A Munich, un centre de documentation sur l'histoire du nazisme
Soixante-dix ans après la fin de la deuxième guerre mondiale, un drôle de cube blanc a poussé dans la ville où Hitler a fait son premier putsch. La cité bavaroise se souvient.
30 avril 1945. Munich est libéré du joug de la dictature nazie par l'armée américaine. 30 avril 2015, le Centre munichois de documentation sur l'histoire du national-socialisme est officiellement inauguré. Capitale politique du Land, Munich fut aussi la capitale artistique et culturelle des rois de Bavière, une ville plus que toute autre chargée d'histoire. Ici est né, dès 1923, le mouvement qui conduira dix ans plus tard à l'avènement du régime nazi. Au coeur de la ville, nombreux sont les lieux évocateurs : le siège de la Bayerische Landesbank abritait en ces heures sombres la Gestapo. Et c'est sur la Königsplatz, tout près du quartier des musées, célèbre pour ses pinacothèques, que l'on prend toute la mesure de l'histoire : ici même furent pratiqués les autodafés du 10 mai 1933.
Quand Munich était brune
Jusqu'en 1945, 68 bâtiments emblématiques et 6 000 personnes furent mis au service du régime. A côté de l'Ecole supérieure de musique, anciennement Führerbau, et à l'endroit même d'un prestigieux palais transformé en siège du parti nazi et baptisé la « Maison brune », se situe le centre de documentation tant attendu, un grand cube blanc réalisé par le cabinet d'architectes berlinois Scheel, Georg et Wetzel. Selon le professeur Nerdinger, historien, initiateur et défenseur du projet, la mission du centre est d'être « un lieu pédagogique et mémoriel ». Sur quatre niveaux et de haut en bas, l'histoire est analysée en quatre thématiques : origine et ascension du mouvement nazi ; vie quotidienne et histoire du camp de concentration de Dachau ; Munich et la guerre ; et enfin, l'après 1945. Au premier sous-sol se trouve le Forum, remarquable espace de documentation qui regroupe des films, reproductions et témoignages, et une bibliothèque des « livres brûlés ». Un bel outil pédagogique doté de tablettes avec écrans tactiles pour recherches interactives.
Mais pourquoi avoir tant tardé à faire la lumière sur cette période aussi sombre de l'histoire ? « Tard peut-être, mais pas trop tard », selon Dieter Reiter, maire de Munich. C'est le bon moment car il reste encore des témoins vivants et, comme le rappelle la phrase de Primo Levi à l'entrée du centre, « c'est arrivé et cela peut donc arriver de nouveau ».