Un homme ordinaire au cœur du nazisme
Alors que la guerre et l’Europe sont dans l’actualité du centenaire, Michel Heurtault décrit le parcours d’un homme au sein du système nazi.
« On peut être à la fois inventeur de très belles œuvres et en même temps les détruire. » Michel Heurtault, dans son roman « Ce cœur qui haïssait la guerre » réussit ce tour de force de faire vivre son personnage principal, un ingénieur travaillant pour la science des fusées nazies, entre ambition et doutes, passion et désillusion, neutralité et engagement, tiraillé comme un homme ordinaire.
L’auteur est passionné par la période guerre et entre deux guerres « J’ai voulu dépasser la vision manichéenne de la guerre », dit-il en reprenant une phrase de Camus : « Le roman, c’est la vie plus le point final. »
Il lui a fallu 7 ans pour aboutir à ce livre de 700 pages qui se lit comme un policier, avec ses rebondissements et ses aventures. Mais c’est aussi un roman historique et s’il a fallu tant de temps, c’est pour être précis. « Je me suis beaucoup documenté pour décrire dans le détail la folie des hommes entre 1930 et 1945. » La seule recherche dans les archives allemandes et américaines lui a pris 3 ans.
Ce roman suit le parcours d’un jeune ingénieur allemand, passionné d’astronautique, qui va travailler avec Werner Von Braun sur les fusées qui ne serviront pas à la conquête de l’espace mais à la conquête du monde par les nazis. Dans cette fresque puissante, le lecteur découvre la société allemande avec sa complexité et ses mouvements de résistance. « La réalité de la guerre est beaucoup plus compliquée qu’on veut le dire. Ce qui est curieux, c’est que même dans les livres d’histoire allemands il n’était presque pas question de la résistance allemande. »
La complexité de la guerre et des hommes Le parcours de cet ingénieur allemand au sein du système nazi est percuté par deux femmes. « Ce sont elles qui sont les plus déterminées à dire que c’est un vrai combat contre la barbarie ». Elles le font douter, puis quitter le côté obscur.
Ce roman est un des événements de la dernière rentrée littéraire. Il met en exergue un pan peu connu de l’Histoire et analyse la complexité humaine, l’insoumission, le rôle des femmes, les réactions d’un homme ordinaire dans une époque extraordinaire. Dans ce sens, il est aussi d’actualité face aux montées extrémistes et populistes : « Les menaces contre la liberté, contre l’individu, sont toujours présentes. Il faut rappeler aux gens que l’histoire se répète. La guerre a toujours été présente. » Mais la résistance à la barbarie l’emporte sur la neutralité bienveillante. Quant à la morale, elle s’accommode de l’Histoire puisque les vainqueurs (Américains, Soviétiques, Français…) ne se sont pas gênés pour récupérer par tous les moyens la science allemande et ses hommes, pour entrer cette fois, dans la course à l’espace.
Michel Heurtault anime une rencontre littéraire, vendredi 16 novembre à 18 h 30 à l’Auberge de la Treille à Saint-Martin-le- Beau. Cocktail et conférence : 12 €. Contact et réservation : 02.47.50.67.17 et www.auberge-de-la-treille.com