Bergman Ingrid

Publié le par Mémoires de Guerre

Ingrid Bergman, née le 29 août 1915 à Stockholm et morte le 29 août 1982 à Londres, est une actrice suédoise de cinéma, de théâtre et de télévision, considérée comme l'une des plus grandes vedettes de l'histoire du cinéma européen et américain, et comme l'une des légendes de l'âge d'or hollywoodien des années 1940 puis du néoréalisme italien des années 1950. Elle commence sa carrière dans la vieille ville de Stockholm en jouant la nièce de Julia Cæsar dans la comédie policière Le Conte du pont au moine (1935) d'Edvin Adolphson. Après avoir obtenu reconnaissance et célébrité pour ses rôles dans des films suédois tels que Intermezzo (1936) et Visage de femme (1938) de Gustaf Molander, et après avoir signé un bref contrat avec l'Universum Film AG en Allemagne nazie, le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale la pousse à déménager en Californie, où elle joue dans des productions qui deviendront des grands classiques du cinéma américain et cimenteront son statut de diva internationale : Casablanca (1942) de Michael Curtiz, Pour qui sonne le glas (1943) de Sam Wood et Hantise (1944) de George Cukor, qui lui vaut l’Oscar de la meilleure actrice. Elle connaît son apogée hollywoodienne avec trois films d'Alfred Hitchcock : La Maison du docteur Edwardes (1945), Les Enchaînés (1946) et Les Amants du Capricorne (1949). Elle poursuit également une carrière théâtrale fructueuse en jouant dans les pièces Liliom (1940), Anna Christie (1941) et Jeanne de Lorraine (1946-1947). Après dix ans passés en Amérique, l'actrice, qui avait visionné Rome, ville ouverte (1945) et Païsa (1946), envoie une lettre de félicitations au réalisateur italien Roberto Rossellini, dans laquelle elle propose ses services en tant qu'actrice. Dès le tournage du drame néoréaliste Stromboli, en 1950, elle noue avec le réalisateur une relation qui fait scandale, car tous deux sont mariés. Après l'avoir épousé, elle est dirigée par Rossellini dans Europe 51 (1952), l'épisode Ingrid Bergman de Nous les femmes (1953), Voyage en Italie (1954), La Peur (1954) et Jeanne au bûcher (1954). En 1956 à Paris, elle tourne Elena et les Hommes de Jean Renoir, puis à Londres Anastasia d'Anatole Litvak, qui lui vaut un deuxième Oscar.

Après y avoir été victime d'ostracisme pendant sept ans pour sa vie sentimentale jugée trop libre, elle est de nouveau accueillie aux États-Unis, participant à des films tels que Indiscret (1958) de Stanley Donen et Fleur de Cactus (1969) de Gene Saks. Elle préside au jury du Festival de Cannes 1973, puis remporte en 1975 son troisième Oscar, celui de la meilleure actrice dans un second rôle, pour sa prestation dans Le Crime de l'Orient-Express (1974), filmé à travers l'Europe par Sidney Lumet. En 1978, se remettant d'une mastectomie, elle joue dans Sonate d'automne d'Ingmar Bergman, dans ce qui est la première rencontre artistique entre les deux plus grands noms du cinéma suédois de l'époque. Deux ans plus tard, elle publie son autobiographie Ma vie, écrite en collaboration avec Alan Burgess. En 1981, elle joue dans Une femme nommée Golda, un téléfilm biographique sur la première ministre israélienne Golda Meir. Après une longue bataille contre le cancer du sein, elle meurt à Londres le 29 août 1982, le jour de son 67e anniversaire. Elle a remporté la Coupe Volpi à la Mostra de Venise, deux David di Donatello, deux Rubans d'argent, quatre Golden Globes, trois Oscars, un BAFTA, deux Emmys et un Tony. L'Institut américain du cinéma a classé Bergman au quatrième rang des plus grandes légendes féminines du cinéma hollywoodien classique. Bergman parlait cinq langues — le suédois, l'allemand, l'anglais, l'italien et le français — et a joué dans chacune d'entre elles. 

Ingrid Bergman

Ingrid Bergman

Carrière
Famille et jeunesse

Ingrid Bergman est née le 29 août 1915 dans un immeuble de six étages situé sur Strandvägen, dans le centre de Stockholm. Elle porte le prénom de la princesse suédoise Ingrid Bernadotte. Elle n'a aucun lien de parenté avec son compatriote le réalisateur Ingmar Bergman (1918-2007) avec lequel elle travaillera dans Sonate d'automne (1978). Son père, Justus Samuel Bergman (1871-1929), est le treizième des quatorze enfants de Johan Peter Bergman (1823-1908), professeur de musique et organiste dans le Comté de Kronoberg, et de Britta Sophia (née Samuelsdotter ; 1830-1912). Ayant quitté le domicile familial à l'âge de 15 ans, il subvient à ses besoins en effectuant de petits boulots dans des magasins ; il gagne sa vie en peignant et en chantant. À son retour de Chicago, dans l'Illinois, où il a vécu pendant dix ans chez la sœur de sa mèreb,8, il travaille dans des boutiques d'artistes avec des accessoires photographiques qui ont piqué son intérêt. En 1900, alors qu'il traîne avec ses dessins et son chevalet dans un parc de Stockholm, il rencontre Frieda Henrietta Adler (1884-1918), une jeune Allemande de 16 ans originaire de Kielc. Les parents de la jeune fille désapprouvent d'abord la relation de leur fille avec Bergman, estimant qu'il n'est pas d'un niveau social suffisamment élevé et qu'il est beaucoup trop âgé. En 1907, alors que Bergman — qui mène une vie frugale et possède un magasin de photographie — a mis de côté une somme considérable sur son compte en banque, les parents d'Adler acceptent le mariage. Le mariage a lieu à Hambourg. Adler s'installe à Stockholm avec son mari. Pendant son temps libre, elle peint et colorie à la main des photographies pour des clients ; elle se distingue par sa discipline et son côté pragmatique. Bergman travaille dans un magasin qui fournit des peintres et des photographes. Il cultive ses passions artistiques comme des violons d'Ingres.

