Bourbon Jacques Henri de

Publié le par Rodney42

Bourbon Jacques Henri deJacques Léopold Isabelin Henri Alexandre Albert Alphonse Victor Accace Pierre Paul Marie de Bourbon, né au palais royal de la Granja, à San Ildefonso, province de Ségovie (Espagne) le 23 juin 1908, et décédé à l’hôpital cantonal de Saint-Gall (Suisse) le 20 mars 1975. Jacques de Bourbon était issu de la dynastie capétienne (Bourbons d'Espagne).

Jacques de Bourbon était le second fils du roi d'Espagne Alphonse XIII d'Espagne (1886-1941), de la maison capétienne de Bourbon, et de son épouse Victoire Eugénie de Battenberg (1887-1969), de la maison de Hesse. Il était le frère aîné de Jean de Bourbon (1913-1993), héritier du trône d'Espagne en 1941.

À sa naissance, il fut titré infant d’Espagne par son père, dans le cadre de la monarchie constitutionnelle instituée en 1876. La légitimité de cette monarchie était contestée par les carlistes, partisans de la loi salique et donc du « duc d'Anjou et de Madrid », cousin aîné d'Alphonse XIII. Jacques de Bourbon devint sourd puis muet après avoir dû être opéré des oreilles, à cause d’une double mastoïdite survenue en 1912 et qui avait été mal soignée. Par la suite, il apprit à lire sur les lèvres et recouvrit l'usage de la parole.

Le 14 avril 1931, Alphonse XIII fut chassé du pouvoir par les républicains espagnols. Il prit en exil le titre de courtoisie de « duc de Tolède » et s’installa à Paris à l’hôtel Meurice, puis à Avon (Seine-et-Marne) à l’hôtel Savoy, le gouvernement de la République française lui ayant demandé de rester à au moins 60 km de la capitale. Puis en 1934, l’ex-roi Alphonse XIII et sa famille quittèrent la France et s’installèrent en définitive à Rome au Grand Hôtel. Par la suite, Jacques de Bourbon vécut en France, d’abord à Cannes, puis à Rueil-Malmaison à la villa Segovia, ensuite à Paris au no 9 de l’avenue Ingres (dans le 16e arrondissement), puis plus tard à Neuilly-sur-Seine, et finalement en Suisse.

Jacques de Bourbon épousa3 à Rome en l’église Saint-Ignace-de-Loyola le 4 mars 1935, Vittoria Jeanne Joséphine Pierre Marie Emmanuelle de Dampierre (née le 8 novembre 1913 à Rome, de nationalité française), de la noblesse française, fille aînée de Roger de Dampierre (1892-1975), de la noblesse française, et de son première épouse Vittoria Ruspoli des princes di Poggio Suasa (1892-1982), de la noblesse italienne. De ce mariage, Jacques de Bourbon et Emmanuelle de Dampierre eurent deux fils :

  • Alphonse, « duc de Bourbon » (1936-1989)
  • Charles Gonzalve, « duc d'Aquitaine » (1937-2000).


Jacques de Bourbon se remaria civilement à Innsbruck (Autriche) le 3 août 1949 avec Charlotte Luise Auguste Tiedemann (1919-1979) cantatrice, deux fois divorcée (d'avec Franz Büchler puis d'avec Fritz Hippler), fille d’Otto Eugen Tiedemann et de Luisa Amalia Klein. Protestante originaire de Suisse, elle s'est convertie au catholicisme le 8 avril 1979, quelques mois avant sa mort). Pour l’Église catholique romaine et donc aussi pour les légitimistes, Emmanuelle de Dampierre continua d’être l’épouse, puis la veuve, de Jacques de Bourbon, donc toujours « duchesse d’Anjou et de Ségovie ». À ce titre, elle a présidé depuis de nombreuses années diverses cérémonies commémoratives, aux côtés ou à la place de son petit-fils Louis de Bourbon (1974-).

Une demande de mise sous tutelle de Jacques de Bourbon, introduite par ses fils devant le tribunal de la Seine, aboutit, le 24 janvier 1962, à la nomination d'un conseil judiciaire pour l'administration de son patrimoine (Chantal de Badts de Cugnac et Guy Coutant de Saisseval, le Petit Gotha). Ayant fait une chute accidentelle dans l’escalier de son appartement à Lausanne, Jacques Henri de Bourbon dut être hospitalisé le 27 février 1975. Malgré une opération, les médecins ne purent le sauver.

