Commission Rogers

Publié le par Roger Cousin

Rogers William PierceLa Commission Rogers, de son nom officiel Commission présidentielle sur l'accident de la navette spatiale Challenger (Rogers Commission ou Presidential Commission on the Space Shuttle Challenger Accident) est une commission présidentielle américaine désignée pour enquêter sur l'accident de la navette spatiale Challenger lors de son décollage le 28 janvier 1986. La commission publia un rapport officiel de 225 pages le 9 juin 1986, documentant les facteurs techniques et managérials ayant conduit à l'accident.

Elle détermina que la cause de l'accident était une défaillance d'un des joints circulaires de la fusée booster droite. Le joint défaillant laissa passer des gaz chauds sous pression qui entrèrent en contact avec le réservoir central conduisant à son explosion. Les joints n'étaient pas conçus pour avoir une élasticité donc une étanchéité suffisante par basses températures ce qui était le cas le jour du lancement.

Mais elle mit en cause la Nasa et son fournisseur Morton Thiokol et leurs défaillances à mettre au point un joint adéquat. La commission découvrit que, dès 1977, les ingénieurs de la NASA étaient au courant du problème des joints circulaires mais aussi que cela pouvait avoir des conséquences catastrophiques. Cela conduisit la Commission Rogers à en conclure que l'accident de Challenger était un « un accident ayant ses racines dans l'Histoire » (an accident rooted in history).

Le rapport critiqua aussi fortement le processus de décision conduisant à l'autorisation de lancement, indiquant qu'il était sérieusement « défectueux  » (flawed). Le rapport apporta des preuves que les managers de la NASA ignoraient les inquiétudes des ingénieurs de Thiokol sur les effets du froid sur les joints et ne comprirent pas que Rockwell voyait l'important givrage présent sur le pas de tir comme une contrainte au lancement, faisant dire à la commission : « des failles dans la communication... résulta une décision de lancement basée sur des informations incomplètes et parfois fausses, sur une opposition entre données d'ingénierie et jugements du management et sur une structure managériale de la NASA qui permettait à des problèmes concernant la sécurité du vol d'être ignorés des managers clés du programme de la navette. »

L'un des membres les plus connus de la Commission était le physicien Richard Feynman. Son style d'investigation avec ses propres méthodes directes en dehors du programme de la commission le mis à part des autres membres et suscita le commentaire de Rogers que « Feynman était en train de devenir une vraie douleur ». Feyman fit une démonstration restée célèbre sur la manière dont les joints circulaires devinrent moins efficaces et sujets à des défauts d'étanchéité par températures glaciales en plongeant un échantillon de joint dans un verre rempli d'eau glacée. Les propres investigations de Feynman révélèrent aussi une déconnexion entre les ingénieurs et les cadres de la NASA qui fut bien plus surprenante qu'attendue. Ses interviews de responsables de haut rang de la NASA révélèrent des malentendus surprenants sur des concepts élémentaires. Un tel concept était la détermination d'un facteur de sécurité.

La commission était composée de

  • William P. Rogers (1913-2001), président, ancien secrétaire d'État des États-Unis ;
  • Neil Armstrong (1930-2012), vice-président, ancien astronaute ;
  • Sally Ride (1951-2012), ancienne astronaute et ayant volé sur Challenger, première femme américaine dans l'espace ;
  • David Acheson (né en 1921), avocat ;
  • Eugene Covert spécialiste aéronautique, ancien chef scientifique de l'US Air Force ;
  • Robert Hotz, spécialiste aéronautique ;
  • Richard Feynman (1918-1988), prix Nobel de physique 1965 ;
  • Albert Wheelon ;
  • Arthur B. C. Walker, Jr. (1936-2001) astro-physicien ;
  • Donald J. Kutyna, ancien général de l'US Air Force ;
  • Robert Rummel ;
  • Joe Sutter (né en 1921), ingénieur aéronautique, le « père » du Boeing 747 ;
  • Charles Elwood Yeager (né en 1923), pilote d'essai de l'US Air Force.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article