Après la naissance de sa fille, baptisée selon le rite luthérien (le pasteur Erik Bergman, père du futur réalisateur Ingmar Bergman, a présidé la cérémonie), il l'a photographiée ainsi que sa familled. Il emprunte l'un des premiers appareils photo disponibles dans le commerce pour photographier sa fille en mouvement. « J'étais probablement l'enfant la plus photographiée de toute la Scandinavie », se souvient-elle. Le 18 janvier 1918, Adler meurt à l'âge de 33 ans des suites d'une jaunisse. Bergman est aidé par sa sœur Ellen, qui vit à proximité, pour s'occuper de sa fille de deux ans. Malgré la perte de sa mère, elle considère son enfance comme « merveilleuse et idéale » et décrit le lien qui l'unissait à son père comme très forte. Elle souligne que c'est grâce à lui qu'elle a appris à poser devant un appareil photo. Chaque été, elle se rend avec son père à Hambourg, chez ses grands-parents et chez les deux sœurs de sa mère, Elsa (qu'elle appelle « Mutti » parce qu'elle lui rappelle sa mère décédée) et Luna. Elsa lui apprend à parler couramment l'allemand, l'encourage à lire et à réciter de courts poèmes allemands et à chanter des chansons locales.

En 1922, son père engage une gouvernante de 18 ans, Greta Danielsson, étudiante à l'école de musique, avec laquelle Bergman se lie d'amitié. Lorsqu'il se met en couple avec la gouvernante, malgré la grande différence d'âge, Ingrid Bergman, estimant que son père a « besoin d'amour », approuve leur relation. Face à la forte opposition des cousins de son père, Danielsson quitte la maison des Bergman et refuse la demande en mariage. Bien qu'elle n'accepte pas le choix de son frère, Ellen s'occupe de sa fille ; tous deux assistent ensemble à la messe dominicale à l'église paroissiale Edwige-Éléonore. En 1924, Bergman prend la direction d'un chœur amateur mixte et entreprend avec lui une tournée dans trois villes des États-Unis. Sa fille est confiée à son oncle Otto et à sa tante Hulda. Ils ont eu cinq enfants — trois garçons (Bill, Bengt et Bo) et deux filles (Britta et Margit). Elle se lie d'amitié avec la plus jeune de ses sœurs, Britt. 

Formation et intérêt pour le cinéma

En septembre 1922, elle entre dans un lycée de filles, situé à Kommendörsgatan 13. Elle obtient les meilleures notes en français et en allemand, alors qu'elle a des difficultés en cuisine et en sciences. Pendant ses études, elle aime réciter des poèmes ; selon Donald Spoto, elle impressionne et émeut ses camarades de classe avec son interprétation de Sveaborg, un fragment de Fänrik Ståls Sägner de Johan Ludvig Runeberg. Selon un élève, elle a interprété le poème avec « un tel pathos que toute la classe était assise, tremblante, les larmes aux yeux ». En 1925, elle remporte un concours de récitation et Sten Selander, qui lui remet le diplôme, déclare que « Mlle Bergman ira sans doute loin ». À l'automne 1926, elle se rend pour la première fois avec son père au Théâtre dramatique royal, où se joue Motłoch de Hjalmar Bergman. À partir de ce moment-là, elle va régulièrement au théâtre, regarde des pièces avec Gösta Ekman, entre autres, et se passionne pour la scène. À l'école, elle récite de mémoire des extraits des pièces qu'elle a vuesf. Malgré cela, elle se souvient de sa période de scolarisation de manière désagréable. « Je détestais l'école parce que j'étais plus grande que les autres, maladroite et timide. Non pas que je me taisais tout le temps, mais je ne parlais que quand il le fallait [...] L'école, c'était l'enfer. Et je me sentais seule », a-t-elle soutenu.

En 1929, Justus Bergman tombe malade d'un cancer de l'estomac (selon d'autres sources en 1927). Avec Danielsson, il se rend en Bavière pour une consultation médicale. Il meurt le 29 juillet 1929 à l'âge de 58 ansg. Après la mort de son père, Bergman se renferme sur elle-même et ne s'intéresse ni à la récitation, ni au cinéma, ni au théâtre. Elle s'installe à Nybergsgatan 6 chez sa tante Ellen, qui meurt l'année suivante. La jeune Bergman, âgée de moins de 15 ans, déménage alors chez son oncle Otto et sa tante Hulda à Artillerigatan 43. Cette série de tragédies familiales a un effet négatif sur elle — elle devient froide et réservée et se méfie de tout le monde. En 1931, elle revient au théâtre, rêvant de devenir la nouvelle Sarah Bernhardt et de pouvoir jouer avec Ekman. « Je suppose que le théâtre était pour moi une sorte de refuge. Les personnes qui se sentent seules et qui ont du mal à se trouver sont souvent impliquées dans le théâtre parce qu'il y a des masques à mettre. Ils aident une personne à se libérer de ce qu'elle craint. Ce que je dis sur scène n'est pas écrit, et la personne que je prétends être n'est pas vraiment moi. C'est une échappatoire », se souvient-elle. 

Actrice

Ingrid Bergman a déjà tourné quelques films en Suède lorsque le producteur David O. Selznick lui propose en 1939 de reprendre le rôle principal du remake américain d'Intermezzo, ce qui la fait connaître dans son pays. Sa carrière internationale est lancée et sa popularité s'accroit de films en films : Casablanca, Pour qui Sonne le Glas, Hantise (qui lui vaut l’Oscar de la meilleure actrice) et Jeanne d'Arc en font la star mondiale la plus désirée et la mieux rémunérée. Ingrid Bergman connaît son apogée avec trois films d'Alfred Hitchcock : La Maison du docteur Edwardes, Les Enchaînés et Les Amants du Capricorne. Elle fait scandale lorsqu'elle part rejoindre le metteur en scène Roberto Rossellini, laissant derrière elle son mari et sa fille, pour tourner Stromboli. Les attaques conjointes de groupements religieux, d'associations féministes et même de politiciens la font bannir du cinéma américain pendant 7 ans.

En 1956, elle tourne à Paris avec Jean Renoir dans Elena et les Hommes, puis à Londres dans Anastasia, qui lui vaudra un deuxième Oscar. Ingrid Bergman est entrée dans l’histoire du cinéma comme l’une de ses plus grandes actrices. En 1999, l’American Film Institute, dans son classement AFI’s 100 Years… 100 Stars, l’a placée au quatrième rang du panthéon des plus grandes actrices du cinéma américain. Ingrid Bergman naît le 29 août 1915 à Stockholm. Sa mère, Friedel Adler Bergman, une Allemande, meurt lorsque sa fille a tout juste trois ans. Son père, Justus Bergman, un suédois, l'élève seul jusqu'à son décès : elle a alors 12 ans. Elle est ensuite confiée à l'une de ses tantes, puis passe son adolescence chez un de ses oncles.

