Giovoni Arthur
Arthur Giovoni est né le 6 octobre 1909 à Moca-Croce, en Corse, dans un milieu modeste et instruit : son ascendance familiale est paysanne, mais ses deux parents sont instituteurs. Après des études au lycée Fesch d'Ajaccio, (dont il est exclu pour avoir dirigé une « sédition »), et une licence de philosophie, Arthur Giovoni embrasse à son tour la carrière enseignante, et devient professeur de lettres à Bastia.
Son engagement politique est précoce : alarmé par la menace fasciste, il adhère au Parti communiste dès 1934, puis se présente, sans grand succès, aux élections cantonales de 1938. Lorsque éclate
la guerre, Arthur Giovoni est mobilisé, et noté comme « propagandiste », envoyé successivement à Bonifacio, Corte, Chabeuil (Drôme), puis sur le front ; son retour en Corse n'est que provisoire,
puisque ses activités clandestines sont dénoncées, et entraînent son affectation à Rodez. Là-bas, il poursuit ses actions de résistance, et se prépare à regagner clandestinement la Corse ; il se
décide à quitter Rodez à la fin du mois d'octobre 1942, alors qu'il était sur le point d'être appréhendé par la police de Vichy. Une fois de retour en Corse, Arthur Giovoni prend la tête de la
résistance locale, devient président du Front national libérateur de la Corse et s'enrôle parmi les FFI, au sein desquelles il prend le grade de lieutenant-colonel. La précocité et la vigueur de
l'engagement d'Arthur Giovoni au sein de la résistance lui valent d'être décoré de la médaille de la Résistance, et surtout de devenir compagnon de la Libération.
Dès novembre 1943, Arthur Giovoni devient membre de l'Assemblée consultative provisoire ; il siège à la Commission de l'éducation nationale, de la santé publique et de la jeunesse. Il dépose
notamment une proposition de résolution tendant à rendre hommage aux troupes françaises d'Italie, et une proposition de résolution tendant à inviter le Gouvernement à prendre les mesures
nécessaires pour accorder aux réfractaires du STO et aux membres des FFI le bénéfice d'un recul de la limite d'âge exigée des candidats à une fonction administrative. La plupart de ses
interventions sont relatives aux affaires corses ; il fait ainsi porter à la connaissance du Commissariat aux finances, le 4 juillet 1944, ses observations sur les « fortunes scandaleuses
réalisées en Corses », et pose au ministre du ravitaillement, le 19 décembre 1944, une question relative à l'organisation du ravitaillement en Corse.
C'est tout naturellement qu'Arthur Giovoni se porte candidat à la députation lors des élections pour la première Assemblée constituante ; il conduit la liste communiste, dite « d'Union
républicaine et résistante », et obtient 30 973 voix sur 96 257 suffrages exprimés. Nommé à la Commission de la Constitution, Arthur Giovoni ne dépose qu'une proposition de loi (le 16 avril 1946,
relative au régime de retraite des fonctionnaires et agents des préfectures), et n'intervient qu'à deux reprises à la tribune de l'Assemblée. Il approuve la nationalisation du crédit (2 décembre
1945), et le premier projet de Constitution (19 avril 1946).
C'est sans peine qu'Arthur Giovoni retrouve son siège lors de l'élection de la seconde Assemblée constituante, avec 32 154 voix sur 97 405 suffrages exprimés. Il retrouve son siège à la
Commission de la Constitution, mais se tient éloigné de la tribune ; avec ses collègues du groupe communiste, il vote le 28 septembre 1946 pour le second projet de la Constitution.
Candidat au renouvellement de son mandat lors des élections pour la première Assemblée législative, le 10 novembre 1946, Arthur Giovoni est réélu, en améliorant assez nettement ses performances :
les 38 904 voix, sur 88 152 suffrages exprimés, de la liste « d'Union républicaine et résistante socialiste et communiste » qu'il conduit, lui assurent son élection, ainsi que celle de son
colistier, Jacques Bianchini. Sa profession de foi prône le double rejet des « bellicistes américains » et du « fasciste de Gaulle », et, devant la « gravité » de la situation, invite à « choisir
entre la guerre et la paix ». Durant cette première législature, l'activité parlementaire d'Arthur Giovoni se fait nettement plus intense ; il est nommé membre de la Commission du règlement et du
suffrage universel (1947), de la Commission des affaires étrangères (1947,1948,1949,1951), de la Commission de la marine marchande et des pêches (1948, 1949), et de la Commission des affaires
étrangères (1949,1950,1951), et de la Commission de la réforme administrative (1947) ; il est par ailleurs nommé juré à la Haute cour de justice. Ses dépôts de textes à l'Assemblée se
répartissent quasi-exclusivement autour des questions relatives à la Corse (par exemple la proposition de résolution du 16 juillet 1947 tendant à inviter le Gouvernement à maintenir en activité
l'arsenal d'Ajaccio) ou à l'enseignement (par exemple, la proposition de résolution du 1er mars 1951 tendant à inviter le Gouvernement à créer dès 1951 le concours de l'agrégation de lettres et
littératures modernes). De même, ses interventions, très nombreuses, se concentrent aussi autour de la question corse et de la question scolaire, par ailleurs, Arthur Giovoni est très accaparé
par les affaires locales : il est élu maire d'Ajaccio en 1947, et occupe la fonction jusqu'en 1949.
Lors des élections législatives du 17 juin 1951, Arthur Giovoni est de nouveau candidat au renouvellement de son mandat ; il retrouve son siège à l'Assemblée, même si son score accuse une baisse
très sensible, avec 21 668 voix sur 149 234 suffrages exprimés - Arthur Giovoni est cette fois le seul élu de sa liste. Il est alors nommé à la Commission des affaires étrangères (1951, 1954,
1955), et à la Commission de l'éducation nationale : on peut ainsi relever comme particulièrement significatives ses deux propositions de loi du 5 mars 1953, l'une tendant à majorer de 15 francs
par repas les crédits de subvention aux restaurants universitaires, l'autre tendant à augmenter le montant des bourses de l'enseignement supérieur.
Candidat aux élections législatives de janvier 1956, Arthur Giovoni essuie cette fois un échec : l'apparentement conclu entre la liste du Centre national des indépendants, celle des
radicaux-socialistes et celle des Républicains sociaux lui est fatal, et le succès de la liste Radical-socialiste du maire de Bastia, Jacques Faggianelli, qui draine 40,9 % des voix, brisent tout
espoir de réélection ; avec 22,6 % des voix, soit 20 391 voix sur 90 160 suffrages exprimés, Arthur Giovoni est contraint de céder son siège. Candidat aux élections législatives de 1958, Arthur
Giovoni connaît un nouvel échec.