Mahan Alfred
Alfred Thayer Mahan, plus connu sous le nom d'Alfred Mahan ou celui d'Alfred T. Mahan, né le 27 septembre 1840 à West Point (État de New York), mort le 1er décembre 1914), était
un historien et stratège naval américain. Fils du réputé professeur de tactique à West Point Dennis Hart Mahan, il sert dans l’US Navy durant la guerre de Sécession puis devient président du
Naval War College de Newport au Rhode Island. Mahan est surtout reconnu pour son influence sur la doctrine maritime des États-Unis. Son ouvrage The Influence of Sea Power upon History, 1660-17831
(1890) a été le plus influent de son époque en matière de stratégie militaire et de politique étrangère. Mahan insistait sur la nécessité pour les États-Unis de développer une marine
puissante.
En 1902, il devient président de l’American Historical Association et se retire contre-amiral en 1906. C'est lui qui employa en 1902, pour la première fois,2 dans un article de la National
Review, publiée à Londres, le terme de Moyen-Orient. Dans ses livres, l’amiral Mahan tâchait d’expliquer d’où provenait la grandeur de l’empire britannique. Il affirma en trouver la réponse dans
l’acquisition par la Grande-Bretagne de la suprématie maritime. Les Britanniques avaient réussi à s’assurer en même temps un commerce extérieur prospère qui les enrichissait, une marine marchande
florissante pour effectuer ce commerce, une marine de guerre puissante pour veiller à la défense des bateaux de commerce partout dans le monde, une série de bases maritimes où les navires
pouvaient se ravitailler ou être réparés, et enfin un empire qui fournissait les matières premières nécessaires à l’industrie et constituait un marché de consommation pour les produits finis. Ces
cinq éléments apparaissaient à Mahan à la fois complémentaires et indispensables pour assurer la puissance et la prospérité. Sans eux, les nations restent en retard dans la marche de la
civilisation. Les Américains devaient donc en tirer la leçon.
Mahan se rendait parfaitement compte qu’il n’était pas possible de rivaliser sur-le-champ avec les Britanniques. L’acquisition de colonies n’était que la dernière étape à envisager dans ce
processus : le gouvernement américain devait d’abord acquérir une flotte de guerre susceptible de contrôler les océans autour des États-Unis. Ensuite, il lui fallait empêcher d’éventuels ennemis
d’avoir accès à certains sites stratégiques à proximité des zones à défendre. Enfin, il devait occuper des positions sur les principales routes maritimes du globe. Il ne recommandait pas
l’annexion de n’importe quel territoire : il n’était pas partisan de l’acquisition de Guam, des Philippines, d’aucune île à l’ouest des Hawaii. Dans les Caraïbes, il était médiocrement intéressé
par Cuba, Haïti ou Porto Rico, îles fortement peuplées. Il préférait l’acquisition des Hawaii et de l’une des Indes occidentales danoises, le contrôle de la zone d’un canal transocéanique et la
location d’un port en Amérique Centrale ou du Sud.
L’importance de Mahan vient surtout de l’influence qu’il a exercée sur des hommes bien placés pour définir la politique étrangère américaine et, tout particulièrement, sur Benjamin Tracy,
secrétaire à la Marine, qui proposa un vaste plan de construction navale en 1889, Henry Cabot Lodge, membre de la commission de la marine à la Chambre des représentants de 1889 à 1893 puis au
Sénat des États-Unis à partir de 1895, enfin et surtout, Theodore Roosevelt qui devint Assistant Secretary de la marine en mars 1897. Lodge, par exemple, déclara au Sénat, le 2 mars 1895,
qu’aucune nation ne pouvait être réellement grande sans être une puissance navale et que sans la possession des îles Hawaii - clé de l’océan Pacifique - il était inutile d’entreprendre la
construction d’un canal transocéanique (le futur canal de Panama). Quant à Théodore Roosevelt, il écrivit en 1882, juste à sa sortie de Harvard un livre sur la guerre de 1812 dans lequel il
adopta complètement les vues de Mahan.
En 1890, le Naval Policy Board (Conseil de politique maritime), nommé par Benjamin Tracy, affirma la nécessité pour les États-Unis d’avoir une flotte puissante non seulement pour ses défenses
côtières mais pour protéger ses routes commerciales. Les recommandations du conseil ne furent pas entièrement suivies mais on s’orienta néanmoins, avec le Naval Act de 1890 et la construction de
cuirassés côtiers capables d’aller en haute mer vers une politique plus ambitieuse. En 1898, lors de la guerre hispano-américaine, l’US Navy comptait 5 cuirassés. En 1900, elle devenait troisième
du monde et en 1908, elle sera la deuxième.