Ses obsèques furent célébrées le 24 mars 1975 dans l’église du Sacré-Cœur d’Ouchy, à Lausanne. Sur son cercueil furent déposés un drapeau royal français, un drapeau royal espagnol, ainsi que des colliers des ordres du Saint-Esprit et de la Toison d’or. Un service funèbre fut célébré en France le 22 mai 1975 en la cathédrale Saint-Denis, nécropole des rois de France. Jacques Henri de Bourbon fut inhumé tout d'abord au cimetière du Bois-de-Vaux à Lausanne, puis en 1985 (avec l'accord du roi d’Espagne, son neveu) dans le panthéon des infants, au monastère Saint-Laurent de l’Escurial, au nord-ouest de Madrid.

Le 23 septembre 1931 à Paris, l'ex-roi Alphonse XIII vint rendre visite à son cousin aîné, Jacques de Bourbon (1870-1931), « duc d'Anjou et de Madrid », aîné des Capétiens, qui était le prétendant légitimiste au trône de France et le prétendant carliste au trône d'Espagne. Les deux hommes se réconcilièrent. Deux jours plus tard, Jacques de Bourbon vint rendre visite à Alphonse XIII, qui résidait à Avon (Seine-et-Marne), à l'hôtel Savoy. À cette occasion, le prétendant légitimiste et carliste remit à l'ex-roi d'Espagne un collier de l'ordre du Saint-Esprit, hérité du « comte de Chambord ». Par ce geste, le « duc d'Anjou et de Madrid » voulait rappeler à Alphonse XIII qu'il deviendrait un jour l'aîné des descendants d'Hugues Capet (Jacques de Bourbon étant célibataire et sexagénaire, et son vieil oncle Alphonse de Bourbon étant octogénaire et sans enfant).

Jacques de Bourbon (1870-1931), « duc d'Anjou et de Madrid », mourut d'une angine de poitrine le 2 octobre 1931 à Paris, une semaine après son entrevue avec Alphonse XIII à Avon. Cinq ans plus tard, son oncle Alphonse Charles de Bourbon (1849-1936), « duc de San Jaime », mourut accidentellement le 29 septembre 1936 à Vienne. À cette date, l’ex-roi Alphonse XIII d'Espagne devint pour les légitimistes le nouveau « chef de la maison de France », avec pour « dauphin » son fils aîné, Alphonse de Bourbon (1907-1938), ex-prince des Asturies, qui avait pris depuis son mariage le titre de courtoisie de « comte de Covadonga ».

Deux ans plus tard, la mort accidentelle du « comte de Covadonga » à Miami le 6 septembre 1938, fit de son frère Jacques, « duc de Ségovie », le nouveau « dauphin de France » de droit, pour les légitimistes. Puis, à la mort d'Alphonse XIII à Rome le 28 février 1941, le « duc de Ségovie » devint l’aîné des descendants d’Hugues Capet, de saint Louis, d’Henri IV et de Louis XIV. Les légitimistes le reconnurent alors comme « roi de France et de Navarre » de droit, sous le nom de « Jacques II ».

Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, Jacques de Bourbon, « duc de Ségovie », entendit assumer 6 sa position de « chef de la maison royale de France » en tant qu'aîné des Capétiens, en prenant le titre de courtoisie de « duc d’Anjou » et les pleines armes de France, et demanda par lettre datée du 28 mars 1946, à Rome, à Jacques de Bauffremont-Courtenay, qui vivait à Paris, d’être son représentant en France.