Ingrid Bergman entre à la Royal Dramatic Theater School de Stockholm pour un an, période pendant laquelle elle fait ses débuts au cinéma. Elle interprète une femme de ménage dans Munkbrogreven, sous la direction de Gustaf Molander - avec qui elle tournera à six autres reprises dont Intermezzo, en 1936 - , ce qui changera sa vie. C'est grâce à ce film, où elle interprète une jeune professeur de piano dont tombe amoureux le père de son élève, qu'elle est remarquée par le producteur de Autant en emporte le vent, David O. Selznick. Ce dernier produit le remake d'Intermezzo où Ingrid tient à nouveau le rôle principal. Le film est un succès et lui ouvre les portes d'Hollywood.

Elle est décrite comme un « illustre cadeau de la Suède à Hollywood. » Selznick lui fait alors signer un contrat d'une durée de sept ans, bien qu'ils ne fissent que deux films ensemble au cours de cette période. Dès lors, Ingrid Bergman tourne avec les plus grands acteurs hollywoodiens sous la direction de réalisateurs fameux. Si elle tourne relativement peu de films, elle reste fidèle à quelques réalisateurs, comme Alfred Hitchcock. Elle tient la vedette dans quelques longs métrages comme La Famille Stoddard de Gregory Ratoff, La Proie du mort de W.S. Van Dyke ou encore Docteur Jekyll et M. Hyde de Victor Fleming. Ces différents rôles lui permettent d'améliorer son jeu d'actrice. En 1942, elle séduit Humphrey Bogart dans Casablanca. Il s'agit de son rôle le plus célèbre qui fait d'elle une star mondialement connue.

Deux ans plus tard, Ingrid Bergman obtient sa première présélection pour l'Oscar de la meilleure actrice pour Pour qui Sonne le Glas (For Whom the Bell Tolls) de Sam Wood, où elle côtoie Gary Cooper. La statuette est finalement obtenue par Jennifer Jones. Ingrid Bergman gagne néanmoins la récompense l'année suivante pour son rôle d'épouse psychologiquement fragile, victime d'un leurre machiavélique dans Hantise (Gaslight) de George Cukor. Elle reçoit sa troisième nomination consécutive pour l'Oscar de la meilleure actrice avec le film Les Cloches de Sainte-Marie (The Bells of St. Mary's) en 1945. En 1946, elle donne l'une de ses interprétations les plus marquantes, aux côtés de Cary Grant, dans le film d'espionnage Les Enchaînés (Notorious) d'Alfred Hitchcock. Jeanne d'Arc (Joan of Arc) de Victor Fleming lui vaut une nouvelle nomination en 1948. En 1949, Ingrid Bergman rencontre le réalisateur Roberto Rossellini dont elle admirait les films.

Elle en tombe amoureuse et joue dans son film Stromboli (1950). Elle abandonne alors son mari, Petter Lindström, et leur fille, Pia, et vit maritalement avec Rossellini qu'elle épousera plus tard. Ils auront trois enfants. Les ligues de vertu américaines s'émeuvent que Bergman s'en aille vivre avec Rosellini alors qu'elle n'est pas encore divorcée et contribuent à scandaliser le public américain ainsi que Hollywood. Certains la surnomment alors « l'apôtre de l'avilissement de Hollywood ». Ingrid Bergman tourne quatre autres films sous la direction de Rossellini, ouvrant la période dite des « Bergman-films » et marquant une étape décisive dans leurs carrières respectives : Europe 51, Voyage en Italie, La Peur, Jeanne au bûcher. Avec le rôle principal dans Anastasia d'Anatole Litvak (1956) (qui en fait l'héritière inconnue de la couronne des Romanov, massacrés après la révolution russe), Bergman fait son grand retour à Hollywood et remporte l'Oscar de la meilleure actrice pour la seconde fois de sa carrière.

Cette récompense a donc valeur de pardon accordé par le « métier » à la star pour ses escapades italiennes. La comédienne, revenue au zénith, alterne plusieurs rôles dans des films américains et européens. Elle obtient le troisième et dernier Oscar de sa carrière, le seul en tant qu’actrice dans un second rôle, pour sa participation au Crime de l'Orient-Express (Murder on the Orient Express) en 1975. Deux ans plus tard, elle interprète le personnage de Charlotte, pianiste virtuose mais mère indigne, dans Sonate d'automne (Autumn Sonata) d'Ingmar Bergman, pour lequel elle reçoit sa septième nomination aux Oscars. Ce dernier rôle pour le grand écran est considéré comme l'une de ses prestations les plus abouties.  Ingrid Bergman est honorée d'un Emmy Award à titre posthume en tant que meilleure actrice, pour le feuilleton télévisé Une femme nommée Golda (A Woman Called Golda), retraçant la vie du Premier ministre israélien Golda Meir. C'est en 1948, après avoir vu Rome, ville ouverte, qu'Ingrid Bergman écrivit à Roberto Rossellini pour lui proposer de travailler avec elle : « Cher M. Rossellini, J'ai vu vos films Rome, ville ouverte et Païsa, et les ai beaucoup appréciés.

Si vous avez besoin d'une actrice suédoise qui parle très bien anglais, qui n'a pas oublié son allemand, qui n'est pas très compréhensible en français, et qui en italien ne sait dire que « ti amo », alors je suis prête à venir faire un film avec vous. » — Ingrid Bergman. Elle accepta le rôle du film qu'il avait alors en préparation, Stromboli. Ils se marièrent le 24 mai 1950 et eurent trois enfants : les jumelles Isabella Rossellini (qui deviendra actrice) et Isotta (qui sera professeur d'université) ; et un fils, Roberto Ingmar Rossellini. Cette relation suscita un scandale : Bergman, enceinte au moment de son mariage, fut présentée comme « l'apôtre de la dégradation d'Hollywood » et contrainte à quitter les États-Unis d'Amérique. Au cours des années suivantes, elle apparut dans quatre autres films de Rossellini, dont Voyage en Italie (1954), film très important, considéré par plusieurs critiques des Cahiers du cinéma comme étant le premier « film moderne ». Rossellini et Bergman divorceront le 7 novembre 1957.

Décès

En 1982, le jour de son soixante-septième anniversaire, Ingrid Bergman meurt à Londres des suites d'un cancer du sein. Son corps sera incinéré en Suède. Une partie de ses cendres sont dispersées dans la mer, l'autre partie étant inhumée au Norra begravningsplatsen (Cimetière du Nord) de Stockholm.

