Andrzej Sebastian Duda, né le 16 mai 1972 à Cracovie, est un homme d'État polonais, président de la République depuis le 6 août 2015.
Juriste de profession, il entame sa carrière politique en 2000 en adhérant à l'Union pour la liberté (UW), parti centriste et libéral. En 2005, il rejoint le parti conservateur Droit et justice (PiS), fondé par les frères Kaczyński, dont il devient l'un des collaborateurs. En 2006, il est nommé sous-secrétaire d'État au sein du ministère de la Justice dans le gouvernement Jarosław Kaczyński. Il quitte cette fonction après la défaite des conservateurs aux élections législatives de 2007, où il est lui-même battu dans la circonscription de Tarnów. Il entre en 2008 au service du président de la République, Lech Kaczyński, en devenant sous-secrétaire d'État de la chancellerie présidentielle. Après la mort de celui-ci, il est désigné porte-parole de Jarosław Kaczyński pour l'élection présidentielle anticipée de 2010. Il quitte la chancellerie présidentielle à la suite de la victoire du libéral Bronisław Komorowski, et devient député européen à la suite des élections européennes de 2014. Candidat du PiS à l'élection présidentielle de 2015, il est élu président de la République face à Bronisław Komorowski, pourtant longtemps donné réélu.
Alors qu'il fréquente le lycée Jan III Sobieski de Cracovie, Andrzej Duda fait partie du mouvement scout polonais entre 1984 et 1990. En 1994, il épouse Agata Kornhauser, fille du poète Julian Kornhauser, avec qui il a une fille, Kinga, née en 1995. Deux ans plus tard, en 1996, il sort diplômé de la faculté de droit et d'administration de l'université Jagellon, puis intègre, un an plus tard, le département de procédure administrative de cette même université. Parlant anglais, il comprend aussi le russe et l'allemand. Andrzej Duda est proche de l'ancien président du Conseil des ministres Jarosław Kaczyński. Il a ainsi été sous-secrétaire d'État du ministère de la Justice quand ce dernier dirigeait le gouvernement. Il quitte ce poste après la défaite du PiS aux élections législatives du 21 octobre 2007 pour travailler auprès de Lech Kaczynski, comme sous-secrétaire d'État à la chancellerie présidentielle. Parallèlement, il intègre le tribunal d'État. Duda participe activement à la campagne du chef du parti Droit et justice pour l'élection présidentielle anticipée de 2010 qui fait suite à la mort accidentelle de Lech Kaczyński, frère jumeau de Jarosław et président de la République depuis 2005.
Il se voit élu député à la Diète lors des élections législatives du 9 octobre 2011, totalisant 79 981 votes préférentiels dans la circonscription de Cracovie-II. Il réalise le meilleur résultat du territoire, devant le libéral Jarosław Gowin. Porte-parole de Droit et justice de novembre 2013 à janvier 2014, il est présenté comme un cadre important du parti conservateur et fait figure de successeur présumé de Kaczyński. Il entre au Parlement européen à l'issue des élections européennes du 25 mai 2014 avec 97 996 suffrages de préférence dans la circonscription de Cracovie. Il rejoint alors le groupe des Conservateurs et réformistes européens (ECR) et la commission des Affaires juridiques. Le 11 novembre 2014, contrairement à ce qu'il avait précédemment annoncé, Jarosław Kaczyński renonce à briguer une fois encore la présidence de la République, préférant soutenir la candidature d'Andrzej Duda à l'élection présidentielle de 2015. Ce choix surprend les médias et les spécialistes, compte tenu de la faible expérience d'Andrzej Duda. Il fonde sa campagne présidentielle sur les aspirations sociales du pays, quand bien même la politique sociale dépend du seul gouvernement et non pas du président. Néanmoins, le 10 mai 2015, alors que tous les sondages le donnaient distancé par le président sortant, Bronisław Komorowski, il arrive en tête du premier tour avec 34,77 % des voix, devançant le chef de l'État sortant qui obtient 33,76 %.
