Feininger Lyonel
Lyonel Charles Feininger, né le 17 juillet 1871 à New York, mort dans la même ville le 13 janvier 1956, est un peintre, graveur, caricaturiste et auteur de bandes dessinées américain, principalement actif en Allemagne.
Feininger né à New York, part en 1887 avec ses parents, musiciens d'origine allemande, pour l'Europe. Doué aussi bien sur le plan musical que sur celui de la peinture, il donne la préférence à son penchant le plus fort qui est la peinture. Il décide de s'inscrire aux beaux-arts, d'abord à Hambourg, puis à Berlin, Liège et Paris. Il doit attendre longtemps avant d'être reconnu en tant qu'artiste, malgré de respectables succès comme illustrateur. À partir de 1905, il réalise des caricatures pour les revues humoristiques Ulk, Fliegende Blätter et Lustige Blätter. En 1906-1907 il réalise textes et dessins pour deux séries de bandes dessinées publiées par le Chicago Tribune : The Kin-der-Kids et Wee Willie Winkie's World, d'une grande liberté formelle et où l'on note entre autres un goût extrême pour l’anthropomorphisme : arbres, véhicules ou bâtiments ont des visages.
Son œuvre picturale de 1906 à 1911 est influencée par ses planches illustratives. Il livre quelques dessins au magazine Le Témoin fondé par Paul Iribe. Ce n'est qu'en 1911, à Paris, qu'il trouve sa voie vers sa propre forme artistique, grâce aux œuvres des cubistes qu'il découvre au Salon des indépendants à Paris. Il se détourne presque totalement d'éléments figuratifs dans ses toiles, dont le thème principal devient la ville et l'architecture des villages thuringiens. Un haut clocher d'église est souvent omniprésent dans les compositions qui datent de la guerre ou la suivent, comme un symbole d'espoir en un monde plus paisible. Fidèle aux préceptes cubistes, il renie toute perspective classique pour la recomposer à partir d'éléments déstructurés, de formes emboîtées les unes dans les autres de façon compliquées qui confèrent à l'œuvre une monumentalité intérieure et une sévère tectonique. Cependant, ses tableaux ne forment pas des blocs compacts et, grâce à son apprentissage des couleurs chez Robert Delaunay, ils irradient de lumière et de transparence. Les surfaces géométriques sont fragmentées, mais conservent un lyrisme qui lui est propre.
En 1913, il présente une exposition individuelle à la galerie berlinoise Der Sturm. Durant la guerre, il poursuit ses recherches formelles. Walter Gropius l'invite au Bauhaus où il enseigne de 1919 jusqu'à 1933, année où l'école est contrainte de fermer sous la pression du régime nazi. Il y était maître-professeur responsable de l'atelier d'impression. Sa gravure sur bois expressionniste, La cathédrale du Futur, est le premier emblème d’un Bauhaus encore mystique et romantique. Il est intéressant de saisir le gouffre qui le sépare de celui dessiné par Oskar Schlemmer en 1922 pour la même école. C'est durant son passage au Bauhaus que Feininger commence à se passionner pour la photographie qui deviendra une part importante de sa production. Il ne délaisse pas pour autant la peinture. Une grande rétrospective lui est d'ailleurs consacrée en 1931 à la Galerie nationale de Berlin. Le régime nazi le force à s'exiler aux États-Unis en 1937. Ses œuvres sont exclues des musées et condamnées pour leur style moderne. Vingt-quatre de ses tableaux sont d'ailleurs exposés, peu après son départ, à la Entartete Kunst, consacré à l'art désigné comme dégénéré.
Après une période d'adaptation, Feininger se remet à la peinture. Il bénéficie bientôt d'une nouvelle rétrospective, cette fois au Museum of Modern Art de New York, en 1944. Lyonel Feininger a été membre de la Sezession berlinoise en 1909, associé au groupe expressionniste Die Brücke, le Novembergruppe, Gruppe 1919, et du groupe Les Quatre Bleus. Mondialement connu pour sa peinture, Lyonel Feininger a pourtant aussi laissé un œuvre important en photographie. Il découvre la technique alors qu'il enseigne au Bauhaus, à la fin des années 1920. Âgé de presque soixante ans, il se révèle un expérimentateur de premier ordre, notamment sur les images qu'il prend des bâtiments géométriques du campus à Dessau, en travaillant sur les effets de lumière et les jeux de négatifs. Il partage sa passion avec ses fils, en particulier, Andreas Feininger, photographe célèbre. Feininger a composé plusieurs pièces musicales, en particulier des fugues. Certaines œuvres de Bach ont inspiré certaines de ses toiles, notamment la série Gelmeroda.