De Man Henri
Henri De Man, né à Anvers le 17 novembre 1885, mort à Greng près de Morat (Suisse) le 20 juin 1953 est un homme politique belge. Dirigeant du Parti ouvrier belge, il devint l'un des théoriciens en vue du planisme et du néo-socialisme durant la dépression des années 1930.
Petit-fils, par sa mère, du poète flamand Jan van Beers. Il devient professeur de psychologie sociale. Il participe en 1930 au troisième cours universitaire de Davos, avec de nombreux intellectuels français et allemands. Il fut le vice-président puis le président du Parti ouvrier belge. Originellement, membre de l'aile gauche, il finira comme leader de son aile droite. À la mort d'Émile Vandervelde en 1938, il en devint le président. Pour des raisons à la fois intellectuelles (l'importance accordée à la psychologie, aux phénomènes nationaux), et pragmatiques (l'échec de son Plan du Travail), il s'éloigne du marxisme et de la démocratie pour finir par se ranger, selon Zeev Sternhell, dans une vision politique peu éloignée du fascisme (il faut toutefois dans ce cas estimer que tout mouvement antiparlementaire est de nature fasciste, ce qui revient à renvoyer dos à dos extrême-gauche et extrême-droite, une thèse qui n'est partagée ni par les intéressés ni par d'autres historiens du domaine tels que Pierre Milza).
Durant la « campagne des dix-huit jours » il fut aux côtés de Léopold III, le poussant (selon Henri Bernard), à la capitulation. Après celle-ci il publia un Manifeste à l'intention des membres du POB qui était favorable aux Allemands, estimant que pour les classes laborieuses, la défaite était l'écroulement d'un monde vermoulu et que loin d'être un désastre, elle était une Libération. Néanmoins, de Man se rend très rapidement compte que cette analyse est illusoire. En 1941, il est exclu de la politique par les autorités allemandes à cause de ses positions 'belgicistes' et en 1944, au moment de la libération de Paris, s'exile en Suisse pour éviter les poursuites en Belgique.
Après la guerre, sa position en faveur de l'occupant lui vaut d'être condamné in absentia à vingt ans de prison pour trahison. Il meurt en 1953 happé par un convoi ferroviaire alors qu'il franchissait un passage à niveau à Greng près de Morat. Son neveu Paul de Man fut un critique littéraire célèbre aux États-Unis. Appartenant au courant des socialistes non léninistes, ce penseur belge estime que le marxisme étant avant tout un comportement, une sorte d'éthique de vie, il est possible d'y rester fidèle tout en s'en écartant. Il développe cette idée dans 3 principaux ouvrages : Au-delà du marxisme (1927), les Thèses d'Oppenheim (1928), Idée socialiste (1935). Ses principaux axes de dépassement du marxisme sont les suivants :
- Sur le plan philosophique, Henri De Man critique surtout le déterminisme marxiste, en expliquant que la morale, la psychologie et la volonté humaine sont des facteurs essentiels dans le déroulement historique, que Marx a eu tort de négliger.
- Sur le plan sociologique, comme Jaurès, De Man récuse la distinction rigide entre deux classes sociales s'affrontant violemment : il n'y a pas que la bourgeoisie et le prolétariat, mais une infinité de classes sociales, et l'on passe insensiblement de l'une à l'autre (selon le principe kantien de continuité des formes).
- Sur le plan moral et psychologique, De Man estime que la grande erreur de Marx, à la fois tactique et épistémologique, est d'avoir écarté le fameux « opium du peuple » : la religion. Or, selon lui, le socialisme ne permettra l'épanouissement complet de l'homme, que dans la mesure où il ralliera à lui les croyants, qui vont apporter aux autres le soutien fondamental d'une morale métaphysique et des valeurs sur lesquelles s'appuyer.
- Sur le plan politique, De Man estime que l'analyse sociologique de Marx sur la vie politique était déjà erronée de son temps, en ceci qu'il n'a pas vu que le véritable pouvoir est détenu par les fonctionnaires et les hommes politiques.