Mosse George Lachmann
George Lachmann Mosse (né le 20 septembre 1918 à Berlin, mort le 22 janvier 1999, à Madison, au Wisconsin) est un historien américain d'origine allemande. Historien des mentalités, il est en particulier à l'origine du concept de « brutalisation » appliqué aux sociétés qui sortent de la Guerre 1914-1918. Mosse y voit la « matrice des totalitarismes ».
Il a exercé une forte influence sur les historiens du fascisme et du nazisme dans le monde anglo-saxon mais aussi en Italie et, plus tard, en Allemagne mais le monde universitaire francophone l'a largement ignoré de son vivant. George Mosse est né dans une famille juive influente : son grand-père, Rudolf Mosse, avait fondé le Berliner Tageblatt, qui connut un grand succès et resta jusqu'en 1933 un bastion de l'antinazisme ; au début des années 1930, les Mosse étaient à la tête d'un empire de la presse et de l'édition. George Mosse était quant à lui plutôt de gauche (il était membre d'un groupe d'étudiants socialistes durant sa jeunesse) mais antimarxiste et sioniste, et il assumait publiquement son homosexualité.
En 1933, il fuit en Suisse avant de s'installer en Angleterre avec sa famille en raison de la montée du national-socialisme. Il étudia à la Bootham School puis il s'installa aux États-Unis en 1936. Il obtint un BS du Haverford College (Pennsylvanie) en 1941 et un PhD de Harvard en 1946. Par la suite, il enseigna dans plusieurs université prestigieuses : à l'Université de l'Iowa (1944-1955), à l'Université du Wisconsin à Madison à partir de 1955 - où il resta jusqu'à sa retraite en 1988. Il enseigna par ailleurs également à Stanford, à l'Université hébraïque de Jérusalem, à Munich, Cornell, Amsterdam, Tel Aviv, ou encore Cambridge. Ses premiers travaux ont porté sur la Réforme et l'Angleterre du XVIe siècle. Ce n'est que progressivement que ses recherches s'orientent vers l'histoire intellectuelle de l'Europe occidentale en général, avant de se focaliser sur le XXe siècle et finalement l'Allemagne, le nazisme, le racisme et l'antisémitisme. Il se range clairement dans le camp historiographique des intentionnalistes.
Historien des mentalités, il est en particulier à l'origine du concept de « brutalisation » appliqué aux sociétés qui sortent de la Guerre 1914-1918. Mosse y voit la « matrice des totalitarismes ». Une autre spécificité de l'œuvre de George L. Mosse est qu'il n'hésite pas à se placer « dans l'œil du cyclone », en participant (sous une fausse identité) à des réunions d'anciens nazis en Allemagne, ou en dialoguant avec Albert Speer, l'architecte de Hitler, pour mieux comprendre l'esthétisme du nazisme. Dans son livre La révolution fasciste. Vers une théorie générale du fascisme, George L. Mosse partage la thèse de Zeev Sternhell.