Panot Mathilde
Mathilde Panot, née le 15 janvier 1989 à Tours, est une femme politique française. Membre de La France insoumise, elle est élue députée dans le Val-de-Marne en 2017.
Origines et formation
Mathilde Panot, fille d'une mère professeure et d'un père formateur en agronomie, est originaire de la banlieue d'Orléans. Elle passe son enfance et adolescence à Saint-Pryvé-Saint-Mesmin. Elle est titulaire d'un master en relations internationales de l'Institut d'études politiques de Paris ("Sciences Po", promotion 2013).
Parcours professionnel
Après avoir été bénévole d'ATD Quart monde à 18 ans, elle est salariée, jusqu'en 2016, de l'association Voisin Malin, où elle travaille comme manager d'équipe. L'association a pour but la solidarité entre habitants au sein des quartiers et comporte, en 2015, 11 intervenants rémunérés 12 heures par mois au smic. Son travail se rapproche du « community organizing », une méthode de mobilisation conçue aux États-Unis. Les missions de l'association sont diverses : information sur le dépistage du cancer du sein, accompagnement bancaire à La Poste, lutte contre les punaises de lit, etc. L'association est notamment active dans le quartier « sensible » de La Grande Borne, à Grigny.
Parcours politique
Son premier acte militant est sa participation au mouvement contre le contrat première embauche (CPE), en 2005. En 2012, à l’approche de la campagne présidentielle, on lui propose d'intégrer le bureau du Front de gauche à Sciences Po. En décembre 2015, elle participe à la création de l’association L’Ère du peuple avec Laurent Mafféïs et Bastien Lachaud. L'association a pour objectif de « servir de support technique et logistique à toutes les initiatives prises au service des idées développées par Jean-Luc Mélenchon pour réaliser la révolution citoyenne ». Mathilde Panot en est la secrétaire et Bastien Lachaud son trésorier. Elle est alors la salariée de l'association l'Ère du Peuple qui la rétribue selon France info 11 040 euros bruts pour 1 725 heures de travail (soit 2 208 € brut/mois) et selon LFI « près de 40 000 euros tous frais compris sur 9 mois », travail facturé 87 150 € au candidat Jean-Luc Mélenchon. Au lancement de la campagne de Jean-Luc Mélenchon dans le cadre de l'élection présidentielle française de 2017, Mathilde Panot devient coordinatrice des groupes d'appui de La France insoumise. Elle est également à l'initiative des « caravanes pour l'égalité des droits » dont le but est d'aller dans les quartiers populaires, là où le taux d'abstention est le plus élevé.
Députée depuis 2017
Lors des élections législatives de 2017, elle est élue députée de la dixième circonscription du Val-de-Marne face à la candidate de La République en Marche Sheerazed Boulkroun, avec 52,2 % des suffrages exprimés. À l'Assemblée nationale, elle est membre de la Commission du Développement durable et de l'Aménagement du territoire. Le 12 septembre 2018, après la nomination de François de Rugy au gouvernement, elle se présente à l'élection pour la présidence de l’Assemblée nationale, face notamment à Richard Ferrand, qui est élu. En 2018, elle est membre de la commission d’enquête sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires, qui met notamment en lumière des difficultés chez les 160 000 sous-traitants du secteur. En septembre 2019, elle fait une proposition de loi pour protéger ces travailleurs. Le 18 juin 2019, elle est élue à l'unanimité vice-présidente du groupe parlementaire La France insoumise à l'Assemblée nationale, une fonction qui n'existait pas jusque-là.
Le 1er octobre 2019, lors d'une visite en Algérie pour rencontrer des personnalités politiques et des militants participant au Hirak, Mathilde Panot est interpellée par la police à Béjaïa, un foyer de la contestation. Elle est reconduite à Alger. Le 2 février 2021, alors qu'elle va prendre la parole à l'Assemblée nationale, le député Pierre Henriet la qualifie de « poissonnière », une invective qu'elle qualifie d'« injure sexiste ». Elle fait une demande officielle de sanction et déclare : « Ce n’est pas une question personnelle. C’est notre institution qui ne doit pas laisser passer ça. Il y a beaucoup trop de sexisme à l’Assemblée nationale », rappelant des insultes lancées à l'encontre d'autres députées. Pierre Henriet lui présente ses excuses sur Twitter, tout en affirmant que son propos « n'est en rien une injure encore moins sexiste ». Le 9 février 2021, le député est sanctionné d'un rappel à l'ordre avec inscription au procès verbal, entraînant la privation d'un quart de son indemnité parlementaire pendant un mois. Le 26 février 2021, Mathilde Panot part à la rencontre d'une poissonnière dans le Morbihan qui s'était exprimée dans la presse sur l'incident, et l'accompagne dans sa journée de travail pour témoigner de la dureté de son métier.
