D'Audiffret-Pasquier Gaston
Edme Armand Gaston, baron d'Audiffret, puis duc d'Audiffret-Pasquier, né le 21 octobre 1823 à Paris où il est mort le 4
juin 1905, est un homme politique français. Ses parents sont Florimond, comte d'Audiffret (1789-1858), et Gabrielle Zoë Pasquier, née en 1801. Adopté par son grand-oncle, Étienne-Denis Pasquier,
il hérita son titre de duc Pasquier en 1862. En 1845, il épouse Jenny-Marie Fontenilliat, fille d'Henri Fontenilliat et de Jeanne Mosselman et sœur de Camille Fontenilliat, l'épouse d'Auguste
Casimir-Perier.
Auditeur au Conseil d'État en 1846, il fut contraint de se retirer de la vie publique après la révolution de 1848. Sous le Second Empire, il fut deux fois candidat malheureux au Corps législatif,
mais fut élu en février 1871 à l'Assemblée nationale, et président du centre-droit en 1873. À la chute de Thiers, il dirigea les négociations entre les différents partis royalistes dans le but de
remettre un roi sur le trône de France, mais en raison de l'hostilité du prétendant au drapeau tricolore, le projet échoua. Il conserva cependant la confiance de la Chambre, et fut son président
en 1875 au moment du vote des lois constitutionnelles. La nouvelle constitution lui donna automatiquement un poste de sénateur inamovible, et il siégea en tant que président du Sénat de mars 1876
à 1879, date à laquelle son parti perdit la majorité. Il était réputé pour sa modération et sa droiture ; il fit de son mieux pour empêcher Mac-Mahon de choisir des conseillers trop violents.
Bien qu'il n'ait jamais rien publié, il fut élu membre l'Académie française en 1878.
À l'approche de la séance de juin 1877, A. de Villeneuve écrit dans sa chronique « Histoire du mois » : « Il y a quelques jours, les promeneurs s'arrêtaient en riant devant une caricature
académique. À droite de l'image, un fauteuil avec une couronne d'immortelles autour de laquelle s'enroule une bandelette portant le nom d'Autran. Vers ce siège qui tend les bras s'avancent à
reculons, le corps infléchi, et basques relevées, comme s'ils allaient s'y asseoir, quatre figures grotesques et fort ressemblantes. Elles sont placées à la file les unes des autres ; M.
d'Audiffret-Pasquier est le plus près du fauteuil, puis viennent Leconte de Lisle, le chef des parnassiens, Sardou, le père de Patrie et de Dora, enfin M. Arsène Houssaye, auteur de tout ce que
l'on voudra, journaliste, poëte, critique d'art, historien, romancier, etc. Dans la pensée du dessinateur de cette caricature, c'est donc M. d'Audiffret-Pasquier qui aurait le plus de chance
d'obtenir la succession d'Autran.
Je ne connais pas ses œuvres, mais M. le chancelier Pasquier, qui lui a laissé sa grande fortune, son nom et ses armes, ayant été de son vivant un des quarante immortels, je ne vois pas
d'inconvénient à ce qu'un fauteuil fasse partie de l'héritage qu'a reçu M. le duc d'Audiffret-Pasquier, quoique, à vrai dire, j'aie toujours pensé qu'il ne suffisait pas d'être grand seigneur et
homme politique pour trôner sous la coupole Mazarine. M. Leconte de Lisle a de meilleurs titres, ce me semble ; ses poésies valent assurément celle de M. Autran. Quant à M. Sardou, qui ne connaît
ses batailles et les succès qu'il a remportés au théâtre ? Si M. Arsène Houssaye ne quitte cette fois la partie que pour la reprendre plus tard, nous craignons bien qu'il ne passe comme feu
Casimir Bonjour et feu Édouard d'Anglemont, à l'état de candidat perpétuel ; c'est une situation littéraire comme une autre.
Enfin ! à en croire le vent qui court, les probabilités sont en faveur de M. d'Audiffret-Pasquier. Son nom nous rappelle le dernier chancelier qu'ait eu la France monarchique : nous l'avons connu
dans sa vieillesse alors qu'il présidait la Chambre des pairs de Louis-Philippe. Coquet, soigné, malgré le poids des ans et de sa perruque blonde, il avait conservé une taille élégante dont il
faisait montre, il pirouettait sur une jambe comme un jeune-homme de vingt ans. Fin et souple, il avait servi à peu près tous les régimes, pesant soigneusement ses paroles et ses actes ; aussi en
apprenant qu'il était alité, M. de Talleyrand se prit-il à dire : « Je voudrais bien savoir quelle raison peut avoir Pasquier pour être malade. » »
Pour remplacer Joseph Autran au fauteuil no 9, dans la séance du 7 juin 1877, les académiciens élurent Victorien Sardou au troisième tour de scrutin (par 19 voix sur 37 votants), devant
d'Audiffret-Pasquier (17 voix) et Leconte de Lisle (une voix). Pour remplacer Mgr Félix Dupanloup au fauteuil no 16, dans la séance du 26 décembre 1878, les académiciens élurent Gaston
d'Audiffret-Pasquier au premier tour de scrutin (par 22 voix sur 27 votants, et cinq billets blancs). La Compagnie des mines d'Anzin commence en 1880 à Escaudain dans le bassin minier du
Nord-Pas-de-Calais les travaux d'une nouvelle fosse, qu'elle baptise en l'honneur de Gaston d'Audiffret-Pasquier.