Camp d'Oranienburg
Le camp de concentration d'Oranienburg a été édifié en février 1933 au milieu de la ville d'Oranienburg (Brandebourg) sur l'emplacement d'une ancienne brasserie fréquentée par les SA. Il s'agit d'un des tous premiers camps de concentration nazis. Jusqu'à sa fermeture en juillet 1935 trois mille hommes et trois femmes y ont été enfermés. Au moins 16 prisonniers y ont été tués par les gardes, parmi lesquels l'écrivain et anarchiste Erich Mühsam, le 9 juillet 1934. A partir de 1936 un autre camp a été édifié près d'Oranienburg. Il s'agit du camp de Sachsenhausen.
« Dans sa forme définitive, le camp d’Oranienburg Sachsenhausen est un triangle presque équilatéral d’environ 600 mètres de côté et s’étendant sur 18 hectares. Au milieu de la base de ce triangle se trouve le bâtiment de la porte d’entrée. A deux niveaux il est surmonté d’un mirador, avec mitrailleuse, d’où l’on peut surveiller juste en dessous la place d’appel qui a la forme d’un demi-cercle de 100 mètres environ de rayon. Les bâtiments abritent les services des SS. La grille en fer forgé est ornée de l’habituelle expression « Arbeit macht Frei ». Le camp est ceinturé d’un mur de 2,7 mètres de haut, surmonté de fils électrifiés. (...) Les baraques des détenus sont disposées selon les rayons du demi-cercle de la place d’appel, à la manière d’un éventail. La première rangée comprend 18 Blocks terminés en mai 1937. (...) Construites en bois sur un socle de béton, ces baraques sont toutes sur le même modèle. Elles comprennent deux ailes symétriques avec, au centre, des toilettes et des lavabos communs. De part et d’autre deux salles pour chaque aile : un réfectoire, un dortoir. A l’origine un block a été prévu pour 120 ou 140 prisonniers. En octobre 1944 il y en aura jusqu’à 800. Dans les châlits à trois étages des dortoirs, les prisonniers dorment à cette époque à 2, voire 3 par niveau.(...) Il y a en tout 68 Blocks où vivent les détenus (...). Mais le camp ne se limite pas qu’au triangle.
A l’extérieur sur le côté droit se trouve un petit camp spécial (Sonderlager) constitué à l’origine de quatre chalets en bois réservés à des prisonniers de marque. (...) sur le côté gauche une autre clôture délimite un ensemble industriel (Industriehof) où voisinent la menuiserie d’une usine militaire (DAW) et l’usine d’extermination (Station Z). (...) ». « On découvrit après la guerre non loin des fours, deux fosses de 27 mètres cubes remplies de cendres. Il suffit de savoir qu’un corps humain donne un litre de cendres pour avoir une estimation du charnier mis à jour : 54.000 morts au moins. Et toutes les cendres n’étaient pas là, puisqu’en 1947 un ancien SS reconnaissait à son procès avoir déversé en janvier 1945 dans le canal Hohenzollern, près du camp, trois camions de cendres, soit environ 9 tonnes. D’autre part, avant leur passage au crématoire, les cadavres étaient dépouillés de leurs dents artificielles et prothèses. Or on a retrouvé à la libération du camp, dans des caisses en bois, 300.000 dents en porcelaine ou en métal et des couronnes dentaires, correspondant selon les experts, à 80.000 morts ».
Les groupes nationaux les plus importants furent : les Soviétiques (42.000 dont 18.000 prisonniers de guerre), « La nuit la plus terrible a été celle du 31 août au 1er septembre 1941. Cette nuit-là, on a fusillé 450 prisonniers de guerre Russes. Quand nous nous sommes levés à 4 heures et quart, on entendait encore les salves des mitraillettes qui claquaient... Toute la nuit, nous avions entendu les paniers à salade venir les chercher, faire le tour du camp et les amener près du four crématoire où ils étaient fusillés. (...) Le massacre des Russes s’est poursuivi tout l’hiver, jusqu’au mois d’avril ». Des kommandos féminins lui sont rattachés. Un camp spécial accueille les prisonniers de marque tels Paul Reynaud, Yvon Delbos. Il fut aussi le camp de destination du premier convoi de déportés venant de France : 244 mineurs du Nord arrivés le 25 Juillet 1941. « Nous avons été accueillis par des Français, des matricules 60.000 ou 58.000 ; nous, nous étions les 64.000. Ils nous ont informé des conditions draconiennes en usage au camp- attention au bonnet, au salut. Ils nous ont mis en garde contre le danger de la répression féroce qui suivait toute incartade, ou toute atteinte au règlement ».
- Alwin Brandes, membre du SPD et dirigeant syndical
- Edmund Bursche, pasteur évangélique
- Hans Coppi, résistant communiste
- Alexander Falzmann, pasteur évangélique
- Erich Knauf, écrivain
- Erich Mühsam, écrivain
- Ehm Welk, écrivain
- Kurt Hiller, pacifiste
- Gerhart Seger, social-démocrate
- Friedrich Ebert, membre du Reichstag
- Ernst Heilmann, représentant de la fraction SPD au parlement du Land de Prusse
- Ernst Hörnicke-Zerbst, représentant du KPD au Reichstag
- Kurt Magnus und Heinrich Giesicke, directeurs de la société de la radio du Reich ((de) Reichsrundfunkgesellschaft)
- Alfred Braun, acteur, réalisateur, scénariste et producteur
- Marie Luise Fähling, femme de Erich Fähling, communiste (sa capture était le but de l'emprisonnement de sa femme)