Grey Georges
Georges Grey, de son vrai nom Georges-Jean-Joseph Gacon, était un acteur français né à Lyon le 19 janvier 1911. Il meurt à Passy (Haute-Savoie) le 2 avril 1954. C'était un des acteurs préférés de Sacha Guitry.
Georges Jean Joseph Gacon, que nous connaîtrons sous le pseudonyme de Georges Grey, naît à Lyon le 19 janvier 1911. Fils d'un soyeux de la capitale des Gaules, Georges Grey poursuivit de brillantes études qui débouchèrent sur un diplôme d'ingénieur. Il entre alors à l'école de Saumur et, cavalier émérite, devient pour un temps gardien de but de l'équipe de France de hockey sur gazon. Mais, las des pirouettes équestres, il range ses éperons pour s'installer à Paris, avec une recommandation auprès de Maurice Escande. Il confie sa photographie aux bons soins du concierge des studios de Billancourt, à l'intention de Sacha Guitry qui ne mettra pas son mouchoir dessus. Pris en mains par la grande Cécile Sorel, il débute sur une scène bruxelloise avant d'entamer une carrière au cinéma dans «Cinderella» de Pierre Caron (1937).
D'emblée, il présente toutes les caractéristiques du “jeune premier” qui fait rêver les demoiselles de l'époque. A ce titre, Sacha Guitry lui offre son premier rôle costumé sur la grande toile, celui d'un jeune Hongrois dans «Les perles de la couronne». Son allure svelte, son charmant sourire, font qu'on le remarque dans ce petit rôle sans trop d'importance. Il tournera encore à 6 reprises sous la houlette du maître de la scène. Dans «Quadrille», il campe avec un malicieux accent d'Outre Atlantique le sémillant Karl Herickson qui joue les séducteurs tour à tour auprès de Gaby Morlay et de Jacqueline Delubac, sous les yeux de son mentor, l'affaire se terminant par un double mariage. Dans la foulée, si j'ose dire, le metteur en défilé lui fait remonter «… les Champs-Elysées», l'annoblissant en prince de Joinville, fils du roi Louis-Philippe, dans sa grande fresque historique de 1938.
Un an plus tard, le célèbre auteur monte une organisation de mariages blancs pour des dames voulant obtenir rapidement la nationalité française ! Pour ce faire, il recrute «… 9 célibataires » qui viennent nous raconter leurs expériences respectives. Au milieu de ces barbons, il fallait un beau jeune homme portant merveilleusement l'habit : c'est ainsi que Georges Grey épousera Geneviève Guitry devant son mari de l'époque, à défaut de Monsieur le maire. Toujours avec Guitry, l'acteur deviendra, quelques années plus tard, maréchal d'empire, en la personne de Junot, dans «Le fabuleux destin de Désirée Clary» (1941), retrouvant avec beaucoup de bonheur la toujours verte Gaby Morlay. Après avoir fait le comédien, dans «Le comédien» (1947), il servira une dernière fois à l'écran envers «Le diable boiteux» (1948) dans l'évocation historique éponyme, sous l'uniforme du général Armand Augustin Louis de Caulaincourt, missionné par le redoutable Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord.
En 1940, infidèle, Georges Grey apparaît dans «Chambre 13», le premier film tourné sous l'Occupation dans les studios de Marseille, à savoir en zone libre. La même année, dans «Le collier de chanvre» de Léon Mathot, il tient le rôle du Capitaine Lake. Toujours en 1940, il rencontre Fernandel en la personne de «Monsieur Hector», les deux hommes aux rapports de maître-valet se risquant aux jeux de l'amour et du hasard imaginés par Marivaux, dont l'intrigue aura été décelée par les plus avertis des ciné-spectateurs sous cette libre adaptation concoctée sans vergogne par Maurice Cammage. En mai 1940, Marcel Pagnol entreprend le tournage d'un scénario écrit un an auparavant. Il confie à Georges Grey le rôle de Jacques Mazel, bel officier d'aviation qui séduit Patricia (Josette Day), «La fille du puisatier» (Raimu). Il en fait le fils de Charpin et de Line Noro qui retrouve Fernandel en futur beau-frère. Véritable instantané de cette période si incertaine, après une interruption due à l'invasion allemande, le film – revu et corrigé en tenant compte de l'actualité – rencontre un succès considérable et Georges conforte définitivement son image de prince charmant dans tous les cœurs féminins.
