Guillou Louis
C'est dans le Léon maraîcher que Louis Guillou vient au monde, le 6 mars 1921 : d'origine paysanne, ce Breton travailleur, sans diplôme, devient à son tour agriculteur, puis syndicaliste agricole
après s'être fait remarquer comme militant de la Jeunesse agricole catholique (JAC). Fidèle à cet engagement, il se présente après la guerre aux premières élections législatives, le 10 novembre
1946, en cinquième position sur la liste MRP ; heureusement pour Louis Guillou, il y a 10 sièges à pourvoir dans le Finistère, et le MRP en remporte la moitié, fort de 172 285 voix sur 380 219
suffrages exprimés.
Agé de 25 ans, Louis Guillou est l'un des benjamins de l'Assemblée et, est désigné, comme tel, secrétaire d'âge à l'ouverture de la session. Tout naturellement, il est nommé membre de la
Commission de l'agriculture, il siège également aux commissions des pensions, de l'éducation nationale et à celle des boissons. Il est également nommé juré à la Haute cour de justice.
Au cours de cette première législature de la IVe République, Louis Guillou dépose une proposition de loi le 20 mars 1947, sur un problème d'exonération fiscale concernant l'acquisition des
exploitations agricoles ; il intervient parfois à la tribune, interpellant à plusieurs reprises le gouvernement sur sa politique des tarifs agricoles. Il se fait à l'Assemblée le porte-parole du
monde paysan, ainsi le 24 février 1949 lorsqu'il s'inquiète de l'absence de réaction du ministère des finances et des affaires économiques face à la menace d'une surproduction : « Au lendemain de
la Libération, les pouvoirs publics demandèrent à la classe paysanne de faire un effort de production exceptionnel ». « Pour se relever il faut produire », tel était le mot d'ordre. Quatre ans
après, le résultat est là, magnifique, dépassant les espérances les plus optimistes. Cette victoire aurait été, en certains pays, célébrée avec éclat. Chez nous, pas un mot de remerciement.
Aujourd'hui, la confiance du producteur est ébranlée. Elle est ébranlée parce qu'il ne peut plus se débarrasser de ses pommes de terre, parce qu'il doit enfouir ses carottes, parce qu'il voit
pourrir ses oignons et ses choux. »
Avec son groupe, il vote la confiance à Léon Blum comme chef du gouvernement provisoire (17 décembre 1946), pour la question de confiance à la suite de laquelle Paul Ramadier se sépare des
ministres communistes (4 mai 1947), pour le statut de l'Algérie (27 août 1947). Il se prononce aussi en faveur du plan Marshall (7 juillet 1948), du Conseil de l'Europe (9 juillet 1949), du pacte
de l'Atlantique (26 juillet 1949), et approuve la loi électorale du 7 mai 1951 instituant le système des apparentements.
Cette loi, qui favorise les partis de la « troisième force », ne profite pourtant pas à Louis Guillou puisque aucun apparentement n'est conclu dans le Finistère. Les électeurs bretons marquent
comme dans le reste du pays leur désaveu des partis ayant exercé le pouvoir pendant la législature. Le MRP avec 94 659 voix en moyenne perd 45 % de ses électeurs et tombe à 25,2 % des suffrages
exprimés. Les électeurs mécontents reportent majoritairement leurs voix sur la liste du RPF qui obtient près de 28 %des voix et trois élus. Ces élections marquent la fin de la carrière
législative de Louis Guillou sous la IVe République. En effet, toujours placé en cinquième position sur la liste MRP, il n'est pas élu, seuls trois des cinq députés MRP sortants retournent siéger
au Palais Bourbon.