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Bergman Ingrid

Vie privée

Personnalité, intérêts, amitiés

Bergman parlait cinq langues — le suédois, l'allemand, l'anglais, l'italien et le français — et a joué dans chacune d'entre elles, pourtant elle était de nature timider. Pendant sa formation au Théâtre dramatique royal (1933-1934), elle ne se fait pas d'amis proches. Elle est complexée par sa trop grande taille et son léger surpoids. Ayant reçu un journal intime de son oncle Gunnar Spångberg à l'âge de 14 ans, elle y note ses pensées et événements importants (elle le conservera jusqu'à ses premières années aux États-Unis). Elle se caractérise entre autres par sa frugalité — pendant les années de sa collaboration avec Selznick, elle lui donne souvent des conseils pour économiser de l'argent, se dit prête à se passer de l'aide d'une doublure et utilise les services d'une couturière, modifiant ses costumes pour qu'ils puissent être réutilisés —, son assiduité, sa ponctualité, sa conscience professionnelle et sa prévenance. Contrairement à de nombreuses vedettes de cinéma, elle n'abuse pas de ses privilèges ; elle s'étonne de voir des signes de reconnaissance autour de sa personne.

Elle a appris la propreté et l'amour de l'ordre et du rangement dès son enfance dans une famille allemande du côté de sa mère, où elle a fait l'expérience de la « discipline allemande » sur elle-même. Dans ses dernières années, en dehors des plateaux de tournage et de la scène, elle était une personne dépendante des autres (elle laissait les questions pratiques entre les mains de ses maris ou de ses amants). Elle se considère comme une actrice intransigeante qui fait « ce qu'elle est censée faire, et c'est tout ». Parmi ses traits de caractère, Spoto cite également la bravoure, qui, selon lui, fait d'elle une femme résistante face à l'adversité, même si, selon ses proches, des événements traumatisants de son enfance, notamment la mort de ses parents et de sa tante Ellen, l'ont amenée à lutter contre sa douleur tout au long de sa vie (John Russell Taylor pense que ces événements ont contribué à faire d'elle « une adolescente renfermée et douloureusement timide »). Blenda Helena Bergman, l'une des sœurs de son père, se souvient qu'elle a fait preuve d'une grande gentillesse envers les autres dès l'enfance et qu'elle est restée quelqu'un de bien même lorsqu'elle est devenue une femme mûre. 

Enfant, elle collectionne les livres sur Jeanne d'Arc, ainsi que les médaillons et les statuettes qui lui sont consacrés. À l'âge de neuf ans, elle se produit devant sa famille en récitant, entre autres, des poèmes de poètes suédois qu'elle a appris à l'école, et interprète différents rôles. En 1925, sur l'insistance de son père (qui souhaite qu'elle devienne chanteuse d'opéra), elle prend des cours particuliers de chant, bien qu'elle n'exprime pas beaucoup d'intérêt pour cette voie. À l'âge adulte, elle aime les longues promenades, la natation et la danse. Depuis son plus jeune âge, elle passe le plus clair de son temps libre à se détendre sur le boulevard Strandvägen dans le centre de Stockholm et, après son déménagement aux États-Unis au début des années 1940, au bord de l'océan ou sur la plage de Malibu et sur les hautes falaises du Palisades Park à Santa Monica, à étudier des scénarios. Elle n'aime pas le manque d'activité et n'a pas de passe-temps dans sa vie d'adulte. Elle passe son temps libre à lire des scénarios ou à apprendre de nouvelles choses, comme l'équitation ou le tennis (afin de pouvoir recréer de manière plausible ces activités dans un film, après quoi elle s'en désintéresse). 

N'ayant aucun talent culinaire, elle s'en remettait à des aides pour les fêtes qu'elle organisait. Elle avait un faible particulier pour les sucreries, et sa friandise préférée était la glace à la vanille américaine avec une double portion de sirop de chocolat et de crème chantilly (elle n'y a renoncé que pour perdre du poids pour son rôle dans un film). Elle appréciait également la crème glacée sous d'autres formes — sous forme de dessert avec de la crème chantilly et des fruits, avec des bananes et du nappage, et de la crème glacée recouverte d'un glaçage au caramel chaud — elle pouvait en manger jusqu'à quatre portions par jour. Elle aimait l'alcool et ses cocktails préférés comprenaient des martini gin, des boissons au rhum et des whiskey sour. Comme l'écrit Spoto, bien qu'elle ait « beaucoup bu tout au long de sa vie », elle était fière et disciplinée, grâce à quoi elle n'avait pas de problèmes de consommation excessive d'alcool et cela n'affectait pas non plus son travail. Lindström a adopté un point de vue différent, affirmant que la cicatrice sur son sourcil gauche a été causée par une chute alors que, selon lui, elle était « tellement ivre ». Il a également ajouté qu'il avait trouvé une bouteille sous son lit. Elle était une fumeuse compulsive de cigarettes à partir de la seconde moitié des années 1940. 

Enfant, ses meilleures amies sont Greta Danielsson (la tutrice de son père) — [avec laquelle elle aime passer son temps libre (elles nagent toutes les deux et vont au cinéma) — et Britt, l'une des filles de sa tante Hulda et de son oncle Otto. Ensemble, elles nagent et se promènent dans le centre de Stockholm. Plus tard, elle entretient des relations amicales avec, entre autres, Alfred Hitchcock et sa famille, Ann Todd, le journaliste suédois Barbro Alving (sa première mission de reporter consiste à prendre secrètement des photos du mariage de Bergman en 1937), Cary Grant (avec lequel elle n'a jamais été en couple, malgré une rumeur persistante), David O. Selznick, Ernest Hemingway, Gary Cooper, George Seaton et sa femme Phyllis, Jean Renoir et Dido Freire, sa seconde femme, Kay Brown avec laquelle elle a vécu, avec sa fille et sa bonne, pendant une courte période après son arrivée aux États-Unis, et Ruth Roberts (qui a d'abord été la tutrice de Bergman aux États-Unis et qui, des années plus tard, est devenue sa compagne lors de ses voyages pour de longs tournages en extérieur). Elle reçoit volontiers des invités lors de soirées à domicile, y compris des acteurs, dont Charles Boyer, Clark Gable, Ernst Lubitsch, Gary Cooper, Gregory Peck, Joseph Cotten et leurs épouses. 

