Sanguinetti Alexandre
Alexandre Sanguinetti est un homme politique français, né le 27 mars 1913 au Caire (Égypte), et mort le 9 octobre 1980 à Saint-Mandé (Val-de-Marne).
Militant de l'Action française dans l'entre-deux-guerres, il s'engage en 1943 dans l'Armée d'Afrique. À la Libération, il devient pour quelques mois l'attaché de presse du ministre de l'Économie François de Menthon. Sanguinetti côtoie ensuite à nouveau l'extrême-droite française dans les années 1950 au Centre de liaison pour l'unité française. Secrétaire général du Comité d'action des associations d'anciens combattants (CAANAC) à partir de 1956, il milite alors pour l'Algérie française et fait partie des organisateurs du retour au pouvoir de Charles de Gaulle lors de la crise de mai 1958. Devenu collaborateur du secrétaire général de l'UNR Roger Frey, il est alors chargé de la lutte contre ses anciens amis, qui ont lancé l'OAS. Sanguinetti participe alors à la fondation du Service d'action civique (SAC), sorte de police parallèle du gaullisme. Elu en 1962 député à Paris, il siège à la Commission de la défense nationale et des forces armées dont il deviendra en 1968 le président. Ministre des Anciens combattants dans le troisième gouvernement de Pompidou (1966-1967), il est ensuite nommé président de la Société du tunnel sous le Mont-Blanc puis devient secrétaire général de l'UDR en 1973-1974. Soutenant Michel Debré pour l'élection de 1981, il démissionne en décembre 1978 du RPR. Il aurait eu connaissance de quelques aspects de l'affaire Robert Boulin, du nom du ministre retrouvé mort fin 1979. Alexandre Sanguinetti est né au Caire le 27 mars 1913, fils de Joseph Sanguinetti, fonctionnaire au ministère égyptien de l'Intérieur, et frère aîné d'Antoine Sanguinetti, futur vice-amiral d'escadre.
Il fait ses études au collège Stanislas à Paris, aux facultés de droit et de lettres du Caire, d'Angers et de Paris et obtient une licence ès lettres. Dans les années 1930, il milite aux Camelots du Roi, organisation de jeunesse de l'Action française. En 1941, il est nommé administrateur des biens juifs en Tunisie. Il s'engage, au début de 1943, dans l'armée d'Afrique, et participe en juin 1944, avec le bataillon de choc, à la prise de l'île d'Elbe, où il perd une jambe. De juin à novembre 1946, il est attaché de presse de François de Menthon, ministre de l'Économie nationale dans le gouvernement provisoire présidé par Georges Bidault. En 1952, il côtoie Jean-Louis Tixier-Vignancour et Jacques Isorni au « Centre de liaison pour l'unité française », qui vise à obtenir la réhabilitation de Pétain et l'amnistie des vichystes. Il se lance dans les affaires ; celles-ci tournent mal et il échappe de peu à la faillite. Membre actif d'associations d'anciens combattants, il est élu, en 1956, secrétaire général du Comité d'action des associations d'anciens combattants (CAANAC). En juillet 1957, il se rend à Alger avec une importante délégation d'associations d'anciens combattants, parmi lesquels Maxime Blocq-Mascart, le général Touzet du Vigier, Louis de Costier, le colonel Bourgoin et Yves Gignac. Ils sont reçus par le général Salan, commandant interarmes en Algérie, et prononcent, le 7 juillet 1957 en public à Alger, au monument aux morts, le serment solennel de « s'opposer par tous les moyens à toutes mesures qui menaceraient l'intégrité du territoire et l'unité française ».
