Sullerot Évelyne

Publié le par Mémoires de Guerre

Évelyne Sullerot, née le 10 octobre 1924 à Montrouge (Seine) et morte le 31 mars 2017 à Paris, est une sociologue et militante féministe française, auteur de nombreux ouvrages sur la cause des femmes et la famille, et co-fondatrice de l'ancêtre du mouvement français pour le planning familial.

 

Sullerot Évelyne
Sullerot Évelyne
Sullerot Évelyne

Issue d'une famille protestante, Évelyne Sullerot est la fille d'André Hammel et de Georgette Roustain. Pendant son année de philosophie, elle fut arrêtée puis jugée à Nîmes par la police de Vichy pour « propagande antinationale et propos hostiles au chef de l'État ». Libérée et revenue en zone occupée, elle entre alors dans la résistance à l'OCMJ (Organisation civile et militaire des jeunes). Évelyne Sullerot fait ses débuts comme enseignante (1947-1949). En 1956, elle est fondatrice, avec Marie-Andrée Lagroua Weill-Hallé, qui est médecin, de l'association La Maternité heureuse et en devient la secrétaire générale (1955-1958). Cette association devient en 1960 le Mouvement français pour le planning familial. Elle réalise une thèse de doctorat à l'Institut français de presse (1965). Elle est ensuite chercheur au Centre d’études des communications de masse de l’École pratique des hautes études (1960-1963), professeur à l’Institut français de presse (1963-1968), chargée de cours à la faculté des lettres de Paris X Nanterre (1967), professeur à l’Université libre de Bruxelles (1966-1968), expert auprès des Communautés économiques européennes (1969-1992) et du Bureau international du travail (1970).

Elle est fondatrice et présidente des centres Retravailler, à l'origine de la première méthode d'orientation professionnelle pour adultes. De (1974 à 1989), elle est membre du Conseil économique et social, et membre de la commission nationale consultative des droits de l’Homme (1986-1999). En 1999, elle est élue membre correspondant de l’Académie des sciences morales et politiques, section « Morale et sociologie ». En 2000, elle est promue commandeur dans l'ordre de la Légion d'honneur, puis grand officier en 2010. Elle est ancienne membre de la Commission française de l’Unesco. En 1956, Évelyne Sullerot co-fonde l'association « Maternité heureuse », qui deviendra en 1960 le mouvement français pour le planning familial. Elle écrit par la suite de nombreux ouvrages féministes à succès. En 1965, Evelyne Sullerot, en compagnie de Madeleine Guilbert, Marguerite Thibert, Gisèle Halimi, Colette Audry, Andrée Michel, participa au Mouvement démocratique féminin, sorte d’union de la gauche avant la lettre qui soutint la candidature de François Mitterrand aux présidentielles de 1965 et voulait unir socialisme et féminisme. En 1967, elle fait à l'Université Paris X Nanterre un cours sur les études consacrées aux femmes : de la génétique à la place des femmes dans la vie politique, en passant par la sociologie et le travail des femmes. En 1968, par son rapport sur « L'emploi des femmes et ses problèmes dans la CEE », elle est à l'origine de la « directive européenne sur l'égalité de traitement entre hommes et femmes ». 

En 1984, l'Union européenne lui demande un rapport sur la diversification des choix professionnels des jeunes filles et des femmes dans lequel elle formule 80 « recommandations » dont 78 seront adoptées par le Conseil de l'Union européenne. En 2000, elle est élue présidente, puis présidente d'honneur de l'association « Population et Avenir », vice-présidente des « Associations familiales protestantes », vice-présidente de la « Fédération nationale des associations de prévention de la toxicomanie ». Récemment, dans son ouvrage intitulé Pilule, sexe et ADN, trois révolutions qui ont bouleversé la famille, Évelyne Sullerot écrit notamment au sujet de la révolution sexuelle de 68 : « La révolution sexuelle au lieu de renforcer le couple, l’a fragilisé : le culte du plaisir immédiat l’a emporté sur le désir d’avenir et d’accomplissement par les enfants [le planning familial a] dérapé vers la guerre des sexes entraînant la négation du couple et l’élimination des pères ». Parlant de l'avortement : « J’étais contre le fait d’en faire un droit [...] Or aujourd'hui l’avortement est devenu une “contraception-bis”, et même “un droit à détruire”. » Évelyne Sullerot est attentive à la condition paternelle dans les affaires de divorce et, en 1992, elle publie un ouvrage analysant la situation et proposant quelques remèdes : Quels pères, quels fils ? Elle entre dans le comité d'honneur de l'association SOS Papa, dont elle devient la marraine en 2005. Évelyne Sullerot est mariée avec François Sullerot, et mère de quatre enfants. Elle meurt le 31 mars 2017 des suites d'un cancer, à l'âge de 92 ans, quelques jours avant la publication de son dernier livre retraçant ses actions, L’Insoumise. Femmes, famille : les combats d’une vie.

Publié dans Scientifiques

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article