Foch Ferdinand
Ferdinand Foch est un général, maréchal de France et membre de l’Académie française, né le 2 octobre 1851 à Tarbes, dans les Hautes-Pyrénées, et mort le 20 mars 1929 à Paris. La dernière année de la Première Guerre mondiale, au printemps 1918, il est nommé commandant en chef des forces alliées sur le front de l'Ouest. Peu avant la fin de la guerre, en août 1918, il est élevé à la dignité de maréchal de France puis, après la guerre, à celles de maréchal du Royaume-Uni (en 1919) et de Pologne (en 1923).
Ferdinand Foch naît dans une famille bourgeoise catholique à Tarbes. Ferdinand est le sixième des sept enfants de Bertrand Jules Napoléon Foch (1803-1880) et de Marie Sophie Jacqueline Dupré (1812-1883). Son père est percepteur (fonction subordonnée à celle de trésorier-payeur général) originaire du Comminges (Gascogne). Quant à sa mère, elle est la fille de Jacques-Romain Dupré (Loriol, 1771 - Argelès-de-Bigorre, 26 janvier 1852), retraité capitaine, chevalier de la Légion d'honneur (25 prairial an XII), chevalier de l'Empire, et de Marie-Anne Ducot. Sophie avait un frère, le chevalier Germain Dupré (10 janvier 1811, Argelès-de-Bigorre - 11 décembre 1893, Montpellier), médecin et sénateur. Au gré des affectations administratives de son père, il effectue sa scolarité à Tarbes, Gourdan-Polignan (en 1866 - 1867 au Petit séminaire de Polignan), Rodez puis Lyon.
Il fréquente les collèges jésuites de Saint-Michel à Saint-Étienne et Saint-Clément de Metz. Il est évacué de ce dernier établissement pendant la guerre de 1870, le collège étant occupé par un bataillon de Poméraniens. Il s'engage au 4e régiment d'infanterie qui ne combat pas. Après la guerre, il passe les concours d’entrée aux grandes écoles scientifiques à Nancy et, en novembre 1871, intègre l'École polytechnique. À sa sortie de Polytechnique, il choisit l'École d'application de l'artillerie et du génie dont il sort en 1873 comme officier d'artillerie. Il est affecté comme lieutenant au 24e régiment d'artillerie à Tarbes. En 1876, il suit au sein de l'École de cavalerie de Saumur le stage des officiers d'artillerie montée. Le 30 septembre 1878, il devient capitaine. Il arrive à Paris le 24 septembre 1879 comme adjoint au service du personnel du dépôt central de l'artillerie.
En 1883, Foch épouse Julie Bienvenüe, une petite-cousine de Fulgence Bienvenüe, qui dirigera la construction du métro parisien. Il entre à l'École supérieure militaire comme élève en 1885, faisant ainsi partie de la 11e promotion. Au terme de ses deux années d'enseignement, il effectue un stage de trois mois au sein de l'État-Major de l'Armée de terre, puis est affecté, toujours en tant que stagiaire, au 16e corps d'armée pendant trois ans, jusqu'en 1890. Après avoir été affecté au 3e bureau de l'État-Major, il devient ensuite professeur adjoint à l'École supérieure militaire entre 1895 et 1901. Il y est professeur d'histoire militaire, de stratégie et tactique générale, et devient l'un des théoriciens français de l'offensive.
Il se fait connaître par ses analyses critiques de la guerre franco-allemande de 1870 et des guerres napoléoniennes. Il poursuit son ascension dans l'armée : promu lieutenant-colonel en 1898, il est nommé colonel en 1903, chef de corps du 35e régiment d'artillerie à Vannes, puis général de brigade (1907). Nommé par Georges Clemenceau à la tête de l'École de guerre en octobre 1908 grâce à l'intervention du commandant Mordacq, il y reste jusqu'en août 1911. Il devient général de division cette même année ; puis en 1913, général commandant de corps d'armée, à la tête du 20e corps d'armée de Nancy.
Son dernier frère, Germain Foch (1854-1929) devient jésuite, ce qui freine peut-être la progression de Ferdinand Foch dans l'armée, le gouvernement républicain étant très anticlérical. Sa carrière se fait dans un contexte politique marquant : l'affaire Dreyfus, l'affaire des fiches, la loi de séparation des Églises et de l'État sont autant d'événements pouvant obscurcir l'avenir de Foch. « Le capitaine Foch du 10e RA est affilié à l'Union catholique. Son nom a été relevé au bureau central rue de Verneuil », dans l'affaire des fiches. Si Georges Clemenceau moque ceux qu'il appelle « les généraux de jésuitières » (comme Castelnau), il empêche Foch, qu'il fait mander lors de la « Grande Guerre », d'interrompre sa messe quotidienne pour le rejoindre. Foch a été l'ami de Gustave Doré chez qui il a croisé Sarah Bernhardt, Pierre Loti, Charles Gounod, Louis Majorelle et a participé à la vie parisienne intense de l'avant-guerre.
