Kletzki Paul
Paul Kletzki (à l'origine Pawel Klecki) est un chef d'orchestre et compositeur polonais, naturalisé suisse, né à Łódź le 21 mars 1900 et décédé en répétition d'orchestre à Liverpool le 5 mars 1973.
Il intègre l'Orchestre de la Philharmonie de Łódź , à l'âge de quinze ans. Il se rend ensuite à Varsovie, où il étudie le violon avec Emil Młynarski au Conservatoire National. Là, il suit également des cours de philosophie. Il rejoint Berlin en 1921 pour parachever sa formation. Ses talents de compositeur vont être encouragés et soutenus par Toscanini, puis par Furtwängler qui lui permettra même de diriger le fameux Orchestre philharmonique de Berlin en 1925. Mais la politique antisémite des dirigeants nationaux-socialistes allemands le contraindront à quitter Berlin. Débute pour lui une période d'émigrations successives : en Italie, il enseigne la composition à Milan, mais le régime mussolinien d'obédience fasciste provoque, à nouveau, son départ vers l'Union soviétique où il dirige l'Orchestre philharmonique de Kharkov en 1937-1938.
Là aussi, il ne peut y vivre sans crainte, compte tenu de la politique de Grande Terreur déclenchée par Staline dès 1936. Kletzki s'installera, en définitive, en Suisse. Il enseigne au conservatoire de Lausanne en 1944-1945. Pendant dix ans il est chef-invité notamment de l'orchestre national de France puis dirige l'Royal Liverpool philharmonic orchestra en 1954 et l'Orchestre symphonique de Dallas de 1958 à 1961. Il dirige dans les années 1960 l'Orchestre symphonique de Berne puis l'Orchestre de la Suisse romande. Paul Kletzki possédait de réels dons de compositeur : outre un concerto pour piano, un concerto pour violon et quatre quatuors à cordes, il compose trois symphonies dont l'émouvante Troisième Symphonie « In Memoriam », achevée en octobre 1939, qui rend hommage aux victimes du nazisme.
Kletzki, comme nombre de ses compatriotes, a perdu une grande partie de sa famille dans les camps d'extermination nazis. À partir de 1942, il cesse de composer, arguant que le nazisme avait annihilé ses facultés spirituelles et son pouvoir créatif. Il a créé des œuvres de Darius Milhaud (dont la symphonie no 11) et en 1943 la symphonie no 5 d'Alexandre Tansman. Kletzki a défendu, avec constance, les symphonies de Sibelius et de Mahler, à une époque où celles-ci n'avaient pas encore totalement convaincu le public. Il laisse, à la tête de la Philharmonie Tchèque, un enregistrement des symphonies de Beethoven, marqué par le souci d'objectivité et de clarté dans le détail.