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Revue de presse de l'Histoire - La Seconde guerre mondiale le cinéma les acteurs et les actrices de l'époque - les périodes de conflits mondiales viètnamm corée indochine algérie, journalistes, et acteurs des médias

Muselier Emile

Émile Henry Muselier, né à Marseille le 17 avril 1882 et mort à Toulon le 2 septembre 1965, est un vice-amiral français qui organisa les Forces navales françaises libres. Il a été le premier officier général à rallier Charles de Gaulle à Londres dès le 30 juin 1940. C'est lui qui eut l'idée de distinguer sa flotte de celle de Vichy, en adoptant la croix de Lorraine (en souvenir de son père d'origine lorraine), qui devint ensuite l'emblème de toute la France libre. Il effectua le ralliement de Saint-Pierre-et-Miquelon à la France libre, le 24 décembre 1941.
 

Muselier Emile
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Muselier Emile

Entré à l'École navale en 1899 la même année que l'amiral Darlan et après une carrière militaire, brillante mais mouvementée, il tentera vainement sa chance aux élections législatives de 1946, en tant que vice-président du Rassemblement des gauches républicaines, avant de se reconvertir comme ingénieur conseil dans le privé jusqu'en 1960. Il est inhumé au cimetière Saint-Pierre, à Marseille. La première partie de sa carrière est marquée par sa campagne en Extrême-Orient (1902-1905), plusieurs autres en 1914 en Adriatique, celle en Albanie, entrecoupées de séjour à Toulon. En 1915, il se bat aussi sur l'Yser en Belgique à la tête d'une unité de fusiliers marins sur sa demande, avant de commander une batterie marine en Champagne. En 1916, il est affecté comme président de la section marine au ministère des Inventions (on lui doit notamment les rideaux de fumée pour les navires). Il obtient son premier commandement à la mer, sur l'aviso Scape, en avril 1918. Il y montre son autorité, alors que la Marine doit affronter en 1919 des mutineries qui frappent l'escadre de la mer Noire (les marins, agités par les communistes, souffrent de continuer la guerre sans contact avec leurs familles). Son bâtiment est le seul de l’escadre à ne pas arborer le drapeau rouge, après qu’il y a maté une tentative de révolte. C’est là qu’il gagne son surnom de « rouge » (mais non pour une adhésion aux idées communistes). En mars 1919, il défend efficacement le port de Marioupol, en mer d'Azov, contre les Bolcheviks. Un blâme lui est infligé, le 2 août 1920, pour l’affaire dite d’Otchakow, où une série d’imprudences coûta la vie à cinq de ses hommes et mit à mal les accords passés entre les autorités soviétiques et françaises.

Puis c'est le commandement du torpilleur d'escadre L'Ouragan, en 1925, celui du croiseur cuirassé Ernest Renan en 1927, puis du cuirassé Voltaire en 1930 et du cuirassé Bretagne en 1931. Un rapport de la police de Toulon auprès de la direction de la Sûreté générale, le 28 juillet 1927, fait état de la saisie d’opium au domicile qu’il partage avec sa maîtresse, Madame Oswald, qui avoue en faire usage « en compagnie de Monsieur Muselier ». Cette suspicion ne prouvant pas la consommation suffit à le disculper. Son dossier personnel indique une faiblesse physique à son retour d’Extrême-Orient en 1909 et en fait à nouveau état dans les années 1930, où plusieurs supérieurs notent ses problèmes nerveux. Tout cela n'a pas contribué à sa bonne réputation au sein de la communauté maritime. Nommé contre-amiral, il devient en 1933 major général de la 4e région maritime au port de Sidi-Abdallah (Tunisie) où il crée des œuvres sociales comme « La Mie de pain ». En 1938, il reçoit le commandement de la marine et du secteur de défense de la ville de Marseille. Auparavant, il avait été attaché aux cabinets de Painlevé et de Clemenceau, puis chef d'état-major de la délégation de contrôle naval en Allemagne. Il est nommé vice-amiral le 9 octobre 1939 et cependant mis à la retraite « par mesure disciplinaire le 21 novembre, à la suite d'incidents l'ayant opposé à l'amiral Darlan. » En décembre 1939, il effectue une mission comme journaliste au Levant. De mars à juin 1940, il est ingénieur dans une entreprise réquisitionnée par le ministère de l'Air et de l'Armement.

Il est le premier officier général à rejoindre le général de Gaulle, le 30 juin 1940. Le 1er juillet 1940, celui-ci le nomme au commandement des forces maritimes françaises restées libres et à celui, provisoire, des forces aériennes, fonctions qu'il se verra confirmer avec le titre de Commissaire, à la création du Comité national français en 1941. Ce jour là il lui propose, en présence du capitaine de corvette Thierry d'Argenlieu, l'adoption de la Croix de Lorraine comme emblème pour lutter contre la croix gammée. Dans son ordre général no 2 du 3 juillet 1940, le vice-amiral Émile Muselier crée donc pour les forces françaises ralliées à de Gaulle un pavillon de beaupré (carré bleu avec, au centre, la croix de Lorraine en rouge par opposition à la croix gammée) et pour les avions, une cocarde à croix de Lorraine. La Croix de Lorraine devint ensuite l'emblème de toute la France libre. Le même jour, Muselier avait rédigé son propre appel, adressé aux marins et aux aviateurs. Il forme ensuite un début d'état-major avec le capitaine de vaisseau Thierry d'Argenlieu et l'enseigne de vaisseau Voisin, puis part en mission pour Alexandrie « afin de se rendre compte de la possibilité d'un coup d'État en Syrie ». Les essais de ralliement ne sont pas faciles. En 1940, le capitaine de corvette de Quiévrecourt, qui commandait l’aviso Dumont d’Urville, refusa de rejoindre la France Libre lorsque Nouméa se rallia. Muselier envoya un télégramme le destituant et nommant à sa place le commandant en second. Celui-ci rejeta l’ordre et donna cette réponse pour le vice-amiral Muselier : « De la part Commandant, officier en second, état-major et équipage du Dumont d’Urville. Votre 230. Stop. Merde. » C’est depuis ce temps-là que dans la Marine on ne renvoie pas au « mot de Cambronne », mais au « mot de Quiévrecourt ».

