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Revue de presse de l'Histoire - La Seconde guerre mondiale le cinéma les acteurs et les actrices de l'époque - les périodes de conflits mondiales viètnamm corée indochine algérie, journalistes, et acteurs des médias

Teleki Pal

Pál Teleki est le fils de Géza Teleki (1844–1913), écrivain et homme politique, qui fut brièvement ministre de l'intérieur dans le gouvernement de Kálmán Tisza et d'Irén Muráty (Muratisz) (1852–1941)

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Entre 1885 et 1889, il fréquente l'école élémentaire évangélique de Budapest (Budapesti evangélikus elemi népiskola) puis poursuit sa scolarité au lycée piariste de Budapest (Pesti piarista gimnázium) entre 1889 et 1897, à chaque fois en candidat libre. En 1897, il s'inscrit à la faculté de droit et de sciences politiques de l'Université de Budapest (Budapesti Tudományegyetem). A la faculté des sciences naturelles, il fréquente les cours de géographie, publie dans les bulletins de géographie et tient des conférences devant la Société hongroise de Géographie (Magyar Földrajzi Társaság) sur l'histoire des expéditions en Asie. Le 15 décembre 1898, il présente ses travaux lors d'une séance publique de l'association des Sciences naturelles. Lors de ses années à l'université, il continue de prendre part aux rendez-vous qui rythment la société transylvanienne : aux chasses à cour de Zsuk comme aux ventes de charité de Kolozsvár.

En 1901, il obtient son diplôme de fin d'étude et finit premier à l'examen de fin de cycle de sciences politiques en droit public hongrois, politique, droit canonique, et droit international. Au cours de l'année universitaire suivante, il s'inscrit comme auditeur libre en deuxième année à l'Académie royale hongroise d'économie de Magyaróvár (Magyaróvári Magyar Királyi Gazdasági Akadémia). En avril 1902, le jury d'examen juge son niveau insuffisant ; il rate l'année suivante une fois de plus l'examen de fin de cycle en droit administratif. Finalement, en décembre 1903, c'est avec son travail intitulé "Sur la question de l'origine première de la Nation" („Az elsődleges államkeletkezés kérdéséhez”) qu'il obtient son doctorat en sciences politiques.

A partir de 1902, il est l'apprenti de Lajos Lóczy au département de géographie. En 1904, il s'active comme vice-président du comitat de Szatmár. Le 26 janvier 1905, il est élu député de la circonscription de Nagysomkút à l'Assemblée nationale de Hongrie (Országgyűlés). Au printemps 2006, il effectue un voyage à l'Ouest ; en 1907 il part au Soudan puis en Europe pour des voyages d'études. Le 25 novembre 1908, il prend pour épouse la comtesse Johanna Bissingen-Nippenburg, avec qui il a deux enfants : Mária (1910) et Géza (1911). En 1910, lorsque le gouvernement de coalition tombe, il ne sollicite pas de nouveau mandat. Entre 1909 et 1913, il occupe la direction de la maison d'édition de l'Institut de Géographie ; entre 1910 et 1923, il est le secrétaire général de la Société hongroise de Géographie (Magyar Földrajzi Társaság).

En 1911, il jouit de la reconnaissance des Français pour son travail d'historien et de cartographe dans l'Atlas des Iles du Japon (dirigé par Edme François Jomard). En 1912, il effectue un grand voyage aux États-Unis d'Amérique avec Jenő Cholnoky. De leurs parcours, ils tirent en 1922 une publication universitaire intitulée Géographie économique de l'Amérique (Amerika gazdaság földrajza). En 1913, il est désigné membre par correspondance de l'Académie hongroise des Sciences. Il ne peut prononcer son discours de réception qu'en 1917 en raison de la guerre. En 1913, il est nommé professeur à l'École normale supérieure de l'École de commerce. Il devient également président de la Société tourane. Durant la Première Guerre mondiale, il se porte volontaire au combat et sert comme lieutenant-supérieur aux fronts serbe puis italien. C'est à ce moment là que prend forme son œuvre essentiel : l'histoire de la pensée géographique. A partir de l'automne 1918 jusqu'à la Conférence de paix de Paris, il réalise avec d'autres la carte ethnique du Royaume de Hongrie, qui deviendra la célèbre "carte rouge" (vörös térkép) sur laquelle la nation hongroise est représentée en rouge.

Le 25 juillet 1920, le régent Miklós Horthy le nomme premier ministre du Royaume de Hongrie. Il occupait auparavant le ministère sans portefeuille chargé des minorités puis le portefeuille des Affaires étrangères. Après la tentative de retour du roi Charles IV, il démissionne du gouvernement le 14 avril 1921. En 1925, il participe au métrage préalable à l'établissement de la frontière turco-irakienne, comme membre de la Commission d'expertise dépêchée par la Société des Nations. Au cours de sa carrière scientifique, il endosse plusieurs rôles très précis : professeur et plusieurs fois doyens de la faculté de sciences économiques de l'Université de Budapest ; recteur de l'Université de technologie et d'économie Nádor József (József Nádor Műszaki és Gazdaságtudományi Egyetem), ancêtre de l'Université polytechnique (Műegyetem). Au même moment, il est curateur à l'internat József Eötvös (Eötvös József Collegium). Son travail est distingué en 1930 par la Chaîne Corvin (Magyar Corvin-lánc), haute distinction.