Mariages et enfants

Petter Lindström

Elle rencontre son premier mari, Petter Lindström, de huit ans son aîné, en novembre 1933. Il avait obtenu un poste de professeur et dirige un cabinet dentaire et des recherches médicales avancées. En 1934, le couple commence à se fréquenter régulièrement, et Bergman cite les opinions de Lindström sur des sujets tels que l'alimentation ou la santé. Ensemble, ils assistent à des bals et à des promenades le long du port de l'île de Djurgården ou à des randonnées en forêt. Ils appréciaient également les vacances au ski et les fêtes entre amis. Bergman se souvient que leur relation n'a pas été un coup de foudre et que « [Lindström] a mis longtemps avant de se rendre compte qu'il m'aimait ». Le 7 juillet 1936, après deux ans de relation informelle, ils se fiancent dans une église de Hambourg, la même église où les parents de Bergman s'étaient mariés. Un an plus tard, le 10 ou 11 juillet, ils se marient. La cérémonie a lieu dans l'église paroissiale de Stöde, la ville natale du mariés. Le couple vit jusqu'à la naissance de leur fille Pia (née le 20 septembre 1938). 

Les premiers signes de crise conjugale apparaissent après le retour de Bergman des États-Unis, où elle a joué dans le film Intermezzo (1939). Comme elle l'a affirmé, dès la première séparation, leur mariage « n'a jamais vraiment marché », entravé par les divergences croissantes sur les questions de goût, de tempérament et de sa carrière naissante, grâce à laquelle elle est devenue plus indépendante de son mari, bien que dans les premières années de leur mariage, elle s'en remettait entièrement à lui. Outre la médecine, Lindström participe à la négociation des contrats de sa femme, dont il devient l'agent et l'imprésario ; il lui donne souvent des conseils sur la façon de s'habiller, de perdre du poids, de se comporter et de parler ; il analyse également les propositions de rôles radiophoniques qu'elle reçoit. Sa façon de négocier conduit souvent à des conflits avec les producteurs, dont Charles K. Feldman et David O. Selznick. Elle affirme qu'au fil du temps, Lindström commence à lui faire des reproches et que les nombreuses remarques de son mari sur l'exercice quotidien ou le respect strict de son régime alimentaire deviennent lassantes, ce qui la conduit à douter de la force de ses sentiments et à perdre confiance en elle dans ses relations avec les autres, ce qui a un impact sur sa carrière. Cela aboutit à une perte de confiance en Lindström (elle propose le divorce à deux reprises dans les années 1940). 

Selon Spoto, dès le début, c'est leur travail qui a déterminé la vie de l'un et de l'autre ; selon lui, le métier d'acteur était une vocation pour Bergman, tout comme la médecine l'était pour Lindström. L'avancement dans leurs carrières respectives et divergentes est selon lui la raison de leur séparation l'un de l'autre. Bergman se souvient que « le sentiment était très fort avant le mariage et quelque temps après le mariage ». Selon Leamer, — même si elle était considérée comme l'épouse et la mère idéale aux États-Unis — elle ressentait la lassitude de la vie conjugale. La procédure de divorce, largement médiatisée, dure un an et se déroule dans une atmosphère de scandalet. Il est complété le 1er novembre 1950 à Los Angeles, sans la participation de Bergman. Le tribunal accorde la garde de la fille au père. Dans les années qui suivirent, il tint des propos amers sur son ex-femme, ce qui, de l'avis de leur fille, était le résultat de la blessure et de l'humiliation profonde qu'il avait subies. Elle se souvient qu'en raison de l'attention portée par ses parents au développement de leurs propres carrières, « je n'ai pas de souvenirs marquants de bonheur familial ». Bergman s'attribue l'entière responsabilité de la négligence de ses devoirs maternels, qu'elle explique par sa propre immaturité. 

Roberto Rossellini

Le deuxième mari de Bergman était le réalisateur italien Roberto Rossellini, qui avait neuf ans de plus qu'elle. Les deux hommes se sont rencontrés pour la première fois le 28 août 1948 à l'hôtel George-V à Paris, après que l'actrice a exprimé son désir de travailler professionnellement avec lui dans une lettre adressée au réalisateur. Rossellini, outre son mariage raté avec Assia Noris, avait la réputation d'être un coureur de jupons, et ses nombreuses partenaires féminines comprenaient Anna Magnani, Liliana Castagnola, Marilyn Buferd et Roswita Schmidt. Il était également connu pour sa personnalité difficile et ses fréquentes sautes d'humeur ; craignant que Bergman ne veuille se remettre avec Lindström au début de leur liaison, il les menaça toutes les deux d'écraser sa voiture contre un arbre ou de se tuer avec un revolveru,. Spoto a conclu que Bergman était censé être la plus longue romance de sa vie, qui n'était pas censée durer éternellement. Leur relation est considérée comme l'un des plus grands scandales du XXe siècle.

Pour pouvoir épouser Bergman, Rossellini obtient l'annulation de son mariage avec Marcella De Marchis devant un tribunal autrichien (il a eu deux fils avec elle, Marco et Renzo). Ils s'installent ensuite à Rome. Le 24 mai 1950, après avoir obtenu le divorce auprès d'un tribunal mexicain le 9 février, ils se marient par procuration à Mexico (ou selon d'autres sources à Ciudad Benito Juárez, dans l'État de Nuevo León), où ils sont représentés par deux avocats, et se jurent amour dans une petite église près de la via Appia (ou dans l'église de la Navicella, près du Colisée). Quelques jours plus tard, ils se rendent dans une maison au bord de la mer à Santa Marinella, achetée par Rossellini. Ils eurent trois enfants : Renato Roberto Ranaldo Giusto Giuseppe Rossellini (né le 2 février 1950) et les jumelles Isabella Fiorella Elettra Giovanna Rossellini et Isotta Ingrid Frieda Guiliana Rossellini (nées le 18 juin 1952). 

La relation entre Bergman et Rossellini suscite l'intérêt des journalistes ; la fille du couple, Isabella, se souvient que lorsqu'elle était jeune, il fallait souvent couvrir les fenêtres de la maison car les paparazzi qui campaient à l'extérieur suivaient les moindres faits et gestes de sa mère et de son père. Selon Spoto, le second mariage de Bergman ressemble à bien des égards à la relation avec Lindström ; outre son refus de travailler avec d'autres réalisateurs, Rossellini fait preuve d'une jalousie excessive — motivée, entre autres, par la possibilité d'une reprise de la carrière de sa femme une fois qu'elle a cessé de jouer dans les productions qu'il dirige — et d'un désir de contrôle total sur Bergman (il lui interdit, entre autres, de rencontrer sa fille Pia Lindström). Il avait des accès d'agressivité ; lors d'un accès de colère, il a jeté Bergman, qui essayait de l'étreindre et de le calmer, contre un mur — comme elle l'a rappelé : « Même en s'approchant de lui, on risquait sa vie ». Il lui arrive également de la gifler.

