Mauclair Camille

Publié le par Roger Cousin

Mauclair Camille Camille Mauclair (nom de plume de Camille Laurent Célestin Faust), né le 29 novembre 1872 à Paris 5e et mort le 23 avril 1945 dans le 7e arrondissement de Paris, est un poète, romancier, historien d'art et critique littéraire français, chantre de la collaboration durant l'occupation de la France par l'Allemagne nazie. Disciple de Mallarmé, et parmi les meilleurs historiens du symbolisme, Camille Mauclair collabore à des revues telles que La Conque, La Revue indépendante, La Revue de Paris et de Saint-Pétersbourg, La Revue blanche, le Mercure de France, Le Coq rouge, les Essais d'art libre, les Entretiens politiques et littéraires, L'Art moderne, L'Ermitage, La Société nouvelle, L'Image, la Nouvelle Revue, la Revue encyclopédique, la Grande Revue, la Revue des revues, et pour des journaux tels que L'Estafette, L'Événement, Gil Blas, La Cocarde, Le Figaro, L’Aurore et La Dépêche de Toulouse.

Il collabore aussi à la presse anarchiste. Son œuvre est aujourd'hui considérée assez injustement comme mineure des courants littéraires de son temps auxquels elle apporte néanmoins un éclairage précieux. Critique d'art perspicace durant les années 1890, préfacier régulier des expositions "impressionnistes et symbolistes" de la galerie Le Barc de Boutteville, il considère certains aspects des avant-gardes à partir du fauvisme comme en rupture néfaste avec la tradition classique et n'hésite pas à dénoncer, avec clairvoyance, le caractère mercantile et artificiel d'un certain marché de l'art ; il révèle par exemple, comme témoin, ce qu'il considère comme le "montage" du mythe Cézanne. Avec Paul Fort, il fonde le théâtre d'art qui montera le premier l'œuvre de Maurice Maeterlinck en France (La Princesse Malaine et en 1893, Pelléas et Mélisande) puis avec Aurélien Lugné-Poë, le théâtre de l'Œuvre. Proche de tous les milieux littéraires, Mauclair est l'amant de Georgette Leblanc, avant que cette dernière ne se lie avec Maeterlinck.

Parmi les beaux portraits de Camille Mauclair, on compte un pastel de Lucien Lévy-Dhurmer. Durant sa carrière, en tant que critique, auteur et journaliste, il a aussi contribué à la connaissance musicale du public parisien. Défenseur de Richard Wagner, fin connaisseur de la pratique musicale, il livre de belles pages sur les compositeurs et l'orchestre. Plusieurs de ses poésies sont mises en musique dont les trois beaux "Lieder" dus à Ernest Chausson. Pendant la Première Guerre mondiale, horrifié par les crimes allemands, Camille Mauclair, malgré sa formation germanophile et son admiration pour les philosophes et Heinrich Heine, théorise l'influence négative de la culture germanique. Durant l'Entre-deux-guerres, Camille Mauclair poursuit une activité de polygraphe et consacre aussi de belles pages aux villes qu'il admire, dont Bruges et Venise. Il dénonce ce qu'il considère comme la décadence de l'art français et déplore le règne "de la laideur".

Adolphe Van Bever et Paul Léautaud, dans leur anthologie Poètes d'aujourd'hui (1900) lui attribuent à tort, comme l'avouera Paul Léautaud dans ses entretiens radiophoniques, une origine sémitique, tandis que Gérard Jean-Aubry (1905) s'arrête à des origines catholiques et lorraines (avec une ascendance danoise). Quoi qu'il en soit, il ne fut dreyfusard que par fidélité à Clemenceau. À cet égard, il faut voir cependant, p. 124-129 de son autobiographie Servitude et Grandeur littéraires (1922). « Ainsi fus-je Dreyfusard de la première minute, par goût de la vérité ». p. 126. En 1930, son ouvrage La farce de l'art vivant : Les métèques contre l'art français, explicite des options nationalistes et réactionnaires partagées par nombre de détracteurs de certaines tendances de l'art moderne, opinions qui prennent la forme d'un antisémitisme qui peut paraître violent mais qui était usuel au XIXe siècle dont il était issu et sur lequel il faut prendre garde de ne pas projeter abusivement des problématiques contemporaines : « Parmi les blancs (de l'école de Paris on compte environ 80 % de sémites et à peu près autant de ratés... »

Comme nombre de personnalités du monde de l'art, il fut un adepte du gouvernement de Vichy (La Crise de l'art moderne, 1944), de 1940 à 1944. Collaborateur occasionnel au quotidien pro allemand Le Matin, de Bunau-Varilla, et, encore en 1944, à la revue Grand Magazine illustré de la Race : Revivre, il fut inclus par le Comité national des écrivains dans la liste des auteurs « interdits ». Son décès, survenu en avril 1945, lui évita des sanctions plus sévères.


Publié dans Ecrivains

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