Eugénisme sous le régime nazi

Publié le par Mémoires de Guerre

L'eugénisme est une des bases d'une politique eugéniste officielle du Troisième Reich dès 1933. Définie par un ensemble de lois et de décrets, cette politique s'est notamment traduite dans sa dimension criminelle par « l'euthanasie » des enfants handicapés, par le programme Aktion T4 d'euthanasie ainsi que par un vaste programme de stérilisations contraintes. On estime qu'environ 400 000 personnes furent stérilisées dans le cadre de ce programme entre 1933 et 1945. 

Eugénisme sous le régime nazi
Origines

Avant même l'arrivée d'Adolf Hitler au pouvoir, une majorité de scientifiques et une large partie de la classe politique allemande étaient favorables à l'eugénisme. Le concept pseudo-scientifique d'hygiène raciale avait été inventé bien avant le nazisme. Hitler s'est notamment inspiré de l'eugénisme américain, notamment de The International Jew. The world's Foremost Problem de Henry Ford dans lequel étaient présentées de manière très explicite et radicale ses propres conceptions antisémites et eugénistes dans la mouvance d'un courant eugéniste américain illustré entre autres par Madison Grant. Hitler considérait ainsi en 1924 à propos des États-Unis qu'« il y a aujourd'hui un pays où l'on peut voir les débuts d'une meilleure conception de la citoyenneté ».

Objectifs

La politique eugéniste propre à l'Allemagne nazie, qui s’insère dans un programme plus vaste que l’on peut qualifier d’ « eugénico-raciste » s'inscrit dans un ensemble de lois, circulaires et décrets. Les objectifs essentiels sont :

  • d'une part un « eugénisme positif », dit d'amélioration de la race, destiné à favoriser la fécondité des humains considérés comme supérieurs (politique nataliste, soutien familial, pouponnières, lebensborn...) ;
  • d'autre part un « eugénisme négatif », dit de défense raciale, destiné d'abord (dès 1933) à éliminer des maladies héréditaires, puis tout groupe humain considéré comme racialement inférieur ou « impur », ou encore socialement indésirable.
Le programme eugéniste nazi

La première étape est la loi de stérilisation eugénique du 14 juillet 1933 : Gesetz zur Verhütung erbkranken Nachwuchses « loi de prévention d'une descendance atteinte de maladie héréditaire ». 

Programme de stérilisations contraintes

Cette loi du 14 juillet 1933 est rédigée avec la participation active du docteur Arthur Gütt (médecin et haut fonctionnaire), de Falk Ruttke (juriste) et Ernst Rüdin (psychiatre suisse). Cette loi qui entre en vigueur le 1er janvier 1934 impose la stérilisation obligatoire pour les malades atteints de neuf maladies considérées comme héréditaires ou congénitales (entre parenthèses, la dénomination plus moderne s'en rapprochant) :

  • « imbécilité congénitale » (handicap mental).
  • schizophrénie.
  • « folie cyclique » (trouble bipolaire).
  • épilepsie héréditaires.
  • chorée de Huntington.
  • cécité héréditaire.
  • surdité héréditaire.
  • malformation congénitale grave.
  • l'alcoolisme chronique grave.

Ces stérilisations ont fait l'objet d'un quasi consensus dans la communauté médicale allemande. On estime qu’environ 400 000 personnes ont été stérilisées entre 1934 et 1945, en incluant les territoires annexés par l’Allemagne après 1937 où la loi fut aussi appliquée. 

Avortement

L'Allemagne a ainsi durci la législation contre l'avortement pour les femmes considérées comme supérieures, alors que dans le même temps la circulaire secrète de 1934 aux Offices de la santé du peuple autorisait l'avortement pour les femmes si une « descendance héréditairement malade » était considérée comme prévisible. Le décret secret du 19 novembre 1940 a été plus loin en rendant obligatoire l'avortement pour les femmes « inférieures ».

Dimensions sociale et raciale

D'autres pratiques ont été utilisées pour éliminer les personnes indésirables : euthanasie, camps de concentration pour les alcooliques, criminels, délinquants, asociaux divers, castration des criminels sexuels et des homosexuels, stérilisation des « bâtards de Rhénanie » (métis nés de mères allemandes et de pères, africains ou indochinois, des troupes coloniales françaises lors de l'occupation de la Rhénanie après la Première Guerre mondiale), élimination des handicapés, extermination des Tziganes et des Juifs. 

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