McCain John Sidney
John Sidney McCain III, né le 29 août 1936 sur la base militaire américaine de Coco Solo (zone du canal de Panama) et mort le 25 août 2018 à Cornville (Arizona), est un vétéran de la guerre du Viêt Nam et homme politique américain. Il est sénateur pour l'Arizona au Congrès des États-Unis de 1987 à sa mort et candidat républicain à l'élection présidentielle de 2008.
John Sidney McCain III, né le 29 août 1936, sur la base militaire américaine de Coco Solo, dans la Zone du canal de Panamá, et mort le 25 août 2018 à Cornville en Arizona, est un vétéran de la guerre du Viêt Nam et homme politique américain, membre du Parti républicain, candidat à l'élection présidentielle de novembre 2008 et sénateur de l'Arizona au Congrès des États-Unis depuis 1987. Après avoir tenté sans succès en 2000 de recevoir l'investiture républicaine pour être le candidat du parti à l'élection présidentielle, il est 8 ans plus tard le candidat républicain à l'élection présidentielle de novembre 2008. En mai 2008, le Time le classe cinquième sur sa liste des cent personnes les plus influentes au monde. Ses parents sont John S. « Jack » McCain, Jr. (1911-1981) et Roberta (Wright) McCain (née en 1912). Jack McCain est commandant de sous-marins durant la Seconde Guerre mondiale puis amiral en chef de l'US Navy dans la zone Pacifique pendant la guerre du Viêt Nam. Il est décoré de la Silver Star et de la Bronze Star.
Son grand-père paternel est aussi un amiral de l'US Navy. John Sidney « Slew » McCain, Sr, pionnier de l'aéronavale et amiral dans la flotte du Pacifique, dirigea plusieurs assauts lors de la bataille du golfe de Leyte lors de la guerre du Pacifique durant la Seconde Guerre mondiale. Il est encore présent sur le pont du cuirassé USS Missouri (BB-63) le 2 septembre 1945 lors de la reddition japonaise dans la baie de Tōkyō avant de mourir 4 jours plus tard. Durant les 10 premières années de sa vie, John McCain déménage au gré des affectations de son père. Il passe ainsi une enfance entre New London, Connecticut et Pearl Harbor, Hawaii. Il a 5 ans lors de l'attaque sur Pearl Harbor, le 7 décembre 1941. Après la Seconde Guerre mondiale, les McCain s'installent dans le nord de la Virginie. John McCain fréquente alors l'école Saint-Stéphane de la ville d'Alexandria de 1946 à 1949 puis fréquente le lycée épiscopalien d'Alexandria. De 1954 à 1958, il est élève à l'Académie navale d'Annapolis d'où il manque de se faire renvoyer pour ses actes d'indiscipline et des amours agitées notamment avec un mannequin brésilien ou pour avoir amené une strip-teaseuse à un cocktail en grande tenue de l'amirauté. Véritable tête brûlée, il s'écrase ainsi à deux reprises à l'entraînement avec un appareil.
Pilote militaire, John McCain est d'abord cantonné à la tâche d'instructeur de vol et effectue des missions en mer Méditerranée et en Océan Atlantique. Le 29 juillet 1967, McCain échappe à un tir de roquette accidentel, à bord de l'USS Forrestal, qui heurte son avion A-4 Skyhawk en stationnement et propage un incendie à bord du navire qui tue 134 marins. Un peu plus tard, le 26 octobre 1967, au cours de sa 23e mission de bombardement au-dessus du Nord-Viêt Nam où son objectif est la centrale électrique d'Hanoi, son avion est abattu par un missile sol-air SAM-2. Lorsqu'il s'éjecte, la violence du choc lui brise les deux bras et une jambe. Tombé en parachute au milieu du lac Truc Bach, situé au coeur de la capitale nord-vietnamienne, il manque de se noyer lorsque des habitants le tirent de l'eau, lui arrachent son équipement et le rossent. Récupéré par les soldats nord-vietnamiens, un garde transperce son épaule avec la baïonnette de son fusil tandis qu'un autre lui perce la cheville. Il en gardera des séquelles physiques toute la vie comme une cicatrice sur la tempe, un bras gauche qui ne se lève plus, une jambe qui traîne un peu et une démarche assez raide. Grièvement blessé, il est emmené dans une prison où il est jeté dans une cellule à même le sol. Durant quatre jours, il est interrogé et battu. Au cinquième jour, quand les Nord-vietnamiens découvrent qu'il est le fils d'un amiral américain, il est transféré dans un hôpital où il reçoit des transfusions de sang et de plasma. Au bout du 10e jour d'hospitalisation, un membre du bureau politique du Parti communiste vietnamien lui annonce qu'il va parler à la télévision française. Suite aux menaces qu'il encourrait pour la suite de son hospitalisation s'il persistait à refuser, John McCain obtempère et reçoit la visite du journaliste français de l'ORTF François Chalais. Ce dernier diffusera dans Cinq colonnes à la une les images de McCain déclinant son identité et en donnera une copie à l'épouse du pilote.