Le 20 juillet 1946 à Menaggio, province de Côme (Italie), le « duc d’Anjou et de Ségovie » fit une déclaration enregistrée devant notaire. Il déclara notamment : « notre qualité de chef salique de la maison de France comporte pour nous seul le droit héréditaire de porter les armes appartenant au chef de cette maison soit : « d’azur à trois fleurs de lis d’or », qu’en la même qualité à laquelle est attaché héréditairement le droit de faire valoir nos titres au trône de France, nous déclarons ne renoncer aucunement à ce droit. »

En août 1946, Jacques de Bourbon chargea un lointain cousin capétien, François Xavier de Bourbon de transmettre sa déclaration aux cours européennes, accompagnée d’une lettre adressée aux cadets de la dynastie capétienne. Ce que François Xavier de Bourbon accepta, en répondant à Jacques de Bourbon le 24 août 1946 : « je sais bien que le fait de ta renonciation aux droits du trône d’Espagne ne pouvait modifier ton droit d’aîné. » Le 25 novembre 1950, le « duc d’Anjou et de Ségovie » conféra à son fils aîné, Alphonse, les titres de courtoisie de « duc de Bourbon » et de « duc de Bourgogne ». Et le 21 septembre 1972, il conféra à son second fils, Gonzalve, le titre de courtoisie de « duc d’Aquitaine ».

À partir de 1952, Jacques de Bourbon présida chaque 21 janvier à Paris la messe anniversaire de la mort du roi Louis XVI, d’abord à l’église Saint-Augustin jusqu’en 1957, puis à l’église Notre-Dame des Victoires de 1958 à 1971, puis à la Chapelle expiatoire à partir de 1972. Le 8 mai 1956 à la basilique Saint-Denis, le « duc d’Anjou et de Ségovie », invité par le conseil général du département de la Seine, présida en compagnie de son fils aîné, Alphonse, « duc de Bourbon », la cérémonie de remise du reliquaire de saint Louis, organisée par le Mémorial de France à Saint-Denys.

À partir de 1957, Jacques de Bourbon signa désormais Jacques Henri ses actes français, ajoutant ainsi son quatrième prénom à son premier prénom (en revanche, il continua de signer ses actes espagnols du seul prénom Jacques). Les légitimistes lui donnèrent donc désormais comme nom royal « Henri VI ». En juin 1959, la télévision française diffusa un entretien avec Jacques Henri de Bourbon, dans lequel il raconta le voyage autour du monde qu’il venait de faire pendant trois mois. Le 30 avril 1967, le « duc d’Anjou et de Ségovie » inaugura à Angoulême une plaque sur la statue de Jean d'Orléans (1400-1467), à l’occasion du cinquième centenaire de la mort de ce Capétien, grand-père du roi François Ier de France. À cette occasion, Jacques Henri de Bourbon fut accueilli par l’évêque d’Angoulême dans la cathédrale Saint-Pierre et par le maire à l’hôtel de ville.

Le 8 mars 1972, le « duc d’Anjou et de Ségovie » prêta serment comme « 17e chef et souverain grand maître » de l'ordre du Saint-Esprit. Désapprouvant le projet de mariage de son fils aîné, Alphonse, prince des Asturies, avec Edelmira Sampedro (1906-1994), une roturière cubaine, Alphonse XIII fit écrire à son fils aîné une lettre, le 11 juin 1933 à Lausanne (Suisse), dans laquelle le prince des Asturies renonçait au trône d’Espagne, pour lui et ses éventuels descendants. Cette renonciation était faite par simple lettre sous seing privé, sans aucun caractère officiel, et sous la pression du souverain déchu, mais elle faisait néanmoins de l'infant Jacques le nouveau « prince des Asturies » des alphonsistes7. Mais il n'allait le rester que pendant dix jours.

Pensant que ses difficultés d’élocution et sa surdité étaient des obstacles à une éventuelle restauration de la monarchie en Espagne, Alphonse XIII demanda à son fils Jacques d'écrire, à l’hôtel Savoy à Avon le 21 juin 1933 (le jour même où l'ex-prince des Asturies se mariait avec Edelmira Sampedro à Lausanne), une lettre par laquelle il renonçait au trône d’Espagne, pour lui et ses éventuels descendants. Le 4 mars 1935 (jour de son mariage avec Emmanuelle de Dampierre), Jacques de Bourbon reçut de son père le titre de courtoisie de « duc de Ségovie ».

En 1936, à la mort d'Alphonse Charles de Bourbon, « duc de San Jaime », le dernier prétendant de la branche aînée, une partie des carlistes se rangea derrière le nouvel aîné salique : l'ex-roi Alphonse XIII. Mais quantité de carlistes refusèrent de soutenir celui qu'ils considéraient depuis cinquante ans comme un usurpateur, et se rangèrent derrière un lointain cousin d’Alphonse XIII, François Xavier de Bourbon (1889-1977), qui avait été nommé « régent » par Alphonse Charles de Bourbon.