Deux ans plus tard, nous retrouvons notre héros étudiant la médecine auprès d'une autre «Patricia» (1942), empruntant les traits de Louise Carletti. 1942, C'est aussi l'année du mélodrame de Jean Stelli, «Le voile bleu», admirablement porté par Gaby Morlay, nourrice de coeur auprès d'une succession de petits gamins qui se réuniront tous, au soir de sa vie, sous l'initiative de l'un d'entre, le médecin qu'est finalement devenu Georges Grey (c'est logique !). Sous les caméras de Richard Pottier se réunissent ensuite «Huit hommes dans un château» (1942), sur fond de captation d'héritage et de mystère ; parmi eux, Georges campe un acteur qui épouse l'héritière, une fin heureuse dans une histoire sans consistance. Sous le nom chantant de Mandolino, le voilà partenaire du spirituel Noël-Noël dans «Adémaï, bandit d'honneur», une histoire corse mitonnée par Gilles Grangier.
Georges Grey termine son parcours cinématographique par une composition dans «La ferme des 7 péchés» de Jean Devaivre (1948) et une apparition plus discrète dans l'entourage du «Colonel Durand» de René Chanas (1948). Parallèlement, il se sera montré sur la scène de quelques théâtres parisiens, terminant sa carrière chez Guitry pour une ultime représentation de «Quadrille» au théâtre des Célestins (1949). De cette date jusqu'au 2 avril 1954, jour de sa disparition, plus rien, sinon la maladie… Car Georges Grey nous a quittés prématurément à l'issue d'une tuberculose aggravée, malgré les découvertes d'après guerre qui permettaient d'enrayer cette terrible affection. Il s'est éteint à Passy dans un sanatorium de Haute-Savoie à l'âge de 43 ans et nous avons été privés de ses rôles dans les trois grandes fresques de Guitry des années 50 dans lesquelles nous ne doutons pas que le maître l'aurait employé. Il nous reste le souvenir d'un comédien charmant, éternellement jeune.
Filmographie
- 1937 : Cinderella de Pierre Caron
- 1937 : Les Perles de la couronne de Sacha Guitry et Christian Jaque
- 1937 : Quadrille de Sacha Guitry
- 1938 : Remontons les Champs-Élysées de Sacha Guitry
- 1938 : Ils étaient neuf célibataires de Sacha Guitry
- 1940 : Narcisse de Ayres d'Aguiar
- 1940 : Monsieur Hector de Maurice Cammage
- 1940 : Chambre 13 de André Hugon
- 1940 : Le Collier de chanvre de Léon Mathot
- 1940 : La Fille du puisatier de Marcel Pagnol
- 1941 : Cartacalha, reine des gitans de Léon Mathot
- 1941 : Le Valet maître de Paul Mesnier
- 1941 : Le Destin fabuleux de Désirée Clary de Sacha Guitry
- 1942 : La Duchesse de Langeais de Jacques de Baroncelli
- 1942 : Le Voile bleu de Jean Stelli
- 1942 : Huit Hommes dans un château de Richard Pottier
- 1942 : Patricia de Paul Mesnier
- 1943 : Adémaï bandit d'honneur de Gilles Grangier
- 1945 : Monsieur Grégoire s'évade de Jacques Daniel-Norman
- 1946 : Plume la poule de Walter Kapps
- 1947 : Tierce à cœur de Jacques de Casembroot
- 1947 : Le Comédien de Sacha Guitry
- 1948 : Le Diable boiteux de Sacha Guitry
- 1948 : La Ferme des sept péchés de Jean Devaivre
- 1948 : Le Colonel Durand de René Chanas