John En mars 1968, il parvient pour la première fois à se tenir debout et à marcher mais il est alors placé pendant deux ans en isolement total. Suivront ensuite 3 années de mauvais traitements, de solitude et d'angoisse. Prisonnier de guerre, il est ligoté et humilié régulièrement par ses geôliers qui lui cassent à nouveau le bras ainsi que quelques côtes. Roué de coups pendant des jours ou suspendu par ses bras fracturés, il en vient à signer des confessions de piraterie aérienne, avant de tenter de se pendre dans sa cellule. En juin 1968, il refuse, par solidarité avec ses camarades, une offre de libération anticipée lorsque ses geôliers, réalisant que son père venait d'être nommé commandant en chef du United States Pacific Command, ont espéré en faire une opération de propagande. En décembre 1969, John McCain est transféré à la prison de Hoala, le « Hanoi Hilton », construite par les Français en 1945. Cette fois, il n'est plus en isolement total et peut communiquer avec d'autres Américains, notamment un compagnon de cellule qu'on lui adjoint. À plusieurs reprises, il refuse de rencontrer des délégations étrangères de pacifistes venues à Hanoï, ce qui lui vaut de nouveaux coups et blessures. En janvier 1972, son père, amiral en chef de la zone Pacifique fait bombarder Hanoï par les B-52 en dépit des risques pour son fils, toujours prisonnier du Việt Cộng. Libéré en mars 1973, après avoir survécu à ses blessures, aux humiliations, aux coups, aux tortures et à 2 années de confinement solitaire, John McCain est décoré à son retour par le président Richard Nixon.
En 1977, il devient officier de liaison de la Navy au sénat des États-Unis. En 1981, le capitaine McCain quitte la Navy le jour où, coïncidence, son propre père est enterré au cimetière national d'Arlington. Il est alors titulaire d'une multitude de décorations honorifiques et prestigieuses comme la Silver Star, la Bronze Star, la légion du mérite ou encore la Purple Heart. En 1982, quand le député républicain de l'Arizona, John Jacob Rhodes, renonce à solliciter un nouveau mandat à la chambre des représentants des États-Unis, John McCain fait acte de candidature pour lui succéder. Lors de la campagne, à son adversaire démocrate qui le traite de « parachuté », parce que McCain n'a aucune attache dans le district, le vétéran du Viêt Nam lui rétorque « Écoute, vieux, j'aurais aimé avoir le luxe, comme toi, de grandir et de vivre toute ma vie dans un endroit merveilleux comme l'Arizona. Mais en fait, quand j'y pense, l'endroit où j'ai vécu le plus longtemps c'est à Hanoï ». John McCain est élu. Durant ses deux mandats, il se fait remarquer par des positions politiques iconoclastes vis-à-vis de son parti et du président Ronald Reagan, notamment quand il s'oppose au maintien des troupes américaines dans la force multinationale stationnée au Liban et approuve les sanctions économiques contre l'Afrique du Sud pour protester contre la politique de l'apartheid qui était en vigueur.
En 1986, il est élu au Sénat au siège laissé vacant par son prédécesseur, le républicain conservateur Barry Goldwater. Deux ans plus tard, il vote en faveur du Family Support Act comme la plupart des sénateurs, qui demande des mères adolescentes, récipiendaires d'aides sociales, qu'elles poursuivent leur scolarité (high school) En 1989, il est impliqué dans le scandale politico-financier connu sous le nom de Keating Five. Il est alors reproché à John McCain d'avoir accepté, avec 4 autres sénateurs américains, une importante contribution financière à sa campagne électorale de la part du président d'une association de caisse d'épargnes californienne, afin, semble-t-il, de ne pas ébruiter les malversations financières de ce dernier. La commission d'enquête du Sénat chargée de l'enquête conclut à une erreur de jugement du sénateur de l'Arizona dont l'intégrité avait alors été mise en doute. En 1993, c'est avec un autre vétéran du Viêt Nam, le sénateur démocrate John Kerry, qu'il milite et obtient la réouverture des relations diplomatiques avec le Viêt Nam. En 1997, Time Magazine le cite parmi les 25 personnes les plus influentes des États-Unis. En 1999, il raconte dans son autobiographie intitulé Faith of my Fathers sa détention au Viêt Nam. L'année suivante, en 2000, John McCain se présente aux élections primaires du Parti républicain en vue de l'élection présidentielle. Son principal concurrent est alors le gouverneur conservateur du Texas, George W. Bush.
