Bourgoin Pierre-Louis
Pierre-Louis Bourgoin, né le 4 décembre 1907 à Cherchell (Algérie) et mort le 11 mai 1970 à Paris, est un officier militaire et
homme politique français. Né en Algérie en 1907, il y est instituteur à partir de 1925. Il est passionné par la chasse au fauve. Il effectue son service militaire en 1928 au 3e régiment de
tirailleurs algériens, où il est nommé sous-lieutenant de réserve en 1929. Promu Lieutenant de réserve en 1939 avec effet rétroactif au 22/10/1938, il rejoint dès juin 1940 les Forces françaises
libres et prend part au ralliement de l'Oubangui-Chari, à la France libre en août de la même année, pays où il exerçait comme instituteur.
Incorporé au bataillon de marche n° 2 en janvier 1941 au sein duquel il commande le groupe franc, il participe à la campagne de Syrie en juin 1941 et y est blessé au pied droit par un éclat
d'obus en juillet 41. Il est condamné à mort par contumace pour faits de résistance en 19411. Capitaine en décembre 1941, il est affecté au groupe de bombardement Lorraine et effectue dans cette
unité la campagne de Libye en tant que commandant de l'échelon à terre. En mars 1942, il est blessé par balle une seconde fois, à la face postérieure du genou. En juin 1942, il est encore blessé
lors d'un accident d'avion et souffre de fractures multiples des côtes.
Après avoir effectué un stage commando parachutiste, il est affecté aux services secrets britanniques Intelligence Service Landing Departement. Il y est chargé du renseignement lors de missions
spéciales. Il effectue également à la tête d'un commando des coups de mains en Tunisie. En décembre 1942, il reçoit, ainsi que le capitaine Augustin Jordan, la mission de désorganiser les
arrières lointains de l'ennemi, et il réussit à atteindre la frontière tunisienne avant que la 8e armée ne soit arrivée à Tripoli. En janvier 1943, un groupe attaque continuellement les convois
entre Tripoli et Sousse, tandis que l'autre détruit des ouvrages d'art à Kairouan, à Mateur et fait sauter un train sur un pont dans la région de Gabès. Jordan est fait prisonnier.
Le 19 février 1943, avec son groupe il traverse les territoires occupés par 2 divisions ennemies, situe l'emplacement exact d'un grand nombre de pièces d'artillerie adverses, détruit un pont
d'une importance primordiale pour l'ennemi, et ramène son groupe au complet. Alors qu'il se rend en Algérie le 23 février 1943, au retour d'une reconnaissance pour repérer les infrastructures
allemandes en Tunisie, son véhicule est attaqué par un avion allemand et son conducteur en perd le contrôle. Bourgoin porte 37 traces de blessures et est amputé du bras droit, quand au bras
gauche, il y a fracture du radius, du cubitus et fracture complète du poignet, ainsi que des blessures multiples par éclats d'obus à la cuisse gauche. Il réussi à échapper aux recherches
allemandes, se cache en s'enterrant dans le sable et est recueilli au bout de 6 heures par une patrouille anglaise. Il est soigné à l'hôpital de Philippeville, puis en convalescence à l'hôpital
d'Alger et part en Angleterre dès sa guérison, le 1er octobre 1943, après 7 mois d'hôpital.
Désormais surnommé « le Manchot », il est promu commandant. Il prend alors le commandement en novembre 1943 du 4th régiment du Special Air Service, une unité française qui deviendra après la
guerre le 2e régiment de chasseurs parachutistes. Il entraîne son régiment en Angleterre, puis en Écosse en vue du débarquement en Europe. En avril 1944, il rencontre le maréchal britannique
Bernard Montgomery qui passe en revue les deux régiments SAS français, les 3rd2 et 4th SAS. À partir de la nuit du 5 au 6 juin 1944, son régiment est envoyé en Bretagne lors des opérations de la
bataille de Normandie afin d'y fixer les troupes allemandes présentes : ce sont les opérations SAS en Bretagne. Lui-même est parachuté (malgré son handicap) avec un parachute bleu-blanc-rouge,
cadeau des Anglais, dans la nuit du 10 au 11 juin sur Dingson dans le Morbihan, à côté de St Marcel, avec son état-major et une compagnie. Il y rejoint ses hommes qui encadrent déjà les
résistants.