Au début de la Grande Guerre, il commande le 20e corps d'armée de Nancy, appartenant à la IIe armée du général de Castelnau. Le 14 août 1914, alors que se prépare la bataille de Lorraine, son corps avance vers la ligne Sarrebourg-Morhange, subissant de lourdes pertes. Tenant toujours l'offensive, il est surpris par l'ordre de retrait général prescrit, en milieu de matinée le 20 août, par le général de Castelnau, mais de violents feux d'artillerie lourde, la contre-attaque allemande, l'échec du 15e corps à sa droite, enfin l'ordre exprès de repli expédié au 20e corps, à 21 h 45, par le général de Castelnau le contraignent à son tour à la retraite, ce qui coûte la vie à cinq mille hommes. Il empêche ensuite les Allemands de traverser la Meurthe puis parvient à bien gérer la situation en couvrant la retraite pour livrer la bataille du Grand-Couronné qui couvre Nancy.
C'est pour son culte de l'offensive qu'il est choisi pour commander la IXe armée lors de la bataille de la Marne. Il coordonne les armées britannique, française et belge durant la course à la mer. Avec le chef de l'état-major, Maxime Weygand, Foch doit gérer la retraite de la Marne, alors qu'il vient à peine d'être nommé à son poste. Il aurait eu alors ces mots restés célèbres : « Pressé fortement sur ma droite, mon centre cède, impossible de me mouvoir, situation excellente, j'attaque. »e. Sa contre-attaque est la mise en pratique d'idées qu'il avait développées en tant qu'enseignant, elle lui permet de mettre un terme à l'offensive de l'armée allemande. Ce succès lui vaut une nouvelle promotion et le 4 octobre 1914, il est nommé commandant en chef - adjoint de la zone nord, avec le général Joffre. Le 13 octobre, les Allemands lancent une nouvelle offensive, contenue au prix de pertes très lourdes ; situation qui se reproduit à nouveau lors de la première bataille d'Ypres. À chaque fois, Foch parvient à sortir les troupes françaises de situations très difficiles.
À l'origine de la bataille de l'Artois en 1915 (192 000 morts ou blessés français) et de celle de la Somme en 1916 (204 253 pertes françaises), il tombe en disgrâce provisoire, conséquence de sanglants échecs. En décembre 1916, le général Joffre le relève du commandement du groupe d'armées du Nord (GAN), sa doctrine de l'offensive à outrance ayant engendré de lourdes pertes à l'armée française18. Lucien Lacaze, ministre de la Marine et par intérim de l'Armée, le réconforte : « au moment où l'état de votre santé vous oblige à abandonner provisoirement un commandement actif, le gouvernement tient à témoigner, une fois de plus par la plus haute des distinctions militaires (médaille militaire) la reconnaissance du pays ». Joffre est lui-même limogé quelques jours plus tard.
La disgrâce de Foch est assez relative, car le général Lyautey, nouveau ministre de la Guerre, lui fait obtenir un commandement provisoire du groupe d'armées de l'Est (GAE), le 18 janvier 1917, le général de Castelnau étant alors en tournée en Russie. Il lui est également confié la tâche de réfléchir à l'éventualité d'une violation de la neutralité de la Suisse ; il a son poste à Senlis. Le 22 août 1917, se tient la première séance de la commission d'enquête (le général Joseph Brugère en est le président, le général Gouraud et Foch y siègent) « chargée d'étudier les conditions dans lesquelles s'est effectuée l'offensive dans la région de l'Aisne du 16 au 23 avril 1917 (bataille du Chemin des Dames) et de déterminer le rôle des généraux qui ont exercé le commandement dans cette offensive ». C'est une mission délicate : « qu'il condamne et il sera accusé par les militaires d'ignorance… qu'il excuse, et il lui sera reproché par les politiques indulgence et esprit de clan ». La commission préfère faire muter le général Nivelle, et remplacer Mazel et Mangin. Leurs postes respectifs sont occupés par Pétain, Micheler et Maistre.
