Setsuko Hara est une actrice japonaise, née le 17 juin 1920 à Yokohama et morte le 5 septembre 2015 dans la préfecture de Kanagawa. Elle commence sa carrière à l'âge de 15 ans et tourne dans plus de cent dix films. Figure emblématique de l'âge d’or du cinéma japonais des années 1950, elle annonce brutalement, à 43 ans, qu'elle arrête le cinéma avant de se retirer dans la ville balnéaire de Kamakura, à une cinquantaine de kilomètres de Tokyo, décor de nombre de ses films mais aussi endroit où se trouve le temple Engaku-ji où sont déposées les cendres du réalisateur Yasujirō Ozu, qui l'a employée à cinq reprises.
Actrice
Setsuko Hara naît sous le nom de Masae Aida à Tsukimidai, un quartier situé à Hodogaya-ku, arrondissement de Yokohama. Elle est la benjamine d'une fratrie de cinq filles et deux garçons. Son père, un riche négociant en soie brute, perd sa fortune lors de la Grande Dépression de 1929, l’effondrement de la bourse de New York ayant entraîné la chute des exportations de soie. Désireuse d'aider financièrement sa famille, elle quitte les bancs de l'école à l'âge de 14 ans pour entrer à la Nikkatsu par l'entremise de son beau-frère, le réalisateur Hisatora Kumagai. Elle apparaît pour la première fois sur les écrans dans N'hésitez pas jeunesse de Satoshi Taguchi en 1935.
Le personnage qu'elle interprète dans ce premier film se prénomme Setsuko, et c'est ainsi que la Nikkatsu lui attribue le nom de scène de Setsuko Hara. Dans ses premières apparitions, elle campe une adolescente espiègle et débrouillarde et devient vite la lycéenne préférée des japonais. Elle n'a pas 16 ans lorsqu'en 1936 Sadao Yamanaka lui offre un rôle d'importance dans Kōchiyama Sōshun, une adaptation moderne d'une pièce de kabuki de Kawatake Mokuami. Elle incarne la tenancière d'une petite échoppe d'amazake, poussée vers la prostitution à cause de dettes consécutives aux méfaits de son frère, et qui ne doit son salut qu'au sacrifice d'un aigrefin et d'un rōnin.
Le cinéaste allemand Arnold Fanck, qui visite en 1936 le studio de la J.O. à Kyoto pendant le tournage de Kōchiyama Sōshun, remarque Setsuko Hara. Après avoir un temps envisagé Kinuyo Tanaka, c'est elle qu'il choisit pour le rôle titre de son film La Fille du samouraï (1937). Avec sa beauté exotique et ses grands yeux, elle est différente des actrices alors en vogue au Japon. Cette production germano-japonaise propagandiste, co-dirigée par Mansaku Itami, est destinée à familiariser le public allemand avec le Japon. Elle y tient le rôle d'une jeune femme qui tente vainement de se jeter dans un volcan quand son fiancé de retour de Berlin tombe amoureux d'une journaliste allemande. Fort du succès du film au Japon, elle part cette même année en Europe et aux États-Unis pour promouvoir le film.
Elle est accompagnée par son beau-frère Hisatora Kumagai et le voyage qui la mène du Mandchoukouo, à Berlin et dans plusieurs villes allemandes, puis à Paris, New York, Los Angeles et Hollywood, dure quatre mois. En Allemagne, elle est accueillie comme une invitée officielle par Joseph Goebbels, le ministre de la Propagande, épisode de grand malaise pour la jeune femme qui ne comprend pas très bien ce qu'on attend d'elle. Mais elle a aussi l’occasion de rencontrer partout où elle va des personnalités éminentes du cinéma, comme Jean Renoir à Paris, Josef von Sternberg et Marlene Dietrich, avec qui elle dîne à Hollywood. Son retour, juste avant que n'éclate la guerre, est triomphal et la jeune comédienne est qualifiée par le magazine féminin Fujokai de « star mondiale » et de « premier espoir du cinéma japonais ». En 1937 commence la seconde guerre sino-japonaise et le 1er octobre 1939 la loi sur le cinéma qui vise à placer toute la création cinématographique sous le contrôle du gouvernement est mise en application au Japon.
