L'Armée des ombres
L'Armée des ombres est un film franco-italien de Jean-Pierre Melville sorti sur les écrans en 1969, adapté du roman du même nom de Joseph Kessel. Octobre 1942. Philippe Gerbier, ingénieur des Ponts et Chaussées, est un résistant de la première heure. Dénoncé, il se retrouve enfermé dans un camp français. Il parvient à prendre la fuite durant son transfert au siège de la Gestapo à Paris et s'empresse de rejoindre les membres de son réseau à Marseille. Avec deux camarades, Félix et «Le Masque», Gerbier est chargé d'exécuter le jeune Dounat, responsable de son arrestation. Parallèlement, Jean-François, un ami de régiment, entre dans la Résistance. Chargé pour sa première mission de livrer un poste émetteur à une certaine Mathilde, il en profite pour aller rendre visite à son demi-frère, Luc Jardie, un grand bourgeois qui se tient à l'écart des événements...
L'Armée des ombres de Jean-Pierre Melville
Fiche Technique
- Titre : L'Armée des ombres
- Réalisation : Jean-Pierre Melville assisté de Jean-François Adam
- Scénario, adaptation et dialogues : Jean-Pierre Melville, d'après le roman éponyme de Joseph Kessel
- Musique : Éric Demarsan
- Photographie : Pierre Lhomme
- Cadreur et coordinateur des effets spéciaux : Walter Wottitz
- Son : Jacques Carrère
- Décors : Théobald Meurisse
- Costumes : Colette Baudot
- Montage : Françoise Bonnot
- Production : Jacques Dorfmann
- Sociétés de production : Les Films Corona (France), Fono Roma (Italie)
- Société de distribution : Les Acacias
- Pays d'origine : France, Italie
- Langues originales : français, allemand et anglais
- Format : Couleur par Eastmancolor - 1.85:1 - Son monophonique - 35 mm
- Genre : Drame, résistance
- Durée : 139 minutes (2 h 19)
- Dates de sortie : France : 12 septembre 1969 - Italie : 6 octobre 1970
Distribution
- Lino Ventura : Philippe Gerbier
- Simone Signoret : Mathilde
- Paul Meurisse : Luc Jardie
- Jean-Pierre Cassel : Jean-François Jardie
- Paul Crauchet : Félix Lepercq
- Christian Barbier : Guillaume Vermesch « Le Bison »
- Claude Mann : Claude Ullman « Le Masque »
- Alain Libolt : Paul Dounat
- Alain Mottet : le Commandant du camp
- Alain Decock : Legrain
- Serge Reggiani : le Coiffeur
- Georges Sellier : le Colonel Jarret du Plessis
- Marco Perrin : Octave Bonnafous
- Hubert de Lapparent : le Pharmacien Aubert
- Jean-Marie Robain : le Baron de La Ferté-Talloires
- André Dewavrin : le Colonel Passy (lui-même)
- Jeanne Pérez : Marie
- Albert Michel : un Gendarme
- Denis Sadier : le Médecin de la Gestapo
- Colin Mann : le Dispatcher
- Anthony Stuart : le Major de la Royal Air Force
- Michel Fretault : le Patriote anonyme
- Jacques Marbeuf : un Officier allemand
- Michel Dacquin : un Condamné
- Gérard Huart : un Prisonnier
- Percival Russell : un Soldat allemand
- Franz Sauer : l'Officier allemand
- Nathalie Delon : l'Amie de Jean-François
- Marcel Bernier : l'Adjoint douanier
- Gaston Meunier : le Contrôleur de bagages
- Adrien Cayla-Legrand : Charles de Gaulle
Critique du 03/12/2016 Par Jacques Morice
Genre : chronique d'un réseau de la Résistance.
On serait tenté de qualifier ce film de chef-d'oeuvre, si cette notion galvaudée ne renvoyait pas aussi souvent à l'art officiel. Officiel, le film se refuse à l'être, malgré son poids historique. Ancien résistant gaulliste, Melville l'a porté en lui vingt-cinq ans durant et n'a pu le réaliser qu'à la fin de sa carrière. C'est un regard démystifiant et grave à la fois qu'il porte sur la Résistance et ses hommes de l'ombre. Il montre un quotidien soumis à une tension permanente, où chacun doit se cacher, attendre, guetter, fuir, et parler le moins possible. Cette forme extrême d'engagement tend au cauchemar dépouillé. Elle exige de se salir les mains (l'exécution des traîtres) et surtout de se battre avec soi-même, ses doutes, sa lâcheté et sa peur.
Filmant ces combattants clandestins comme des fantômes, des morts en sursis, Melville loue leur courage et leur abnégation sans céder à l'imagerie héroïque. L'Armée des ombres est une épure funèbre et hypnotique dans laquelle les hommes et les femmes, bien que liés par des convictions très fortes, sont immanquablement seuls. Au bout du compte, c'est par le biais de cette solitude mélancolique que ces silhouettes souveraines rejoignent le mythe. — Jacques Morice