Foch est ensuite envoyé en Italie pour rétablir la situation après le désastre de la bataille de Caporetto. Le 27 octobre, deux divisions françaises, deux divisions britanniques, de l'artillerie lourde et un quartier général sont dirigés vers l'Italie. Le 28 octobre 1917, le général Duchêne commande sur place une aide franco-britannique sur le front italien. Foch arrive le 29 à Trévise. Il reste en poste de nombreux mois. Le 7 novembre, le Conseil suprême de Guerre, où chaque pays est représenté par le chef de son gouvernement et un membre de celui-ci, est instauré « en vue d'assurer une meilleure coordination de l'action militaire sur le front occidental [… et] de veiller à la conduite générale de la guerre. » Ce conseil a son siège à Versailles. Le 26 mars 1918, à Doullens, « le général Foch est chargé par les gouvernements britannique et français de coordonner l'action des armées alliées sur le front de l'Ouest ». Le président du Conseil Georges Clemenceau justifie ensuite ce choix : « Je me suis dit : essayons Foch ! Au moins, nous mourrons le fusil à la main ! J'ai laissé cet homme sensé, plein de raison qu'était Pétain ; j'ai adopté ce fou qu'était Foch. C'est le fou qui nous a tirés de là ! ».
À Beauvais, le 3 avril, il obtient la « direction stratégique » des opérations militaires. Le 14 avril il reçoit officiellement le titre de « général en chef des armées alliées en France » ou généralissime. Le 2 mai, la deuxième conférence d'Abbeville étend les pouvoirs de Foch au-delà des Alpes. Foch a désormais la charge de coordonner l'action des Alliés sur tout le front occidental depuis la mer du Nord jusqu'à l'Adriatique. Bien qu'il ait été surpris par l'offensive allemande au Chemin des Dames, il parvient à bloquer les dernières offensives allemandes de l'année 1918. Le 22 juin, le Comité de guerre retire au commandant en chef des armées françaises en titre, le général Pétain, son droit d'en appeler au gouvernement en cas de désaccord avec le général Foch, commandant en chef des armées alliées. Les refus de Pétain d'appliquer les directives de Foch mettaient en péril l'action militaire des alliés et les relations avec la Grande-Bretagne. Foch cumule désormais les fonctions de commandant en chef des armées françaises et alliées.
Par Décret du 7 août 1918, il est élevé à la dignité de maréchal de France, et c'est avec cette distinction qu'il planifie et mène l'offensive générale qui force l'Allemagne à demander l'armistice, le 11 novembre 1918. Il est ainsi le seul maréchal de France de la Grande Guerre à recevoir cette distinction en exercice avant l'armistice, le maréchal Joffre, maréchal depuis 1916, l'ayant reçue après son éviction. Il fait partie des signataires alliés de l'armistice de 1918 conclu dans la clairière de Rethondes. Le jour de l'armistice, il est nommé à l'Académie des sciences, et dix jours plus tard il est élu à l'Académie française, au fauteuil no 18. Il a également été membre de l'académie de Stanislas. Après la guerre, il est élevé à la dignité de maréchal du Royaume-Uni en 1919, puis à celle de maréchal de Pologne en 1923. Le maréchal Foch est devenu membre de l'ordre de laïcs catholiques des chevaliers de Colomb en 1921. Son bâton de Maréchal (aujourd’hui au Musée de l’Armée) lui fut offert par James Flaherty alors chevalier suprême de l'ordre.
Dès janvier 1919, une conférence internationale réunit à Paris les États vainqueurs pour préparer les traités de paix, sans la présence de représentants des pays vaincus. La France, les États-Unis et l'Angleterre supervisent la conférence de la paix. Le traité de Versailles (signé le 28 juin 1919) stipule que l'Allemagne perdra un septième de son territoire ainsi que ses colonies, devra payer des indemnités de guerre et devra reconnaître sa responsabilité dans la guerre (article 231 du traité). Foch déclare alors : « ce n'est pas une paix, c'est un armistice de vingt ans ».
À la parution en librairie du Mémorial de Foch, Clemenceau a sur lui ce mot : « Il se prend pour Napoléon [...] Il y a du César dans le maréchal. Enfin, un César passé par l'École de guerre. » Il a été un adepte de l’offensive à outrance en s’inspirant de Clausewitz et de Napoléon Ier. Ses idées ont eu une grande influence sur les officiers français en 1914. On lui a reproché par la suite un aveuglement envers les nouvelles armes (l’aviation, les chars…) et son refus d’une dernière offensive en Lorraine en 1918 afin d'être en position de force lors des négociations secrètes de l'armistice.