Le 10 juin 1922, le régent Miklós Horthy nomme Pál Teleki comme dirigeant national des scouts de Hongrie. Il est dès lors considéré comme un acteur populaire et influent de l'histoire des mouvements de jeunesse. Pál Teleki ne supporte pourtant pas longtemps son titre et soumet sa démission dès 1923, invoquant son état de santé. Le régent décide alors de maintenir son rang malgré tout en le nommant dirigeant d'honneur. C'est au titre de cette fonctionne qu'il organise et dirige à Gödöllő, dans le parc du château, le Rassemblement mondial des scouts (Jamboree) en 1933, qui réunit 30 000 scouts issus de nombreux pays.

En 1938, Pál Teleki revient dans le jeu politique en acceptant de devenir ministre de la culture. La même année, il est l'un des responsables de la délégation hongroise présente aux premiers arbitrages de Vienne, intervenus sous l'influence de l'Allemagne nazie et de l'Italie fasciste pour satisfaire de façon pacifique aux revendications territoriales de la Hongrie sur les territoires que celle-ci avait perdus suite au Traité du Trianon en 1920. Anglophile convaincu, il est opposé à la politique de rapprochement du gouvernement de Béla Imrédy à l'égard de l'axe Rome-Berlin-Tokyo. En 1939, c'est pourtant sous son gouvernement que sont votées les deuxièmes lois sur les Juifs et que sont réintégrés à la Hongrie l'Ukraine subcarpatique (mars 1939) et le nord de la Transylvanie (30 août 1940), à la faveur des seconds arbitrages de Vienne.

Son gouvernement mène alors - en y incluant toutes les mesures discriminatoires - une politique volontariste d'investissement dans les infrastructures et entame quelques réformes sociales (caisse d'allocations familiales notamment). En 1939, lors des élections durant la Pentecôte, le parti de la Vie hongroise (Magyar Élet Pártja) mené par Pál Teleki obtient son meilleur résultat depuis le début du règne de Miklós Horthy, ce qui signifie alors une poussée de l'extrême-droite, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur des forces gouvernementales. En septembre 1939, le gouvernement hongrois refuse à l'Allemagne d'utiliser la section hongroise de la ligne ferroviaire entre Nagyszalánc et Velejte, afin d'acheminer les blessés allemands de retour du front polonais ainsi que les renforts. Après la déroute polonaise de septembre, la Hongrie ouvre alors la frontière aux réfugiés polonais et leur porte alors secours. Jusqu'en mars 1944, date de l'invasion de la Hongrie par l'Allemagne, le gouvernement hongrois permet le fonctionnement normal des écoles et des organisations polonaises. A ce titre, beaucoup ont salué les choix de politique étrangère de Pál Teleki.

Pál Teleki est également à l'initiative de la levée et du recrutement secret d'une légion hongroise, destinée à combattre sur le front finlandais contre l'armée russe, pendant la Guerre d'Hiver. Le 12 décembre 1940, le gouvernement hongrois signe un traité d'amitié à Belgrade avec la Yougoslavie. Le putsh militaire qui vient de s'y dérouler est le fait d'opposants à l'Allemagne nazie. Celle-ci exige alors de la Hongrie qu'elle autorise la traversée du pays par les troupes allemandes afin de se rendre jusqu'à la frontière yougoslave. Pál Teleki doit alors arbitrer le positionnement de la Hongrie face aux demandes allemandes, en tenant compte de l'équilibre des forces en présence, à savoir l'Allemagne, l'U.R.S.S. et le Royaume-Uni et des intérêts de la Hongrie. Pál Teleki souhaite alors s'en tenir au traité d'amitié, et se positionne de facto contre l'Allemagne. Le 2 avril 1941, l'ambassadeur britannique l'informe alors que la Hongrie bénéficie du soutien du Royaume-Uni dans son éventuelle entrée en guerre aux côtés de la Yougoslavie. Le 3 avril 1941, Pál Teleki est retrouvé mort dans ses appartements du palais Sándor, abattu d'une balle dans la tête. Sur son bureau, dans une lettre adressée au Régent de Hongrie Miklós Horthy, il critique avec des mots très durs l'agression contre la Yougoslavie. Les troupes allemandes n'ont pas attendu l'annonce de sa mort pour marcher sur la Yougoslavie.

L'une des lois les plus contestées du premier gouvernement Teleki porte sur le "numerus clausus" à l'université ; elle a été adoptée en septembre 1920 par l'Assemblée nationale de Hongrie, sur la proposition du ministère de l'instruction publique et religieuse. Cette loi fixe le nombre d'admis par an, dans l'enseignement supérieur hongrois. Elle garantit une proportion minimale de Hongrois dans les universités, ce qui fut alors interprétée comme une première loi anti-juive. La marge de manœuvre de Pál Teleki dans sa politique étrangère, a été considérablement restreinte par le ralliement de la Hongrie à l'Axe Rome-Berlin-Tokyo le 20 novembre 1940 et par la reconnaissance de l'hégémonie de l'Allemagne nazie et de l'Italie fasciste. Dans l'intérêt du pacte, la Hongrie n'a ainsi pas attaqué les pays membres de l'Axe, elle a malgré tout assumé sa solidarité avec les pays victimes de leurs agressions. Sa mort mystérieuse est désormais attribuée sur le compte du suicide par de nombreux historiens. Son suicide au nom de principes moraux supérieurs, soulève des questions fondamentales sur le plan politique.

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