Conseil mondial de la paix
Le Conseil mondial de la paix est l'organisation internationale qui a pour objectif la lutte pour la paix et le désarmement
général. Le Conseil, qui fut longtemps sous obédience communiste, est l'émanation des directions nationales des mouvements de la paix de tous les pays. Commandé par la peur grandissante de l’arme
atomique et par la radicalisation du contexte de guerre froide entre les deux ex-alliés, ce rassemblement avait pour ambition de réunir les intellectuels des deux blocs dans la lutte contre les
forces bellicistes.
L’initiative semble un succès quand se présente un nombre impressionnant de personnalités et d’intellectuels de tous horizons. Cependant, la virulence et l’intransigeance des communistes
soviétiques imposent un recentrage vers les thèses de Moscou. Les attaques de l’écrivain Alexandre Fadeïev, chef de la délégation soviétique, contre ses confrères occidentaux sont violentes ;
Jean-Paul Sartre est traité de « hyène dactylographe ». Un manifeste est adopté en fin de congrès qui dénonce la responsabilité belliciste des puissances occidentales.
À l’été 1948, se trouve donc désormais en place le comité de liaison des intellectuels, issu du congrès de Wroclaw, avec une orientation internationale et résultant déjà directement de l’action
du Kominform. Début 1949, le bureau politique du Parti communiste de l'Union soviétique adopte une directive prévoyant l’organisation d’un congrès, afin de mobiliser les opinions sur la lutte
pour la paix. Cet événement se tint à Paris et à Prague (problèmes de visas pour des membres soviétiques) du 20 au 25 avril 1949 et marque en quelque sorte la véritable naissance du Conseil
mondial de la paix (CMP).
Popularisé par la « colombe de Picasso », le Conseil désigne le physicien communiste français Frédéric Joliot-Curie pour en exercer la présidence. Le CMP est soutenu par de nombreuses autres
organisations d’obédience communiste, comme la Fédération syndicale mondiale, la Fédération démocratique internationale des femmes (d’Eugénie Cotton) ou la Fédération mondiale de la jeunesse
démocratique. Le 18 mars 1950, le Conseil mondial de la paix lance « l’appel de Stockholm » qui exige notamment « l’interdiction absolue de l’arme atomique ». Cette initiative est commandée par
la peur de la guerre atomique, dans un contexte de guerre froide. La campagne remporte un franc succès populaire, recueillant vraisemblablement une dizaine de millions de signatures en France
(dont celle du jeune Jacques Chirac), tandis que le Kominform annonce le chiffre (rocambolesque) de 560 millions de signatures en Europe. Le nombre disproportionné de signataires venait de pays
socialistes.
Organisé du 12 au 19 décembre 1952 par le CMP à Vienne, le IIIe Congrès des peuples pour la paix reflète la réorientation stratégique (voulue par Staline) de la coexistence pacifique, en proposant un congrès plus œcuménique, où sont invitées de nouvelles
personnalités comme Sartre, Hervé Bazin... 1956 marque le début de la déstalinisation et d'une nouvelle ère pour le Conseil mondial de la paix, qui s'efface peu à peu. Devenant plus autonome et
moins politisé, le CMP engage ponctuellement des actions selon les événements internationaux : en faveur de la décolonisation, contre la guerre du Viêt Nam, pour le désarmement généralisé...
Après avoir longtemps siégé à Helsinki, le Conseil mondial de la paix dispose depuis 2000 d'un nouveau siège à Athènes et collabore souvent avec l'ONU. Entre 1996 et 2000 lorsque le Mouvement de
la Paix français assumait le secrétariat exécutif, le siège a été transféré quelques années à Paris. Ses actions les plus récentes ont concerné la guerre en Yougoslavie (années 1990) et la guerre
en Irak. Le CMP a créé des prix internationaux de la paix, décernés depuis 1950 pour les meilleures productions artistiques concourant à consolider la paix entre les peuples.
Liste des Congrès mondiaux de la paix
- Conseil mondial de la paix session extraordinaire, à Berlin, en 1954
- Congrès mondial des intellectuels pour la paix, à Wroclaw, en 1948
- Congrès mondial des partisans de la paix, à Paris, en 1949
- Congrès mondial des partisans de la paix, à Londres et Varsovie, en 1950
- Congrès des peuples pour la paix, à Vienne, en 1952
- Congrès mondial pour le désarmement et la coopération internationale, à Stockholm, en 1958
- Congrès mondial pour le désarmement général et la paix, à Moscou, en 1962
- Congrès mondial pour la paix, l'indépendance nationale et le désarmement général, à Helsinki, en 1965
- Congrès mondial des forces pacifiques, à Moscou, en 1973
- Congrès mondial pour la paix, à Copenhague, en 1986
Présidents
- Frédéric Joliot-Curie (1950-1959) (Jean Laffitte, secrétaire général)
- John Desmond Bernal (1959-1965)
- Isabelle Blume (1965-1969)
- Romesh Chandra (Secrétaire général de 1966 à 1977, Président de 1977 à 1990, président d'honneur ensuite)
- Evangelos Maheras (1990-1993)
- Albertina Sisulu (1993-)