Ordre nouveau (forme courte du Centre de recherche et de documentation pour l'avènement d'un ordre nouveau dans les domaines social, économique et culturel) était un mouvement politique français, nationaliste et d'extrême droite, actif entre 1969 et 1973 ; habituellement classé dans le courant néofasciste, il utilisait la croix celtique comme emblème. Le mouvement a participé à la création en 1972 du Front national, qui devait à l'origine en constituer la vitrine électorale.
Origines
L'histoire de la droite radicale française d'après-guerre est marquée par le mouvement Jeune Nation, fondé en 1949. Sa participation au 13 mai lui vaut dissolution. Le mouvement décide de se relancer en créant un Parti nationaliste, mais celui-ci est interdit une semaine après sa fondation. Il existe alors aussi un Front national français, un Mouvement nationaliste étudiant, et, plus important, la Fédération des étudiants nationalistes (FEN), créée en 1960. Après la fin de la guerre d'Algérie, Dominique Venner, ancien cadre de JN et de la FEN, écrit en prison un opuscule qui va marquer la mouvance : Pour une critique positive. Cet opuscule convainc de nombreux militants d'abandonner les nostalgies, d'abandonner les méthodes terroristes de l'OAS, de la nécessité de créer une puissante organisation nationaliste et de celle d'élaborer une doctrine révolutionnaire pénétrant les masses.
Avec le lancement de la revue Europe-Action, Dominique Venner réoriente la FEN selon ses vues. Mais ni Europe-Action ni le rassemblement autour de Jean-Louis Tixier-Vignancour pour l’élection présidentielle de 1965 n’arrivent à unifier une mouvance très hétérogène. En 1964, un groupe de militants de la FEN, mécontent du peu d'activisme et de la ligne racialiste et fondamentalement antichrétienne de la Fédération, fait scission et donne naissance à un mouvement activiste et dynamique, le Mouvement Occident. Ses principaux cadres dirigeants sont Alain Robert, Gérard Longuet, Alain Madelin et François Duprat (exclu en mars 1967). Les militants d'Occident se lancent dans un activisme totalement débridé et désorganisé, et certaines équipées aventureuses aboutissent à son interdiction.
Création
La disparition d'Occident fait apparaître de nombreux groupuscules concurrents, ainsi que le syndicat étudiant Groupe union droit (GUD, qui deviendra Groupe union défense), lancé par Alain Robert, et le groupe de rédaction de la revue L’Élite européenne. Ce sont ces deux derniers groupes qui vont rassembler environ 150 militants pour constituer un mouvement unitaire, qu'ils choisissent de nommer Ordre nouveau, en décembre 1969. Les premiers statuts sont déposés en préfecture sous le nom de « Centre de recherches et de documentation pour l’avènement d’un ordre nouveau dans les domaines social, économique et culturel ». Il est créé en novembre 1969 par une équipe d'anciens adhérents du mouvement Occident (dont William Abitbol, Marie-Françoise David, Gérard Écorcheville, Hugues Leclère, Jack Marchal, Alain Robert), épaulés par des étudiants du GUD et rejoints à partir de février 1970 par François Duprat. La première présidence fut confiée à l'avocat Jean-François Galvaire, qui démissionna de ce poste en mai 1970. Le credo d'Ordre nouveau était « la renaissance du patriotisme, la promotion d'une hiérarchie des valeurs, ainsi que la restauration familiale et éducative ».