Contre toute attente, McCain gagne les primaires du New Hampshire, du Michigan, de l'Arizona, de Rhode Island, du Connecticut et du Vermont et met en difficulté le gouverneur Bush, soutenu par la direction du Parti républicain. Durant ses meetings, utilisant son image nationale d'honnêteté et de probité, il n'hésite pas à se comparer à Luke Skywalker en lutte contre les forces obscures de l'empire, représentés par le gouverneur Bush et les évangélistes Pat Robertson et Jerry Falwell, ces derniers étant qualifiés d'« agents de l'intolérance et de la corruption religieuse et politique ». Cependant, à la veille de l'importante primaire de Caroline du Sud, McCain est victime d'une campagne de calomnie orchestrée par des proches du gouverneur Bush. Il est ainsi accusé d'avoir fait un enfant à une femme noire, d'avoir trahi au Viêt Nam, d'avoir transmis la syphilis à sa seconde épouse ou d'avoir perdu la raison en captivité. Il est finalement battu par le gouverneur Bush lequel reçoit la nomination pour être candidat républicain à l'élection présidentielle de 2000. Il s'éloigne alors du devant de la scène pour soigner un début de cancer de la peau et se fait opérer d'un mélanome qui lui laissera une profonde cicatrice sur la joue gauche. Au Sénat, McCain sera un des plus fermes partisans de la réforme du financement des campagnes électorales, qu'il fait aboutir en 2002 avec le sénateur démocrate Russ Feingold. Qualifié alors de républicain progressiste, il est souvent assimilé à l'image de l'ancien président Théodore Roosevelt pour « considérer la politique comme une compétition entre l'intérêt national et l'égoïsme des intérêts privés » et défendre « l'idée que le gouvernement devait contrebalancer les abus de la richesse organisée ». Il rencontre à l'époque des responsables démocrates qui espèrent le faire convaincre de les rallier mais c'est le sénateur James Jeffords du Vermont qui finalement quitte le Parti républicain et permet au Sénat de basculer du côté démocrate.
Le sénateur McCain a empêché un contrat espéré par Boeing en 2003 pour le leasing de 100 avions ravitailleurs KC-767 pour 23 milliards de dollars. Boeing étant choisi sans concurrence comme seul contractant grâce à un réseau serré d'influence et de corruption qui déclenchant un scandale qui envoya en prison un des dirigeants de Boeing et la numéro 2 du service des acquisitions de l'US Air Force Darleen Druyun, et coûta son poste au CEO de Boeing, Phil Condit. Lors de la convention nationale républicaine en 2004, il apporte son plus ferme soutien au président George W. Bush, qu'il a pourtant beaucoup critiqué dans le passé, et prononce un discours de combat contre les démocrates bien que son ami John Kerry, candidat démocrate, ait tenté d'en faire son colistier. Il prononce d'ailleurs à cette occasion un virulent discours contre les « mensonges et manipulations malhonnêtes des pseudo-réalisateurs gauchistes », visant Michael Moore, sans jamais le nommer. Politiquement, McCain est relativement inclassable et ses positions ont évolué au cours du temps. Son discours s'inscrit, que ce soit en matière économique ou militaire, dans le courant conservateur mais sur les questions sociales il peut apparaître parfois comme plus modéré. Il est pro-vie, c'est-à-dire hostile à l'avortement (IVG) qu'il qualifie de tragédie humaine et qu'il souhaite voir interdire sauf en cas de viol, d'inceste et d'atteinte grave à la santé de la mère. Cependant, alors qu'il se déclare opposé au mariage homosexuel, il a refusé d'amender la Constitution américaine pour les interdire et s'est déclaré favorable au financement public de la recherche sur les cellules souches d'embryons, deux approches qui lui ont attiré les reproches des conservateurs sociaux au sein du parti républicain.
Il est un ferme partisan des lois anti-tabac, est favorable à la peine de mort et opposé au contrôle des armes à feu. Partisan d'une réforme libérale de l'immigration à l'instar sur ce sujet de George W. Bush et de la majorité des sénateurs démocrates, il a déposé sans succès en 2006 une proposition de loi prévoyant de renforcer les contrôles aux frontières et de régulariser les clandestins. Il est également très sensible aux questions sur le réchauffement climatique et souhaite développer des énergies alternatives, en favorisant le nucléaire (il propose notamment de construire 45 nouveaux réacteurs nucléaires d'ici 2030) et le biocarburant. Il a ainsi co-signé avec le sénateur démocrate John Kerry une proposition de loi rehaussant les normes d'efficacité énergétique des véhicules à essence, et a présenté avec le sénateur démocrate Joe Lieberman un texte imposant un système d'échange de droits d'émission de carbone. Républicain indépendant et franc-tireur, John McCain s'est attiré tant l'affection du grand public, des indépendants et des modérés que la rage meurtrière des durs et des idéologues de sa propre famille politique. Il s'est mis à dos une partie de son camp en déposant au Sénat un amendement contre la torture, en défendant, avec le sénateur démocrate Carl Levin, une proposition de loi mettant fin aux niches fiscales et exigeant des entreprises qui versent des stock-options à en révéler le coût à leurs actionnaires ou en faisant adopter une limitation des dépenses électorales. En votant contre les réductions d'impôts du président George W. Bush pour ne pas creuser le déficit budgétaire, il s'est attiré l'animosité des conservateurs fiscaux bien qu'il ait accepté ensuite de les pérenniser. Au niveau de l'économie, il se déclare un partisan inébranlable des accords de libre-échange, et le 26 mars 2008, déclare vouloir négocier un traité de libre échange entre l'ALENA et l'Union européenne.
