Genevoix Maurice

Publié le par Mémoires de Guerre

Maurice Genevoix, né le 29 novembre 1890 à Decize (France) et mort le 8 septembre 1980 à Xàbia (Espagne), est un écrivain et poète français, membre de l'Académie française. L’ensemble de son œuvre témoigne des relations d’accord entre les Hommes, entre l’Homme et la nature, mais aussi entre l'Homme et la mort. Alors qu'il est héritier du réalisme, son écriture est servie par une mémoire vive, le souci d'exactitude et le sens poétique. Normalien, il admire tout autant l’éloquence des artisans ou des paysans. D’une grande vitalité malgré ses blessures reçues au combat lors de la Première Guerre mondiale, et animé de la volonté de témoigner, il écrit jusqu’à ses derniers jours. Son œuvre, portée par le souci de perpétuer ce qu'il a tenu pour mémorable, produit d'une grande longévité littéraire, rassemble 56 ouvrages. 

Il est surtout connu pour ses livres régionalistes inspirés par la Sologne et le Val de Loire, comme son roman Raboliot (prix Goncourt 1925). Il a cependant dépassé le simple roman du terroir par son sobre talent poétique qui, associé à sa profonde connaissance de la nature, a donné des romans-poèmes admirés, comme La Dernière Harde (1938) ou La Forêt perdue (1967). Son œuvre est également marquée par le traumatisme de la Grande Guerre (1914-1918), particulièrement dans Ceux de 14, recueil de récits de guerre rassemblés en 1949, considéré comme l'un des plus grands témoignages de ce conflit. Il s'est aussi penché plus largement et plus intimement sur sa vie en écrivant une autobiographie, Trente mille jours, publiée en 1980. Sur décision du président de la République française, Emmanuel Macron, les restes de Maurice Genevoix entrent au Panthéon le 11 novembre 2020. 

Genevoix Maurice
Enfance

Descendant d'un ancêtre genevois catholique ayant fui la Genève calviniste vers 1550-1560 pour rejoindre la Creuse, et dont le patronyme prend alors un x final, Maurice Genevoix est issu d'une famille de médecins et pharmaciens par sa lignée paternelle. Son père, Gabriel Genevoix, rencontre en 1889 Camille Balichon, fille d'un épicier en gros, à Châteauneuf-sur-Loire. Il naît en 1890 à Decize, dans la Nièvre, à 35 km en amont de Nevers. Un an plus tard, ses parents migrent à Châteauneuf-sur-Loire pour reprendre une affaire familiale, un « magasin » réunissant une épicerie et une mercerie. 

Il puisera de cette période la plupart des souvenirs évoqués dans Trente mille jours et Au cadran de mon clocher. Il tiendra pour un privilège d'avoir passé son enfance dans une bourgade rurale d'avant 1914. Son frère René naît en 1893. Alors qu'il n'a que douze ans, sa mère meurt le 14 mars 1903 d'une attaque d'éclampsie. De cette perte, il gardera une éternelle déchirure qui transparaîtra dans plusieurs romans, comme Fatou Cissé ou Un Jour. Le veuvage de son père le laisse esseulé. Il trouve cependant un réconfort sur les bords de la Loire où il passe son temps libre et où il puisera l'inspiration de ses futurs écrits (Rémi des rauches, la Boîte à pêche, Agnès, la Loire et les garçons). 

Études

Déclaré deuxième du canton au certificat d’études (il avait été reçu premier ex-aequo au vu des résultats, mais fut déclaré deuxième par le jury qui, voulant le départager de Benoist, posa des questions aux deux ex-aequo, jusqu'à ce que l'un d'eux, et ce fut Genevoix, ne puisse répondre à une question, celle de dire quelle rivière séparait la France et l'Espagne), il entre interne au lycée Pothier à Orléans. Il découvre alors « l’encasernement, la discipline, les sinistres et interminables promenades surveillées ». Il retracera cette période de sa vie dans l’Aventure est en nous. Puis il entre pensionnaire au lycée Lakanal à Sceaux, où il est khâgneux durant trois années (1908-1911). Il est admis à l’École normale supérieure de la rue d'Ulm. Il effectue une des deux années de service militaire, comme le permettait alors le statut particulier des jeunes Français admis aux grandes écoles. Il est affecté à Bordeaux, au 144e régiment d’infanterie. 

