Le cardinal Luis Antonio Tagle l’outsider philippin
Notre journaliste Caroline Pigozzi, grande spécialiste du Vatican, vous fera vivre les coulisses de l'élection du nouveau Pape jusqu'au conclave.
Le portrait du Cardinal Tagle est placé à côté de celui du Pape Benoit XVI, à Manille. Romeo Ranoco/Reuters
C’est l’un des deux plus jeunes cardinaux. A 55 ans, Luis Antonio Tagle, archevêque de Manille, est encore méconnu au sein de l’Eglise universelle. Communicant de talent, ce brillant théologien, qui parle chinois, anglais et italien, a étudié aux Etats-Unis et à la Grégorienne, à Rome. Apprécié des jeunes, il est très au fait des nouvelles technologies. Fort de trois millions de fidèles chez lui, il prône une Eglise moins flamboyante et moins refermée sur elle-même. Il est impitoyable avec les prêtres pédophiles. Jean-Paul II l’avait fait évêque d’Imus, aux Philippines, en octobre 2001. Comme me l’a confié un monsignore proche de Benoît XVI : « Joseph Ratzinger avait déjà été impressionné par la clarté de sa pensée, son esprit de synthèse et sa force de caractère à l’occasion de l’avant-dernière réunion de la commission théologique internationale en décembre 2011. »
Une année après, le Pape, lors de son 5e consistoire, a choisi d’habiller de rouge ce pasteur d’origine chinoise, venu d’Asie. A la tête du diocèse le plus influent d’Orient, chef d’une Eglise dynamique et solide qui a plus de cinq cents années d’existence, en forte communion avec Rome, ce cardinal plutôt progressiste est ouvert au monde moderne. Tagle serait-il l’homme au profil providentiel, celui du renouveau, comme l’avait été Karol Wojtyla en son temps ? Loin des coteries des cardinaux de curie, loin de la vieille Europe comme de l’Afrique ou du Nouveau Monde, il est, c’est un signe, le dernier auquel, le 24 novembre 2012, le Pape a solennellement remis la barrette... Sans doute son successeur « in pectore ».