L'objectif proclamé était de constituer l'ossature d'un futur parti politique ayant vocation à rassembler l'opposition nationaliste de droite en jouant pleinement le jeu démocratique et en participant aux élections. Au cours de son deuxième congrès, les 10 et 11 juin 1972, le mouvement mit en pratique cette stratégie en adoptant une résolution qui donna naissance au Front national dans la perspective des élections législatives de mars 1973. Lors d'une réunion publique tenue à la salle de la Mutualité à Paris le 21 juin 1973 sur le thème « Halte à l'immigration sauvage », de violents affrontements opposèrent des contre-manifestants d'extrême gauche appartenant à la Ligue communiste d'Alain Krivine aux forces de l'ordre. Bien qu'ayant été manipulé par la deuxième section des RG de Paris, Ordre nouveau fut, tout comme la LC, dissous par décret du Conseil des ministres du 28 juin. À la suite de cette dissolution, l'essentiel des cadres de l'ex-Ordre nouveau créent les Comités faire front (très brièvement Faire face, mais la dénomination était déjà utilisée par une association) qui donnèrent naissance, après la rupture avec le Front national, au Parti des forces nouvelles en novembre 1974.
- novembre 1969 : le mouvement est créé par une équipe d'anciens adhérents du mouvement Occident.
- juillet 1970 : le journal L’Élite européenne affirme avoir en un an triplé son nombre d’abonnés pour arriver à 2 000 et disposer alors de plus d’une vingtaine de groupes de diffusion « dans tout le pays ».
- 15 septembre 1970: Le groupe Pour une Jeune Europe, mené par Nicolas Tandler, qui avait participé à la fondation d'ON en 1969, et qui s'était maintenu en tant que fraction, claque la porte d’'Ordre Nouveau, l'accusant de « dérive droitière » et de se comporter en allié objectif du gouvernement. Par la suite, ce groupe apportera son soutien à des militants d'extrême gauche emprisonnés et, le 6 mars 1970, prendra même part, aux côtés des mouvements maoïstes et trotskistes, à la contre-manifestation organisée contre le meeting d'Ordre Nouveau au Palais des Sports.
- février 1971, Jean-Claude Nourry démissionne en dénonçant la collaboration tactique avec certains éléments du pouvoir dans la lutte contre le gauchisme, il est exclu peu après.
- octobre 1970 : ON atteint le cap des 750 militants. Gabriel Jeantet intègre son bureau politique.
- 9 mars 1971 : meeting d’Ordre nouveau au Palais des sports[Lequel ?], France-Soir titre sur une « Atmosphère néo-nazie ». Les gauchistes de la LCR « attaquent le meeting avec des boulons », selon l'ORTF qui montre les « contre-manifestants gauchistes qui chargent » les CRS et causent par ailleurs la blessure de 80 personnes du service d'ordre, pourtant casqué et armés de longue lances à la japonaise, avec des images de guérilla urbaine en plein Paris. L'ORTF diffuse des images où le service d'ordre du meeting a amené aux CRS un gauchistes après « l'avoir sévèrement corrigé ».
- avril 1971 : le journal L’Élite européenne a désormais plus de trente groupes provinciaux.
- printemps 1971 : Ordre nouveau décide, selon les RG, de confier à François Duprat, Philippe Asselin et Christian de Bongain (dit Xavier Raufer) le lancement de son propre périodique.
- 3 mai 1971 : un grand défilé rassemblant tous les nostalgiques de l’Algérie française prévu par ON, qui demande à Georges Bidault de lancer l’appel, tandis qu’il prendrait en charge collages et service d’ordre. Cela permet l’accord de participation de nombreux groupements, mais le défilé est finalement interdit.
- 13 mai 1971 : les défilés anti-ON ne rassemblent que 400 personnes à Paris et 200 dans les cinq autres villes où ils ont lieu.
- 17 mai 1971: ON aligne 400 manifestants dans un défilé de soutien à Minute dont les locaux viennent d’être plastiqués.
- octobre 1971 : face à l'Union de la Gauche qui se dessine, François Duprat affirme que la prise du pouvoir par le Parti socialiste entraînerait un coup de force du PCF menant à l’instauration de la dictature.
- 10 et 11 juin 1972 : résolution au congrès donnant naissance au Front national dans la perspective des élections législatives de mars 1973.
- 21 juin 1973 : meeting à la salle de la Mutualité à Paris le sur le thème « Halte à l'immigration sauvage », de violents affrontements opposent la Ligue communiste d'Alain Krivine, venue attaquer le meeting, aux forces de l'ordre.