Il entre ensuite à l’École normale supérieure et, deux ans plus tard, présente son diplôme de fin d'études supérieures sur « le réalisme dans les romans de Maupassant ». C’est à cette période qu’il envisage une carrière littéraire. Mais ce seront les encouragements de Paul Dupuy l’incitant à écrire son témoignage de guerre qui l’emporteront sur l’orientation du jeune Genevoix. Il est alors cacique de sa promotion. Il lui reste à accomplir une dernière année d’études universitaires pour se présenter à l’agrégation et aborder une carrière universitaire. Il pense alors à se faire nommer comme lecteur dans une université étrangère pour connaître des formes de cultures originales, mais également afin de disposer de temps pour écrire. 

Il est mobilisé lors de la Première Guerre mondiale, le 2 août 1914, et sert comme sous-lieutenant au 106e régiment d’infanterie, dans la 8e compagnie jusqu'en octobre 1914, puis dans la 7e compagnie à partir de novembre 1914. Sa division, la 12e DI, appartient à la 3e armée commandée par le général Ruffey, qui est remplacé par le général Sarrail le 30 août 1914. Il participe à la bataille de la Marne et à la marche sur Verdun. Le 17 février 1915, la 24e brigade d'infanterie (106e et 132e RI) est chargée de reprendre la crête des Éparges. Du 17 février au 9 avril 1915 de violents combats se succèdent jusqu'à la prise définitive de la majeure partie de la crête par les troupes françaises. Les combats se poursuivront sans que les Allemands ne puissent reprendre la crête. Son meilleur ami dans cette guerre, un Saint-Cyrien, le lieutenant Robert Porchon (1894-1915), tombe au champ d'honneur le 20 février. Le 25 avril 1915, Maurice Genevoix (lieutenant commandant la 5e compagnie du 106e RI depuis le 20 mars 1915) est grièvement blessé dans des combats à Rupt-en-Woëvre près de la colline des Éparges.

    « Je suis tombé un genou à terre. Dur et sec, un choc a heurté mon bras gauche. Il saigne à flots saccadés. Je voudrais me lever, je ne peux pas. Mon bras tressaute au choc d'une deuxième balle et saigne par un trou. Mon genou pèse sur le sol comme si mon corps était en plomb. Ma tête s'incline et sous mes yeux un lambeau d’étoffe saute au choc mat d'une troisième balle. Je vois sur ma poitrine un profond sillon de chair rouge. »

La lettre du docteur Lagarrigue, adressée à Maurice Genevoix le 2 mai 1915, témoigne de la gravité de ses blessures :

    « Je suis navré de vous savoir si grièvement touché. Mon pauvre vieux, c'est avec une émotion profonde que je vous ai vu, accablé de fatigue et j'oserais dire de “gloire”, sur cette poussette incommode qui vous amenait à Morilly. Je n'ai pensé qu'à vous expédier au plus vite à Verdun, car votre pâleur m'inquiétait beaucoup. Je suis navré certes, mais rassuré maintenant ; je craignais le pire, et l'absence de nouvelles m'impressionnait péniblement. »

Il est soigné sept mois durant, conduit d'un hôpital à l'autre : Verdun, Vittel, Dijon, puis Bourges. Il doit peut-être en partie sa survie à sa remarquable condition physique. Les blessures reçues au bras et au flanc gauche le marquèrent pour le restant de sa vie. Il est réformé à 70 % d'invalidité et perd l'usage de la main gauche. Il retourne alors à Paris où il assure un service bénévole à la Father's Children Association, logeant à l'École normale. Le nouveau directeur de l'école, Gustave Lanson, lui propose de reprendre ses études afin de présenter l'agrégation. Maurice Genevoix refuse afin d'entreprendre la rédaction de son témoignage de guerre. 