En 1919, il devient le président du Conseil supérieur de la guerre. La même année, l'hôtel de Noirmoutier, au 138, rue de Grenelle à Paris, lui est attribué. À partir de 1927, sa santé décline. Il limite ses sorties et les réceptions. Le 20 mars 1929 à six heures moins le quart dans sa résidence de l'Hôtel de Noirmoutier, alors qu'il se repose dans son fauteuil, sa fille, Mme Becourt, et l'interne Jean Falaize lui rappellent qu'il est temps de regagner le lit. Le maréchal lance son interjection favorite « Allons-y » (interjection caractéristique de son langage fier et énergique qui l'a rendu fameux dans les états-majors), se lève et s'effondre. Il meurt sans agonie d'une foudroyante syncope cardiaque. Des obsèques nationales ont lieu le 26 mars 1929. Le maréchal Foch repose depuis 1937 sous le dôme des Invalides à Paris parmi les grands maréchaux de France qui ont servi la nation. Son tombeau est l’œuvre de Paul Landowski, sculpteur officiel de l’entre-deux-guerres et membre de l’Académie des beaux-arts. La parution posthume du Mémorial de Foch interpelle Clemenceau et lui fait rédiger « par goût de la vérité et, plus encore, de l'équité et de la justice », à 88 ans et en sept mois, Grandeurs et misères d'une victoire, son ultime ouvrage, édité également de manière posthume (avril 1930).
Le 5 novembre 1883, Foch épouse Julie Bienvenüe (1860-1950) à l'église Saint-Michel de Saint-Brieuc (Côtes-d'Armor), une petite-cousine de Fulgence Bienvenüe, créateur du métro de Paris. Le couple a ensuite quatre enfants :
- Marie Foch (1885-1972), épouse de Paul Bécourt, capitaine au 26e bataillon de chasseurs (mort pour la France le 22 août 1914) à Joppécourt (Meurthe-et-Moselle) et postérité dont Jean Bécourt-Foch (1911-1944), compagnon de la Libération ;
- Anne Foch (1887-1981), épouse du colonel Alex Fournier (1879-1929), postérité ; Henry Fournier-Foch, colonel (1912-2006) ;
- Eugène Jules Germain Foch (né le 19 juin 1888 à Montpellier où il est mort quelques jours plus tard, le 30 juin) ;
- Germain Jules Louis Foch (23 décembre 1889 à Montpellier - 22 août 1914), aspirant au 131e régiment d'infanterie, mort pour la France à Ville-Houdlémont (Meurthe-et-Moselle)
Le général Foch vit une tragédie car il perd son fils et son gendre, « tués à l'ennemi » le même jour, moins de trois semaines après le début du conflit. Son épouse, ses filles Marie et Anne, son gendre le colonel Fournier et trois petits-enfants sont enterrés au cimetière de Passy, 15e division.
Grades
- 30 septembre 1878 : capitaine
- 1898 : lieutenant-colonel
- 1903 : colonel
- 20 juin 1907 : général de brigade
- 21 septembre 1911 : général de division
- 1913 : général commandant de corps d'armée
- 30 septembre 1916 : maintenu en activité sans limite d'âge.
Dignité et distinctions
- 6 août 1918 : maréchal de France.
- 19 juillet 1919 : field marshal britannique
- 25 mars 1921 : colonel (le premier) du Royal 22e Régiment (armée canadienne)
- Les 3 bâton de maréchaux de Ferdinand Foch, de gauche a droite : Maréchal de Grande Bretagne, Maréchal de France et maréchal de Pologne
- 13 avril 1923 : Marszałek Polski en français : maréchal de Pologne
Décorations
France
- Grand-croix de la Légion d'honneur (8 octobre 1915) ;
- Grand Officier (18 septembre 1914) ;
- Commandeur du (31 décembre 1913) ;
- Officier (11 juillet 1908) ;
- Chevalier (9 juillet 1892)
- Médaille militaire (21 décembre 1916)
- Croix de guerre 1914-1918
- Médaille commémorative de la guerre 1870-1871
- Officier de l'Instruction publique
Royaume-Uni
- Ordre du Bain
- Ordre du Service distingué
Pologne
- Chevalier de l'ordre de l'Aigle blanc
- Grand-croix de l'ordre de Virtuti Militari
Belgique
- Grand cordon de l'ordre de Léopold
Maroc
- Grand-cordon de l'Ordre du Ouissam alaouite
États-Unis
- Army Distinguished Service Medal
Lettonie
- Troisième classe de l'Ordre de Lāčplēsis