Il était connu pour son mode de vie prodigue et désorganisé ; il n'accordait que peu d'attention aux finances, ce qui a entraîné des difficultés dans le mariage, et les agents de recouvrement réquisitionnaient souvent les meubles pour couvrir les dettes. Il organisait des fêtes somptueuses et possédait plusieurs voitures de course coûteuses, ce qui était à l'opposé de la méthodique et ordonnée Bergman. Selon des amis journalistes, elle était dominée par son mari à tel point qu'elle devenait totalement soumise en sa présence et avait peur de dire ce qu'elle pensait. Bien qu'on lui ait conseillé de demander le divorce, elle a rejeté cette possibilité, de peur que le tribunal n'accorde la garde des enfants au père. Il parlait avec dédain de leur vie intime et qualifie Bergman de « femme sans passion ». En retour, elle lui reprochait de ruiner sa carrière cinématographique. 

Lorsqu'elle revient au cinéma américain avec le rôle principal d'Anastasia (1956), Rossellini, ne pouvant l'accepter, exige une séparation et emmène ses trois enfants en Italie. En Inde pour son travail, il entame une liaison avec la scénariste Sonali Das Gupta, âgée de 27 ans, mariée et mère de deux enfants, qui tombe bientôt enceinte de lui. Le 7 novembre 1957, ils signent un accord de séparation à Rome, et Bergman obtient dans un premier temps la garde des enfants. La même année, leur mariage est annulé. Rossellini avait entre-temps menacé Bergman de la considérer comme une femme inapte à être mère et de lui retirer son droit de garde si elle décidait de se remarier. Pour dissoudre leur mariage, l'avocat de Bergman s'est appuyé sur le fait que, étant citoyenne suédoise, elle n'avait pas enregistré son divorce par procuration en Suède, avant son mariage (également par procuration) avec Rossellini, de sorte que — selon la loi italienne — elle était toujours l'épouse de Lindström au moment du second mariage (en 1950, lorsqu'elle a contracté le mariage par procuration, la Suède ne la reconnaissait pas une ressortissante.

Ce n'est qu'en 1958 qu'elle sa nationalité suédoise lui a été rendue). Lorsque Rossellini a appris qu'elle se remarierait, il a tenu sa promesse et a obtenu devant le tribunal le droit à la garde exclusive de leurs trois enfants. Bergman se résigne au verdict, ne voulant pas leur faire subir les attaques vicieuses dans les médias que sa fille Pia, issue de son premier mariage, subissait. Dans son journal, elle écrit que l'une des raisons pour lesquelles elle a laissé tomber la bataille pour la garde des enfants est qu'elle a secrètement emmené les enfants d'Italie en Norvège avant qu'ils ne rejoignent Rossellini, et qu'elle leur a obtenu des papiers là-bas (grâce à ses relations au consulat suédois). Jugeant son comportement indigne après un certain temps, elle a abandonné la poursuite du litige et après une bataille de deux ans, les enfants ont été rendus à leur père.

Selon Leamer, la bataille judiciaire pour la pension alimentaire et la garde des enfants a duré trois ans ; Rossellini a accusé Bergman d'être bigame, elle l'a à son tour accusé de la tromper avec Gupta (les avocats de l'actrice ont déposé une lettre au tribunal dans laquelle Rossellini admettait la liaison). L'affaire s'achève en mai 1961, avec une décision de justice accordant à chaque parent la garde des trois enfants (en alternance pendant une année civile). Bergman accorde alors la garde totale à son ex-mari, limitant ses droits parentaux à des visites de vacances et autres. Un journaliste a rappelé que Bergman lui aurait avoué qu'elle n'était pas une bonne mère parce qu'elle « se souciait plus d'être inscrite sur sa tombe en tant qu'actrice qu'en tant qu'épouse ou mère ». Rossellini et Bergman sont ensuite restés en bons termes, gardant une relation amicale. 

Lars Schmidt

Son troisième mari était le producteur de théâtre et impresario Lars Schmidt. Ils se sont rencontrés en 1957 par l'intermédiaire de Kay Brown, alors qu'ils vivaient tous deux à Paris. Ils ont rapidement fait connaissance et ont commencé à passer du temps libre ensemble, notamment sur la petite île de Danholmen au large de la Suède, propriété de Schmidt. Ils se marient en présence de quelques amis au bureau d'enregistrement de Caxton Hall à Londres le 21 décembre 1958, puis, après un déjeuner à l'hôtel Connaught, ils partent pour Choisel, dans les Yvelines à l'ouest de Paris, où ils s'installent. En raison de leurs trois enfants issus de leur mariage avec Rossellini, ils louent un appartement avenue Vélasquez (selon Leamer, les enfants vivaient avec une domestique dans un appartement loué par Bergman à l'hôtel Raphael) pour faciliter leur trajet vers l'école italienne (que, par décision de justice, ils fréquentent). Les emplois du temps chargés et les nombreuses responsabilités professionnelles des deux époux ont conduit aux premiers signes d'une rupture dans la relation au milieu des années 1960. « Nous étions séparés par nos vies professionnelles, qui nous conduisaient dans différents endroits du monde. Et même si nous faisions tous les efforts possibles pour rester en contact étroit, il y avait de longues périodes où nous étions seuls », se souvient Schmidt.

Bergman, quant à elle, admettait que même s'ils étaient mariés depuis dix ans, « ce n'était pas vraiment une vie de couple ». Leamer estime que leur maison de Choisel « était plus un cadre pour les fêtes, les séances photos et les visites occasionnelles des enfants qu'une véritable demeure ». La solitude découlant d'une séparation excessive d'avec Bergman a conduit Schmidt à commencer une liaison avec une femme plus jeune en 1970, mais Bergman a voulu éviter le divorce ; elle a tenté pendant huit mois de sauver la relation. En 1976, ils divorcent discrètement, sans prévenir aucun de leurs amis. Bergman invoque sa carrière, qu'elle fait passer en premier, comme raison principale. Malgré la séparation, Schmidt accompagne son ex-femme jusqu'à la fin de sa vie, dans tous les moments de fête et dans toutes les situations difficiles pour elle. Il l'aide également dans les affaires importantes. Ils entretiennent une relation amicale. Dans les dernières années de sa vie, elle réside dans le quartier londonien de Chelsea, au 9 Cheyne Gardens. 