Dans le domaine de la santé, en opposition à l'industrie pharmaceutique, John McCain a été le coauteur, avec les sénateurs démocrates John Edwards et Ted Kennedy, d'une proposition de loi sur les droits des patients et s'est allié à Charles Schumer pour soutenir une loi favorisant la vente de médicament générique. Spécialiste des questions internationales et de défense, il fut un partisan de l'intervention américaine au Kosovo sous le mandat de Bill Clinton à qui McCain reprocha cependant de ne pas envoyer davantage de troupes. Lors de sa campagne électorale de 2000, il a proposé un projet de politique internationale intitulé « Refoulement des États voyous » (Rogue State Rollback). Celui-ci prévoyait de fournir un soutien politique et matériel aux forces locales présentes à l'intérieur et à l'extérieur des États voyous, visant notamment l'Irak, la Corée du Nord et la Serbie, afin de « renverser les régimes qui menacent les intérêts et valeurs américaines ». Soutenu par les néoconservateurs, il précisait alors que, en cas d'agression des alliés américains, les États-Unis avaient le devoir de répliquer par la force. Partisan de la guerre en Irak en 2003 et du renversement de Saddam Hussein, il a cependant toujours contesté la stratégie mise au point par le secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld, exigé la démission de ce dernier dès le début des difficultés de l'occupation de l'Irak pour l'impréparation matérielle des troupes. Il a très tôt prôné un renforcement des troupes militaires qu'il n'obtient qu'à partir de janvier 2007. Lors de sa campagne électorale pour la présidence des États-Unis en 2008, il est le seul candidat à brandir l'Irak comme un argument électoral, se refusant de s'engager sur un calendrier de retrait, « même si c'est dans cent ans ! », remarquant en même temps que personne ne demandait combien de temps encore les troupes américaines resteraient en Corée du Sud. Ayant par ailleurs regretté l'absence de soldats américains pour empêcher le génocide au Rwanda, il soutient le principe d'une intervention militaire au Darfour.
Il préconise une Ligue des Démocraties rassemblant les États de l'OTAN et les autres régimes démocratiques à travers le monde, « Celle-ci pourrait agir quand l'ONU ne le fait pas : allègement de la souffrance humaine au Darfour, combat contre le sida au sud du Sahara, meilleures stratégies pour endiguer les crises liées à l'environnement, accès plus facile aux marchés pour les pays qui acceptent les libertés économiques et politiques. » Dans le cadre de la crise concernant les armes de destruction massive en Iran, il préconise, le 20 avril 2008 sur la chaîne de télévision ABC, des sanctions efficaces et sévères avec les nations démocratiques aptes à faire pression sur le gouvernement iranien. Certains au sein de son propre camp politique le qualifient de « républicain seulement de nom » (Republican In Name Only - RINO) pour avoir parfois fait défaut à son parti lors de votes cruciaux. Ainsi, lors de la campagne des primaires présidentielles en 2008, Rush Limbaugh, un animateur de radio ultraconservateur, est l'un de ses plus virulents détracteurs alors que l'égérie de la droite républicaine, Ann Coulter, promet le cas échéant de voter Hillary Clinton qu'elle estime plus conservatrice que McCain. En octobre 2005, en dépit de l'hostilité de la Maison Blanche et sans le soutien de la Chambre des représentants, il fait adopter au Sénat par 90 voix contre 9 un amendement sur la « prohibition de traitements cruels, inhumains, ou dégradants » envers des prisonniers, une semaine après la condamnation de la soldate Lynndie England, pour les sévices infligés dans la prison irakienne d'Abu Ghraib. Cette démarche reçut le soutien de l'ancien secrétaire d'État Colin Powell et de l'organisation de défense des libertés individuelles (Union américaine pour les libertés civiles) alors que le président Bush menaçait de mettre son veto au budget de la défense.