Dès lors, Setsuko Hara se retrouve propulsée à l'affiche d'une dizaine de films de propagande militariste voulu par le Japon du début des années 1940. Ainsi la retrouve-t-on dans La Bataille navale à Hawaï et au large de la Malaisie (1943) de Kajirō Yamamoto, réputé pour son impressionnante reproduction du bombardement de Pearl Harbor, Les Kamikazes de la tour de guet (1943) de Tadashi Imai ou encore Vers la guerre décisive dans le ciel (1943) de Kunio Watanabe. Devenue l'icône d'un cinéma nippon prompt à exalter le nationalisme et l'impérialisme pendant la Seconde Guerre mondiale, Setsuko Hara incarnera pourtant, dès la capitulation, les souffrances d’un peuple victime de la politique belliciste de ses dirigeants.
Dès 1945, l'armée d'occupation américaine entreprend la démocratisation des médias et de l'industrie cinématographique du Japon. Un bureau spécial est créé, la Section d'information et d'éducation civiques (Civil Information and Education Section ou CI&E) qui compte au nombre de ses tâches l'examen des scénarios nouveaux et le compte rendu des produits achevés afin d'encourager la production de films faisant la promotion de la démocratie. Dans ce contexte, Akira Kurosawa lui offre dans Je ne regrette rien de ma jeunesse en 1946, un rôle de grande amoureuse qui, toute sa vie, devra assumer les conséquences tragiques de son mariage avec un militant pacifiste radical.
Se concentrant sur une décennie de la vie d'une femme prise dans la répression politique du régime militariste de la fin des années 1930, le film, sans doute le plus féministe de Kurosawa, permet à Setsuko Hara d'exprimer de manière convaincante une large palette de ses talents, tour à tour lycéenne insouciante, femme au foyer inquiète, prisonnière, veuve puis leader de la réforme agricole. Ce film va considérablement changer l'image de l'actrice et la propulser à nouveau au devant de la scène.
Elle arrête subitement sa carrière en 1962, et mène ensuite une vie retirée à Kamakura (dans le quartier de Jōmyōji), refusant d'être photographiée ou d'accorder la moindre interview. Pour cette raison, le critique Donald Richie, spécialiste du cinéma japonais, l'a surnommée la « Greta Garbo du Japon ». On peut supposer que cette interruption brutale est liée à la relation très intime que Setsuko Hara semble avoir entretenue avec Yasujirō Ozu : celui-ci est en effet décédé en 1963, et ses cendres reposent au Engaku-ji à Kita-Kamakura.
Décès
Elle tourne dans plus de 110 films de 1935 à 1962. Setsuko Hara meurt le 5 septembre 2015 d’une pneumonie.
Filmographie
- 1935 : N'hésitez pas jeunesse (Tamerafu nakare wakōdo yo?) de Satoshi Taguchi
- 1935 : Shin'ya no taiyō de Fumindo Kurata
- 1935 : Tama o nagero de Satoshi Taguchi
- 1935 : La Ligne d'horizon verte I (Midori no chiheisen: Zenpen?) de Yutaka Abe
- 1935 : La Ligne d'horizon verte II (Midori no chiheisen: Kōhen?) de Yutaka Abe
- 1936 : Une beauté en robe blanche (Hakui no kajin?) de Yutaka Abe
- 1936 : Kōchiyama Sōshun de Sadao Yamanaka : Onami
- 1936 : Yomeiri mae no musumetachi de Ren Yoshimura
