L’ancien président italien Carlo Azeglio Ciampi est mort
Selon la presse italienne, Carlo Azeglio Ciampi s’est éteint dans une clinique de Rome, où il était hospitalisé depuis plusieurs semaines. Ses funérailles doivent avoir lieu dans la capitale italienne
Dixième président de la République italienne (1999-2006), ancien président du conseil (1993-1994), ex-gouverneur de la Banque d’Italie (1979-1993), plusieurs fois ministre et sénateur à vie, Carlo Azeglio Ciampi s’est éteint vendredi 16 septembre à Rome. Il avait 95 ans.
Avec lui l’Italie perd une figure d’homme d’Etat respecté à droite comme à gauche pour son intégrité, son souci du bien public et son respect de la Constitution. Président de la République, son taux de confiance ne descendit jamais en deçà de 70 % d’opinions positives.
Né à Livourne, en Toscane, le 9 décembre 1920, Carlo Azeglio Ciampi poursuit des études secondaires chez les jésuites de sa ville natale avant d’intégrer la prestigieuse Ecole normale de Pise, sur concours. Après un séjour à Leipzig, en Allemagne, il obtient son diplôme en 1941, soutenant une thèse sur la philologie classique et la littérature grecque. Mobilisé la même année, il quitte l’université pour rejoindre, avec le grade de lieutenant, l’armée italienne en Albanie.
A la signature de l’armistice, le 8 septembre 1943, Carlo Azeglio Ciampi refuse d’intégrer l’armée de la République sociale italienne dirigée par Benito Mussolini avec le soutien de l’Allemagne nazie. Fuyant dans les Abruzzes, il rejoint la Résistance où il retrouve l’intellectuel Guido Calogero (1904-1986), héraut de la pensée libérale socialiste exprimée par le Parti d’action, fondé en 1942, la seule formation politique dont Carlo Azeglio Ciampi fut membre. Partant de Sulmone avec un groupe de résistants et de prisonniers échappés qui avaient échappé à la Wehrmacht, il parvient – après une longue marche au cours de laquelle plusieurs de ses compagnons perdent la vie – à rejoindre Bari (Pouilles), où il s’enrôle de nouveau dans l’armée italienne refondée qui combat aux côtés des Américains.
La paix revenue, Carlo Azeglio Ciampi épouse Franca Pilla, qu’il a connue à l’Ecole normale, et reprend ses études, en droit cette fois. Malgré son amour des lettres, il passe le concours d’entrée à la Banque d’Italie, où il restera, gravissant tous les échelons, pendant quarante-sept ans : administrateur à partir de 1960, secrétaire général en 1973, vice-directeur en 1976, directeur général en 1978 et, enfin, gouverneur en 1979, où il remplace Paolo Baffi, arrêté à la suite de la faillite retentissante du banquier et affairiste Michele Sindona.
« Pompier volant » de l’Italie minée par les scandales politico-financiers, il est appelé en 1993 par le président de la République, Oscar Luigi Scalfaro (1918-2012) pour prendre la tête du gouvernement. Il s’agit du premier exécutif dit « technique », c’est-à-dire dirigé par un président du conseil qui n’a jamais eu de mandat électif. Alors que les partis politiques traditionnels (Démocratie chrétienne, Parti socialiste, Parti républicain) sont balayés par l’enquête « Mains propres », le gouvernement Ciampi est soutenu par cinq formations ayant survécu à la tourmente. Il tiendra onze mois.
Revenu à la Banque d’Italie après son mandat, il est rappelé par Romano Prodi, élu à la présidence du conseil en 1996, qui lui confie le portefeuille du Trésor, une charge qu’il assumera également sous l’autorité de Massimo D’Alema. Il s’astreint à réduire inlassablement le déficit public pour permettre à l’Italie de satisfaire aux obligations du traité de Maastricht et à l’accession à la monnaie unique.
Sa réputation, tant en Italie qu’à l’étranger, le désigne tout naturellement au poste de président de la République lorsque le mandat de M. Scalfaro arrive à son terme. Soutenu à droite comme à gauche, il est élu au Quirinal, dès le premier tour de scrutin, le 13 mai 1999. Intransigeant en matière de finances publiques, austère et discret dans sa vie privée, Carlo Azeglio Ciampi marque une distance quasi ontologique avec l’Italie de Silvio Berlusconi, alors président du conseil.
Au cours de son mandat, il chercha à construire un sentiment d’unité nationale et de respect du bien public. Alors qu’il veut en toutes circonstances incarner une personnalité au-dessus des partis, son épouse, Franca Pilla – « Donna Franca », comme la surnomme la presse italienne – se distingue en fustigeant « la télé débile » de Silvio Berlusconi et en prenant le parti des « gens du Sud » contre la Ligue du Nord, alors toute-puissante.
Alors qu’une majorité parlementaire se dégage afin qu’il reprenne un second mandat de président de la République, Carlo Azeglio Ciampi renonce, invoquant son âge, estimant que sept années étaient suffisantes. Giorgio Napolitano, qu’il avait nommé sénateur à vie, lui succède. Choisi pour diriger le comité d’organisation des festivités pour le cinquantième anniversaire de l’unité de l’Italie, il doit y renoncer pour des raisons de santé et céder sa place à Giuliano Amato.
Une de ses dernières apparitions publiques eut lieu lors des obsèques de la sénatrice et Prix nobel de médecine Rita Levi-Montalcini, morte en décembre 2012 à l’âge de 103 ans. A la disparition de cette dernière, Carlo Azeglio Ciampi était devenu le plus âgé – et le plus respecté – des parlementaires italiens.