Cet amendement prescrit qu'« aucun individu sous la garde ou le contrôle physique du gouvernement des États-Unis, quels que soient sa nationalité et son lieu de détention, ne doit être soumis à des traitements ou punitions cruels, inhumains ou dégradants ». Une norme uniforme est fixée à propos des pratiques autorisées lors des interrogatoires de prisonniers (« les hommes et les femmes menant les interrogatoires auront le confort de savoir qu'ils ont des instructions précises sur ce qu'ils peuvent faire et ne pas faire »). Ainsi, la pratique de la « simulation de la noyade » (waterboarding en anglais) et autres tactiques brutales sont désormais interdites dans l'armée américaine. Le gouvernement Bush compta sans succès sur la navette parlementaire avec la Chambre des représentants pour torpiller l'amendement alors que pour John McCain, cet amendement vise avant tout à protéger les militaires américains, plutôt que les prisonniers. Il estime en outre que « les valeurs américaines devraient l'emporter contre toutes les autres dans toute guerre des idées » et qu'on ne peut laisser ces « sévices contre les prisonniers ternir l'image des États-Unis ». En février 2008, John McCain s'est cependant opposé, avec 44 autres sénateurs, à un texte du Sénat étendant les nouvelles règles du manuel d'interrogatoire de l'armée américaine aux agents de la CIA, notamment l'interdiction du waterboarding (« simulation de la noyade ») alors qu'Hillary Clinton et Barack Obama s'abstenaient de participer au vote. Le texte concernant l'interdiction du waterboarding fit néanmoins l'objet d'un veto du président George W. Bush. Lorsque s'ouvre la campagne pour les primaires américaines, McCain, bien qu'âgé, est l'un des prétendants républicains les plus populaires pour l'élection présidentielle de 2008. En 2005, selon les quelques sondages, lui et Rudolph Giuliani sont les seuls républicains à être donnés vainqueurs d'une confrontation électorale avec n'importe lequel des candidats démocrates.
En novembre 2006, se faisant l'avocat du « conservatisme du bon sens » et de l'incarnation de l'avenir du Parti républicain, dans la veine de Ronald Reagan, John McCain annonce la formation de son comité exploratoire chargé de travailler sur son éventuelle candidature aux primaires de son parti. Il déclare officiellement sa candidature le 28 février 2007. Il est alors le troisième républicain à faire part officiellement de ses prétentions présidentielles après l'ancien maire de New York, Rudolph Giuliani et Duncan Hunter, un élu de Californie. Respecté par ses adversaires et relativement charismatique au delà de son propre camp politique, il reçoit le soutien de l'ancien candidat démocrate à la vice-présidence en 2000, le sénateur indépendant du Connecticut Joseph Lieberman. Les débuts de sa campagne sont difficiles et pratiquement sans argent, il doit se séparer de plusieurs collaborateurs. Néanmoins, après avoir été distancé lors du Caucus de l'Iowa par ses concurrents républicains, il arrive en tête des candidats républicains lors des primaires du New Hampshire le 8 janvier 2008, avec 36,8% des suffrages devant Mitt Romney (32%), Mike Huckabee (11%), Rudolph Giuliani (9%) et Ron Paul (8%), ce qui relance alors sa campagne présidentielle. Lors des primaires suivantes qui se tiennent dans le Michigan, un État gravement touché par la crise automobile, principale industrie locale, il tient un « discours de vérité » déclarant aux électeurs que « la gloire passée ne reviendra plus, il faut s'adapter » alors que son concurrent le plus sérieux, Mitt Romney promet un « redémarrage de l'automobile » par l'octroi de milliards de dollars de fonds fédéraux. Au soir de la primaire le 15 janvier 2008, McCain est second avec 30% des suffrages, derrière Romney (39%). S'il ne parvient pas à rallier une majorité de militants républicains lors des premières primaires, il doit ses bons scores à la mobilisation en sa faveur des électeurs indépendants qui ont la possibilité de participer à ces élections. C'est ainsi qu'il s'impose également face à Mike Huckabee en Caroline du Sud. Avant la décisive primaire suivante qui se tient en Floride, il reçoit le soutien du populaire gouverneur de l'État, Charlie Crist, du sénateur de Floride Mel Martinez, très influent auprès de la communauté américano-cubaine mais aussi du général Norman Schwarzkopf ancien commandant de l'United States Central Command qui avait dirigé les forces de la coalition lors de la guerre du Golfe en 1991. Dans un tout autre genre, Sylvester Stallone est le premier acteur d'Hollywood à appuyer sa candidature suivi peu de temps après par Arnold Schwarzenegger, également gouverneur de Californie, puis Clint Eastwood.