- 1936 : La Couronne de vie (Seimei no kanmuri?) de Tomu Uchida
- 1936 : Tange Sazen: Nikkō no maki de Kunio Watanabe
- 1937 : Kenji to sono imōto de Kunio Watanabe
- 1937 : La Fille du samouraï (Die Tochter des Samurai) de Arnold Fanck et Mansaku Itami : Misuko Yamato
- 1937 : Tōkai bijoden de Tamizō Ishida
- 1937 : Le Chant de ma mère I (Haha no kyoku: Zenpen?) de Satsuo Yamamoto
- 1937 : Le Chant de ma mère II (Haha no kyoku: Kōhen?) de Satsuo Yamamoto
- 1938 : La Légende du géant (Kyojin-den?) de Mansaku Itami : Chiyo
- 1938 : La Symphonie pastorale (Den'en kōkyōgaku?) de Satsuo Yamamoto : Yukiko
- 1938 : Shōgun no mago de Kunio Watanabe
- 1938 : Une auberge en hiver (Fuyu no yado?) de Shirō Toyoda
- 1939 : Un magnifique départ (Uruwashiki shuppatsu?) de Satsuo Yamamoto
- 1939 : Les 47 rōnin I (Chūshingura: Zenpen?) d'Eisuke Takizawa
- 1939 : Les 47 rōnin II (Chūshingura : Kōhen?) de Kajirō Yamamoto
- 1939 : Shanhai rikusentai de Hisatora Kumagai
- 1939 : La Ville (街, Machi?) de Satsuo Yamamoto
- 1939 : La Classe des femmes - À l'école - Les Sept images (Onna no kyōshitsu: Gakkō no maki: Nanatsu no omokage?) de Yutaka Abe
- 1939 : La Classe des femmes II (Onna no kyōshitsu: Kōhen?) de Yutaka Abe
- 1939 : Tōkyō no josei d'Osamu Fushimizu
- 1940 : La Lumière et l’ombre (Hikari to kage?) de Yasujirō Shimazu
- 1940 : Donzūki de Toshio Ōtani
- 1940 : Jusqu’au jour du mariage (Totsugu hi made?) de Yasujirō Shimazu
- 1940 : La Princesse serpent (Hebihime-sama?) de Teinosuke Kinugasa
- 1940 : Quartier de femmes (Onna no machi?) de Tadashi Imai
- 1940 : Un monde à deux (Futari no sekai?) de Yasujirō Shimazu
- 1940 : La Promesse des sœurs (Shimai no yakusoku?) de Satsuo Yamamoto
- 1941 : La Jeune Épouse de mon frère (Ani no hanayome?) de Yasujirō Shimazu
- 1941 : Ōinaru kanjō de Jun'ichi Fujita
- 1941 : Physiologie du mariage (Kekkon no seitai?) de Tadashi Imai
- 1941 : Shidō monogatari de Hisatora Kumagai
- 1942 : La Jeunesse de l'espoir (Kibo no aozora?) de Kajirō Yamamoto
- 1942 : Seishun no kiryū d'Osamu Fushimizu
- 1942 : Sakyū de Kenji Shimomura
- 1942 : Wakai sensei de Takeshi Satō
- 1942 : La Terre verte (Midori no daichi?) de Yasujirō Shimazu
- 1942 : La Carte d’une mère (母の地図, Haha no chizu?) de Yasujirō Shimazu
- 1942 : La Bataille navale à Hawaï et au large de la Malaisie (Hawai Marē oki kaisen?) de Kajirō Yamamoto : Kikuko Tomoda
- 1943 : La Guerre de l'opium (Ahen sensō?) de Masahiro Makino : Ai Lang
- 1943 : Les Kamikazes de la tour de guet (Bōrō no kesshitai?) de Tadashi Imai
- 1943 : Wakaki hi no yorokobi de Takeshi Satō
- 1943 : Vers la guerre décisive dans le ciel (Kessen no ōzora e?) de Kunio Watanabe
- 1943 : Vent chaud (Neppū?) de Satsuo Yamamoto
- 1944 : La Mer en colère (Ikari no umi?) de Tadashi Imai
- 1945 : Kita no san-nin de Kiyoshi Saeki
- 1946 : Midori no fūrusatō de Kunio Watanabe
- 1946 : Reijin de Kunio Watanabe
- 1946 : Je ne regrette rien de ma jeunesse (Waga seishun ni kuinashi?) d'Akira Kurosawa : Yukie Yagihara
- 1947 : Kakedashi jidai de Kiyoshi Saeki
- 1947 : Le Bal de la famille Anjo (Anjō-ke no butōkai?) de Kōzaburō Yoshimura : Atsuko
