Charigot Aline
Aline Charigot, née à Essoyes le 23 mai 1859 et morte à Nice le 27 juin 1915, est une couturière française qui fut un modèle pour Auguste Renoir, dont elle devint l'épouse en 1890. Elle continua de poser tout en s'occupant de lui lorsque le peintre devint handicapé. Il la représenta dans plusieurs de ses peintures durant de nombreuses années, la plus célèbre datant du début des années 1880 (Le Déjeuner des canotiers, où on la voit à gauche avec un petit chien). Ils eurent trois enfants, dont deux, Pierre et Jean, eurent de brillantes carrières cinématographiques, et le troisième, Claude, devint céramiste.
Aline Victorine Charigot est née le 23 mai 1859 à Essoyes (Aube) à 10 heure 10 du matin, fille de Claude (dit Victor) Charigot (21 février 1836-24 décembre 1898), boulanger, et d'une couturière née Thérèse Émilie Maire (19 janvier 1841-1er mars 1917). Son père abandonne son épouse et sa fille en août 1860. Aline Charigot a 21 ans quand le peintre Auguste Renoir (1841-1919) la rencontre en 1880 près de chez lui, rue Saint-Georges à Paris où elle est couturière. D'autres sources mentionnent 1879. Peu après avoir posé pour Renoir en 1880 pour Le Déjeuner des canotiers (Washington, The Phillips Collection), ils deviennent amants. Renoir se rend pour la première fois à Essoyes, le village natal d'Aline Charigot en septembre-octobre 1885, quelques mois après la naissance de Pierre, leur premier enfant.
À partir de 1888, le couple passe de plus en plus de temps à Essoyes, où ils achètent une maison en 1896. En 1903, ils déménagent à Cagnes-sur-Mer, y construisent une nouvelle maison, Les Collettes, entre 1905 et 1909. Pierre Renoir (1885-1952) devient un éminent acteur de théâtre et de cinéma. Leur deuxième fils, Jean Renoir (1894-1979)) devient une célèbre réalisateur, acteur et écrivain. Le troisième fils, Claude Renoir (1901-1969) devient céramiste. Pierre aura un fils Claude Renoir (1913-1993) qui devint un des principaux directeurs de la photographie français. Après la naissance de Claude, elle développe un diabète, mais le cache à son mari. Pierre et Jean sont enrôlés dans l'armée pendant la Première Guerre mondiale et sont blessés.
Aline Renoir meurt d'une crise cardiaque à 14 heure dans l'appartement que les Renoir louent, 1 place de l'Église-du-Vœu à Nice le 27 juin 1915, deux mois après avoir rendu visite à l'hôpital de Gérardmer à son fils Jean blessé grièvement à la jambe droite par une balle. Épuisée par le diabète, les émotions et ce voyage, elle meurt quatre ans avant son mari âgé et handicapé. Elle est enterrée à Nice au cimetière du Château où sera inhumé son époux en 1919. En 1922 ses restes et ceux de Renoir sont transférés à Essoyes aux côtés de ceux de sa mère Thérèse Émilie Maire (morte en 1917), Claude, son fils cadet et son petit-fils Claude. La tombe, qui comportait un buste de grande valeur artistique dérobé en 2005, est située à proximité de celle de Pierre-Auguste Renoir.
Aline Charigot est une amoureuse des arts. Elle joue du piano et décore sa chambre avec des peintures de Johan Barthold Jongkind. Selon Ambroise Vollard, en 1907, elle conçoit et gère la construction de la nouvelle villa des Renoir à Cagnes-sur-Mer. Elle prend soin de ses enfants et supervise leurs différentes nounous et femmes de ménage, parmi lesquelles sa cousine Gabrielle Renard. Aline Charigot s'occupe de Renoir lorsqu'il développe une polyarthrite rhumatoïde avec l'âge. Elle est blonde, et décrite comme plutôt dodue pour son âge. Selon Barbara Blanc, le modèle de La Baigneuse blonde de 1881 est « ronde », tous comme ses portraits de 1885 et 1886, représentant une femme toute en courbes.
Aline Charigot est un modèle récurrent pour les peintures, sculptures et dessins de Renoir entre 1880 et 1915. Elle pose pour trois portraits et figure dans de nombreuses autres peintures. Dans les années 1880, elle est le modèle principal de la période dite « ingresque » de Renoir. Renoir conserva toute sa vie les portraits qu'il en fit vers 1885 et 1910. Après la mort de son épouse, Renoir prend modèle sur son tableau Maternité, ou Enfant au sein (1885, Paris, musée d'Orsay) pour réaliser un projet monument funéraire. Handicapé par son arthrite, il dirige le sculpteur Richard Guino pour modelage de la maquette en terre cuite. Le monument ne sera jamais finalisé, mais la maquette sera utilisée comme base pour un buste en bronze qui orna sa tombe jusqu'en 2005.