Afin de bloquer sur place les 85 0003,4 soldats allemands qui se trouvent dans la région, il rassemble 3 000 maquisards et 200 SAS dans le maquis de Saint-Marcel (Morbihan). La base Samwest
située à Duault (Côtes-du-Nord) est dispersée le 12 juin 1944 par une attaque allemande. C'est ensuite autour de Dingson d'être attaquée : c'est le combat de Saint-Marcel le 18 juin 1944. Le
rassemblement est dispersé après la bataille, et les hommes de Bourgoin se dispatchent. Les 18 Cooney-parties (58 hommes) étaient entrées en action le 8 juin 1944. Après le 18 juin, le reste du
régiment rejoint peu à peu en renfort par des parachutages ponctuels de « sticks ». L'action de Bourgoin paralyse les Allemands qui recherchent désespérément tout manchot suspect. Il échappe de
peu à la capture près de l'écluse de Guillac le 11 juillet. Il devient l'homme le plus recherché dans toute la Bretagne, jusqu'à la libération de la région en août. Rommel met une seconde fois sa
tête à prix, après l'avoir déjà fait lors de la campagne d'Afrique ; il sait qu'il a affaire au même personnage.
Les Américains atteignent la Bretagne le 6 août 1944 et la jonction se fait avec les SAS qui se regroupent et reforment le 4th SAS. Fin août 1944, Bourgoin reçoit la mission de couvrir avec son
régiment le flanc droit de l'armée alliée sur la rive droite de la Loire : c'est l'opération Spencer. En septembre, ses troupes attaquent une colonne allemande de 18 000 hommes qui remontait du
sud-ouest. À Saint-Pierre-le-Moûtier, ses « sticks » capturent 3 000 Allemands le 10 septembre et s'emparent d'un matériel considérable. Le 11 novembre 1944, le lieutenant-colonel Bourgoin,
coiffé pour la première fois du béret rouge, ouvre le défilé militaire en descendant les Champs-Elysées à Paris à la tête du 2e régiment de chasseurs parachutistes, dont le drapeau vient de
recevoir la Légion d'honneur des mains du général Charles de Gaulle devant l'Arc de Triomphe. Le régiment défile devant le Premier ministre britannique Winston Churchill et le général de Gaulle.
C'est là que la guerre s'arrête pour Bourgoin, l'ancien 4th SAS poursuivant les opérations, notamment en Hollande avec l'opération Amherst.
En novembre 1944, Bourgoin est nommé inspecteur des Parachutistes ; son régiment est remis entre les mains de son adjoint Pierre Puech-Samson. Bourgoin est démobilisé en octobre 1945. Il revient
à Saint-Marcel en 1947, en présence du général de Gaulle, et en 1951 lors de l'inauguration du monument du maquis. En 1949, il est nommé inspecteur général des chasses pour la France et
l'Outre-Mer, et est promu colonel de réserve en 1950.
En 1958, il est élu député UNR de la 12e circonscription de Paris devant le député sortant André Le Troquer, président de l'Assemblée nationale et lui aussi ancien résistant. Représentant de la
France à l’Assemblée du Conseil de l’Europe à partir de 1959, il est également membre de l’Assemblée de l'Union de l'Europe occidentale. Il se prononce en faveur de l'autodétermination des
Algériens malgré son souhait que l'Algérie reste française. En 1967, il se présente pour la troisième fois dans sa circonscription sous l'étiquette de l'Union démocratique pour la Ve République.
Lors de la campagne de 1968, suite à la dissolution de l'Assemblée nationale, il fait campagne pour l'Union pour la défense de la République et est réélu une quatrième fois consécutive.
Durant ses mandats, il siégera par deux fois à la commission de la défense nationale et des forces armées, puis deux fois également à la commission des affaires culturelles, familiales et
sociales. Par trois fois entre 1962 et 1970, il déposera un projet de loi visant à simplifier l'obtention des droits pour les anciens combattants et victimes de guerre. Grand mutilé de guerre, il
donne sa démission de député de Paris pour des raisons de santé le 6 mai 1970. Il décède le 11 mai 1970 à Paris. Ses obsèques ont lieu aux Invalides à titre exceptionnel. Il est inhumé à Plumelec
dans le Morbihan, où le premier mort SAS du débarquement, Émile Bouétard, est tombé lors des opérations d'invasion de la France ; c'est également près de là que furent assassinés par la Milice
française 18 parachutistes et résistants, dont le capitaine Pierre Marienne et le lieutenant François Martin, deux des adjoints de Bourgoin. C'est aussi à Plumelec qu'il se réfugia après la
bataille de Saint-Marcel et qu'il réorganisa son bataillon en vue des actions ultérieures avec l'aide de la Résistance.