Rencontre des Vernelles

Gravement atteint de la grippe espagnole en 1919, il retourne chez son père dans le Val de Loire, retrouvant le village de son enfance. Après avoir été écrivain de guerre, il entreprend la peinture du pays de Loire. En 1927, tirant parti du prix Goncourt décerné pour Raboliot (1925), il rachète une vieille masure au bord de la Loire à Saint-Denis-de-l'Hôtel, au hameau des Vernelles « une vieille maison, rêveuse, pleine de mémoire et souriant à ses secrets. » Il y passe un premier été avec le chat Rroû, période dont il tirera un roman du même nom. Après la mort de son père en juillet 1928, il s'y installe en 1929, pour un premier séjour de vingt ans. C'est dans cette maison, dans un bureau donnant sur la Loire, qu'il écrira la plupart de ses livres.

Le 25 août 1937, il épouse Yvonne Louise Montrosier (1908-1938), médecin originaire d'un village proche de Saint-Affrique, qui mourra l'année suivante. Il apprend la déclaration de guerre française alors qu'il est en voyage au Canada. De juin 1940 à début 1943, il quitte les Vernelles, en zone occupée, pour s'installer en Aveyron, chez ses beaux-parents. Il y écrit Sanglar (rebaptisé plus tard La Motte rouge), un épisode romanesque des guerres de religion, dont l'épigraphe d'un moine de Millau évoque à mi-mot l'Occupation : « c'était un temps fort calamiteux et misérable ». Il épouse le 27 février 1943 Suzanne Neyrolles (1911-2012), veuve, déjà mère d'une fille prénommée Françoise, puis rejoint les Vernelles, qu'il retrouve saccagées. En 1944 naît sa fille, Sylvie. 

Académie française

Il est élu sans concurrent à l’Académie française le 24 octobre 194626, le même jour qu’Étienne Gilson, puis reçu le 13 novembre 1947 par André Chaumeix au fauteuil de Joseph de Pesquidoux. Il s’était porté candidat plus tôt la même année au fauteuil de Louis Gillet mais s'était retiré devant Paul Claudel. Quatre ans plus tard, il s’installe à Paris, ville qu’il apprend à aimer, dans un appartement de l’Institut, quai Conti. Il devient secrétaire perpétuel de l’Académie française en octobre 1958, succédant à Georges Lecomte. De 1958 à 1963, il rédige personnellement le discours d'attribution à chaque lauréat des grands prix de littérature, du roman, de poésie ou d’histoire (Grand prix Gobert). Sous son impulsion, l’Académie française affirme sa présence et sa compétence au sein du Haut Comité de la langue française, créé en 1966, et du Conseil international de la langue française. 

Sous son autorité, ont été créées les commissions ministérielles de terminologie qui proposaient des équivalents aux termes anglais proliférant dans les vocabulaires scientifiques et techniques. Les propositions étaient soumises à l'Académie des sciences et à l'Académie française avant d'être officialisées par arrêté ministériel (le premier arrêté ministériel date de 1972). Il démissionne du poste de secrétaire perpétuel de l’Académie en janvier 1974, ce qu’aucun secrétaire perpétuel n'avait plus fait avant lui depuis Raynouard en 1826. À quatre-vingt-trois ans, il pense en effet qu’il a encore d'autres livres à écrire, devant pour cela se démettre de ses fonctions. D’aucuns verront dans cette démission l’expression de son goût pour la liberté. 