En remportant la primaire républicaine de Floride le 29 janvier avec 36% des voix contre 31% à Mitt Romney, John McCain passe pour la première fois en tête des candidats républicains en nombre de délégués. L'élection de Floride est marquée par le mauvais score de Rudolph Giuliani, arrivé en troisième place, qui solde ses ambitions présidentielles et son ralliement dès le lendemain à John McCain. La campagne du sénateur de l'Arizona est aussi alors financièrement relancée. Alors qu'il était quasiment sans ressources au mois de décembre, McCain recueille en janvier plus de 7 millions de dollars (4,5 millions d'euros) et en deux mois, reçoit le soutien de 17 000 journaux américains à commencer par le Des Moines Register mais est aussi désigné comme le meilleur choix au sein de son parti par le New York Times. Lors du Super Mardi qui a lieu le 5 février, McCain remporte neufs États (New York, Californie, Missouri, New Jersey, Illinois, Connecticut, Delaware, Oklahoma et Arizona) ce qui lui permet d'obtenir 615 délégués (plus de la moitié de ceux nécessaires pour remporter l'investiture républicaine), contre 268 pour Mitt Romney et 169 pour Mike Huckabee. Suite à ces résultats, le 7 février, Mitt Romney annonce lors d'une conférence à Washington DC qu'il se retire de la course à l'investiture républicaine. Le retrait de Romney permet à Mike Huckabee de devenir le principal rival de McCain sans espoir cependant de pouvoir menacer sa désignation à l'investiture républicaine. Ainsi, le 9 février, lors des caucus du Kansas et de la primaire de Louisiane, McCain est devancé par Huckabee et ne s'impose, de justesse, qu'avec 26% des voix contre 24% à Mike Huckabee et 21% à Ron Paul lors des caucus de Washington. Le 14 février 2008, lors d'une conférence de presse avec le sénateur de l'Arizona à Boston, Mitt Romney annonce son ralliement à la candidature de John McCain lui apportant théoriquement ses 291 délégués assignés lors des élections primaires. Les ralliements se multiplient ensuite à commencer par Jeb Bush, ancien gouverneur de Floride et son père, l'ancien président George H. W. Bush.
Mais le maintien de Huckabee dans la course souligne les difficultés de John McCain à faire l'unanimité dans le camp républicain où, aux yeux de la partie la plus conservatrice de cet électorat et dans les milieux religieux, il continue à apparaître comme un candidat par défaut. C'est aussi à ce stade de la campagne électorale qu'il reçoit néanmoins un appui tacite du président George W. Bush. Alors que John McCain tente de se concilier la droite du parti républicain, des allégations, divulguées par le New York Times, insinuent qu'il aurait eu, en 1999 et 2000, des relations non professionnelles avec une jeune lobbyiste, Vicki Iseman, chargée de défendre les intérêts de sociétés de communication en relation avec une commission sénatoriale alors présidée par le sénateur de l'Arizona. Selon l'article du New York Times, les clients de la lobbyiste auraient participé à hauteur de plusieurs dizaines de milliers de dollars au financement des campagnes électorales de John McCain. Ces accusations, reposant sur des sources anonymes, peuvent alors remettre en cause l'image d'intégrité et de rectitude morale de John McCain. Les partisans de celui-ci dénoncent alors une « campagne calomnieuse » et accusent le NYT de s'abaisser à de la « politique de caniveau ». John McCain, lui-même, dément les insinuations et affirme qu'il n'a jamais « rendu de services indus à des clients de Mme Iseman lorsqu'il était président de la commission du Commerce du Sénat, ». Le 4 mars 2008, il remporte suffisamment de délégués pour s'assurer de l'investiture du Parti républicain après ses victoires lors des primaires du Texas, de l'Ohio, du Vermont et de Rhode Island, ce qui conduit Mike Huckabee à abandonner la course présidentielle. John McCain est adoubé dès le lendemain de cette victoire aux primaires par le président George W. Bush.
Le début de sa campagne nationale est cependant difficile tant les médias sont accaparés par le duel dans les primaires démocrates entre Hillary Clinton et Barack Obama. Quand celui-ci est assuré de pouvoir remporter l'investiture démocrate, il bénéficie encore d'une couverture médiatique nationale bien supérieure à son concurrent républicain, qui déplore une inégalité de traitement médiatique dont il serait la victime. Ainsi, en juillet, le New York Times révèle que les grandes chaînes de télévision américaine ont consacré, depuis le mois précédent, plus de 114 minutes à la campagne de Barack Obama contre 48 minutes à celle de John McCain, tandis que les magazines Times et Newsweek avaient consacré 12 couvertures au démocrate en trois ans contre 5 au républicain. John McCain se trouve en Colombie lorsque le président colombien Álvaro Uribe déclenche l'opération Jaque qui libère 15 otages dont 3 Américains. En juillet 2008, John McCain change son équipe de campagne dorénavant dirigée par Steve Schmidt, un ancien protégé de Karl Rove, qui avait dirigé avec succès la campagne du gouverneur Arnold Schwarzenegger en Californie deux ans plus tôt. Schmidt orchestre des changemements radicaux, supprimant les conversations informelles du candidat avec les journalistes et organise la réplique à chaque propos du candidat démocrate. Ainsi, alors que Barack Obama effectue en juillet un voyage en Europe, où sa popularité est au zénith, son côté « rock star et ses déclarations pleines de bonnes intentions » contrastent à ce moment avec les prises de position de McCain qui reçoit successivement, le 25 juillet, le dalaï-lama, critique la situation des droits de l'homme en Chine, demande la libération des prisonniers politiques et exhorte le gouvernement chinois à dialoguer avec le Tibet pour une « véritable autonomie ». Cette stratégie s'appuie notamment sur une nouvelle campagne républicaine très offensive orchestrée par Steve Schmidt où le candidat démocrate est notamment comparé à Britney Spears et à Paris Hilton avec pour objectif de faire prendre à l'élection présidentielle la tournure d'un référendum sur la personnalité de Barack Obama en le présentant comme un jeune ambitieux dépourvu d'expérience face à un ancien prisonnier de guerre qui a toujours « placé l'intérêt du pays en premier ».
