Poklonskaïa Natalia
Natalia Vladimirovna Poklonskaïa, née le 18 mars 1980 à Mikhaïlovka, est une femme politique russe, membre de Russie unie. Elle est procureure générale de la République de Crimée de 2014 à 2016, date à laquelle elle est élue députée à la Douma d'État de la Fédération de Russie.
Carrière
Natalia Poklonskaïa naît au village de Mikhaïlovka, dans l'oblast de Vorochilovgrad (aujourd'hui oblast de Louhansk). En 1990, sa famille déménage à Yevpatoria en Crimée. Elle sort diplômée de l'université de Yalta en 2002. En 2011, à Simferopol, elle intervient comme procureur de la République dans le procès médiatisé d'un ancien adjoint du Conseil suprême de Crimée, accusé d'appartenir à une bande armée dénommée Bachmaki. La même année, elle est nommée procureure du district de Simferopol. Ensuite, elle est mutée au Bureau du procureur général ukrainien à Kiev, où elle exerce comme procureur principal jusqu'en 2014.
Le 25 février 2014, Natalia Poklonskaïa démissionne en affirmant qu'« [elle a] honte de vivre dans un pays où des néofascistes ont été autorisés à marcher librement dans la rue, et dictent leurs conditions au nouveau gouvernement autoproclamé, » faisant référence aux activistes radicaux d'Euromaidan. Sa démission refusée, elle quitte Kiev pour se réfugier en Crimée où ses parents vivent. À Simferopol elle propose son aide au gouvernement de Crimée. Le 11 mars suivant, pendant que le gouvernement de la République autonome de Crimée cherche à obtenir son indépendance de l'Ukraine, elle est nommée procureure de la République autonome de Crimée par Sergueï Aksionov, après que quatre autres personnes ont successivement refusé l'offre, y compris l'ancien vice-procureur de Crimée, Vyacheslav Pavlov.
Elle avait auparavant décrit le changement de gouvernement à Kiev ainsi : « Ce qui s'est passé à Kiev était, avant tout, un coup d'État anti-constitutionnel et une prise par les armes du pouvoir. J'en ai toujours eu la conviction, et c'est une opinion que je n'ai pas eu peur de clamer tout haut, dans le bureau du procureur général ukrainien ». En réponse, le gouvernement provisoire ukrainien lance une procédure pénale pour haute trahison contre elle et la démet de ses fonctions de conseillère à la justice. Natalia Poklonskaïa tient une conférence de presse dans la journée du 11 mars, dans laquelle elle affirme qu'« aucune loi n'a été violée par elle en Crimée ». Elle aurait été l'objet d'une tentative d'assassinat le 17 mars, sur laquelle elle n'a fait aucun commentaire.
Immédiatement après sa nomination en tant que procureure, elle collabore à une enquête sur les attaques violentes commises contre des membres de la police Berkut de Crimée. Le 19 mars 2014, Natalia Poklonskaïa confirme que des enquêtes sont en cours sur des tirs qui ont tué deux personnes et nie qu'un tireur aurait été arrêté. Elle compare la fusillade aux « attaques des snipers de la place Maidan à Kiev » du 18 au 21 février 2014, et affirme sa conviction que les tirs étaient destinés à « provoquer des violences contre les forces militaires » de l'Ukraine et la Crimée. Elle est interdite d'entrée en Union européenne le 13 mai 2014 à la suite des sanctions prises contre la Russie.
Le 18 septembre 2016, elle est élue députée à la Douma d'État. Son mandat prend effet le 5 octobre suivant et le lendemain, elle quitte ses fonctions de procureure. Elle est présidente de la commission de vérification de la régularité des informations sur les revenus, les biens et obligations présentées par les députés, vice-présidente du comité pour la sécurité et la lutte contre la corruption, membre de la commission d'examen des dépenses du budget fédéral de la défense de la Russie, de la sécurité nationale et de la police. Poklonskaïa a le grade de major-général. Elle est très impliquée dans l'opposition au film Matilda, jugé blasphématoire à l'encontre du tsar Nicolas II. Elle considère par ailleurs l'assassinat du dernier tsar et de la famille impériale par les bolcheviks comme étant un crime rituel.
En février 2018, Poklonskaïa publie un livre en russe intitulé Dévotion à la foi et à la patrie. En juillet 2018, elle est le seul député du parti Russie unie à voter contre la loi sur la réforme des retraites, destinée à repousser l'âge du départ à la retraite, ce qui crée des tensions entre elle et son parti. En août 2018, elle se marie à Ivan Solovyov, le chef du bureau du médiateur pour les droits de l'homme en Russie. Le 2 septembre 2018, Natalia Poklonskaya se rend aux funérailles d'Alexandre Zakhartchenko, le leader séparatiste de la République populaire de Donetsk assassiné lors d'un attentat, qu'elle qualifie de « héros de la Russie ». L'autobiographie de Natalia Poklonskaïa, co-écrite avec son mari Ivan Solovyov, est publiée le 27 février 2019 en Russie, sous le titre Printemps de Crimée : avant et après. Histoire de première main. En mai 2019, Poklonskaïa mène une délégation humanitaire à Damas afin de permettre à des enfants syriens de bénéficier de soins sophistiqués en Russie.
Popularité sur Internet
Après que la vidéo de Poklonskaïa lors d'une conférence de presse le 11 mars 2014 a été mise en ligne sur YouTube, sa beauté et sa jeunesse ont suscité l'engouement d'internautes japonais et sont également devenues le centre de l'attention de communautés Internet comme 4chan, Reddit, 9GAG et Vkontakte. Durant le premier mois, la conférence de presse a été visionnée plus de 1,7 million de fois. Les fans japonais ont réalisé de nombreux dessins d'elle dans le style des mangas.
Vie personnelle
Natalia Poklonskaïa est divorcée et a une fille. Ses parents sont tous deux à la retraite, vivent en Crimée, et ses deux grands-pères sont morts pendant la Seconde Guerre mondiale. Le 13 août 2018, Natalia Poklonskaïa a épousé Ivan Nikolaevich Soloviev, 47 ans, un ancien combattant des forces de l'ordre, avocat honoré de la Russie et chef du bureau du Commissaire aux droits de l'homme en Russie. Le mariage a eu lieu en Crimée.
Opinions et positions
De confession chrétienne orthodoxe, Natalia Poklonskaïa a des vues très conservatrices, traditionnelles et patriotiques. Elle voue une admiration sans faille au tsar Nicolas II, saint de l'Église orthodoxe, et défend farouchement sa mémoire. Elle soutient les lois protégeant les croyances religieuses contre le blasphème, et affirme avoir le soutien de la minorité musulmane de Russie. Elle croit aux miracles et considère que la Russie est protégée par la Vierge Marie depuis l'abdication du tsar, selon l'histoire de Notre-Dame Souveraine Derjavnaïa. Elle ne prend toutefois pas position sur la nécessité d'une monarchie ou d'une république. Elle est opposée à la Révolution bolchevique ; elle a également qualifié Lénine, Trotski, Hitler et Mao de « plus grands monstres du XXe siècle ». Elle soutient l'enterrement de Lénine, considérant comme « inhumain » le maintien de son corps embaumé sur la Place Rouge.