Suhard Emmanuel

Publié le par Roger Cousin

Suhard Emmanuel Emmanuel Suhard, né à Brains-sur-les-Marches le 5 avril 1874 et mort à Paris le 30 mai 1949 est un évêque catholique français, évêque de Bayeux et Lisieux en 1928, archevêque de Reims en 1930, cardinal en 1935 et archevêque de Paris en 1940. Hanté par la déchristianisation, il a fondé la Mission de France à Lisieux, la Mission de Paris, la communauté de Saint-Séverin et l'expérience des prêtres-ouvriers (« un mur sépare le monde ouvrier de l'Église, ce mur il faut l'abattre »). Depuis 1997 et pour lui rendre hommage, une paroisse du Diocèse de Laval porte son nom : Paroisse Ste Thérèse - Cardinal Suhard. Son village d'origine, Brains-sur-les-Marches fait partie de cette paroisse.

Emmanuel Célestin Suhard est le fils d'Emmanuel Suhard et de Jeanne Marsollier (mariés le 25 juin 1873). Enfant pieux et timide, fils d'une veuve qui dirige seule la ferme familiale, il est jugé « trop peu dégourdi pour faire un curé » par le curé de Brains-sur-les-Marches. En octobre 1888, il entre toutefois au Petit Séminaire de Mayenne (ses condisciples sont Joseph Hamon et Victor Guillet). Il le quitte en 1892 pour entrer le 6 octobre au Grand Séminaire de Laval où il effectue de brillantes études qui lui valent une bourse pour le Séminaire français de Rome. Il y est ordonné prêtre en 1897.

Étudiant à Rome à l'Université Grégorienne, en même temps que le futur Pie XII et Mgr Maglione, futur nonce en France, il obtient la "Grande Médaille d'Or", distinction suprême de la Grégorienne. De retour en 1899 en France, il célèbre sa première grand-messe dans l'église de Brains-sur-les-Marches. Nommé professeur de philosophie au Grand Séminaire de Laval, il enseigne la théologie. Grâce à ses qualités d'accueil et d'écoute, il exerce une influence sur le clergé mayennais, bien qu'il ne soit pas très en cour à l'évêché car il n'est pas « Action française ». Il s'en expliquera : « L'Action française est trop particulariste. Le prêtre est fait pour tout le monde et doit accueillir tout le monde ».

Réformé en 1914, l'abbé Suhard est aumônier d'un hôpital militaire à Laval. Devenu chanoine en 1919 l'évêque, Mgr Eugène Grellier, très proche de l'Action française, le tient à l'écart et refuse de le nommer supérieur du grand séminaire. En 1928, il est nommé évêque de Bayeux et Lisieux. Il est archevêque de Reims de 1931 à 1940, et créé cardinal en 1935. Il devient cardinal archevêque de Paris de 1940 et le reste jusqu'à sa mort en 1949. Le siège archiépiscopal de Paris qu'il rejoint pendant l'exode de juin 40 sera pour lui une lourde charge, où il subit beaucoup d'épreuves, en une époque difficile. Il adresse une dépêche à Hitler, le 26 octobre 1941, pour sauver les otages de Nantes et de Châteaubriant. Les Allemands avaient perquisitionné à l'archevêché dès juillet 1940.

Comme la plupart des hauts dignitaires de l'Église catholique romaine, il avait donné son approbation à la politique du maréchal Pétain. Il négocie avec l'amiral Darlan, le ministre de l'Éducation nationale, Jérôme Carcopino et le ministre de l'intérieur, Pierre Pucheu, un système de financement de l'école privée catholique, par des subventions de l'État, en juillet 1941. Ces subventions sont réparties par les préfets, dans chaque département. Un horaire commode d'enseignement religieux facultatif est aussi instauré dans l'enseignement public. Il approuve la déclaration des évêques de France qui condamne la résistance armée (17 février 1944) : « Nous condamnons [les] appels à la violence et [les] actes de terrorisme, qui déchirent aujourd'hui le pays, provoquent l'assassinat des personnes et le pillage des demeures » et accueille le maréchal Pétain à Notre-Dame, en avril 1944, ce qui lui sera reproché à la Libération. Il préside la cérémonie à Notre-Dame lors des funérailles nationales du ministre Philippe Henriot assassiné le 28 juin 1944.

Le 26 août 1944, le général de Gaulle, sur les conseils du père Bruckberger et de Francis-Louis Closon, décide de l'exclure de la cérémonie d'action de grâces de Notre-Dame et de le maintenir confiné à l'archevêché. Le 10 novembre 1953, un buste en bronze du cardinal fut inauguré au Grand Séminaire de Laval, ainsi qu'une statue du prélat, le même jour à Brains-sur-les-Marches. Pendant les 20 années de son épiscopat, il inspire, encourage et soutient un grand courant missionnaire, dont nombre de ses lettres pastorales, en particulier les trois dernières (Essor ou déclin de l'Église, Le Sens de Dieu et Le Prêtre dans la cité) rédigées par le père Bernard Lalande, son secrétaire et théologien, se sont fait l'écho. C'est à sa demande que fut publié, en 1943, un ouvrage de l'abbé Henri Godin : La France, pays de mission, qui eut un grand retentissement au sein de l'Église.


Publié dans Eclésiastiques

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