Ledebour Georg

Publié le par Roger Cousin

Ledebour Georg Georg Ledebour (7 mars 1850 à Hanovre - 31 mars 1947 à Berne) était un journaliste et militant socialiste allemand. Ledebour fit son service militaire comme brancardier pendant la guerre franco-prussienne de 1870. Après la guerre, il fit des études commerciales puis il donna des cours et devint journaliste, travaillant de 1876 à 1882 comme correspondant à l'étranger du Berliner Blätter à Londres. Il fut ensuite rédacteur pour les journaux de la gauche libérale Demokratische Blätter et Berliner Volkszeitung. Il adhéra en 1882 au Parti progressiste allemand puis contribua en 1886 à la fondation du Parti démocratique d'Allemagne du Nord avant de rejoindre en 1891 le SPD. Entre 1892 et 1894, Georg Ledebour eut une relation amoureuse compliquée avec Lou Andreas-Salomé qui ne l'empêcha pas de poursuivre son activité politique.

Esprit vif, il a sans doute senti chez Lou l'inextricable nœud de ses contraintes par le manque d'alliance qui ne peut qu'interroger sur ses contraintes ascétiques et matrimoniales. Aborder la jeune femme en la rappelant à son devoir de signaler par une alliance son statut d'épouse est une stratégie à la fois cruelle et subtile.C'est peut-être la contradiction entre ce trouble et les principes sévères d'une indissoluble union matrimoniable qui fait dire à Ledebour que lou était une jeune fille plutôt qu'une femme; qu'elle le repousse on cède à ses avances, il exige qu'elle le fasse comme une femme qui porte la bague au doigt - épouse vertueuse ou femme adultère. Or Lou refuse cette alternative grossière... Il ne tarda pas à rejoindre l'aile gauche du parti. À partir de 1900, il fit partie de l'équipe de rédaction du Vorwärts puis du Sächsische Arbeiterzeitung à Dresde. Ledebour siégea au Reichstag de 1900 à 1918. Pendant toutes ces années, il fut un journaliste politique et un orateur social-démocrate actif. Trotsky, qui l'a rencontré avant guerre, écrit : « Ledebour fut toujours le meilleur ami des émigrants révolutionnaires russes, polonais ou autres, et beaucoup d'entre eux ont conservé un souvenir chaleureux du vieux révolutionnaire, que dans les rangs de la bureaucratie social-démocrate on appelait avec une ironie condescendante tantôt Ledebourov, tantôt Ledeboursky. »

Les premiers jours d'août 1914, au déclenchement de la Première Guerre mondiale, Ledebour fit partie avec Hugo Haase et Karl Liebknecht de la minorité de députés social-démocrates qui s'opposèrent au vote des crédits de guerre dans la discussion interne par laquelle le SPD devait définir sa position, mais il vota finalement les crédits le 4 août, par discipline de parti, la majorité ayant refusé la liberté de vote aux députés. Ledebour participa ensuite aux conférences internationalistes de Zimmerwald (1915), avec Adolf Hoffmann, et de Kienthal (1916). À Zimmerwald, il eut une altercation avec Lénine qui exigeait qu'il s'engage au moins à ne plus voter les crédits de guerre ce à quoi il répondit qu'il était facile de donner des conseils depuis la Suisse.

À l'intérieur du SPD, il fut de ceux qui s'opposèrent à la guerre et à la politique d'Union sacrée de 1915 à 1917, date à laquelle ils fondèrent l'USPD. Fin janvier 1918, une grève massive qui toucha plusieurs centaines de milliers d'ouvriers eut lieu à Berlin, à l'initiative des Délégués révolutionnaires (Revolutionäre Obleute) pour réclamer une paix sans annexion, l'amélioration du ravitaillement et le rétablissement des libertés publiques. Ledebour fut choisi pour participer au comité de grève. Lors de la révolution de novembre 1918, il fut membre du comité exécutif du conseil d'ouvriers et de soldats de Berlin. En janvier 1919, il soutint le soulèvement de Berlin avec les spartakistes. Il fut arrêté à son domicile le 10 janvier, alors qu'il négociait pourtant avec le gouvernement au nom des insurgés4, mais fut finalement acquitté en juin de la même année.

Député au Reichstag de 1920 à 1924, en tant que président de l'USPD, Ledebour se prononça contre l'union de son parti avec le seul KPD ou le seul SPD mais en faveur de l'unité de toutes les forces révolutionnaires. La plupart des membres de l'USPD rejoignirent le parti communiste fin 1920 ou le SPD en septembre 1922. Ledebour resta à la tête des restes de l'USPD avec Theodor Liebknecht jusqu'à la fin 1923. Les deux hommes se disputèrent alors sur l'attitude à adopter face à l'occupation de la Ruhr. La majorité se prononça avec Theodor Liebknecht pour le défaitisme révolutionnaire tandis que la minorité suivait avec Ledebour la formule du KPD : « Combattez Poincaré dans la Ruhr et Cuno sur la Spree ! » Ledebour dirigea alors une tendance socialiste appelée Sozialistischer Bund jusqu'en 1931.

Dans les années Vingt, il adhéra à plusieurs organisations liées au Parti communiste comme la Ligue mondiale contre l'impérialisme et le Secours rouge international. Il rejoignit à l'automne 1931 le Parti socialiste ouvrier d'Allemagne (SAPD) nouvellement créé qui tenta en vain de le présenter aux élections présidentielles de 1932 comme candidat d'unité de tous les partis ouvriers. Ledebour s'exila en Suisse après l'arrivée au pouvoir des nazis en 1933. Il y publia de nombreux articles contre le fascisme. En 1946, il eut le temps de se prononcer en faveur d'une fusion entre socialistes et communistes pour créer le SED avant de mourir dans un sanatorium, suite à une longue maladie.


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