Retraite aux Vernelles

Maurice Genevoix quitte alors Paris pour retrouver Les Vernelles qu'il considère comme son port d'attache. Devenu octogénaire, il écrit régulièrement et publie Un Jour (1976), puis Lorelei (1978) et Trente mille jours (1980). À l'âge de 89 ans, il nourrit encore un projet de roman, traitant du passage de l'enfance à l'adolescence, avec l'intention de mettre en épigraphe une citation de Victor Hugo : « l'un des privilèges de la vieillesse, c'est d'avoir, outre son âge, tous les âges. » Il conserve jusqu'à sa mort ses facultés intellectuelles, il est même, pendant les dix dernières années de sa vie et jusqu'à sa mort, de 1970 à 1980, le président de la Société des Amis du Muséum national d'histoire naturelle32. Il a aussi présidé Défense de la langue française. 

Maurice Genevoix était favorable à la langue internationale espéranto comme en témoigne cette réponse à Pierre Delaire dans une émission radiodiffusée de la RTF du 18 février 1954 en jugeant notamment que « l'espéranto est en mesure d'exprimer les nuances les plus subtiles de la pensée et du sentiment (...) et il ne peut pas porter ombrage aux fidèles des langues nationales. » Il meurt d'une crise cardiaque le 8 septembre 1980, alors qu'il est en vacances dans sa maison d'Alsudia-Cansades, près de Xàbia (province d'Alicante) en Espagne. Sur sa table d'écrivain, il laisse inachevé son projet de roman intitulé Vent de mars, de même qu'un autre projet, Nouvelles espagnoles. Il fut enterré au cimetière de Passy (12e division) à Paris. Le 11 novembre 2020, sur décision du président Emmanuel Macron et après un report d'un an, ses cendres sont transférées au Panthéon. 

Œuvre

L'ensemble de l'œuvre de Maurice Genevoix procède du témoignage de ce qu'il tient pour mémorable : la vie dans une bourgade de province au bord de la Loire à la fin du XIXe siècle, les premiers mois de la Grande Guerre, les scènes de la nature et de la chasse en Sologne ou au Canada, le quotidien des hommes dans les colonies françaises. Ses livres sont plus souvent des récits que des fictions. Il est généralement présenté comme un écrivain sensible animé du désir de perpétuer. Il fait appel à sa mémoire sensorielle peu commune, mais chaque ouvrage est précédé d'une minutieuse recherche documentaire. 

Récits de guerre

L'œuvre de Genevoix doit à sa formation initiale d'écrivain de guerre. Il trouvera son registre dès le premier livre. Par la suite, il gardera le même souci d'exactitude et de précision dans l'évocation des instants gardés en mémoire. Il se révèle persuadé que toute exagération ne peut qu'affaiblir l'effet de la réalité, et n'aspire qu'à rester un témoin fidèle et scrupuleux40. Ses lectures l'y avaient préparé : à l'école de Maupassant, comme à celle de Stendhal et de Tolstoï, Maurice Genevoix avait appris la simplicité de la narration. En décembre 1915, ses carnets de guerre rassemblent quelques notes griffonnées (ordres de bataille, instructions diverses, liste des secteurs, dates). Les quatre premiers chapitres de Sous Verdun sont esquissés sur le front, dans les intervalles de repos. Le reste tient à l'exercice de la mémoire. Ces notes de guerre s'achèvent en effet très tôt, le 6 septembre 1914. Maurice Genevoix regrettait que l'on eût souvent donné une importance exagérée à ces carnets. 

Les lettres de 1915 qu'il écrivit, du front, au secrétaire général de l'École normale supérieure, Paul Dupuy, sont davantage documentées. Ernest Lavisse, directeur de l'école, avait chargé Paul Dupuy de conserver toute une correspondance des élèves envoyés au front, qui devait servir de documents pour rédiger plus tard une histoire de la guerre. Cette correspondance semble avoir depuis été égarée. Quelques mois plus tard, au terme du séjour hospitalier de Genevoix, Dupuy devient l'intercesseur auprès des éditions Hachette, en la personne de Guillaume Bréton, qui remet alors à l'ancien normalien un contrat pour un livre qu'il rédigera en quelques semaines. Entre-temps, Dupuy n'aura cessé d'exhorter Genevoix d'écrire, alors même que celui-ci n'avait pas encore quitté l'hôpital de Dijon, l'encourageant à reprendre jour par jour tous ses souvenirs. Ainsi écrit-il le 16 juin 1915 : « C'est votre pouvoir à vous de charger de sens les moindres mots ou les gestes les plus simples. » Puis le 20 juin 1915, se faisant plus pressant : « J'aurais un grand chagrin si tout ce qu'il y a d'art en toi demeure en l'état de puissance latente et ne se réalise pas dans la plus riche des matières. »