Développant parallèlement son programme électoral, autour notamment de l'indépendance énergétique, John McCain en appelle au développement des forages pétroliers off shore qu'il souhaite autoriser et le rappel, à cette fin, du Congrès pour une session extraordinaire, obligeant son concurrent démocrate à se repositionner sur la question. À la fin du mois d'août 2008, John McCain profite encore d'une actualité internationale tendue qui est marquée par la réponse militaire de la Russie à la tentative par les troupes géorgiennes de reprendre le contrôle de leur province séparatiste d'Ossétie du Sud. Le discours alors ferme de John McCain face à la Russie lui permet de marquer des points contre son adversaire démocrate, lequel moins réactif, est d'ailleurs en vacances à Hawai. John McCain comble ainsi une partie de son retard dans les sondages nationaux et talonne voire dépasse Barack Obama au niveau des grands électeurs potentiels. En tête dans l'électorat masculin (46 % contre 41 %), dans la population blanche (essentiellement la catégorie des WASPs) (48 % contre 40 %) et chez les évangélistes (65 % contre 25 %), il reste distancé par Barak Obama au niveau de l'électorat féminin (53 % contre 39 %), de celui des Afro-Américains (94 % contre 4 %) et dans les classes d'âges comprises entre 18 et 54 ans. Aux yeux de 80 % de ses compatriotes, John McCain paraît, selon les sondages, avoir les qualités nécessaires pour être président des États-Unis (contre 48 % pour Barack Obama). Il est de même jugé par 84 % d'entre eux être très patriote contre seulement 55 % pour son adversaire démocrate. Enfin, à ce stade et contre toute attente, il semble mieux fixer les conservateurs derrière sa candidature, que ne parvient Barack Obama à le faire avec sa propre base électorale.
Attaqué et raillé par son adversaire démocrate sur son important patrimoine immobilier qu'il ne parvient pas à détailler lors d'une interview, son équipe de campagne réagit en s'en prenant à la valeur estimée du propre patrimoine immobilier de Barack Obama et à ses relations avec le promoteur Tony Rezko, incarcéré pour corruption, qui avait été un collecteur de fonds d'Obama. À la veille de la convention démocrate qui a lieu le 25 août 2008 à Denver dans le Colorado, alors que les deux candidats sont quasiment à égalité dans les sondages, John McCain est pris à parti par la chanteuse Madonna, qui n'hésite pas assimiler le candidat républicain, lors d'un concert à Cardiff au Pays de Galles, à Adolf Hitler, Robert Mugabe, Rouhollah Khomeini et Kim Jong-il. La convention nationale républicaine, chargée d'officialiser sa candidature, se tient à Saint-Paul (Minnesota) du 1er au 4 septembre 2008. Le 29 août, à la surprise générale, son équipe de campagne annonce que Sarah Palin, gouverneur de l'Alaska, sera sa colistière pour le poste de vice-président des États-Unis. Les observateurs politiques notent alors qu'en choisissant une femme originaire d'une famille modeste, mariée à un syndicaliste, conservatrice en matière de valeurs, mais favorable à plus de justice sociale, John McCain s'affranchit de la tendance pro-business du parti républicain qui voulait lui imposer Mitt Romney. Par ailleurs, en faisant un appel manifeste du pieds aux électrices d'Hillary Clinton, il se prive aussi de l'argument de l'inexpérience qu'il renvoyait sans cesse à Barack Obama.