Andrzej Duda remporte le second tour, le 24 mai 2015, avec 51,55 % de voix face à Bronisław Komorowski, qui recueille 48,45 %. Il s'agit de l'élection présidentielle la plus serrée de l'histoire de la Pologne. Le 25 mai 2015, il démissionne de son siège de député européen. Parmi ses promesses de campagne figurent le gel sous son mandat de l'adoption de l'euro ainsi que l'abaissement de l'âge de départ à la retraite, passant de 67 à 65 ans, comme avant la réforme menée par Donald Tusk. Andrzej Duda devient, après sa prestation de serment le 6 août 2015 devant l'Assemblée nationale, le 10e président de la République de Pologne et le sixième président de la IIIe République. Réputé eurosceptique, comme le PiS, qu'il a quitté avant de prendre ses fonctions, il appelle, dans un discours inaugural, à « soigner la cohésion de l'Union européenne »9, tout en réclamant que soient davantage pris en compte « les intérêts » du pays. De même, il souligne, dans son discours, le « besoin de garanties supplémentaires » de l'OTAN vis-à-vis de la Pologne, mais aussi de l'Europe centrale et de l'Est, compte tenu de la « situation géopolitique difficile », faisant ici référence à la situation de l'Ukraine, pays frontalier de la Pologne. Il s'entoure comme plus proches collaborateurs de jeunes députés issus de Droit et justice. Au lendemain de son entrée en fonction, il nomme effectivement Małgorzata Sadurska, 40 ans, chef de la chancellerie, et Adam Kwiatkowski, 42 ans, chef de cabinet.
Son arrivée à la présidence de la République marque le début d'une nouvelle cohabitation entre son parti Droit et justice et le parti Plate-forme civique de la présidente du Conseil, Ewa Kopacz10. Mais cette cohabitation prend fin avec la victoire de Droit et justice aux législatives d'octobre 2015. Le 12 novembre 2015, lors de la séance inaugurale du nouveau Parlement, le gouvernement de la présidente du Conseil sortante, Ewa Kopacz, présente sa démission. Andrzej Duda nomme alors Beata Szydło, issue des rangs du PiS, pour lui succéder. Le nouveau gouvernement prête serment le 16 novembre suivant. Le gouvernement fait voter plusieurs mesures promises par Andrzej Duda durant sa campagne présidentielle, notamment l'abaissement de l'âge légal de la retraite à 65 ans alors que les libéraux l'avait repoussé à 67 ans. En dépit des protestations de la Commission européenne, il signe, en décembre 2015, la loi introduisant la règle de la majorité qualifiée des deux tiers pour les décisions du Tribunal constitutionnel, qui se voit obligé de réunir, pour pouvoir statuer dans les cas de grande importance, 13 de ses 15 juges, au lieu de neuf auparavant. Lors des débats à la Diète sur le système judiciaire du pays, en juillet 2017, Andrzej Duda use de son droit d’initiative pour obtenir que l'élection des membres du Conseil national de la magistrature se fasse à une majorité qualifiée des trois cinquièmes de la Diète, et non à la majorité simple comme le prévoyait le texte soutenu par le gouvernement.
Après le vote du Parlement, il oppose son veto à deux lois : une sur la Cour suprême et l'autre sur le statut du Conseil national de la magistrature. Il déclare qu'« il n’y a pas en Pologne de tradition juridique et constitutionnelle pour des prérogatives aussi larges du procureur général [qui est aussi le ministre de la Justice] en matière de nomination des juges ». Jusqu'ici présenté comme très dépendant de la majorité conservatrice et notamment de Jarosław Kaczyński, il se voit critiqué par les responsables du PiS, y compris par la présidente du Conseil des ministres, Beata Szydło. Il ne tient cependant pas compte des appels de l'opposition à un veto sur le troisième texte voté par la majorité prévoyant que les présidents de juridictions ordinaires soient nommés par le ministre de la Justice sans consultation préalable des assemblées générales des juges et, en cas d'avis négatif de ces dernières, du Conseil national de la magistrature. Un accord est trouvé en novembre entre Andrzej Duda et le PiS au sujet des mesures visées par le double veto présidentiel. Le président Duda promulgue les deux lois le 20 décembre 2017, le jour même où, pour la première fois de son histoire, la Commission européenne annonce le recours à l’article 7 du traité sur l'Union européenne à l'égard de la Pologne en raison d'« un risque clair d'une violation grave de l'État de droit » du fait des lois votées depuis le retour des conservateurs au pouvoir. Le 3 mai 2017, il annonce son souhait d'organiser, d'ici à novembre 2018, un référendum visant à modifier le régime constitutionnel en vigueur en Pologne. Cette annonce ne constitue pas une surprise, le PiS étant opposé à la Constitution de 1997, qualifiée par Jarosław Kaczyński de « document postcommuniste ». Andrzej Duda, pour sa part, juge la Constitution floue et ambiguë sur un certain nombre de points, en particulier sur la répartition des pouvoirs entre les différentes autorités étatiques. En pleine guerre du Donbass, il renforce les liens de la Pologne avec l’Otan.