C'est le désir de témoigner qui le décide à écrire. Son récit, parfois interprété comme une thérapie par l'écriture, est servi par une mémoire sensorielle peu commune. Son témoignage de soldat, relaté dans cinq volumes écrits entre 1916 et 1923, tous parus chez Flammarion, et rassemblés par la suite sous le titre Ceux de 14, est un document précieux sur la vie des poilus. La censure s'est attardée sur les deux premiers récits qui, la guerre n'étant pas encore achevée, montrait trop la réalité des combats et, plus encore, relatait parfois des paniques. Les coupes furent de ce fait nombreuses (plus de 269 pages lors de la première édition). Ces écrits sont considérés comme l'une des plus grandes œuvres de guerre. 

Livres régionalistes

Une seconde période démarre avec Rémi des Rauches, roman publié en 1922, qui vaut à son auteur un prix Blumenthal. Le roman est une transposition littéraire de la guerre, la crue de la Loire évoquant la boue des Eparges, la nostalgie du village aimé, et le souvenir des camarades tués. Cette période féconde est couronnée par Raboliot qui obtient le prix Goncourt en 1925. Raboliot est un roman sur la Sologne où un anti-héros braconnier défend sa condition d'homme libre. Le soir même du prix, il reprend le train pour Châteauneuf, mettant comme son héros cette liberté au-dessus de tout. L'écrivain ne donnera pas suite à ce qui était alors, comme il s'en expliquera dans la préface à sa biographie Au cadran de mon clocher, les premiers volumes d'un cycle consacré au peuple de la Loire. Sa curiosité, tout autant qu'un constant besoin de poésie, auront raison de ce projet. Maurice Genevoix a été souvent qualifié d’écrivain régionaliste pour avoir souvent célébré le Val de Loire, étiquette qu'il n'aimait guère. Ses livres rapportant ses voyages à l'étranger, ses écrits de guerre, de même que les thèmes universels qu'il aborde, témoignent cependant d'une dimension beaucoup plus large de l'ensemble de son œuvre. 

Livres de voyages

Maurice Genevoix voulait enseigner à l'étranger. Contraint par ses blessures de choisir une autre orientation, il conserve cependant le goût du voyage. Il visite les grandes villes d'Afrique du Nord en 1934, puis parcourt le Canada durant quelques mois en 1939, de la Gaspésie aux Rocheuses. De sa rencontre avec deux trappeurs « alliant une bonhommie et une morosité agressive », il tire un roman, La Framboise et Bellehumeur. Puis il visite l'Afrique, précisément le Sénégal, la Guinée, le Soudan (1947) et le Niger, quelques années plus tard (1954). De son voyage en Guinée naît Fatou Cisse, un roman sur la condition des femmes en Afrique Noire. Il part également en Suède en 1945, et au Mexique en 1960. Mais il reste avant tout séduit par ce Canada sauvage qui le ramène à ses propres fondements : la forêt, le fleuve, mais aussi les bêtes libres. 

