La Comtesse aux pieds nus
La Comtesse aux pieds nus (The Barefoot Contessa) est un film américain réalisé par Joseph L. Mankiewicz, sorti sur les écrans en 1954. Sous une méchante averse, le cinéaste Harry Dawes assiste à l'enterrement de la comtesse Torlato-Favrini. Il se souvient de sa rencontre avec cette très belle femme, dans un cabaret madrilène où elle se produisait comme danseuse sous le nom de Maria Vargas. Tombé sous son charme, il la persuada, au nom du producteur Kirk Edwards, de se rendre à Rome pour un bout d'essai. En trois films, tous réalisés par Harry Dawes, Maria devint une star mondialement connue. Après bien des péripéties, elle épousa le comte Torlato-Favrini, avec l'intention de se stabiliser. Le comte, hélas, était impuissant, au grand désespoir de son épouse, qui rêvait de lui donner un héritier...
La Comtesse aux pieds nus de Joseph L. Mankiewicz avec Humphrey Bogart - Ava Gardner - Edmond O'Brien - Rossano Brazzi - Marius Goring - Warren Stevens - Valentina Cortese - Elizabeth Sellars - Franco Interlenghi - Mari Aldon - Enzo Staiola - Bessie Love - Alberto Rabagliati - Bill Fraser - Renato Chiantoni
Fiche technique
- Titre français : La Comtesse aux pieds nus
- Titre original : The Barefoot Contessa
- Réalisation : Joseph L. Mankiewicz
- Scénario : Joseph L. Mankiewicz
- Musique : Mario Nascimbene
- Directeur de la photographie : Jack Cardiff
- Décors : Arrigo Equini
- Costumes : Fontana
- Montage : William Hornbeck
- Production : Joseph L. Mankiewicz et Franco Magli
- Société de production : Figaro Inc. et United Artists
- Société de distribution : United Artists
- Pays : États-Unis
- Langue : anglais
- Format : Technicolor
- Tournage : du 11 janvier au 29 mars 1954
- Durée : 128 minutes
- Genre : drame
- Date de sortie : 29 septembre 1954 (États-Unis)
Distribution
- Humphrey Bogart (VF : Jean Martinelli): Harry Dawes
- Ava Gardner (VF : Jacqueline Ferrière) : Maria Vargas
- Edmond O'Brien (VF : Fernand Rauzena) : Oscar Muldoon
- Valentina Cortese (VF : Nadine Alari) : Eleanora Torlato-Favrini
- Marius Goring : Alberto Bravano
- Rossano Brazzi (VF : Roland Menard) : le comte Vincenzo Torlato-Favrini
- Elizabeth Sellars (VF : Lily Baron) : Jerry Dawes
- Warren Stevens (VF : Roger Rudel) : Kirk Edwards
- Franco Interlenghi : Pedro
- Mari Aldon (VF : Claire Guibert) : Mirna
- John Parrish (V.F : Abel Jacquin) : Max Black
- Bessie Love : Mrs. Eubanks
- Diana Decker : La blonde ivre
- Bill Fraser : J. Montague Brown
- Tonio Selwart : Un prétendant
- Enzo Staiola
- Renato Chiantoni
- Alberto Rabagliati
- Bill Fraser
Il pleut sur l'enterrement d'une déesse. Maria Vargas, danseuse aux pieds nus, s'est éteinte dans la fleur de la jeunesse. L'imperméable gorgé de larmes et de pluie, Harry Dawes se souvient. C'est lui qui repéra Maria dans un cabaret madrilène et qui fit d'elle une star de cinéma...
Le film s'ouvre donc sur les funérailles de l'héroïne : cette cérémonie est l'ultime mise en scène que la femme fatale doit subir, sans rien contrôler de plus que dans sa vie. Avant même de devenir actrice, Maria Vargas est régentée sans le savoir par le septième art : le balcon de sa maison ressemble à un plateau de cinéma, la lune illumine son visage comme un projecteur. La « comtesse aux pieds nus » est une Cendrillon moderne qui ne peut pas trouver pantoufle à son pied : Mankiewicz l'a lâchée dans un royaume où la concrétisation du désir va de pair avec la mort, où le fantasme est roi. Cette terre de l'illusion, qu'elle foule sans chaussures, n'est autre que le cinéma.
Après Eve, Mankiewicz poursuit sa critique du monde du spectacle, dont il est à la fois juge et partie, gouverneur et insurgé. Le tournage même du film vint illustrer la contradiction de ce statut. Si le cinéaste put prendre de grandes libertés dans la construction de son récit, éclatée, brumeuse, mais envoûtante, il n'eut pas le droit d'y traiter le sujet de son choix : l'homosexualité. Parce qu'il semblait impardonnable aux studios qu'un homme restât insensible aux charmes d'Ava Gardner, dont la beauté minérale et immortelle surplombe chaque image de ce chef-d'oeuvre. — Marine Landrot