L'Action francaise
L'Action française, organe du nationalisme intégral est un journal royaliste français fondé à Paris le 21 mars 1908 et interdit à la Libération en août 1944. Il fait suite à la Revue d'Action française de Henri Vaugeois et Maurice Pujo. Siégeant rue de Rome, à Paris, ce quotidien avait comme directeur Charles Maurras, chef du mouvement monarchiste Action française. Sa ligne éditoriale est qualifiée d'extrême droite du fait de la violence de son antiparlementarisme, de son anti-républicanisme et de son antisémitisme.
Ce journal était alors l'organe officiel du mouvement de l'Action française. Il s'agissait d'un quotidien nationaliste, monarchiste, antidreyfusard et antisémite. L'Action française constitua une opposition acharnée à la politique de la Troisième République de même qu'au libéralisme et à la démocratie. Fédérant des collaborateurs de divers mouvements nationalistes et traditionalistes, le journal de Maurras fut le creuset des principaux courants d'extrême droite français des années 1930. À travers la dénonciation et les attaques personnelles, les journalistes de l'AF, Léon Daudet en tête, menèrent une propagande royaliste soutenue durant la Première Guerre mondiale, lors de la condamnation du mouvement par le Vatican et durant l'affaire Stavisky.
Le quotidien mena également une campagne infatigable contre le régime soviétique, le communisme, les Juifs et la franc-maçonnerie. Le quotidien pratiquait la diffamation (« il arrivait souvent que des personnes fussent accusées à tort »), l'utilisation de faux documents, et la provocation au meurtre. L'Action française fut également à l'origine d'une école intellectuelle et littéraire qui rassembla de nombreux philosophes, historiens, poètes ou romanciers autour de publications comme la Revue critique des idées et des livres (1908-1924) ou la Revue universelle (1920-1941).
Le premier numéro paraît le 21 mars 1908 et porte la devise « Tout ce qui est national est nôtre ». Il est parrainé par douze personnalités : Henri Vaugeois, Léon Daudet, Charles Maurras, Léon de Montesquiou, Lucien Moreau, Jacques Bainville, Louis Dimier, Bernard de Vesins, Robert de Boisfleury, Paul Robain, Frédéric Delebecque, Maurice Pujo.
Le journal, qui envoyait des milliers d'abonnements gratuits, était fortement déficitaire et faisait régulièrement appel à des souscriptions pour lutter « contre l'or juif ». Beaucoup de donateurs sont de la noblesse ; en 1912 le prétendant au trône orléaniste donne 1 000 francs par mois. Entre 1920 et 1926, « les pertes du journal s'élevèrent à près de cinq millions de francs ». Le milliardaire François Coty donna 2 millions de francs à l'Action française entre 1924 et 1928. Entre 1930 et 1935, la perte moyenne dépassait le million de francs par an. De fait, « la seule période où le budget de l'Action française paraît s'être trouvé en équilibre, c'est peu avant qu'il ait cessé de paraître », dans Lyon occupé par l'armée allemande. Son tirage varie entre 50 000 et 100 000 exemplaires, avec un maximum de 200 000 en 1934 pendant l'affaire Stavisky et la crise du 6 février 1934.
Hostiles au pangermanisme, et à l'Allemagne de façon générale, certains des collaborateurs de l'Action française ont critiqué la politique allemande durant les années 1930. En 1938, ne voulant pas d'une nouvelle guerre, l'Action française apporte son soutien aux accords de Munich, puis Maurras félicite Arthur Neville Chamberlain pour avoir négocié avec Hitler. Après l'armistice de 1940, le journal se replie à Limoges, puis à Lyon en octobre 1940. La sympathie de Maurras et de ses proches pour le régime de Vichy en fait un des piliers idéologiques du nouveau régime. Après l'occupation de la totalité du pays en novembre 1942, l'alignement sur la puissance occupante, l'Allemagne nazie, est plus sensible. Plusieurs journalistes sont impliqués dans la collaboration avec les nazis. Le journal est violemment hostile aux résistants, qui sont appelés les « terroristes ». Maurras appelle à exécuter les résistants et les membres de leurs familles. À la Libération de la France le quotidien est interdit pour collaboration, et ses principaux animateurs (Charles Maurras et Maurice Pujo) sont emprisonnés.
En 1947, Georges Calzant fonde un nouveau journal d'Action française intitulé Aspects de la France, reprenant les initiales AF. Tandis que ce périodique reste fidèle à la doctrine maurrassienne et perpétue une certaine forme d'idéalisme et de radicalisme monarchiste, Pierre Boutang (autre disciple de Maurras) fonde un autre journal se réclamant de L'Action française : La Nation française. Rassemblant surtout des intellectuels et des universitaires (dont Philippe Ariès et Raoul Girardet), cette nouvelle branche de l'AF se veut plus réflexive et mieux adaptée à la réalité politique d'après-guerre ; elle rejette l'antisémitisme de ses prédécesseurs et se distancie du discours des nostalgiques de Vichy.
Elle tente de repenser le monarchisme et le nationalisme en fonction des problèmes que pose la France des années 1950 (notamment la guerre d'Algérie) en restant fidèle aux initiatives de Charles Maurras. L'Action française faisait également paraître l'Almanach de l'Action française, les Cours et conférence d'Action française et plusieurs ouvrages à la Librairie d'Action française. Le titre de L'Action française a été repris depuis 1998. Il paraît tous les premiers et troisième jeudi de chaque mois sous le nom d'Action française 2000. Il est vendu à la criée par les militants dans la rue, mais est également disponible dans certains kiosques un peu partout en France.