Romans-poèmes

Les romans-poèmes (Forêt voisine, la Dernière Harde, la Forêt perdue) que Maurice Genevoix écrit aux Vernelles sont des œuvres où il manifeste son talent poétique. Dans une interview relative à la Forêt perdue, il reconnaît que cette poésie convole avec la magie. Certains critiques considèrent ces romans-poèmes, qui accordent une grande part à la description de la vie animale et à la chasse, comme des romans spécialisés49. La Dernière Harde, pourtant dénué de péripéties mais touchant, comme la Forêt perdue, à une certaine grandeur épique, est considéré par certains écrivains comme le meilleur roman de Maurice Genevoix. Le songe n'est jamais loin dans cette partie de l'œuvre. « L'histoire que voici, je l'ai rêvée à partir d'un mot », prévient-il en préface de La Forêt perdue. Les décors aquatiques de la Loire, présents dans plusieurs autres romans, invitent au rêve. Maurice Genevoix fera partie des premiers comités de la Société des poètes et artistes de France à la fin des années 1950 et au début des années 1960. 

Maurice Genevoix, mobilisé en août 1914, pose chez un portraitiste de Verdun, peu de temps avant d'être blessé en avril 1915

Maurice Genevoix, mobilisé en août 1914, pose chez un portraitiste de Verdun, peu de temps avant d'être blessé en avril 1915