Autres partenaires

Selon Taylor, tout au long de sa vie, elle a été attirée par des hommes plus âgés et puissants (le genre qui pourrait remplacer son père bien-aimé, qu'elle a perdu prématurément alors qu'elle était enfant). Joseph Henry Steele, son publicitaire et ami de longue date, a décrit Bergman comme « une femme forte à la recherche d'un homme plus fort ». Elle connaît son premier coup de foudre au printemps 1934, lorsqu'elle apparaît aux côtés d'Edvin Adolphson dans la pièce Les Rivaux. L'acteur, âgé de 41 ans, est mari et père de famille. Selon Spoto, le couple a été réuni par une « passade fugace », Bergman ayant pris au sérieux le fait qu'Adolphson était marié et jouissait d'une grande réputation. Il la fait jouer dans la comédie Le Conte du pont au moine (1935), qu'il coréalise. Ils partagent une amitié chaleureuse qui dure jusqu'à sa mort en 1979. En 1935, elle réalise un rêve en partageant l'affiche avec Gösta Ekman dans le film Swedenhielms. Comme elle l'a admis, « j'avais un peu le béguin pour lui. Peut-être même plus qu'un peu [...] Mais cela ne s'est pas produit. Il était beaucoup plus âgé que moi »818. Spoto en déduit qu'Ekman, comme Adolphson, était son prochain père-mentor, pour lequel elle aurait pu avoir des sentiments et en qui elle aurait pu avoir confiance. Selon lui, leur relation avait le caractère d'une relation platonique. 

En 1941, avant la sortie du film d'épouvante Docteur Jekyll et M. Hyde, de nombreuses spéculations sont apparues sur la liaison de Bergman avec son partenaire Spencer Tracy. Cette version a été démentie par toutes les personnes impliquées dans la production, y compris Billy Grady, représentant du studio MGM, qui a rappelé que, bien que Tracy ait eu de l'affection pour Bergman, « il était aussi très discret et savait qu'il ne pouvait pas avoir cette fille en particulier. Il a donc opté pour une relation professionnelle sympathique ». Tracy a maintenu que la seule chose qu'il avait faite avec l'actrice était d'aller manger des hamburgers ensemble dans un restaurant de Beverly Hills820. Sur le tournage du film susmentionné, Bergman, âgée de 25 ans, a développé un béguin pour le réalisateur Victor Fleming, âgé de 58 ans, qui a commencé à l'appeler « ange », ce qu'elle a pris comme une déclaration d'amour. Ils restent amis jusqu'à ce qu'ils travaillent à nouveau ensemble sur Jeanne d'Arc (1948). 

Une autre relation intime — attribuée à Bergman après sa mort — serait une histoire d'amour avec Gary Cooper, qui a duré de 1942 à 1943 et a été initiée pendant le tournage du mélodrame de guerre Pour qui sonne le glas (1943). Elle ne tarit pas d'éloges sur les qualités d'acteur de son partenaire de tournage, qui a connu par le passé de nombreuses histoires d'amour tumultueuses, notamment avec Clara Bow, Marlene Dietrich et Lupe Vélez. Tant les personnes travaillant sur le film que les acteurs jouant les rôles principaux n'ont jamais confirmé publiquement leur relation. Selon Spoto, l'attribution d'une liaison aux deux acteurs est le fruit de ragots hollywoodiens, bien qu'il n'exclue pas la possibilité que « les deux personnes aient trouvé une certaine chaleur et un certain réconfort dans leur proximité », en raison, entre autres, de problèmes conjugaux (Bergman à l'époque ne trouvait pas d'amitié et de compréhension auprès de son premier mari). Selon l'auteur, « ils étaient des amants non pas de la chair, mais de l'esprit ». Leur liaison se poursuivra également pendant le tournage de L'Intrigante de Saratoga (1945). « De toute ma vie, je n'ai jamais eu de femme aussi amoureuse de moi qu'Ingrid », se souvient Cooper. 

Gregory Peck, son partenaire à l'écran dans le film La Maison du docteur Edwardes (1945), a admis dans une interview accordée en 1987 au magazine People que « Tout ce que je peux dire, c'est que je l'aimais vraiment et je pense que c'est la raison pour laquelle je devais arrêter... J'étais jeune. Elle était jeune. Nous étions impliqués dans un travail intense et étroit pendant des semaines ». La romance entre les deux a été confirmée par un costumier travaillant sur le film, soutenant qu'un jour de tournage « Ingrid et Peck sont arrivés en retard, tout ébouriffés », ce qui allait provoquer « beaucoup de spéculations ». Elle a rencontré Robert Capa en 1945 à l'hôtel Ritz à Paris lors d'une tournée pour les Alliés stationnés en Europe. Pendant six semaines, ils passent leur temps à se promener, à manger et à parler d'art. Leur histoire d'amour discrète a duré, en dilettante, pendant deux ans. Lorsqu'elle poursuit sa tournée en Allemagne, elle entame une brève liaison avec Larry Adler (qui est marié), qui se produit avec elle.

Après avoir mis fin à leur relation intime, ils restent des amis proches (selon certaines sources, leur relation s'est poursuivie après leur retour aux États-Unis ; Adler soutient que leur liaison s'est poursuivie, avec moins d'intensité, jusqu'en 1949). Lorsque Capa arrive à son tour à Berlin, ils reprennent leur liaison. La crise de son mariage avec Lindström signifie que Bergman est prête à quitter son mari et à se lier avec Capa, qui est sceptique quant à ses projets, principalement en raison de l'incertitude quant à son avenir. Sur l'insistance de Bergman, il vient à Hollywood, où (grâce à son parrainage) il obtient un emploi de photographe publicitaire sur le tournage des films Les Enchaînés (1946) et Arc de Triomphe (1948). Ils se rencontrent notamment dans la maison d'été d'Irwin Shaw à Los Angeles et à New York. Outre son amant, Capa est aussi un compagnon et un mentor pour elle ; elle lit les livres qu'il lui recommande et regarde les pièces de théâtre qu'il a choisies. Sur sa suggestion, elle visionne le film de Rossellini Rome, ville ouverte (1945). 

