Williamson Richard

Publié le par Roger Cousin

Williamson RichardRichard Nelson Williamson, né le 8 mars 1940 en Angleterre, est un évêque intégriste, surtout connu pour ses propos négationnistes. Il appartient à la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X et a été ordonné prêtre puis sacré évêque sans mandat pontifical (donc de façon illicite aux yeux de l'Église catholique) par Mgr Lefebvre. Il a été excommunié pour cela sous le pontificat de Jean-Paul II, peine dont il a été relevé par Benoît XVI. Il nia notamment à plusieurs reprises l'existence des chambres à gaz, et accusa les autorités américaines d'avoir organisé les attentats du 11 septembre 2001. Né dans une famille anglicane de trois enfants, diplômé de littérature de Clare College (Université de Cambridge), il a d'abord enseigné le français au Ghana de 1963 à 1965.

Converti de l’anglicanisme au catholicisme romain, reçu dans l'Église catholique en 1971, il envisagea brièvement une vocation de prêtre diocésain puis à la congrégation de l'Oratoire. Il entre au séminaire d’Écône, de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X en octobre 1972. Ordonné prêtre en 1976, il devient enseignant au séminaire d'Écône où il enseigne la métaphysique de saint Thomas d'Aquin. En 1983, il devient le directeur du séminaire Saint-Thomas-d’Aquin, lequel se transféra en 1988 de Ridgefield au Connecticut à Winona dans le Minnesota.

Consacré le 30 juin 1988 par Mgr Marcel Lefebvre, excommunié latae sententiae, c’est-à-dire par le fait même de l'acte posé. Le cardinal Bernardin Gantin, préfet de la Sacrée congrégation pour les évêques, décrète le 1er juillet 1988 par le décret Dominus Marcellus que Mgr Lefebvre a « posé un acte schismatique » en consacrant sans mandat pontifical. À l'appui de sa déclaration, il cite les canons 1382 et 1364-1 du Code de droit canonique (1983) : « L'Évêque qui, sans mandat pontifical, consacre quelqu'un Évêque, et de même celui qui reçoit la consécration de cet Évêque encourent l'excommunication latæ sententiæ réservée au Siège Apostolique. » « L'apostat de la foi, l'hérétique ou le schismatique encourent une excommunication latæ sententiæ. »

Il déclare donc excommuniés Mgr Lefebvre lui-même, Mgr de Castro-Mayer, l'évêque co-consécrateur, et les quatre nouveaux évêques dont Richard Williamson. Le lendemain, par le motu proprio Ecclesia Dei, Jean-Paul II rappelle aux fidèles que ceux qui « adhèrent formellement » au schisme encourent eux aussi l'excommunication. Aucun des évêques de la FSSPX ne se considère objet de l'excommunication. Après sa consécration, il reste directeur du séminaire Saint-Thomas d'Aquin, tout en accomplissant un ministère d'évêque : confirmation, ordination sacerdotale. Il participe, en 1991, à l'ordination épiscopale de Licinio Rangel, successeur de Mgr de Castro-Mayer à la tête de l'Union Saint-Jean-Marie-Vianney. Dès 2003, il est directeur du séminaire de La Reja en Argentine. Le 8 février 2009, la direction de la Fraternité le relève de ses fonctions, semble-t-il avec son accord, suite au retentissement médiatique de ses propos négationistes.

Le 1er novembre 2008, Richard Williamson est présent au séminaire de Zaitzkofen, situé sur la commune de Schierling, proche de Ratisbonne en Bavière, où il procède à l'ordination du premier diacre suédois de la Fraternité Saint-Pie-X. Suite à la cérémonie religieuse, il accorde un entretien à la télévision suédoise SVD en la personne d'Ali Fegan, lequel en profite pour demander à Williamson de revenir sur les propos sur la Shoah qu'il avait tenus à Sherbrooke au Québec en avril 1989 : il avait alors affirmé que les Juifs étaient les « ennemis du Christ » et que la Shoah était une forgerie fabriquée par les sionistes en vue de la création de l'État d'Israël.