Le début de la convention nationale républicaine débute alors que l'ouragan Gustav progresse dans le golfe du Mexique vers les côtes de la Louisiane et du Mississippi. Il finit par pertuber l'organisation de la convention avec l'annulation des discours des intervenants et des travaux prévus le premier jour. John McCain modifie ses déplacements et se rend dans le Mississippi afin de superviser les préparatifs d'évacuation et de protection des populations en compagnie de Haley Barbour, le gouverneur de l'État. À sa demande, la convention entreprend de se transformer en levées de fonds humanitaire, notamment en faveur de la Croix-Rouge. Les sponsors et les délégués sont mis à contribution alors que le parti annule ses publicités politiques télévisées. Lors du troisième jour de la convention, le vote des délégués républicains aboutit sans surprise à la nomination de John McCain comme candidat officiel du parti à l'élection présidentielle du 4 novembre. Ce sont les délégués de l'Arizona, État d'où est élu John McCain, qui ont le privilège d'apporter à leur sénateur les voix nécessaires lui permettant d'obtenir la majorité absolue des 1 170 voix nécessaires pour être désigné. Au total, John McCain obtient 2 372 voix contre 15 à Ron Paul et 2 à Mitt Romney. Le 4 septembre, John McCain prononce son discours d'acceptation dans lequel il prend ses distances avec l'administration sortante et vante une ambition réformatrice, promettant « apporter le changement dans un Washington dépensier et usé et de mettre un terme à la rancoeur partisane ».
Selon les chiffres de Nielsen Media Research, le discours de John McCain est suivi par 38,9 millions de télespectateurs, soit davantage que pour le discours de son adversaire, Barack Obama (38,4 millions de personnes) la semaine précédente lors de la convention démocrate. Il s'agit alors de la meilleure audience jamais enregistrée à l'occasion d'une soirée de convention. Divorcé en 1979 de sa première femme, Carol Shepp qu'il avait épousée en 1965, John McCain est marié depuis 1980 à Cindy Lou Hensley. Il est le père de sept enfants dont Bridget, adoptée dans un orphelinat de mère Teresa au Bangladesh en 1991, et grand-père. L'une de ses filles est une mère adolescente, ce qui a conduit certains commentateurs à rappeler son vote en faveur du Family Support Act de 1988. Son fils aîné, John Sydney McCain IV, est élève officier à l'Académie navale d'Annapolis et son cadet, James, est engagé dans les Marines et a participé à une rotation de sept mois en Irak entre 2007 et début février 2008. Enfin, sa fille Meghan tient un blog consacré à la campagne électorale présidentielle de son père en 2008. Cindy Lou Hensley McCain (née en 1954) fille unique de Jim et Marguerite Hensley, est l'héritière du grand distributeur de bière Hensley et présidente de la compagnie de distribution Budweiser depuis 2000. Elle siège également aux conseils d'administration des associations Halo Trust, qui se bat contre les mines antipersonnel, et Operation Smile, qui aide les enfants souffrant d'une fente palatine.
Ancienne pom pom girl lorsqu'elle était lycéenne à Phoenix en Arizona, diplômée en pédagogie de l'Université de la Californie du Sud puis enseignante dans une école spécialisée d'un quartier pauvre de Phoenix, Cindy Lou Hensley avait rencontré John McCain en 1979 et l'avait épousé un an plus tard. Elle avait été au coeur d'une polémique en 1994 qui l'avait obligé à suivre une cure de désintoxication pour s'affranchir de sa dépendance aux analgésiques qu'elle prenait en grande quantité pour supporter les douleurs consécutives à deux opérations du dos et au stress du scandale dit des Keating Five. John McCain avait été à l'époque accusé d'avoir dérobé des cachets antidouleur à l'American Voluntary Medical Team, association oeuvrant pour le tiers-monde que Cindy McCain avait elle-même fondée. Plutôt que d'avoir à subir un procès, elle avait choisi de suivre une cure de désintoxication. En 2004, elle est victime d'un grave infarctus. Au lendemain de l'intervention de Sarah Palin à la convention nationale républicaine, Cindy McCain, généralement avare de déclarations politiques, affirmait dans une émission d'ABC, respecter les opinions de la colistière de son mari en matière d'avortement et d'éducation sexuelle, sans toutefois les partager. Le 19 juillet 2017, son bureau au Sénat indique qu'une tumeur maligne, un glioblastome, a été découverte alors qu'il était opéré pour retirer un caillot sanguin au-dessus de son œil gauche. John McCain avait déjà eu deux mélanomes dans les années 1990 et 2000, dont il avait fait une rémission complète. Le 24 août 2018, sa famille annonce qu'il arrêtera son traitement médical. John McCain est mort le samedi 25 août 2018 vers 16h30 à l'âge de 81 ans d'une tumeur au cerveau (glioblastome) à son domicile de Cornville (USA, Arizona).
Publications
- Avec Mark Salter : Faith of my fathers. Random House, New York NY u. a. 1999, (ISBN 0-375-50191-6).
- Avec Mark Salter : The Restless Wave: Good Times, Just Causes, Great Fights and Other Appreciations. 2018, (ISBN 978-1501178009)