Elle préside en 2021 une commission d’enquête « relative à la mainmise sur la ressource en eau par les intérêts privés et ses conséquences » en Guadeloupe, alors qu'un quart des habitants ne disposent plus d’un accès quotidien à l’eau potable. Le mardi 29 juin, elle interpelle le gouvernement sur la situation constatée sur place. Le 15 juillet 2021, elle présente le rapport final de la commission d'enquête, adopté à l'unanimité des membres de la commission. Le média en ligne Blast relève que la commission « a abattu un travail considérable » mais « n’est pas parvenue véritablement à répondre à la question, chacun [des acteurs de la distribution de l'eau] rejetant les responsabilités sur les autres… » Le principal responsable de l’effondrement du système guadeloupéen étant la gestion « abracadabrantesque », selon la chambre régionale des comptes, du SIAEAG, le syndicat intercommunal de l’eau et de l’assainissement, sur la période 2005/2011. Quelques mois plus tard, en décembre 2021, elle saisit avec deux autres députés la défenseure des droits pour « violation du droit à l'eau » des Guadeloupéens, ce qui impliquerait l'État français si la violation était avérée.
Présidente de groupe parlementaire
Le 12 octobre 2021, elle succède à Jean-Luc Mélenchon comme présidente du groupe parlementaire La France insoumise, et devient ainsi la plus jeune à avoir présidé un groupe parlementaire dans l'histoire de l'Assemblée nationale. Selon une étude de l'association Agir pour l'environnement, elle est par ses votes — avec Delphine Batho — la députée la plus écologiste de la XVe législature. Lors des législatives de 2022, elle figure parmi les quinze candidats à avoir dépassé 50% au 1er tour, dont onze de LFI, et a obtenu un des meilleurs scores nationaux de son parti. Le 21 juin 2022, Mathilde Panot est réélue à l’unanimité à la présidence du groupe La France insoumise (LFI) à l’Assemblée nationale.
Prises de position
En octobre 2017, elle demande la création d’une commission d’enquête sur l'action des pouvoirs publics vis-à-vis de l'ouragan Irma, puis une seconde sur les circonstances de l’assassinat du président du Conseil national révolutionnaire du Burkina Faso, Thomas Sankara. Engagée sur le thème de l'« écologie populaire », elle est chargée en 2018 par la France insoumise de la campagne « Sortir du nucléaire pour le 100% renouvelable ». Et elle organise une votation citoyenne sur le thème du nucléaire en France. 314 530 personnes votent entre le 11 et le 18 mars 2018, en ligne ou dans l'un des 2 000 points de votation. La sortie du nucléaire obtient 93 % des suffrages. À la suite des résultats de cette votation, elle présente une proposition de loi coécrite avec les citoyens pour la sortie du nucléaire et le développement des énergies renouvelables. Le 4 juin 2019, elle se bâillonne avec un foulard à la tribune de l'Assemblée nationale pour dénoncer la réforme du règlement de l’Assemblée nationale, qui réduit le temps de parole et le droit d'amendement des groupes politiques minoritaires.
En septembre 2019, elle lance avec Gaspard D'Allens, journaliste chez Reporterre, une « commission d'enquête citoyenne pour une gestion alternative des forêts », associant parlementaires, syndicalistes forestiers et membres d'associations de protection des forêts. Le 22 juillet 2020, une proposition de loi interdisant les coupes rases de plus de 2 hectares est déposée, cosignée par des députés des groupes Écologie Démocratie Solidarité, Communiste, Agir ensemble et Liberté et Territoires. De février à juillet 2021, elle préside une commission d'enquête sur la mainmise sur la ressource en eau par les intérêts privés et ses conséquences. La même année, elle met en place avec plusieurs organisations politiques, associatives et syndicales, une votation citoyenne sur l'eau. 294 912 personnes votent entre le 22 mars et 13 avril 2021, en ligne ou dans l'un des 20 132 points de votation. L'inscription du droit à l'eau et à l'assainissement dans la Constitution, ainsi que la protection de l'eau et l'interdiction de son accaparement par les multinationales obtiennent 99,61% des suffrages.