Publications

Romans et récits

  • Sous Verdun, août-octobre 1914 (coll. « Mémoires et récits de guerre », Flammarion, 1916)
  • Nuits de guerre (Hauts de Meuse) (Flammarion, 1917)
  • Au seuil des guitounes (Flammarion, 1918)
  • Jeanne Robelin (Flammarion, 1920)
  • La Boue (Flammarion, 1921)
  • Remi des Rauches (Garnier-Flammarion, 1922 ; Flammarion, 1993)
  • Les Éparges100 (Flammarion, 1923)
  • La Joie (Flammarion, 1924)
  • Euthymos, vainqueur olympique (Plon, 1924 ; nouvelle version sous le titre Vaincre à Olympie, Paris, Le Livre contemporain, 1960 ; Stock, 1977 ; Le Rocher, 2004)
  • Raboliot (Grasset, 1925, couverture illustrée par André Deslignères ; Le Livre de poche no 692 ; une réédition illustrée de bois de Louis-Joseph Soulas a paru aux Editions Fenis, 1928) Prix Goncourt 1925.
  • La Boîte à pêche (Grasset, 1926 ; réédition munie d'eaux-fortes de Gaston Barret aux éditions Vialetay, 1957 ; Les Cahiers Rouges, 1983)
  • Les Mains vides (Grasset-Seuil, 1928 ; réédition illustrée par Constant Le Breton, J. Ferenczi & fils, 1931 ; Le Seuil, 1987 ; Points Roman n° R622)
  • Cyrille (Flammarion, 1929) ; réédité sous le titre La Maison du Mesnil (Le Seuil, 1982 ; Points Roman n° R451)
  • L'Assassin (Plon, 1930 ; Le Rocher, 1999)
  • Forêt voisine, avec eaux-fortes (Paris, Société de Saint-Eloy, 1931 ; Flammarion, 1933 ; réédition avec 18 photos couleur h.t. par Gautier-Languereau, coll. « Nouveaux Bibliophiles », 1976 - arch. pers.)
  • H.O.E. (coll. « Témoignages de combattants français », 8e livre, Les Étincelles, 1931)
  • Rroû (Flammarion, 1931 ; La Table Ronde, 2010)
  • Hommage à Charles Péguy, par Marcel Abraham, Maurice Genevoix et autres (Gallimard)
  • Gai-L'Amour (Plon, 1932 ; Le Rocher, 2000)
  • Marcheloup - Un homme et sa vie, tome I (Plon, 1934)
  • Tête baissée - Un homme et sa vie, tome II (Plon, 1935)
  • Bernard - Un homme et sa vie, tome III (Plon, 1938 ; Flammarion, 1992)
    • Les trois tomes ont été réunis sous le titre Marcheloup, un homme et trois générations par les Éditions Bartillat.
  • Le Jardin dans l'île (Plon, 1936 ; Presses-Pocket no 3935)
  • Les Compagnons de l'Aubépin, récit pour écoliers (Livre de lecture courante, Hachette, 1937 ; Flammarion, 1938, 1950)
  • La Dernière Harde (Flammarion, 1938 ; Garnier-Flammarion, 1988 ; C. Herissey, 2006)
  • L'hirondelle qui fit le printemps (Flammarion, 1941) (contes pour enfants)
  • Laframboise et Bellehumeur (Flammarion, 1942)
  • Canada (Flammarion, (1943, 1945)
  • Eva Charlebois (Flammarion, 1944)101
  • Sanglar (Flammarion, Plon, 1946 ; réédité sous le titre La Motte rouge par Le Seuil, 1979)
  • L'Écureuil du Bois-Bourru (Flammarion, 1947)
  • 63° 30 (nouvelle dans France-Illustration littéraire et théâtrale, no 7, septembre 1947, Paris)
  • Afrique blanche, Afrique noire (Flammarion, 1949 ; réédité par Éditions Grandvaux, 2009)
  • Ceux de 14, roman (comprenant Sous Verdun / Nuits de guerre / La Boue / Les Éparges) (éditions G. Durassié & Cie, 1949 ; édition définitive, Flammarion, 1950 ; Points n° P231, 2007)
  • Le Chevalet de campagne, illustré de lithographies de Roger Reboussin (Paris, Durel, 1950)
  • L'aventure est en nous (Flammarion, 1952)
  • Fatou Cissé (Flammarion, 1954), réédité en 1992 (ISBN 978-2080602558)
  • Vlaminck (Flammarion, 1954)
  • Claude Rameau (Innothéra, 1955)
  • Le Petit Chat (ill. de photographies de Ergy Landau) (Arts et Métiers Graphiques, 1957)
  • Le Roman de Renard (Plon, 1958 ; réédité par Garnier-Flammarion, 1991 ; Presses-Pocket no 2615)
  • Routes de l'aventure (Plon, 1959)
  • Mon ami l'écureuil (Éditions Bias, 1959 ; Hachette-Jeunesse, 1988) (conte pour les enfants)
  • Au cadran de mon clocher (Plon, 1960 ; Presses-Pocket no 10280)
  • Jeux de glaces (Namur, Wesmael-Charlier, 1961)
  • Les Deux Lutins (illustré par Elisabeth Ivanovsky) (Casterman, 1961)
  • La Loire, Agnès et les Garçons (Plon, 1962 ; Presses-Pocket no 4055 ; Le Rocher, 2000)
  • Derrière les collines (Plon, 1963)
  • Beau-François (Plon, 1965 ; Presses-Pocket no 2229)
  • André Maurois (Livres de France, revue littéraire mensuelle, juin-juillet 1965, p. 2-5)
  • Christian Caillard (Bibliothèque des Arts, 1965)
  • La Forêt perdue (Plon, 1967 ; Presses-Pocket no 1862)
  • Images pour un jardin sans murs (Plon, 1967 ; Éditions du Rocher, 2007)
  • Jardin sans murs (comprenant Le Jardin dans l'île / Images pour un jardin sans murs) (Plon, 1968 ; Le Rocher, 2007)
  • Tendre Bestiaire (Plon, 1969 ; nouvelle édition préfacée par Denis Miannay102, Presses-Pocket no 3176, 1989)
  • Bestiaire enchanté (Plon, 1969 ; nouvelle édition préfacée par Denis Miannay, Presses-Pocket no 3175, 1989 ; Anne Carrière, 2000)
  • Bestiaire sans oubli (Plon, 1971)
    • Ces trois Bestiaires ont été réunis dans Maurice Genevoix illustre ses Bestiaires, une édition illustrée par l'auteur, Plon, 1972 ; réédition préfacée par Denis Miannay, Presses-Pocket, 1989.
  • La Grèce de Caramanlis (Plon, 1972)
  • La Mort de près (Plon, 1972)
  • Deux Fauves (comprenant L'Assassin et Gai-L'Amour) (Plon, 1974)
  • La Perpétuité (Julliard, 1974)
  • Un homme et sa vie (comprenant Marcheloup / Tête baissée / Bernard) (Plon, 1974)
  • Un jour (Le Seuil, 1976 ; Points Roman n° R20)
  • Lorelei (Le Seuil, 1978 ; Points Roman n° R244)
  • La Motte rouge (Le Seuil, 1979 ; Points Roman n° R33)
  • Trente Mille Jours, autobiographie (Seuil, 1980 ; Points n° P222)
  • L'Enfant et le Château (éd. d'art J. Danon, 1980)