À l'époque, ces propos négationnistes avaient alors suscité l'envoi par le président de la conférence épiscopale du Canada, l'archevêque d'Halifax James Martin Hayes, d'un télégramme au Congrès juif canadien désapprouvant ces propos. Le 15 janvier 2009, en prévision de la diffusion, programmée pour le 21 janvier, de l'émission Uppdrag granskning sur le thème de la Fraternité Saint-Pie-X, la chargée des relations avec la presse du diocèse catholique de Stockholm, Maria Hasselgren, diffuse un communiqué dans lequel le diocèse « rejette complètement toute forme de racisme ou d'antisémitisme ». Le 19 janvier 2009, le contenu de l'interview est révélé au public par le magazine allemand Der Spiegel. L'entretien est ensuite diffusé le 21 janvier 20096 par la chaîne de télévision suédoise SVT.

« Je crois qu’il n’y a pas eu de chambres à gaz. (…) Je pense que 200 000 à 300 000 Juifs ont péri dans les camps de concentration, mais pas un seul dans les chambres à gaz », tels sont alors ses propos, repris dans l’émission Uppdrag granskning, programme hebdomadaire de la télévision publique suédoise SVT. Dans un premier temps, le supérieur général de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X, Bernard Fellay, déclare dans un courrier du 23 janvier à la SVT que R. Williamson était l'unique responsable de ses opinions et que la Fraternité n'avait pas l'autorité pour juger des questions historiques. Ne condamnant pas les propos de son évêque, il estime même « honteux » que l'interview aie porté sur des sujets séculiers « controversés » et non exclusivement sur la religion. Bernard Fellay affirme peu après, le 24 janvier, que la position avancée par R. Williamson n'est pas celle de la Fraternité, que ce dernier « n'engage que sa personne », ajoutant que l'« on va conclure que toute la Fraternité est antisémite », s’« [érigeant] avec véhémence contre une telle accusation ».

Le 27 janvier 2009, B. Fellay revient sur les déclarations de R. Williamson, précisant que celles-ci « ne reflètent en aucun cas la position de notre société [sous entendu la Fraternité Saint-Pie X] » et qu'il « lui a interdit, jusqu’à nouvel ordre, toute prise de position publique sur des questions politiques ou historiques ». Il demande ensuite « pardon au Souverain Pontife, et à tous les hommes de bonne volonté, pour les conséquences dramatiques d’un tel acte » au nom de la Fraternité Saint-Pie X. Dans une lettre adressée au cardinal Dario Castrillon Hoyos, prélat en charge au Vatican des négociations avec la FSSPX, Richard Williamson exprime des « regrets sincères » pour les « souffrances » causées au pape Benoît XVI par ses propos « imprudents », sans pour autant les rétracter. Ces excuses sont aussitôt jugées « tout à fait insuffisantes » par le Primat des Gaules, le cardinal Philippe Barbarin tandis que le porte parole du Vatican, Federico Lombardi rappelle que l'évêque intégriste n’est pas un évêque normal de l’Église catholique.

Le Vatican, à nouveau contraint de s'expliquer le 4 février après de vives critiques de la chancelière allemande Angela Merkel, demande à Richard Williamson de renier « publiquement » ses propos sur la Shoah. Le Vatican estime que Richard Williamson doit « prendre sans équivoque et publiquement ses distances » avec ses déclarations sur la Shoah avant d'être admis aux fonctions épiscopales dans l'Église catholique. Ce dernier, loin de se rétracter, réplique plutôt, dans une interview à l'hebdomadaire Der Spiegel le 9 février 2009, qu'il va se pencher sur les preuves historiques de l'existence des chambres à gaz avant d'envisager une rectification précisant qu'il n'avait pas lu la littérature sur les camps et qu'il n'avait pas l'intention de se rendre à Auschwitz.