Le 2 janvier 1941, il est arrêté avec ses deux secrétaires par la police britannique, à la suite d'une dénonciation pour trahison, sur le fondement de faux documents, et incarcéré à la prison de Pentonville. Les Britanniques le soupçonnent d'être secrètement entré en contact avec Vichy, d'avoir transmis à Darlan le plan de l'expédition de Dakar et de projeter de lui livrer le Surcouf. Sceptique, de Gaulle présente devant Eden une protestation orale et une note écrite démontant le dossier d'accusation. Après avoir obtenu de rencontrer l'amiral à Scotland Yard le 7 janvier, le chef de la France libre menace, le 8, de rompre ses relations avec le Royaume-Uni. Innocenté, l'amiral est libéré le lendemain avec ses secrétaires et le Gouvernement britannique doit lui présenter des excuses. Cet épisode aura malgré tout terni ses relations avec de Gaulle. En septembre 1941, poussé notamment par André Labarthe, il tente en vain d'imposer à de Gaulle un « comité exécutif de la France libre » présidé par lui-même et largement composé d'opposants au chef des Forces françaises libres. Le comité national français, créé le 24 septembre, est dirigé par de Gaulle. Malgré ses réticences mais sur ordre du général de Gaulle, il réalise le ralliement de Saint-Pierre-et-Miquelon. Le 24 décembre 1941, à trois heures du matin, débarquant avec quatre bâtiments français en provenance d'Halifax (le sous marin Surcouf et les corvettes Alysse, Mimosa, Aconit), et installant l'enseigne de vaisseau Alain Savary comme Commissaire de la France libre. Ce fait d'armes alimentera l'animosité du président Roosevelt à l'égard du général. De Gaulle s'était engagé à laisser carte blanche à Muselier, lequel, compte tenu du changement survenu dans la situation des États-Unis à la suite de l'attaque japonaise contre Pearl Harbour le 7 décembre 1941, décide de faire part des intentions de la France Libre concernant Saint-Pierre-et-Miquelon aux nouveaux alliés que sont les Américains, considérant que l'opération ne peut plus être menée par surprise. Mais, craignant les vues des Canadiens et des Britanniques sur l'archipel, ce que certaines informations laissaient à penser, le général s'était ravisé pour affirmer la souveraineté française. Cela conduira finalement l'amiral à démissionner de son poste de Commissaire.

Considéré comme peu loyal par de Gaulle, Muselier est ensuite écarté par ce dernier, un an et demi plus tard, à Alger, à cause de graves divergences politiques. Préférant être nommé par le général Giraud, il est l'éphémère responsable civil et militaire d'Alger, en juin 1943, et a même semblé prendre la tête d'un putsch anti-gaulliste, avant que le général de Gaulle ne s'impose seul à la tête du Comité français de la Libération nationale. En septembre 1944, de Gaulle le nomme chef de la délégation navale à la Mission militaire pour les affaires allemandes. Il est définitivement admis à la retraite le 1er février 1945. Condamné par le régime de Vichy à la peine de mort et à la confiscation de ses biens (1940) ainsi qu'à la déchéance de la nationalité française (1941), ces peines sont frappées de non-droit à la Libération. Mais il doit batailler devant le Conseil d'État jusqu'en 1954, pour faire valoir le droit à une retraite pleine et faire annuler sa mise en retraite forcée en 1939 par Darlan. Ami de Mendès France, radical socialiste, patriote et républicain, celui qui dans La Royale avait été surnommé « l'amiral rouge » se lance dans la politique. Lors des élections municipales d'avril 1945, il décide de présenter à Marseille une liste « républicaine » avec comme tête de liste son fils Maurice, encore détenu en Allemagne et dont il n'avait alors pas de nouvelles. C'est un échec, la liste ne recueillant que 7 109 voix contre 144 223 pour la liste Defferre-Billoux. Il continue un temps la politique, adhérant brièvement au Parti radical. Il se présente aux élections législatives de 1946 dans le second secteur de Paris sous l'étiquette « Rassemblement des Gauches » mais battu il se retire de la vie politique. Il s'installe alors à Toulon, dans une villa du cap Brun. Désapprouvant la guerre d'Indochine, il adhère au Mouvement de la paix et siège a son Conseil national. Il refuse une invitation de De Gaulle à venir le rencontrer à l'Élysée lorsque ce dernier devient président de la République, en 1958. Il meurt à l'hopital militaire de Sainte-Anne à Toulon le 2 septembre 1965. Ses obsèques se déroulent à Toulon avec les honneurs militaires le 6 septembre puis à Marseille le lendemain avec son inhumation au cimetière Saint-Pierre.

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