier 1948), de celle des affaires économiques (1949), de celle des pensions (1950-1951). Il exerce en 1950 les
fonctions de secrétaire de la Commission de la presse et enfin appartient à la Commission spéciale d'enquête chargée de vérifier la gestion et les comptes de la société des éleveurs du
Bourbonnais ainsi qu'à la Haute Cour de justice.
S'il ne dépose qu'une proposition de loi concernant les fédérations de pêche et de chasse et une proposition de résolution tendant à inviter le gouvernement à accorder la franchise postale aux
jeunes soldats effectuant leur service militaire, Joseph Dixmier intervient à maintes reprises dans les débats. Ses prises de parole concernent avant tout l'agriculture, le sort des agriculteurs
et accessoiremement les questions de ravitaillement ou de fiscalité. Hostile au dirigisme qui, en matière d'agriculture et d'organisation de l'approvisionnement, aboutit, selon lui, aux résultats
inverses de ceux recherchés, il s'élève également contre les mesures fiscales qui vont priver les agriculteurs des liquidités nécessaires à la modernisation de leurs exploitations. Se présentant
comme l'émanation et le défenseur de la petite exploitation familiale, Joseph Dixmier invite à plusieurs occasions les gouvernements successifs à prendre les mesures nécessaires pour éviter une
aggravation de l'exode rural, par une politique de développement de l'agriculture (séance du 22 décembre 1947). Le 5 janvier 1948, il va même jusqu'à parler d'une campagne antipaysanne menée par
le gouvernement et les moyens d'information. Le 22 juillet 1949 enfin, il évoque le problème de la fiscalité des communes rurales dont la charge écrasante est payée avant tout par les
cultivateurs qui doivent ou bien réduire leurs investissements ou laisser se détériorer les équipements communaux au risque d'aggraver à terme l'exode rural. Régulièrement, enfin, Joseph Dixmier
dénonce l'insuffisance des prix agricoles par rapport aux charges qui pèsent sur les exploitants.
Lors des élections du 17 juin 1951, les mêmes listes sont en présence dans le Puy-de-Dôme si ce n'est une liste supplémentaire, celle du R.P.F. Malgré un accord d'apparentement conclu entre le
M.R.P. et les Indépendants paysans (parti de Joseph Dixmier), les sièges sont répartis à la proportionnelle. La liste communiste a en effet cette fois conquis la première place (20,9 %) suivie
par celle où figure Joseph Dixmier (18,9 %) tandis que le score du M.R.P. est relativement décevant (13 061 suffrages contre plus de 25 000 aux élections précédentes). Jacques Bardoux et Joseph
Dixmier sont donc réélus alors que leurs alliés du M.R.P. perdent leur siège au profit du P.C.F. Au cours de cette législature, Joseph Dixmier siège à la Commission des pensions comme
précédemment (il en est même le vice-président) et à la Commission des moyens de communication et du tourisme (1952). Ses deux contributions écrites sont des rapports portant tous les deux sur la
majoration des rentes constituées par les sociétés mutualistes au profit des combattants des territoires d'outre-mer. Joseph Dixmier monte trois fois à la tribune pour intervenir. Son principal
discours se situe lors du débat d'investiture d'André Marie, président du Conseil désigné, le 18 juin 1953. Au nom de son groupe, il lui apporte son soutien mais dresse au passage un bilan sévère
des gouvernements antérieurs et de la gravité des problèmes de l'heure. Il en profite surtout pour appeler l'attention du président du Conseil désigné sur la nécessité d'une grande politique
agricole afin de remédier au déficit chronique de la balance commerciale. Il dénonce aussi le retard de la mise en place du plan quadriennal promis aux anciens combattants.
Lors des dernières élections de la IVe République, le 2 janvier 1956, dix listes s'affrontent pour obtenir les sièges du Puy-de-Dôme. Comme précédemment, le M.R.P. et le C.N.I. ont reconduit leur
accord d'apparentement tandis que la liste poujadiste a passé un accord avec deux autres petites listes. C'est cette fois Joseph Dixmier qui conduit la liste en raison du décès de Jacques Bardoux
remplacé en deuxième place par son petit-fils Valéry Giscard d'Estaing dont c'est la première campagne électorale. Comme dans le reste du pays, les résultats du scrutin se caractérisent par une
poussée à gauche (le P.C.F. dépasse dans le département 21,3 % des suffrages exprimés et la S.F.I.O. 17,8 %) et une percée poujadiste et ceci au détriment tant du M.R.P., que des Indépendants
paysans ; 38 319 suffrages se portent sur le nom de Joseph Dixmier contre plus de 41 000 en 1951, alors que la participation électorale est supérieure. Malgré ce recul, Joseph Dixmier et son
premier colistier, promis à un grand avenir, vont siéger au Palais Bourbon. Au cours de ce mandat de deux ans, Joseph Dixmier retrouve ses fonctions précédentes à la Commission des pensions dont
il redevient le vice-président. C'est pourquoi il est chargé de sept rapports concernant diverses mesures en faveur des anciens combattants ou de leurs ayant droits. Il rédige aussi une
proposition de loi relative à certains versements dûs à sécurité sociale par des mutilés de guerre.
Il n'intervient qu'à deux reprises en séance publique à propos d'une proposition de loi tendant à la réduction des fermages pour présenter ses explications de vote sur la question de confiance
posée le 16 janvier 1958. Dans le premier cas (le 14 février 1957), il soutient un amendement non adopté concernant les bailleurs âgés titulaires d'une pension dont il demande, par souci d'équité
qu'on ne leur réduise pas le fermage comme le prévoit la loi, étant donné la faiblesse de leurs ressources. Lors du débat de confiance déjà cité, il lance un appel au président du Conseil Félix
Gaillard pour qu'il revienne sur les mesures d'économies sur les pensions qi ont profondément froissé les anciens combattants. Lors de la crise finale de la IVe République, Joseph Dixmier
soutient le retour au pouvoir du général de Gaulle.