Le maréchal et la dactylo
"Suis-je le seul Français à me sentir mauvaise conscience quand on parle du maréchal Pétain ? Le hasard m'a fait rencontrer une demoiselle de plus de quatre-vingt ans Jeanne Lucet, qui a
travaillé pour lui, dans son ombre, pendant plus de trente ans. Au GQG, pendant la Grande Guerre, il lui dictait ses ordres du jour.
Et elle se trouvait là, à Vichy, en août 44, quand il fut enlevé par les Allemands. Entre-temps, elle avait tapé les manuscrits du capitaine de Gaulle, les notes de Weygand et de Gamelin. A la
Libération, elle refusa de reprendre auprès de de Gaulle la place de confiance qu'elle occupait auprès de Pétain." "Je rêve souvent, dit-elle, de ce qui aurait pu se passer si le général de
Gaulle n'avait pas repoussé les avances du Maréchal."
"Qu'on ne cherche pas dans ce livre des révélations historiques époustouflantes. A travers la vie incroyablement transparente de Melle Lucet, mes idées sur la guerre se sont encore clarifiée, et
simplifiées. Elle a aimé le Maréchal, c'est évident. Comme un homme ? Et lui, ce luron que l'on trouvait dans le lit de sa bien-aimé quand on le cherchait pour Verdun ?
Il avait soixante et onze ans quand, un jour, Jeanne lucet, dactylographe administrative, embauchée pour taper des citations, est entrée dans son bureau, à Compiègne. Elle avait des cheveux blond
cendré et des yeux bleu pervenche".