- 1947 : Onna dake no yoru de Fumindo Kurata
- 1947 : Sanbon yubi no otoko de Sadatsugu Matsuda
- 1948 : Tentation (Yuwaku?) de Kōzaburō Yoshimura
- 1948 : Toki no teisō: Zenpen de Ren Yoshimura
- 1948 : Toki no teisō: Kōhen de Ren Yoshimura
- 1948 : Fuji sanchō de Kiyoshi Saeki
- 1948 : Taifuken no onna de Hideo Ōba
- 1948 : Kōfuku no genkai de Keigo Kimura
- 1949 : Tono-sama hoteru de Fumindo Kurata
- 1949 : Un toast pour mademoiselle (Ojōsan kanpai?) de Keisuke Kinoshita : Yasuko Ikeda
- 1949 : La Montagne bleue (Aoi sanmyaku?) de Tadashi Imai : Yukiko Shimazaki
- 1949 : La Montagne bleue (seconde partie) (Zoku aoi sanmyaku?) de Tadashi Imai : Yukiko Shimazaki
- 1949 : Printemps tardif (Banshun?) de Yasujirō Ozu : Noriko Somiya
- 1950 : Shirayuki-sensei to kodomo-tachi de Ren Yoshimura : Kayoko Amamiya
- 1950 : Joi no shinsatsushitsu de Ren Yoshimura
- 1950 : Arupusu monogatari: Yasei de Tsutomu Sawamura
- 1950 : Nanairo no hana de Masahisa Sunohara (en)
- 1951 : L’Idiot (Hakuchi?) d'Akira Kurosawa : Taeko Nasu
- 1951 : Été précoce (Bakushū?) de Yasujirō Ozu : Noriko
- 1951 : Le Repas de Mikio Naruse : Michiyo Okamoto
- 1952 : Le Vent, encore (Kaze futatabi?) de Shirō Toyoda
- 1952 : Kin no tamago de Yasuki Chiba
- 1952 : Tōkyō no koibito de Yasuki Chiba : Yuki
- 1953 : Koi no fūunji de Kajirō Yamamoto
- 1953 : Shirauo de Hisatora Kumagai
- 1953 : Voyage à Tokyo (Tōkyō monogatari?) de Yasujirō Ozu : Noriko
- 1954 : Le Grondement de la montagne (Yama no oto?) de Mikio Naruse : Kikuko Ogata
- 1955 : Nobuko dans les nuages (Non-chan kumo ni noru?) de Fumindo Kurata
- 1955 : Uruwashiki haha de Hisatora Kumagai
- 1956 : Pluie soudaine de Mikio Naruse : Fumiko
- 1956 : Aijō no kessan de Shin Saburi
- 1956 : Kon'yaku sanbagarasu de Toshio Sugie
- 1956 : Jōshū to tomo ni de Seiji Hisamatsu
- 1956 : Ani to sono imōto de Shūe Matsubayashi
- 1957 : Ōban de Yasuki Chiba
- 1957 : Crépuscule à Tokyo (Tōkyō boshoku?) de Yasujirō Ozu : Takako Numata
- 1957 : Chieko shō de Hisatora Kumagai
- 1957 : Zoku Ōban: Fūun hen de Yasuki Chiba
- 1957 : Saigo no dassō de Senkichi Taniguchi
- 1957 : Zokuzoku Ōban: Dōto uhen de Yasuki Chiba
- 1958 : Onna de aru koto de Yūzō Kawashima
- 1958 : Jours de congé à Tokyo (Tōkyō no kyūjitsu?) de Kajirō Yamamoto
- 1958 : Ōban: Kanketsu hen de Yasuki Chiba
- 1959 : Onna gokoro de Seiji Maruyama
- 1959 : La Naissance du Japon (Nippon tanjō?) de Hiroshi Inagaki
- 1960 : Robō no ishi de Seiji Hisamatsu
- 1960 : Filles, épouses et une mère (Musume tsuma haha?) de Mikio Naruse : Sanae Soga
- 1960 : Un médecin courageux (Fundoshi isha?) de Hiroshi Inagaki
- 1960 : Fin d'automne de Yasujirō Ozu : Akiko Miwa
- 1961 : Bojō no hito de Seiji Maruyama
- 1961 : Dernier Caprice (Kohayagawake no aki?) de Yasujirō Ozu : Akiko
- 1962 : Musume to watashi de Hiromichi Horikawa
- 1962 : Les 47 Rōnin (Chūshingura: Hana no maki, yuki no maki?) de Hiroshi Inagaki
Article Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Setsuko_Hara
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