Suite à ces propos, la direction de la Fraternité et Richard Williamson s'entendent pour que ce dernier se retire de son poste de directeur du séminaire de la FSSPX de La Reja, en Argentine. Sommé de quitter l'Argentine par le ministre argentin de l'Intérieur Florencio Randazzo, « sous peine d'être expulsé », Richard Williamson quitte l'Argentine pour Londres, le 24 février. Le 26 février, à la demande conjointe du pape et du supérieur de la FSSPX, Williamson demande pardon à l'Église ainsi qu'aux survivants et aux familles des victimes de l'holocauste pour le « mal » qu'ont fait ses propos à la télévision suédoise.

Le Vatican juge les excuses insuffisantes tant sur la forme que sur le fond et exige que Williamson se rétracte « de façon absolue et sans équivoque (...) concernant la Shoah » tandis que les communautés juives d'Allemagne et d'Italie, rejoints par des représentants d'associations catholiques, n'accordent aucun crédit à ces regrets. La Commission européenne rappelle que le négationnisme est un délit dans plusieurs pays européens30 et les autorités allemandes songent, elles, à poursuivre l'évêque lefebvriste pour négationnisme.

En réaction aux accusations d'insuffisance de communication du porte-parole du Vatican Federico Lombardi, le cardinal Castrillon Hoyos, président de la Commission pontificale Ecclesia Dei, affirme cependant le 17 mars suivant que si Rome avait connu les positions de Williamson avant la levée d'excommunication, elle n'aurait pas demandé sa rétractation « parce que c'est un problème historique, pas moral », estimant par ailleurs qu'il n'avait pas à savoir « quelque chose qu’il n'a pas besoin de savoir » car cela relève selon lui du cardinal Giovanni Battista Re, en charge de la vie des évêques.

Selon la BBC citée par Le Monde, Richard Williamson a également souscrit à l'idée des théorie du complot à propos des attentats du 11 septembre 2001, accusant les États-Unis de les avoir fomentés. Dans son message hebdomadaire « Kyrie Eleison » du 1er octobre 2011, Mgr Williamson affirme clairement sa position au sujet des attentats du 11 septembre, pour lui la théorie du complot ne fait aucun doute.

Il accuse le concile Vatican II d'avoir provoqué « le chaos théologique que nous avons aujourd'hui » en légitimant une « dictature du relativisme ». Williamson se dit également « étonné » d'être un objet de polémique : « Visiblement, le catholicisme de gauche n'a pas encore pardonné le fait que Ratzinger soit devenu pape. ». Cet entretien au Spiegel est perçu comme une confirmation des positions de Mgr Williamson. Richard Williamson a publié très régulièrement des lettres pastorales dont bon nombre depuis les années 1990 peuvent ou pouvaient être consultées sur l'Internet. Le contenu de ces lettres est émaillé de très nombreux propos racistes, sexistes et antisémites. Il est à noter que jamais la FSSPX n'a pris ses distances vis-à-vis de ces déclarations.

Par décret de la congrégation pour les évêques du 21 janvier 2009 signé par le cardinal Giovanni Battista Re, préfet de la congrégation, l'excommunication qui frappait les quatre évêques consacrés par Mgr Lefebvre, Richard Williamson, Bernard Fellay, Alfonso de Galarreta et Bernard Tissier de Mallerais, est levée de façon unilatérale et sans concession de la part des quatre évêques concernés. La vive émotion qui naît au sein de l'Église catholique, suite aux propos négationnistes de Williamson et face à l'ambiguïté de la position de la FSSPX par rapport au concile Vatican II, amène Benoît XVI a préciser que la levée de l’excommunication pour les évêques de la Fraternité Saint-Pie-X (FSSPX) « ne signifiait pas de soi le retour à la pleine communion du mouvement intégriste, et qu’elle ne pouvait se faire que dans le respect de l’enseignement du Concile Vatican II».

Publié dans Eclésiastiques

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article