De retour à Paris, il reste en liaison avec le général Salan en particulier au moment de l'affaire de Sakiet. En 1957 et 1958, il utilise la puissance du CAANAC pour préparer par tous les moyens, y compris la violence et l'action illégale, le retour au pouvoir du général de Gaulle. Après la crise de mai 1958 et le retour au pouvoir du général de Gaulle, il se rend à Alger en juin 1958, est reçu par le général Salan qui lui donne toutes facilités pour se rendre compte de la situation en Algérie. À son retour en métropole, il envoie une lettre d'allégeance au général Salan. En octobre 1958, il devient l'un des collaborateurs de Roger Frey, secrétaire général du nouveau parti gaulliste, l'UNR. Celui-ci en fait, tout d'abord, son chef de cabinet au ministère de l'Information (cabinet Debré, 8 janvier 1959), son directeur de cabinet quand il est ministre délégué auprès du Premier ministre (cabinet Debré, 5 février 1960), puis un chargé de mission lorsqu'il est ministre de l'Intérieur (cabinet Debré, 9 mai 1961). C'est dans ces fonctions qu'il participe en novembre 1960 au montage d'une opération consistant à susciter une sécession de l'Algérie - dont il tente de convaincre le général Jouhaud de prendre la tête - conduisant à une République franco-algérienne, opération destinée, en fait, à jeter le trouble parmi les partisans de l'Algérie française. Au ministère de l'Intérieur, il mène une lutte implacable contre ses anciens amis, fidèles à l'Algérie française, qui ont créé l'Organisation armée secrète et, à cette fin, n'hésite pas à faire appel systématiquement à des individus peu recommandables (les « barbouzes ») qui constitueront ultérieurement le noyau du Service d'action civique (SAC), dont Sanguinetti sera l'un des co-fondateurs et, par la suite, l'un des membres influents.
Après l'indépendance de l'Algérie, il commence une carrière politique qui le mène à la députation aux élections de novembre 1962 où il est élu au second tour, avec l'étiquette UNR, contre un représentant du parti communiste dans une circonscription (Grandes Carrières) du 18e arrondissement de Paris. A l'Assemblée nationale, il est membre de la commission de la défense nationale et des forces armées dont il est vice-président et rapporteur du budget des armées. Parallèlement, il assume des responsabilités au secrétariat général de l'UNR. Il est ministre des Anciens combattants dans le troisième gouvernement de Pompidou, du 8 janvier 1966 au 6 avril 1967. Par la suite, il est président de la Société du tunnel sous le Mont-Blanc, ayant été battu aux élections de mars 1967 par le socialiste Claude Estier à Paris. Il retrouve l'Assemblée nationale en juin 1968 comme député de Haute-Garonne, élu d'une circonscription toulousaine. Il préside la commission de la défense nationale de l’Assemblée nationale pendant toute la législature 1968-1973. Chef de cabinet d'Hubert Germain en 1971. Battu aux élections législatives de mars 1973, il devient, dès juillet 1973, président de l'Office de Recherche Scientifique et Technique d'Outre Mer (ORSTOM) (actuel IRD), poste qu'il occupe jusqu'en novembre 1975. On se souvient de sa participation à de nombreuses émissions de radio et de TV où il défendit avec éloquence les institutions de la Ve République et les idées gaullistes.
Secrétaire général de l'UDR d'octobre 1973 à décembre 1974, il est candidat aux élections législatives de mars 1978 à Paris où il est battu par Paul Quilès. Sanguinetti démissionne du RPR en décembre 1978 et se déclare en faveur d'une candidature de Michel Debré pour l'élection présidentielle de 1981. Quinze jours après la mort mystérieuse du ministre Robert Boulin le 30 octobre 1979, il déclare à Jean Charbonnel qu'il s'agit d'un « assassinat ». En 2009, ce dernier déclare que Sanguinetti lui aurait alors cité « deux noms de personnalités politiques toujours vivantes » qui pouvaient, d’après lui, être « impliqués dans cette affaire » et le nom « d’une organisation » pour qui « Robert Boulin constituait une menace, une gêne, une inquiétude. » Selon sa fille, Laetitia Sanguinetti, qui fut l'attachée parlementaire de son père, Robert Boulin, « d’une intégrité totale », était devenu « une cible » car il disposait d’informations sur un « réseau de fausses factures » et « de financement occulte » des partis politiques, dont le RPR. Alexandre Sanguinetti meurt d'un infarctus le 9 octobre 1980. Peu de temps après, le domicile de Laetitia Sanguinetti a été cambriolé à plusieurs reprises, tandis que des « barbouzes » sont, selon elle, venus l'interroger pour savoir si elle détenait des « preuves écrites de l'assassinat » de Robert Boulin.