Le 23 décembre 1933, sur ordre du sous-préfet Antelme, le directeur du Crédit municipal de Bayonne, Gustave Tissier fut arrêté pour fraude et mise en circulation de faux bons au porteur pour un montant de 235 millions de francs. On découvrit rapidement que Tissier n'était que l'exécutant du fondateur du Crédit communal, Serge Alexandre Stavisky, qui avait organisé cette fraude sous la surveillance plutôt laxiste du député-maire de Bayonne, Dominique-Joseph Garat, qui sera condamné à deux ans. Alexandre Stavisky avait été poursuivi pour fraude à plusieurs reprises au cours des années précédentes. A la suite de cette arrestation, et en raison des liens étroits existant entre ces escrocs et des personnalités, le sous-préfet Antelme sera démis de ses fonctions. L'enquête, menée tambour battant, permit de découvrir les nombreuses relations entretenues par l'escroc dans les milieux de la police, de la presse et de la justice : le député Bonnaure, le sénateur Renoult, le ministre des Colonies et ancien ministre de la Justice Albert Dalimier, les directeurs de journaux Dubarry et Aymard avaient profité de ses largesses en échange de leur appui ; le procureur général Pressard, beau-frère du président du Conseil Camille Chautemps, avait fait en sorte que Stavisky vît son procès indéfiniment reporté.
Beaucoup de personnalités avaient été du dernier bien avec « le beau Sacha » et comptaient sur son silence, de sorte que lorsque la police retrouva Stavisky agonisant dans un chalet de Chamonix, le 7 janvier 1934, on se demanda à qui le suicide ou le crime (car les circonstances de la mort étaient mystérieuses) profitaient le plus. Le Canard enchaîné de l'époque titra « Stavisky se suicide d'un coup de revolver qui lui a été tiré à bout portant. » ou encore « Stavisky s'est suicidé d'une balle tirée à 3 mètres. Voilà ce que c'est que d'avoir le bras long. » En résumé Stavisky avait été couvert par des politiques et cette affaire a déclenché une grande polémique et divisé la France en deux clans : ceux qui le croyaient coupable et ceux qui le croyaient non-coupable. L'affaire fit éclater un scandale politique puisqu'il se révéla que Stavisky était déjà poursuivi par la justice, poursuites étouffées sur intervention de ministres ou de parlementaires corrompus (chute du gouvernement de Camille Chautemps).
Les adversaires du gouvernement affirmèrent que cette mort profitait le plus à la gauche, aux radicaux dont Chautemps. André Tardieu publia une liste fantaisiste de parlementaires ayant « touché », qui rappelait les « chéquards » de l'affaire de Panama. Léon Daudet dénonça en Chautemps le chef d'une bande de voleurs et d'assassins. Les adversaires du régime voyaient dans cette affaire une nouvelle preuve de son abaissement. Un accès d'antiparlementarisme saisit le pays, encore plus violent que celui occasionné par l'affaire Hanau, ou encore l'affaire Oustric. Il aboutit à l'émeute du 6 février 1934. Léon Daudet inventa à l'occasion de cette affaire le néologisme de « stavisqueux » pour désigner les complices, ou prétendus complices, de Stavisky. A l'antiparlementarisme il faut ajouter un regain de la propagande antisémite due au fait que Stavisky était juif.