À partir de septembre 1938, il ne restait plus à Alphonse XIII que deux fils, l'ex-infant Jacques (né en 1908) et l'infant Jean (né en 1913). L'ex-roi d'Espagne ne voulut pas revenir sur la renonciation qu'il avait fait signer à l’infant Jacques en 1933. Le 15 janvier 1941, un mois et demi avant sa mort, Alphonse XIII « abdiqua » en faveur de son fils cadet, Jean de Bourbon, qui se proclama « comte de Barcelone » le 8 mars 1941, quelques jours après les obsèques de son père.

Jacques de Bourbon confirma tout d'abord sa renonciation de 1933 au trône d’Espagne par deux lettres adressées à son frère cadet, la première écrite le 23 juillet 1945 à Lausanne, la seconde écrite le 17 juin 1947 à Rome. Mais par la suite, le 6 décembre 1949 à Paris, Jacques de Bourbon récusa toutes ses renonciations au trône d’Espagne (renonciations qu'il estimait avoir été faites sans motif valable, par simples lettres sous seing privé, sans aucun caractère officiel, et sous la pression de son père puis de son frère), dont il s'estimait légitime héritier, en tant que fils aîné du dernier roi.

Entretemps, le 25 août 1948, à bord de l'Azor, le yacht de Francisco Franco (le chef de l’État espagnol), mouillé au large de Saint-Sébastien (Espagne), eut lieu une entrevue entre Franco et les deux fils du défunt roi Alphonse XIII, Jacques de Bourbon, « duc d'Anjou et de Ségovie » et Jean de Bourbon, « comte de Barcelone ». Il fut convenu que Juan Carlos (né en 1938) et Alphonse (né en 1941), les deux fils de Jean de Bourbon, poursuivraient leurs études en Espagne. Jacques de Bourbon demanda qu'il en fût de même pour ses deux fils, Alphonse (né en 1936) et Gonzalve (né en 1937), mais Franco refusa.

Le 6 mai 1954, par une lettre envoyée à Francisco Franco, Jacques de Bourbon rappela qu'il était le légitime héritier de la couronne d'Espagne. Le 1er mars 1963 à Paris, Jacques de Bourbon se déclara « chef et souverain » de l’ordre de la Toison d'or, en tant qu’héritier du trône d’Espagne. Le 3 mai 1964, toujours à Paris, il prit le titre de courtoisie de « duc de Madrid », en tant que successeur de la branche carliste et donc héritier salique de la couronne espagnole.

La reine d'Espagne Victoire Eugénie, veuve d'Alphonse XIII, qui portait en exil le titre de duchesse de Tolède », mourut le 15 avril 1969 à Lausanne. Son fils Jacques de Bourbon, déjà « duc d'Anjou et de Ségovie » ainsi que « duc de Madrid », ajouta à ces titres de courtoisie celui de « duc de Tolède », symbolisant l'héritage monarchique de la branche alphonsiste, cette union des titres de « duc de Madrid » et de « duc de Tolède » censée sceller la réconciliation des deux branches rivales, carliste et alphonsiste.

Le 21 juillet 1969 à Neuilly-sur-Seine, Jacques de Bourbon écrivit une lettre à Francisco Franco (le chef de l’État espagnol). Par cette lettre (qu’il data du 19 juillet 1969 à Paris), le « duc d’Anjou et de Ségovie » déclara accepter la désignation de son neveu Juan Carlos de Bourbon comme futur roi d’Espagne après la mort de Franco. C’est « en vue du bien commun de l’Espagne, de la paix et de la prospérité du peuple espagnol » et à la demande de son fils aîné, Alphonse (ainsi qu’avec l’accord du cadet, Gonzalve), que Jacques de Bourbon se résigna à donner son accord à cette restauration monarchique en Espagne au profit de Juan Carlos de Bourbon, bien que ce dernier ne soit pas l’aîné des descendants des rois Philippe V et Alphonse XIII d'Espagne.

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