Fraiteur Arnaud

Publié le par Roger Cousin

Fraiteur Arnaud Arnaud Fraiteur est un résistant belge, né à Ixelles le 23 mai 1924 et mort au Fort de Breendonk le 10 mai 1943, pendu par l’occupant pour le meurtre du collaborateur Paul Colin. Né le 23 mai 1924 dans une famille bourgeoise Arnaud Fraiteur effectue ses études secondaires à l’Athénée communal d'Uccle. Il s’inscrit ensuite comme étudiant à l’Université de Liège où il réussit avec succès l'examen d'entrée aux études d'ingénieur civil. En mai 1940, l'invasion de la Belgique par l'Allemagne nazie met fin à son cursus universitaire : l’Université de Liège suspend les cours, tout comme l’Université Libre de Bruxelles en 24 novembre 1943. « À la fermeture de l'ULB, les 3 125 étudiants inscrits se dispersèrent, s'engageant tantôt dans la Résistance, cherchant tantôt à poursuivre leurs études ailleurs. » Après l'invasion, il suit des cours clandestins de candidature d’ingénieur civil organisés par l'Université Libre de Bruxelles.

En 1941, il rejoint l'Armée belge des Partisans, plus connue sous le nom de Partisans Armés, en tant qu'agent de liaison sous le pseudonyme de Max. Il participe à plusieurs actions menées par une unité bruxelloise spécialisée dans la lutte contre la collaboration intellectuelle ; elle comprend un grand nombre de jeunes proches de l'Université libre de Bruxelles, organisés au sein du Groupe G. Le bunker, la salle des tortures, du fort de Breendonk où furent interrogés Fraiteur, Raskin et Bertulot ; mais aussi de nombreux autres prisonniers et détenus « L’affaire à l’époque fit grand bruit, à la fois dans la population, qui vit dans l’exécution de Paul Colin le juste châtiment d’un criminel, et dans les milieux de la collaboration qui perdait un chef de file. » En avril 1943, Fraiteur est chargé par Jacques Grippa de l'assassinat du journaliste et critique d'art Paul Colin8, collaborateur notoire dans le secteur de la presse, directeur de l'hebdomadaire Cassandre9 et du quotidien Le Nouveau Journal, qu'il avait créé en 1940.

Le 13 avril, accompagné par deux autres résistants, André Bertulot et Maurice Raskin, il abat de plusieurs balles Paul Colin ainsi que son garde du corps dans une librairie située 87 rue de la Montagne à Bruxelles, au-dessus de laquelle se trouvent les bureaux du Nouveau Journal et de Cassandre. Fraiteur parvient à s'enfuir mais Bertulot et Raskin sont rapidement arrêtés. « Il advint parfois que la Sipo ait intérêt à un procès politique. Ainsi en fut-il pour Arnaud Fraiteur, exécuteur de Paul Colin. » — M. Bailly, Le Soir (20 janvier 1992)

Quoique l'attentat ne concerne que des ressortissants belges, les autorités allemandes s'emparent immédiatement du dossier, montrant par là l'importance qu'elles accordent à la personne de Paul Colin. La Feldgendarmerie, la Geheime Feldpolizei et la Gestapo descendent sur les lieux de l'attentat. L'occupant garde à sa disposition André Bertulot et Maurice Raskin ; la police et la justice belges sont ainsi dessaisies du dossier. Arnaud Fraiteur est rapidement identifié grâce à la plaque d'immatriculation du vélo qu'il a abandonné sur place et la maison familiale est mise sous surveillance le soir même.

En fuite, il ne rentre pas chez lui et se cache à Uccle chez des amis de ses parents tandis que le Réseau Zéro, avec l'aide du réseau ALI-France (dirigé par Joseph Dubar), organise son évacuation vers l'Angleterre. Le Réseau Zéro fait appel à un chauffeur du ministère des Colonies pour conduire Arnaud Fraiteur vers la France. Mais le chauffeur (nommé Hoogeveen), aidé du directeur qui remplace Paul Colin à la tête du "Nouveau Journal" (de son nom Herten), le dénonce aux autorités allemandes, ce qui permet à la Gestapo de l'arrêter (ainsi que son guide et Raymonde Marc du réseau ALI-France 13 dite Carmen et adjointe directe de Drubar le 29 avril 1943 à quelques kilomètres de Hal4, sur la route qui le conduit vers la frontière française.

Interrogés10, torturés, Fraiteur, Raskin et Bertulot sont par la suite condamnés devant le Conseil de Guerre de l'Obberfeldkommandantur à Bruxelles après un simulacre de procès devant servir d'exemple à la population. Ils sont exécutés par pendaison7,10,au Fort de BreendonkNotes 3 le 10 mai 1943. Ils sont inhumés à Schaerbeek dans l'Enclos des Fusillés. Le 3 octobre 1944, les coauteurs de la dénonciation d'Arnaud Fraiteur, Herten et Hoogeveen, sont condamnés à mort par le Conseil de Guerre du Brabant et fusillés dans le dos, sort réservé aux traitres, à la prison de Saint-Gilles le 13 novembre 1944 suivant.


Publié dans Résistants

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