François-Poncet André
André François-Poncet, né le 13 juin 1887 à Provins (Seine-et-Marne) et mort le 8 janvier 1978 à Paris, est un homme politique et diplomate français, membre de l'Académie française et chancelier de l'Institut de France.
Fils du magistrat Henri François-Poncet ayant terminé sa carrière comme conseiller de la cour d'appel de Paris, André François-Poncet est un élève brillant et précoce, successivement au lycée Carnot, au collège Stanislas, puis au lycée Henri-IV. Lauréat du concours général, il est admis en 1907 à l’École normale supérieure (Ulm). Agrégé d'allemand, auteur d'un mémoire de diplôme d'études supérieures sur les Affinités électives de Goethe, il commence une carrière d'enseignant, tout en publiant quelques billets dans la presse régionale. Mobilisé en 1914 comme lieutenant d’infanterie, il connut la vie des tranchées et « la quintessence de la culture populaire ». Il est blessé à Verdun, puis est affecté en 1917 à un service de renseignement organisé à l'ambassade de France à Berne, mission qui le conduit au journalisme : en 1919, il est engagé par Robert Pinot pour le compte du Comité des forges de France comme directeur du Bulletin quotidien, une publication destinée aux industriels français. Il le dirige en tant que directeur de la Société d'études et d'informations économiques.
En 1923, Poincaré le nomme chef des services de renseignement économique en Allemagne, dans la Ruhr. A partir de 1924, il collabore au quotidien parisien L'Avenir; il est à la fois éditorialiste, un temps rédacteur en chef (1924-1925) et membre du conseil d'administration de la société possédant ce journal. Il est élu député de la Seine en 1924, réélu en 1928. De tendance centre-droit Alliance démocratique sur la liste conduite par Paul Reynaud, il entre au gouvernement comme sous-secrétaire d'État aux Beaux-Arts en 1928 et décide du transfert au musée du Louvre d'une centaine de toiles se trouvant au musée du Luxembourg et le réaménagement de ce dernier musée. Il est ensuite nommé ambassadeur à Berlin de 1931 à 1938, puis à Rome (1938-1939). En mars 1936, peu de temps avant la réoccupation allemande de la Rhénanie, il met en garde le gouvernement d'Albert Sarraut contre le projet d'Adolf Hitler de tenter un coup de force. En 1938, après les accords de Munich, le président du Conseil, Édouard Daladier, le nomme à Rome – sur sa demande – dans l'espoir, assez vain, d'éloigner l'Italie du Reich.
Sous l’Occupation, mis en disponibilité en décembre 1941, il contribue hebdomadairement à des rubriques dans Le Figaro alors replié en zone libre à Lyon. Membre (non actif) du Conseil national mis en place par Vichy, retiré dans la région grenobloise, il est arrêté en août 1943 par la Gestapo avec Albert Lebrun et passe deux ans en captivité dans le Tyrol dans le château d'Itter. Il est libéré en 1945 par la 1re armée française. En 1949, il devient haut-commissaire de la Zone d'occupation française en Allemagne. À ce titre, il est signataire pour la France de l'accord de Petersberg, premier pas vers la souveraineté de l'Allemagne fédérale. En août 1955, il devient pour quelques mois le premier ambassadeur de France en RFA à Bonn. En novembre 1951, à la suite de la disparition de Raoul Dautry, il est nommé président de la Cité internationale universitaire de Paris, poste qu'il occupe jusqu'en 1964.
En 1952, il est élu à l’Académie française, au siège du maréchal Pétain, que l'Académie avait refusé de remplacer de son vivant bien qu'il en eût été radié après la Libération. Dans son discours de réception, André François-Poncet trace un portrait impartial de son prédécesseur, que Robert Aron qualifiera de « modèle de méthode historique ». De 1955 à 1967, il est vice-président, puis président de la Croix-Rouge française. Il fut également président de la Commission permanente de la Croix-Rouge internationale (aujourd'hui Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge) de 1948 à 1965. Il fut, avec la militante européenne Marcelle Lazard, le fondateur de la Maison de l'Europe de Paris en 1956. En avril 1971, il cosigne l'« appel aux enseignants » lancé par l'Institut d'études occidentales après la démission de Robert Flacelière de la direction de l'École normale supérieure. Il est grand-croix de la Légion d'honneur. André François-Poncet est marié le 26 mai 1920 avec Jacqueline Dillais. Le couple a eu 5 enfants, parmi lesquels le sénateur et ancien ministre des Affaires étrangères Jean François-Poncet. Il a présidé l'Association amicale de secours des anciens élèves de l'École normale supérieure. André François-Poncet est décédé en 1978 à 90 ans et repose au cimetière Notre-Dame de Versailles. Son épouse Jacqueline est décédée en 1982 à 90 ans.
Fonctions gouvernementales
- Sous-secrétaire d'État à l'Enseignement technique et aux Beaux-arts du 13 novembre 1928 au 27 juillet 1929 dans le gouvernement Raymond Poincaré (5)
- Sous-secrétaire d'État à l'Enseignement technique et aux Beaux-arts du 29 juillet 1929 au 3 novembre 1929 dans le gouvernement Aristide Briand (11)
- Sous-secrétaire d'État aux Beaux-arts du 3 novembre 1929 au 21 février 1930 dans le gouvernement André Tardieu (1)
- Sous-secrétaire d'État à l'Économie nationale du 2 mars 1930 au 13 décembre 1930 dans le gouvernement André Tardieu (2)
- Sous-secrétaire d'État à l'Économie nationale du 27 janvier 1931 au 13 juin 1931 dans le gouvernement Pierre Laval (1)
- Sous-secrétaire d'État à l'Économie nationale du 13 juin 1931 au 3 septembre 1931 dans le gouvernement Pierre Laval (2)
Publications
- Les Affinités électives de Goethe, Essai de Commentaire Critique (avec une préface de Henri Lichtenberg), F. Alcan, 1910, 276 pages.
- Ce que pense la jeunesse allemande, G. Oudin, 1913, 115 pages.
- La France et les Huit Heures (écrit avec Émile Mireaux), Société d'études et d'informations économiques, 1922, 272 pages.
- Réflexions d'un républicain moderne, Bernard Grasset, 1925, 135 pages.
- La Vie et l'Œuvre de Robert Pinot, Armand Colin, 1927, 356 pages.
- Discours français, Bernard Grasse, 1930, 237 pages.
- Souvenirs d'une ambassade à Berlin, septembre 1931-octobre 1938, Flammarion, 1946, 356 pages. Rééd. avec préface et notes de Jean-Paul Bled, Perrin, Coll. « Tempus », 2016, 380 pages.
- De Versailles à Potsdam. La France et le problème allemand contemporain, 1919-1945, Flammarion, 1948, 305 pages. Rééed., Electre, 2018, 336 pages.
- Carnets d'un captif, Arthème Fayard, 1952, 434 pages.
- Au palais Farnèse. Souvenir d’une ambassade à Rome 1938-1940, Fayard, 1961, 187 pages.
- Au fil des jours, propos d'un libéral 1942-1962, Flammarion, 1962, 372 pages.
- Au fil des jours, propos d'un libéral 1962-1965, Flammarion, 1966, 345 pages.
- Stendhal en Allemagne, Hachette, 1967, 109 pages.