La réticence de Bergman à abandonner sa carrière et le refus de Capa de s'engager dans une relation plus sérieuse (il préférait travailler comme photographe et voyager à travers le monde) ont contribué à la fin de leur relation. Pour Leamer, le principal obstacle à une relation permanente est la vie instable de Capa, qui lutte entre autres contre l'alcoolisme et la dépendance au jeu, ainsi que ses problèmes financiers. Leur romance a inspiré la relation des personnages interprétés par James Stewart et Grace Kelly dans le film Fenêtre sur cour (1954) d'Alfred Hitchcock. En 1980, elle avoue dans ses mémoires avoir eu une liaison avec Capa. Avant le début de la production de Jeanne d'Arc (1948), elle a une liaison avec Fleming en 1947 (elle est révélée après que l'épouse du réalisateur en a informé Lindström). À la fin des années 1950, alors que son mariage avec Rossellini touche à sa fin, elle se rapproche de Robert Anderson, auteur de la pièce Thé et Sympathie, dans laquelle elle joue. En raison de leurs projets professionnels respectifs, à l'initiative de Bergman, ils sont restés dans une amitié durable et cordiale. Dans ses mémoires, Anthony Quinn — son partenaire dans les films La Rancune (1964) et La Pluie de printemps (1970) — « incapable de s'abstenir de suggestions malicieuses » (comme l'écrit David Smit), suggère qu'il a partagé non seulement une relation intime avec Bergman, mais aussi avec sa fille Pia lorsqu'elle est devenue majeure. À la fin des années 1970, son partenaire est John Van Eyssen. « Bien sûr que je l'aimais. Nous avions une relation formidable. Nous avons beaucoup ri. Je la considérais comme une personne merveilleuse, merveilleuse », se souvient-il. 

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Bergman Ingrid

Filmographie

  • 1932 - Landskamp - Gunnar Skoglund - - non créditée
  • 1935 - Le conte du pont au moine, Munkbrogreven - Edvin Adolphson - Elsa Edlund
  • 1935 - Bränningar - Ivar Johansson - Karin Ingman
  • 1935 - Swedenhielms - Gustaf Molander - Astrid
  • 1935 - La nuit de la Saint-Jean, Valborgsmassoafton - Gustaf Edgren - Lena Bergström 
  • 1936 - Intermezzo - Gustaf Molander - Anita Hoffman
  • 1936 - Pa Solsidan - Gustaf Molander - Eva Bergh
  • 1938 - Dollar - Gustaf Molander - Julia Balzar
  • 1938 - Quatre filles courageuses (Die vier Gesellen) - Carl Froelich - Marianne Kruge
  • 1938 - Visage de femme (En kvinnas ansikte) - Gustaf Molander - Anna Holm, aka Anna Paulsson
  • 1939 - Une seule nuit, En enda natt - Gustaf Molander - Eva Beckman
  • 1939 - Intermezzo ou Envol vers le bonheur ou La rançon du bonheur (Intermezzo: A Love Story) - Gregory Ratoff - Anita Hoffman
  • 1940 - Quand la chair est faible, Juninatten - Per Lindberg - Kerstin Norbäc - aka Sara Nordanå
  • 1941 - La Famille Stoddard (Adam Had Four Sons) - Gregory Ratoff - Émilie Gallatin
  • 1941 - La Proie du mort (Rage in Heaven) - W. S. Van Dyke - Stella Bergen Monrell
  • 1941 - Docteur Jekyll et M. Hyde - Victor Fleming - Ivy Peterson
  • 1942 - Casablanca - Michael Curtiz - Ilsa Lund
  • 1943 - Pour qui Sonne le Glas (For Whom the Bell Tolls) - Sam Wood - María
  • 1944 - Hantise (Gaslight) - George Cukor - Paula Alquist Anton - Oscar de la meilleure actrice, Golden Globe
  • 1945 - La Maison du docteur Edwardes (Spellbound) - Alfred Hitchcock - Dr Constance Petersen
  • 1945 - L'Intrigante de Saratoga (Saratoga Trunk) - Sam Wood - Clio Dulaine
  • 1945 - Les Cloches de Sainte-Marie (The Bells of St. Mary's) - Leo McCarey - Sœur Mary Benedict - Golden Globe
  • 1946 - American Creed - - Elle-même - Court-métrage
  • 1946 - Les Enchaînés (Notorious) - Alfred Hitchcock - Alicia Huberman 
  • 1948 - Arc de triomphe (Arch of Triumph) - Lewis Milestone - Joan Madou
  • 1948 - Jeanne d'Arc (Joan of Arc) - Victor Fleming - Jeanne d'Arc 
  • 1949 - Les Amants du Capricorne (Under Capricorn) - Alfred Hitchcock - Lady Henrietta Flusky
  • 1950 - Stromboli (Stromboli) - Roberto Rossellini - Karin
  • 1952 - Europe 51 (Europa '51) - Roberto Rossellini - Irene Girard
  • 1954 - Voyage en Italie (Viaggio in Italia) - Roberto Rossellini - Katherine Joyce
  • 1954 - La Peur (La paura) - Roberto Rossellini - Irene Wagner
  • 1954 - Jeanne au bûcher (Giovanna d'Arco al rogo) - Roberto Rossellini - Jeanne d'Arc 
  • 1956 - Elena et les Hommes - Jean Renoir - Elena Sokorowska
  • 1956 - Anastasia - Anatole Litvak - Anastasia - Oscar de la meilleure actrice, Golden Globe
  • 1958 - Indiscret (Indiscreet) - Stanley Donen - Anna Kalman
  • 1958 - L'Auberge du sixième bonheur (The Inn of the Sixth Happiness) - Mark Robson - Gladys Aylward
  • 1961 - Aimez-vous Brahms ? (Goodbye Again) - Anatole Litvak - Paula Tessier
  • 1964 - La Rancune (The Visit) - Bernhard Wicki - Karla Zachanassian
  • 1964 - La Rolls-Royce jaune (The Yellow Rolls-Royce) - Anthony Asquith - Gerda Millett
  • 1967 - Stimulantia (Goodbye Again) - Hans Abramson et Hans Alfredson - Mathilde Hartman
  • 1969 - Fleur de Cactus (Cactus Flower) - Gene Saks - Stephanie Dickinson
  • 1970 - La Pluie de printemps (A Walk in the Spring Rain) - Guy Green - Libby Meredith
  • 1973 - From the Mixed-Up Files of Mrs. Basil E. Frankweiler - Fielder Cook - Mrs. Frankweiler
  • 1974 - Le Crime de l'Orient-Express (Murder on the Orient Express) - Sidney Lumet - Greta Ohlsson - Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle, Golden Globe
  • 1976 - Nina (A Matter of Time) - Vincente Minnelli - Comtesse Sanziani
  • 1978 - Sonate d'automne (Höstsonaten) - Ingmar Bergman - Charlotte Andergast 

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Publié dans Acteurs et Actrices

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