Shâh Amanoullâh
Amanullah Khan appelé aussi Ghazi Amanullah Khan ou Shah Amanullah Khan (né à Paghman le 1er juin 1892 - mort à Zurich en
Suisse le 25 avril 1960) règne du 28 février 1919 au 14 janvier 1929 sur l’Afghanistan. Troisième fils de l’Émir Habibullah Khan et fils de la reine principale Ulya Hazrat. Le jeune Amanullah
Khan a été formé dans l’école militaire de Kaboul, influencé dès son jeune âge par le mouvement des nationalistes-constitutionnalistes mené par Mahmoud Tarzi (appelé aussi Mahmoud Beg Tarzi) le
fondateur du seul journal du pays, le Seraj-ul-Akbar. Amanullah Khan a reçu de son père le titre prestigieux d’Ayn-ul-Dawla c'est-à-dire « l’œil de l’État ». Le jeune prince n’a pas hésité à
s’entourer des réformistes et indépendantistes issus de différentes classes sociales afghanes.
Le 20 février, l’Émir Habibullah Khan est assassiné alors qu'il se trouvait en déplacement à Kalagosh de Laghman pour la chasse royale. Aussitôt son frère Nasrullah Khan s’auto-proclame Émir à
Jalalabad avec le soutien des deux fils aînés du défunt. Tandis qu’à Kaboul, le troisième fils, Amanullah Khan qui gère les affaires de l’État en absence de son père, refuse de reconnaître son
oncle comme le nouvel émir du pays ; il riposte avec le soutien des nationalistes-constitutionnalistes, des oulémas modérés et de l’armée. Face à l’avancée de l'armée d’Amanullah Khan, les
soldats de l’oncle déposent les armes. Amanullah Khan est acclamé émir par les notables du pays. Aussitôt, Amanullah Khan va proclamer l’Indépendance nationale ainsi son règne débute par la
troisième guerre anglo-afghane ou guerre d’indépendance.
Il s’est marié deux fois, sa première épouse est une certaine Gul-Pari, qui va mourir en mettant au monde leur fils sardar Hedayatullah Khan. Puis, Amanullah Khan va épouser Soraya Tarzi, la
fille de Mahmoud Tarzi (son futur mentor et ministre des Affaires étrangères) et d’Asma Rasmiya Tarzi. Ensemble, ils contribuent fortement à l’émancipation de la femme afghane. Amanullah Khan
mène son pays vers une décennie de développement, basée sur le modèle européen, et crée trois lycées en langue étrangère, en particulier le lycée Esteqlal en 1923 (« Esteqlal » signifie
indépendance). Mais il veut aller trop vite et tente d’abolir le port du voile pour les femmes, d’interdire la polygamie, et de forcer les Afghans de Kaboul à porter des vêtements européens. Il
fait aussi publier un décret interdisant le mariage des jeunes filles contre le consentement et fixant une âge minimum. En 1927-1928, il entrepend un voyage officiel à travers l’Europe afin
d’observer de lui-même les réformes et l’industrialisation de ces États pouvant servir d’exemple à ses futures réformes. En 1928, il lance une série de réformes lors de la Loya Jirga (la grande
Assemblée des notables équivalent au Congrès français), qui devait moderniser la société afghane. Ce sera le début de la crise. Les ennemis de l’État, les intégristes vont sémer la rebellion
parmi les tribus pachtounes.
En décembre 1928, l'armée de l'Emir est confrontée à la rébellion des Shinwaris dans l’Est du pays, alors qu'un certain « Bacha e Saqao » (le fils du porteur d’eau) commence à menacer Kaboul par
le Nord. En janvier 1929, pour éviter un bain de sang, le roi Amanullah Khan décide d’y abdiquer en faveur de son frère aîné, Inayatullah Khan (futur Inayatullah Shah). Mais à peine trois jours
plus tard, Kaboul est prise et le fils du porteur d'eau s’auto-proclame Émir sous le nom de Habibullah II le Kalakhani. À Kandahar, Amanullah Khan revient sur son abdication, avec le soutien des
tribus restées fidèles, et se lance à la reconquête de Kaboul. Malgré son avancée jusqu’à Ghazni, il décide de se retirer définitivement au mois de mars 1929. Il prend le chemin de l’exil via
l’Inde avant de s’installer définitivement à Rome (en Italie). En 1960, l'ancien roi Amanullah Khan est mort à Zurich (en Suisse) tandis son épouse, la reine Soraya Tarzi décéde à son tour en
1968. Ils sont inhumés à Jalalabad dans le mausolée de son père Habibullah Khan. Ses enfants et petits-enfants vivent aujourd’hui entre Rome, Genève et Istanbul. Une de ses nièces par alliance,
Zeynep Tarzi, a épousé Osman Ertuğrul Efendi, chef de la dynastie ottomane entre 1994 et 2009.