Publications posthumes et anthologies

  • Romans, Récits et Contes (Plon, 1995)
  • La Chèvre aux loups (illustrations Rébecca Dautremer) (publié à titre posthume par Gautier-Languereau, 1996 ; Hachette-Jeunesse no 1216, 2006103)
  • Trente Mille Jours (comprenant Un jour / Au cadran de mon clocher / La Loire / Agnès et les garçons / Forêt voisine / Lorelei / Jeux de glace / La perpétuité) (Omnibus, 2000)
  • Val de Loire terre des hommes (dessins de Michel Gassies) (C. Pirot, 2004)

Discours

  • 1934 : Lycée Lakanal. Discours prononcé par Maurice Genevoix le 13 juillet 1934
  • 1947 : Discours de réception à l’Académie française prononcé par Maurice Genevoix le 13 novembre 1947 et réponse d’André Chaumeix. Institut de France, imprimerie Firmin-Didot
  • 1953 : Discours prononcé dans la séance publique tenue par l’Académie française pour la réception de M. le maréchal Juin, le 25 juin 1953. Institut de France. Publications 1953-15
  • 1958 : Discours. Pose d’une plaque sur la maison de Claude Farrère à Erromardie (Saint-Jean-de-Luz), le 3 septembre 1958. Institut de France. Publications 1958-16 (Firmin-Didot)
  • 1958 : Discours sur les prix littéraires. Séance publique annuelle, 18 décembre 1958. Institut de France. Publications 1958-34 (Firmin-Didot)
  • 1959 : Discours sur les prix littéraires. Séance publique annuelle, 17 décembre 1959. Institut de France. Publications 1959-25 (Firmin-Didot)
  • 1958, 1959, 1960, 1961, 1963, 1964, 1965, 1966, 1967, 1968, 1969, 1970, 1971, 1972 : Discours sur les prix littéraires. Séance publique annuelle. Institut de France (Firmin-Didot)
  • 1967 : Discours pour l’inauguration du mémorial de Verdun le 17 septembre 1967
  • 1968 : Discours prononcé à la Butte Chalmont le 18 juillet 1968

Adaptations cinématographiques ou télévisées

Plusieurs romans de Maurice Genevoix ont été portés au grand ou au petit écran.

  • Raboliot (1945), de Jacques Daroy, avec Julien Bertaud dans le rôle du braconnier, Blanchette Brunoy et Lise Delamare.
  • Raboliot (1972), film télévisé de Jean-Marie Coldefy, avec Pierre Rousseau dans le rôle principal, Christian Bouillette et François Dyrek.
  • La Loire, Agnès et les garçons (1973). ORTF Lille.
  • Vaincre à Olympie (1977), film télévisé réalisé par Michel Subiela et produit par Antenne 2, avec Jean Marais, Thierry Dufour et Claude Brosset.
  • Marcheloup (1981), film télévisé produit par Antenne 2.
  • Lorelei (1981), film télévisé produit par Antenne 2.
  • Raboliot (2007), film télévisé de Jean-Daniel Verhaeghe, avec Thierry Frémont dans le rôle principal, Thierry Gibault, Aurélie Bargeme et Julie Voisin.
  • Ceux de 14 (2014), série télévisée de 6 épisodes de Olivier Schatzky, produite par France 3 avec Théo Frilet dans le rôle principal.

Publié dans Ecrivains

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